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    2. Momo
    3. Chapitre 12
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    Je me demande s’il y a une folie contagieuse.

    Le vieux Beppo acquiesça.

    — Oui, dit-il, ça doit être une sorte d’épidémie.

    — Mais alors, fit Momo, consternée, nous devons aider nos amis !

    Ce soir-là, ils réfléchirent longuement à ce qu’ils pouvaient faire. Mais ils n’avaient aucun soupçon de l’existence des messieurs gris et de leur incessante activité.

    Les jours qui suivirent, Momo se mit en quête de ses vieux amis pour leur demander ce qui se passait et pourquoi ils ne venaient plus.

    Elle commença par Nicola, le maçon. Elle connaissait bien la maison où il habitait une petite chambre sous les toits. Mais il n’était pas là. Les autres occupants lui apprirent qu’il travaillait désormais dans les nouveaux quartiers, de l’autre côté de la ville, et qu’il gagnait beaucoup d’argent. Il ne rentrait plus que rarement. Et quand il arrivait tard le soir, il n’était plus tout à fait sobre. Les relations avec lui étaient devenues difficiles.

    Momo décida de l’attendre. Elle s’assit dans l’escalier, devant la porte de sa chambre. L’obscurité tomba et la fillette s’endormit.

    Il devait être tard dans la nuit lorsqu’elle fut réveillée par des pas bruyants et un chant rauque. C’était Nicola, qui montait les marches en titubant. Apercevant l’enfant, il s’immobilisa, stupéfait.

    — Hé, Momo ! grommela-t-il, gêné qu’elle le voie dans cet état. Ça fait une éternité ! Qu’est-ce qui t’amène ici ?

    — Je venais te voir, répondit Momo timidement.

    — Toi alors ! dit Nicola en secouant la tête avec un sourire. Venir ici en pleine nuit pour rendre visite à son vieil ami Nicola. Oui, j’aurais bien aimé aller chez toi, mais je n’ai plus de temps pour les choses… de ce genre.

    Il eut un geste nerveux de la main et s’assit lourdement à côté de Momo, sur les marches.

    — Si tu savais ce qui m’arrive, fillette ! Ce n’est plus comme avant. Les temps changent. Là où je suis maintenant, ça va à un rythme d’enfer ! Chaque jour, on construit un étage, un de plus. Ça n’a rien à voir avec ce qu’on faisait par le passé ! Tout est organisé, jusqu’au moindre geste, tu comprends ?

    Il continuait de parler tandis que Momo l’écoutait en silence. Et plus elle l’écoutait, moins Nicola témoignait d’enthousiasme. Soudain, il s’interrompit et s’essuya le visage de ses mains calleuses.

    — Je raconte n’importe quoi, dit-il, tout triste. Tu vois, Momo, j’ai de nouveau trop bu, je l’avoue. Désormais, je bois souvent. Sinon, je ne pourrais pas supporter ce qu’on fait. Je suis un honnête maçon, moi. Beaucoup trop de sable dans le mortier, tu comprends ? Ça tient quatre ou cinq ans, et puis ça s’écroule dès que quelqu’un tousse. Du travail bâclé, une vraie saloperie. Mais ce n’est pas le pire. Le pire, ce sont les maisons qu’on bâtit. Ce ne sont pas des maisons, ce sont… ce sont… des clapiers, voilà ce que c’est ! Ça vous soulève le cœur. Mais qu’est-ce que ça peut me faire ? Je touche ma paie et basta ! Eh oui, les temps changent. Avant, je n’étais pas comme ça. J’étais fier de mon travail. Mais aujourd’hui… Quand j’aurai gagné assez d’argent, je raccrocherai et je ferai autre chose.

    Il laissa retomber sa tête, le regard fixé devant lui d’un air mélancolique. Momo ne disait rien, toujours à l’écoute.

    — Peut-être, reprit Nicola à voix basse, peut-être que je devrais revenir te rendre visite pour te raconter tout ça. Oui, je devrais le faire. Disons demain, ou plutôt après-demain. Il faut que je voie comment m’organiser. Mais je viendrai. C’est d’accord ?

    — C’est d’accord, répondit Momo, toute contente.

    Sur quoi, ils se quittèrent car ils étaient tous les deux très fatigués.

    Mais Nicola ne passa ni le lendemain ni le surlendemain. Il ne vint pas du tout. Peut-être n’avait-il véritablement plus le temps.

    Momo se rendit ensuite chez l’aubergiste Nino et sa grosse femme. La vieille maisonnette, avec son crépi taché de pluie et sa treille devant l’entrée, était située à la périphérie de la ville. Comme autrefois, Momo fit le tour par l’arrière, où se trouvait la porte de la cuisine. Celle-ci était ouverte et, de loin, Momo entendit Nino et sa femme Liliana se disputer à voix haute. Liliana entrechoquait poêles et casseroles. Son gros visage luisait de sueur. Nino gesticulait, essayant manifestement de la convaincre de quelque chose. Dans un coin était placée une corbeille où le bébé criait.

    Momo s’assit sans bruit près de l’enfant. Elle le prit sur ses genoux et le berça jusqu’à ce qu’il se taise. Nino et Liliana s’interrompirent et tournèrent les yeux.

    — Ah, Momo, c’est toi ! s’écria Nino avec un bref sourire. C’est gentil de revenir nous dire bonjour.

    — Veux-tu manger quelque chose ? demanda Liliana d’un ton bourru.

    Momo secoua la tête.

    — Alors qu’est-ce que tu veux ? reprit Nino, nerveux. Nous n’avons vraiment pas le temps.

