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    2. Momo
    3. Chapitre 33
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    traverser la place. Quand elle fut arrivée au milieu, un clocher se mit à sonner non loin de là, à plusieurs reprises. Peut-être était-il déjà minuit. Momo songea que, si le monsieur gris l’attendait dans l’amphithéâtre, elle n’avait plus le temps de le rejoindre. Il repartirait bredouille. Et avec lui disparaîtrait, peut-être pour toujours, la possibilité de sauver ses amis.

    La fillette se mordit les poings. Que devait-elle faire, que pouvait-elle encore faire ? Elle n’en avait aucune idée.

    — Je suis là ! cria-t-elle de toutes ses forces dans l’obscurité.

    Elle ne croyait pas que le monsieur gris l’entendrait. Mais elle se trompait.

    À peine le dernier coup de minuit avait-il retenti que, dans toutes les rues qui débouchaient sur la place, surgirent de faibles rayons de lumière dont l’intensité augmentait rapidement. Momo comprit que c’étaient les phares de nombreuses voitures qui arrivaient très lentement, de tous côtés, jusqu’à l’endroit où elle se tenait. Où qu’elle se tournât, elle était aveuglée par leur lumière crue, si bien qu’elle dut se protéger les yeux de la main. Ainsi, ils étaient venus !

    Momo ne s’était pas attendue à un tel déploiement de force. L’espace d’un instant, tout son courage disparut. Comme elle était encerclée, ce qui rendait toute fuite impossible, elle se recroquevilla dans sa veste.

    Toutefois, le souvenir des fleurs et des voix qui accompagnaient la puissante musique la réconforta et lui redonna confiance.

    Dans un ronronnement de moteurs, les voitures s’étaient rapprochées. Elles s’arrêtèrent enfin, formant un cercle dont Momo était le centre.

    Les hommes descendirent de voiture. Momo ne pouvait distinguer combien ils étaient car ils restaient dans le noir, derrière les phares. Mais elle sentait une multitude de regards braqués sur elle – des regards qui n’avaient rien d’amical. Le froid la saisit.

    Pendant un bon moment, personne ne parla, pas plus Momo que les messieurs gris.

    — Voilà donc, dit enfin une voix cendrée, la fillette Momo qui croyait pouvoir nous défier. Regardez-la maintenant, cette petite chose pitoyable !

    Ces mots furent suivis d’une sorte de râle, qui pouvait faire penser à des rires.

    — Attention ! fit tout bas une autre voix gris cendre. Vous savez à quel point la petite peut être dangereuse. Il ne sert à rien de lui raconter des histoires.

    Momo dressa l’oreille.

    — Très bien, reprit la première voix, alors essayons la vérité.

    De nouveau, un long silence s’installa. Momo sentait que les messieurs gris avaient peur de dire la vérité. Cela semblait leur coûter un effort incroyable. La fillette entendit quelque chose qui ressemblait à un halètement collectif.

    Enfin, une voix s’éleva. Elle venait d’une autre direction, mais possédait la même sonorité gris cendre :

    — Parlons franchement. Tu es seule, pauvre enfant. Tes amis sont injoignables. Il n’y a plus personne avec qui tu puisses partager ton temps. Notre plan a réussi. Tu vois comme nous sommes puissants. Cela n’a aucun sens de vouloir nous résister. Toutes ces heures de solitude, que représentent-elles pour toi désormais ? Une malédiction oppressante, un fardeau étouffant, un tourment accablant. Tu es exclue de la communauté humaine.

    Momo écoutait sans rien dire.

    — Il arrivera un moment, continua la voix, où tu ne pourras plus le supporter. Demain, dans une semaine, dans un an, peu importe, nous attendrons. Car nous savons qu’un jour tu viendras en rampant nous supplier : « Je consens à tout, délivrez-moi de ce fardeau ! » Peut-être d’ailleurs est-ce déjà le cas ? Il te suffît de le dire.

    Momo fit non de la tête.

    — Tu refuses notre aide ? demanda la voix, glaciale.

    Une vague de froid assaillit Momo de toutes parts. Mais elle serra les dents et secoua plusieurs fois la tête.

    — Elle sait ce qu’est le temps, chuchota une autre voix.

    — C’est la preuve qu’elle est vraiment allée chez le Susnommé, renchérit la première voix dans un murmure.

    Puis, haussant le ton :

    — Tu connais maître Hora ?

    Momo acquiesça.

    — Et tu es réellement allée chez lui ?

    Momo acquiesça de nouveau.

    — Alors tu connais… les fleurs horaires ?

    Momo acquiesça pour la troisième fois. Oh oui, elle les connaissait !

    Encore un silence. Quand la voix reprit, elle venait d’une autre direction.

    — Tu aimes tes amis, n’est-ce pas ?

    Momo acquiesça.

    — Et tu souhaiterais les soustraire à notre puissance ?

    Momo acquiesça derechef.

    — Cela ne tient qu’à toi.

    La fillette resserra sa veste autour d’elle, car le froid la faisait trembler de tout son corps.

    — Il ne t’en coûterait pas grand-chose de libérer tes amis. Si tu nous aides, nous t’aiderons. C’est de bonne guerre.

    Momo essaya de repérer d’où provenait la voix.

    — Nous souhaiterions faire la connaissance du fameux maître Hora, tu comprends ? Mais nous ignorons où il habite. La seule chose que nous te demandons, c’est de nous conduire à lui. Rien de plus. Écoute bien, Momo, afin de te convaincre que nous te parlons avec franchise et sincérité : en échange, tu retrouveras tes amis et vous pourrez reprendre vos jeux d’autrefois. C’est une offre intéressante, non ?

