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    2. Momo
    3. Chapitre 38
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    sortir de là, mais avant qu’elle ait pu y réfléchir, le tuyau déboucha abruptement dans un couloir souterrain.

    À cet endroit, l’obscurité laissait place à un demi-jour cendré, qui semblait naître des murs mêmes.

    Momo se redressa et reprit sa course. Comme elle était pieds nus, elle ne faisait aucun bruit à l’inverse du monsieur gris, qu’elle entendait de nouveau devant elle. Elle suivit l’écho de ses pas.

    Le couloir se ramifiait de tous côtés, développant un réseau de passages souterrains qui s’étirait apparemment sous l’ensemble du nouveau quartier.

    Percevant un brouhaha de voix, Momo continua dans cette direction et risqua un coup d’œil prudent à l’angle du couloir.

    Devant elle s’étendait une salle gigantesque avec une interminable table de conférences, autour de laquelle étaient assis, sur deux longues rangées, des messieurs gris – ou plutôt ce qu’il en restait. Ils avaient piètre allure, les voleurs de temps ! Leurs costumes étaient déchiquetés, leurs crânes gris couverts de bosses et d’écorchures, et leurs visages déformés par la peur. Seuls leurs cigares brûlaient encore.

    Sur le mur du fond, Momo remarqua une énorme porte blindée qui était entrouverte. Un froid glacial régnait dans la salle. Bien que Momo sût que c’était inutile, elle s’accroupit et cacha ses pieds nus sous sa jupe.

    — Nous devons économiser nos réserves, déclara un monsieur gris assis au bout de la table, devant la porte blindée. Nous ignorons combien de temps nous en aurons besoin. Il faut nous restreindre.

    — Nous ne sommes plus très nombreux ! rétorqua un autre. Nos réserves dureront des années.

    — Plus tôt nous économiserons, poursuivit l’orateur, impassible, plus longtemps nous tiendrons. Et vous savez, messieurs, ce que j’entends par « économiser ». Il suffit que nous soyons un petit nombre à survivre à cette catastrophe. Étant donné les circonstances, nos effectifs sont désormais trop élevés. Nous devons les réduire, c’est une question de bon sens. Puis-je vous prier de vous compter, messieurs ?

    Les messieurs gris se comptèrent. Ensuite, le président sortit de sa poche une pièce de monnaie et déclara :

    — Nous allons tirer au sort. Pile, ce sont les numéros pairs qui restent, face, les numéros impairs.

    Il jeta la pièce en l’air et la rattrapa.

    — Pile ! cria-t-il. Les numéros impairs sont priés de se dissoudre immédiatement.

    Un gémissement parcourut la rangée des perdants, mais personne ne protesta.

    Les voleurs de temps qui avaient un numéro pair ôtèrent leurs cigares aux condamnés, qui s’évanouirent dans les airs.

    — Et maintenant, reprit le président en rompant le silence, recommençons l’opération, s’il vous plaît.

    Cette procédure effrayante fut répétée une, deux, et même trois fois. Pour finir, il ne resta plus que six messieurs gris. Assis au bout de l’interminable table, trois d’un côté, trois de l’autre, ils se fixaient d’un air glacial.

    Momo avait observé la scène avec un frisson d’horreur. Elle remarqua que, chaque fois que le nombre des messieurs gris diminuait, le terrible froid baissait sensiblement. Désormais, la température était presque supportable.

    — Six est un vilain chiffre, déclara un des messieurs gris.

    — Ça suffit maintenant ! répliqua un de ceux qui lui faisaient face. Cela n’a plus de sens de continuer à réduire nos effectifs. Si nous n’arrivons pas à survivre en étant six, à trois, nous ne réussirons pas davantage.

    — Ce n’est pas dit, rétorqua un autre. Mais en cas de nécessité, nous pourrons toujours agir. Plus tard.

    Après un instant de silence, un des messieurs fit observer :

    — Heureusement que la porte des réserves était ouverte au moment de la catastrophe. Si elle avait été fermée, aucune puissance au monde ne pourrait plus l’ouvrir maintenant, et nous serions perdus.

    — Malheureusement, vous n’avez pas tout à fait raison, mon cher, objecta un autre. Comme la porte est ouverte, le froid s’échappe des chambres réfrigérées. Bientôt, les fleurs horaires commenceront à dégeler. Or vous savez tous qu’à ce moment-là nous ne pourrons plus les empêcher de retourner à leur lieu d’origine.

    — Vous voulez dire, demanda un troisième monsieur gris, que notre froid ne suffît plus à assurer la congélation de nos réserves ?

    — Nous ne sommes, hélas, plus que six, expliqua le second monsieur gris. Calculez vous-mêmes ce que nous sommes en mesure de produire. Je crois que nous avons agi trop vite en diminuant à ce point notre nombre. Nous ne serons pas gagnants.

    — Nous devions choisir entre deux possibilités, lui rappela le premier. C’est ce que nous avons fait.

    Il y eut encore un silence.

    — Donc, si je comprends bien, nous risquons de rester là pendant des années à nous surveiller mutuellement, résuma un des messieurs gris. Je dois avouer que c’est une perspective peu réconfortante.

    Momo réfléchit. Attendre n’avait aucun sens. Quand il n’y aurait plus de messieurs gris, les fleurs horaires dégèleraient d’elles-mêmes. Cependant, dans l’immédiat, les messieurs gris étaient encore là. Et ils ne bougeraient pas si elle ne se décidait pas à agir. Mais que faire puisque la porte des réserves était ouverte et que les voleurs de temps pouvaient se ravitailler à loisir ?

