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    2. L'île au trésor
    3. Chapitre 6
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    qui émit sous nos doigts le tintement de l’or.

    – Je ferai voir à ces bandits que je suis une honnête femme, dit ma mère. Je prendrai mon dû, et pas un rouge liard de plus. Donne-moi le sac de MmeCrossley.

    Et elle se mit en devoir de faire passer, du sac de matelot dans celui que je tenais, le montant de la dette du capitaine.

    La tâche était longue et ardue, car il y avait là, entassées au hasard, des pièces de tous pays et de tous modules : doublons, louis d’or, guinées, pièces de huit et d’autres que j’ignore. Les guinées, du reste, se trouvaient en minorité, et celles-là seules permettaient à ma mère de s’y retrouver dans son compte.

    Soudain, comme nous étions presque à moitié de l’opération, je posai ma main sur son bras. Dans l’air silencieux et glacé je venais de percevoir un bruit qui fit cesser mon cœur de battre : c’était le tapotement du bâton de l’aveugle sur la route gelée. Le bruit se rapprochait. Nous retenions notre souffle. Un coup violent heurta la porte de l’auberge ; nous entendîmes qu’on tournait la poignée, et le verrou cliqueta sous les efforts du misérable. Puis il y eut un long intervalle de silence, dedans comme dehors. À la fin le tapotement reprit et, à notre joie indicible, s’affaiblit peu à peu dans le lointain et s’évanouit tout à fait.

    – Mère, dis-je, prends le tout et allons-nous-en.

    J’étais certain, en effet, que la porte verrouillée avait paru suspecte, et que cela nous attirerait bientôt tout le guêpier aux oreilles. Pourtant je me félicitais de l’avoir verrouillée, et cela à un point difficilement croyable pour qui n’a jamais rencontré ce terrifiant vieil aveugle.

    Mais, en dépit de sa frayeur, ma mère se refusait à prendre rien au-delà de son dû, et ne voulait absolument pas se contenter de moins. Il n’était pas encore sept heures, disait-elle, et de loin ; elle connaissait son droit et voulait en user. Elle discutait encore avec moi, lorsqu’un bref et léger coup de sifflet retentit au loin sur la hauteur. C’en fut assez, et plus qu’assez, pour elle et pour moi.

    – J’emporte toujours ce que j’ai, fit-elle en se relevant.

    – Et j’emporte ceci pour arrondir le compte, ajoutais-je, empoignant le paquet de toile cirée.

    Un instant de plus, et laissant la lumière auprès du coffre vide, nous descendions l’escalier à tâtons ; un autre encore, et, la porte ouverte, notre exode commençait. Il n’était que temps de déguerpir. Le brouillard se dissipait rapidement ; déjà la lune brillait, tout à fait dégagée, sur les hauteurs voisines, et c’était uniquement au creux du ravin et devant la porte de l’auberge, qu’un mince voile de brume flottait encore, pour cacher les premiers pas de notre fuite. Bien avant la mi-chemin du hameau, très peu au-delà du pied de la hauteur, nous arriverions en plein clair de lune. Et ce n’était pas tout, car déjà nous percevions le bruit de pas nombreux qui accouraient. Nous tournâmes la tête dans leur direction : une lumière balancée de droite et de gauche, et qui se rapprochait rapidement, nous montra que l’un des arrivants portait une lanterne.

    – Mon petit, me dit soudain ma mère, prends l’argent et fuis. Je vais m’évanouir.

    C’était, je le compris, la fin irrémissible pour tous deux. Combien je maudissais la lâcheté de nos voisins ! Combien j’en voulais à ma pauvre mère pour son honnêteté et son avidité, pour sa témérité passée et sa faiblesse présente !

    Par bonheur, nous étions précisément au petit pont, et je guidai ses pas chancelants jusqu’au talus de la berge, où elle poussa un soupir et retomba sur mon épaule. Je ne sais comment j’en eus la force, et je crains bien d’avoir agi brutalement, mais je réussis à la traîner le long de la berge et jusqu’à l’entrée de la voûte. La pousser plus loin me fut impossible, car le pont était trop bas, et ce fut à plat ventre et non sans peine que je m’introduisis dessous. Il nous fallut donc rester là, ma mère presque entièrement visible, et tous deux à portée d’ouïe de l’auberge.