    Momo ouvrit alors la bouche pour la première fois. Elle eut quelque peine à parler car ses lèvres étaient comme gelées.

    — Que voulez-vous de maître Hora ? articula-t-elle laborieusement.

    — Faire sa connaissance, répondit la voix d’un ton coupant. Tu n’as pas besoin d’en savoir plus.

    Momo se tut et attendit. Il y eut un mouvement parmi les messieurs gris, qui semblaient saisis d’inquiétude.

    — Je ne te comprends pas, reprit la voix, pense à toi et à tes amis ! Pourquoi te soucier de maître Hora ? C’est son problème. Il est assez grand pour s’occuper de lui-même. D’ailleurs, s’il se montre raisonnable et accepte de s’entendre avec nous, nous ne lui ferons aucun mal. Dans le cas contraire, nous avons les moyens de le contraindre.

    — À quoi ? demanda Momo, les lèvres bleues.

    La voix se fit tout d’un coup stridente et surexcitée :

    — Nous sommes fatigués d’avoir à amasser les heures, les minutes et les secondes. Nous voulons la totalité du temps humain. Voilà ce que nous exigerons de Hora !

    Épouvantée, Momo fixa l’endroit d’où venait la voix dans l’obscurité.

    — Et les êtres humains ? interrogea-t-elle. Que vont-ils devenir ?

    — Les êtres humains, cria la voix en déraillant, ça fait longtemps qu’ils ne comptent plus. Ce sont eux qui ont fait de ce monde un endroit où leurs semblables n’ont plus de place. Désormais, c’est nous qui dominerons le monde !

    Le froid était devenu si terrible que Momo arrivait tout juste à remuer les lèvres sans pouvoir prononcer un mot.

    — Mais ne t’inquiète pas, petite Momo, poursuivit la voix d’un ton normal et presque caressant. Cela ne vous concerne pas, toi et tes amis. Vous serez les derniers êtres humains à pouvoir jouer et raconter des histoires. Si vous ne vous mêlez plus de nos affaires, nous vous laisserons en paix.

    La voix se tut, mais reprit aussitôt ailleurs :

    — Tu sais que nous disons la vérité. Nous tiendrons notre promesse. Et maintenant, conduis-nous jusqu’à maître Hora.

    Momo essaya de parler. Le froid l’avait presque paralysée. Après quelques tentatives, elle réussit enfin à dire :

    — Même si je le pouvais, je ne le ferais pas.

    La voix se fit menaçante :

    — Comment ça, « si tu le pouvais » ? Bien sûr que tu le peux ! Tu es allée chez lui, tu connais le chemin !

    — Je ne le retrouve plus, chuchota Momo. J’ai essayé. Il n’y a que Cassiopée qui le connaisse.

    — Qui est-ce ?

    — La tortue de maître Hora.

    — Où est-elle en ce moment ?

    Momo, dans un dernier sursaut de conscience, bredouilla :

    — Elle est – rentrée – avec moi – mais – je l’ai – perdue…

    Comme à distance, elle entendit autour d’elle un brouhaha de voix excitées.

    — Alerte générale ! Il faut retrouver cette tortue ! Il faut contrôler chaque tortue ! Il faut retrouver cette Cassiopée ! Il le faut ! Il le faut !

    Les voix se turent, le silence se fit. Lentement, Momo revint à elle. Elle était seule sur la place. On ne sentait plus qu’un souffle froid qui paraissait naître d’un grand vide, un vent gris cendre.

    Chapitre 18

    Quand on oublie

    de regarder derrière soi

    Momo ne savait pas combien de temps il s’était écoulé. Le clocher sonna à plusieurs reprises, mais c’est à peine si la fillette l’entendit. La chaleur était lente à revenir dans ses membres engourdis. Momo se sentait comme paralysée, incapable de prendre une décision.

    Devait-elle rentrer au vieil amphithéâtre et se coucher, maintenant que tout espoir était perdu pour elle et ses amis ? Elle savait que c’était la fin…

    Et puis elle avait peur pour Cassiopée. Qu’arriverait-il si les messieurs gris la retrouvaient ? Momo se reprocha amèrement d’avoir mentionné la tortue. Mais sous l’effet de l’étourdissement, elle n’avait pas pu réfléchir.

    « Peut-être qu’elle est rentrée depuis longtemps chez maître Hora, songea-t-elle pour se rassurer. J’espère qu’elle ne me cherche plus. Ce serait une chance pour elle, et pour moi. »

    Au même instant, quelque chose effleura son pied nu. Prise de frayeur, Momo se pencha.

    C’était la tortue ! Dans le noir, la fillette put lire : « JE SUIS DE RETOUR. »

    Sans réfléchir, Momo attrapa l’animal et le cacha sous sa veste. Puis elle se redressa, tendit l’oreille et scruta l’obscurité, car elle craignait que les messieurs gris ne rôdent encore aux alentours.

    Mais tout était silencieux.

    Cassiopée gigotait sous la veste, essayant de se libérer. Momo resserra son étreinte en murmurant :

    — S’il te plaît, tiens-toi tranquille !

    « QU’EST-CE QUE ÇA VEUT DIRE ? » fit Cassiopée.

    — Il ne faut pas qu’on te voie, chuchota Momo.

    D’autres mots surgirent :

    « TU N’ES PAS CONTENTE ? »

    — Si, fit Momo, sanglotant presque. Évidemment je suis contente !

    Et elle l’embrassa plusieurs fois sur le museau.

    Les lettres sur la carapace prirent une teinte rouge lorsque la tortue répondit :

    « JE T’EN

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