    Cassiopée gigota et Momo la regarda.

    « FERME LA PORTE ! » lut-elle sur son dos.

    — Impossible, chuchota Momo, on ne peut plus la manœuvrer.

    « TOUCHE-LA AVEC LA FLEUR ! »

    — J’arriverai à la fermer en la touchant avec la fleur horaire ? murmura Momo.

    « TU Y ARRIVERAS. »

    Si Cassiopée le savait, alors il en serait sans doute ainsi. Momo déposa la tortue sur le sol avec précaution. Puis elle cacha sous sa veste la fleur horaire, qui était désormais passablement fanée et ne montrait plus beaucoup de pétales.

    À l’insu des six messieurs gris, la fillette se glissa sous la longue table de conférences. Progressant à quatre pattes, elle atteignit l’autre extrémité. Elle se trouva alors entre les pieds des voleurs de temps, le cœur battant à tout rompre. Doucement, tout doucement, elle sortit la fleur horaire, la plaça entre ses dents et continua à ramper entre les chaises sans se faire remarquer.

    Lorsqu’elle fut face à la porte, elle la toucha avec la fleur et la poussa en même temps de la main. La porte tourna sans bruit sur ses gonds, poursuivit son mouvement et se referma avec un bruit de tonnerre, qui résonna dans la salle et jusque dans les milliers de couloirs souterrains.

    Momo bondit sur ses pieds. Les messieurs gris, qui ne s’attendaient nullement à ce que quelqu’un d’autre eût échappé à la paralysie générale, se figèrent d’effroi sur leurs sièges et fixèrent la fillette d’un air stupide.

    Sans hésiter, Momo courut vers la sortie. Reprenant leurs esprits, les messieurs gris se lancèrent à sa poursuite.

    — C’est cette épouvantable fillette ! entendit-elle. C’est Momo !

    — Ce n’est pas possible ! cria un autre. Comment peut-elle se déplacer ?

    — Elle a une fleur horaire ! beugla un troisième.

    — Et c’est avec ça qu’elle a fermé la porte ? demanda le quatrième.

    Le cinquième se donna une furieuse tape sur le crâne :

    — Alors nous aussi, nous aurions pu le faire ! Nous avons assez de fleurs !

    — Nous en avions, nous en avions ! piailla le sixième. Maintenant, la porte est fermée. Il ne nous reste plus qu’à nous emparer de la fleur horaire de cette Momo, autrement tout est perdu.

    Momo avait disparu dans le dédale de couloirs, mais les messieurs gris connaissaient mieux les lieux qu’elle. La fillette courait en tous sens et manquait parfois de se jeter dans les bras d’un de ses poursuivants, auquel elle parvenait heureusement à échapper.

    Cassiopée participait aussi à la bataille. Certes, elle n’avançait pas vite mais, comme elle savait toujours où se rendraient les poursuivants, elle se plaçait là où elle pouvait les faire trébucher, de sorte que les messieurs gris lui rentraient dedans et s’affalaient par terre. La tortue empêcha ainsi plusieurs fois la fillette de tomber entre leurs mains. Évidemment, il arrivait aussi que les messieurs gris, en la heurtant du pied, l’envoient contre le mur. Mais cela ne l’empêchait pas d’aller au bout de ce qu’elle savait devoir faire.

    Au cours de la poursuite, plusieurs des messieurs gris – fous de convoitise pour la fleur horaire – perdirent leur cigare et s’évanouirent dans le néant. Finalement, il n’en resta plus que deux.

    Momo avait regagné la salle de conférences. Les voleurs de temps la pourchassèrent autour de la table sans parvenir à la rattraper. Alors ils se séparèrent et prirent chacun la direction opposée.

    Momo n’avait plus d’échappatoire. Acculée dans un coin de la salle, elle regardait ses poursuivants avec frayeur. Elle serrait la fleur contre elle ; celle-ci n’avait plus que trois pétales brillants.

    L’un des messieurs gris tendait déjà la main, quand l’autre le tira en arrière.

    — Non, s’écria-t-il, la fleur est à moi ! À moi !

    Tous deux commencèrent à se bousculer. Dans le feu de l’action, le premier fit tomber le cigare du second. Exhalant une plainte sinistre, celui-ci pivota sur lui-même, devint évanescent, puis disparut. Le dernier survivant marcha sur Momo.

    À la commissure de ses lèvres brûlait encore un minuscule mégot.

    — La fleur ! fit-il d’un ton haletant.

    Mais alors, le mégot lui échappa et roula au sol. Le monsieur gris se jeta à terre et allongea le bras pour l’attraper, mais il n’y parvint pas. Tournant vers Momo son visage cendreux, il se redressa à demi et leva une main tremblante.

    — S’il te plaît, chuchota-t-il, s’il te plaît, chère enfant, donne-moi la fleur !

    Momo serra la fleur contre elle et secoua la tête, incapable de dire un mot.

    Le dernier monsieur gris s’affaissa lentement.

    — C’est bien, marmonna-t-il, c’est bien – que tout –soit – fini…

    Et il se volatilisa à son tour.

    Stupéfaite, Momo fixait l’endroit où il gisait un instant plus tôt. À sa place, elle vit Cassiopée, sur le dos de laquelle elle lut : « OUVRE LA PORTE ! »

    Momo se dirigea vers la porte,

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