    — Je voulais juste savoir pourquoi vous ne veniez plus, répondit Momo.

    — Je ne sais pas, fit Nino, agacé. Nous avons des soucis bien plus importants.

    — Oui, s’exclama Liliana dans un grand bruit de casseroles. Il a des soucis bien plus importants ! Par exemple, comment faire déguerpir les habitués, voilà le genre de soucis qu’il a, maintenant ! Tu te souviens des vieux qui étaient toujours à la table du coin, Momo ? Il les a chassés, jetés hors d’ici !

    — Ce n’est pas vrai ! se défendit Nino. Je les ai poliment priés de se chercher un autre bistrot. C’est mon droit, je suis le patron.

    — Le droit, le droit ! répliqua Liliana, furieuse. Ça ne se fait pas, un point c’est tout. C’est cruel et méchant. Tu sais très bien qu’ils ne trouveront nulle part où aller. Chez nous, ils ne dérangeaient personne.

    — Ça, c’est sûr, ils ne dérangeaient personne ! s’écria Nino. Les clients honnêtes, ceux qui paient, ne voulaient pas venir tant que ces vieux types mal rasés campaient là. Tu crois que ça leur plaît, aux gens ? Et qu’est-ce qu’on gagnait sur le verre de piquette qu’ils s’offraient chaque soir ? Avec eux, nous n’arriverons jamais à rien !

    — Jusqu’à maintenant, on s’en est toujours sortis, répliqua Liliana.

    — Jusqu’à maintenant, oui, répondit vivement Nino. Mais tu sais parfaitement que ça ne peut pas continuer comme ça. Le propriétaire m’a augmenté le loyer. Désormais, je paie un tiers de plus. Tout devient plus cher. Où est-ce que je prendrai l’argent si je transforme mon bistrot en asile pour vieux gâteux ? Pourquoi est-ce que j’aurais des égards pour les autres ? Est-ce qu’on en a pour moi ?

    La grosse Liliana fit claquer violemment une poêle sur la cuisinière.

    — Laisse-moi te dire une chose, s’écria-t-elle en mettant les poings sur ses larges hanches. Parmi ces vieux gâteux, comme tu les appelles, il y a mon oncle Ettore. Et je ne te laisserai pas insulter ma famille ! C’est un homme bien, honnête, même s’il n’a pas autant d’argent que tes riches clients !

    — Ettore n’a qu’à revenir ! répliqua Nino avec un geste large. Je lui ai dit qu’il pouvait rester. Mais il ne veut pas.

    — Bien sûr qu’il ne veut pas ! Pas sans ses vieux amis ! Qu’est-ce que tu t’imagines ? Qu’il va rester là tout seul, dans un coin ?

    — Alors je n’y peux rien ! s’exclama Nino. Je n’ai aucune envie de finir en petit tenancier de bouge par égard pour ton oncle Ettore ! Moi aussi, je veux réussir ! Est-ce que c’est un crime ? Je veux donner de l’impulsion à ce bistrot ! Je ne le fais pas que pour moi, c’est aussi pour toi et pour notre enfant. Tu ne le comprends pas, Liliana ?

    — Non, rétorqua celle-ci avec dureté. Pas si on doit se montrer sans cœur. Si ça commence comme ça, ce sera sans moi. Un jour, je décamperai. Fais ce que tu veux.

    Elle reprit le bébé, qui entre-temps avait recommencé à pleurer, et quitta la cuisine.

    Nino observa un moment de silence. Il alluma une cigarette et la tourna entre ses doigts.

    Momo le regardait.

    — C’est vrai, reconnut-il enfin, ces types étaient sympathiques. Moi aussi, je les aimais bien. Tu sais, Momo, ça me fait de la peine d’avoir… Mais que veux-tu ? Les temps changent.

    — Peut-être que Liliana a raison, reprit-il peu après. Depuis que les vieux sont partis, mon bistrot me paraît étranger. Froid, tu comprends ? Moi-même, je ne le supporte plus. Je ne sais vraiment pas quoi faire. Tout le monde agit comme ça aujourd’hui. Pourquoi est-ce que je serais le seul à me comporter autrement ? Tu penses que c’est ça qu’il faudrait ?

    Momo fit un signe de tête imperceptible.

    Nino la regarda et acquiesça aussi. Ils sourirent tous les deux.

    — C’est bien que tu sois venue, déclara Nino. J’avais complètement oublié qu’autrefois, en pareille situation, on disait toujours : « Va voir Momo ! » Dorénavant, je retournerai à l’amphithéâtre, avec Liliana. Après-demain, c’est jour de repos, nous passerons. D’accord ? »

    — D’accord, répondit Momo.

    Nino lui donna un sac de pommes et d’oranges, et elle rentra chez elle.

    Le cafetier et sa grosse femme vinrent comme ils l’avaient promis, avec leur bébé, et apportaient une corbeille remplie de bonnes choses.

    — Écoute ça, Momo, dit Liliana d’un air radieux. Nino est allé trouver tous les vieux. Il s’est excusé et les a priés de revenir.

    — Oui, ajouta Nino en souriant et en se grattant derrière l’oreille, ils sont tous de retour. Je crois que je peux dire adieu à mes rêves de réussite. Mais j’ai retrouvé mon bistrot.

    Il rit tandis que sa femme l’encourageait :

    — On y arrivera, Nino.

    Ce fut un très bel après-midi et, quand ils partirent enfin, ils promirent de revenir bientôt.

    C’est ainsi

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