    V

    La fin de l’aveugle

    Ma curiosité, du reste, l’emporta sur ma peur. Je me sentis incapable de rester dans ma cachette, et, rampant à reculons, regagnai la berge. De là, dissimulé derrière une touffe de genêt, j’avais vue sur la route jusque devant notre porte. À peine étais-je installé, que mes ennemis arrivèrent au nombre de sept ou huit, en une course rapide et désordonnée. L’homme à la lanterne les précédait de quelques pas. Trois couraient de front, se tenant par la main, et au milieu de ce trio je devinai, malgré le brouillard, le mendiant aveugle. Un instant plus tard, sa voix me prouvait que je ne me trompais pas.

    – Enfoncez la porte ! cria-t-il.

    – On y va, monsieur ! répondirent deux ou trois des sacripants qui s’élancèrent vers l’Amiral Benbow, suivis du porteur de lanterne.

    Je les vis alors faire halte et les entendis converser à mi-voix, comme s’ils étaient surpris de trouver la porte ouverte. Mais la halte fut brève, car l’aveugle se remit à lancer des ordres. Il élevait et grossissait le ton, brûlant d’impatience et de rage.

    – Entrez ! entrez donc ! cria-t-il, en les injuriant pour leur lenteur.

    Quatre ou cinq d’entre eux obéirent, tandis que deux autres restaient sur la route avec le redoutable mendiant. Il y eut un silence, puis un cri de surprise, et une exclamation jaillit de l’intérieur :

    – Bill est mort !

    Mais l’aveugle maudit à nouveau leur lenteur. Il hurla :

    – Que l’un de vous le fouille, tas de fainéants, et que les autres montent chercher le coffre !

    Je les entendis se ruer dans notre vieil escalier, avec une violence à ébranler toute la maison. Presque aussitôt de nouveaux cris d’étonnement s’élevèrent ; la fenêtre de la chambre du capitaine s’ouvrit avec fracas dans un cliquetis de carreaux cassés, et un homme apparut dans le clair de lune, la tête penchée, et d’en haut interpella l’aveugle sur la route :

    – Pew, cria-t-il, on nous a devancés ! Quelqu’un a retourné le coffre de fond en comble.

    – Est-ce que la chose y est ? rugit Pew.

    – Oui, l’argent y est !

    Mais l’aveugle envoya l’argent au diable.

    – Le paquet de Flint, je veux dire !

    – Nous ne le trouvons nulle part, répliqua l’individu.

    – Hé ! ceux d’en bas, est-il sur Bill ? cria de nouveau l’aveugle.

    Là-dessus, un autre personnage, probablement celui qui était resté en bas à fouiller le cadavre du capitaine, parut sur le seuil de l’auberge :

    – Bill a déjà été fouillé : ses poches sont vides.

    – Ce sont ces gens de l’auberge, c’est ce gamin… Que ne lui ai-je arraché les yeux ! cria l’aveugle. Ils étaient ici il n’y a qu’un instant : la porte était verrouillée quand j’ai essayé d’entrer. Cherchez partout, garçons, et trouvez-les-moi.

    – C’est juste, à preuve qu’ils ont laissé leur camoufle ici, cria l’homme de la fenêtre.

    – Grouillez donc ! Chambardez la maison, mais trouvez-les-moi ! réitéra Pew, en battant la route de sa canne.

    Alors, du haut en bas de notre vieille auberge, il se fit un grand tohu-bohu de lourdes semelles courant çà et là, de meubles renversés et de portes enfoncées, à réveiller tous les échos du voisinage ; puis nos individus reparurent l’un après l’autre sur la route, déclarant que nous étions introuvables. Mais à cet instant le même sifflet qui nous avait inquiétés, ma mère et moi, alors que nous étions à compter l’argent du défunt capitaine, retentit dans la nuit, répété par deux fois. J’avais cru d’abord que c’était là un signal de l’aveugle pour lancer ses troupes à l’assaut ; mais je compris cette fois que le son provenait de la hauteur vers le hameau, et, à en juger par son effet sur les flibustiers, il les avertissait de l’approche du péril.

    – C’est encore Dirk, dit l’un. Deux coups, les gars ! Il s’agit de décaniller !

    – De décaniller, capon ! s’écria Pew. Dirk n’a jamais été qu’un lâche imbécile, ne vous occupez pas de lui… Ils doivent être tout près. Impossible qu’ils soient loin. Vous les avez à portée de la main. Grouillez et cherchez après, tas de salauds ! Le diable ait mon âme ! Ah ! si j’y voyais !

    Cette harangue ne resta pas sans effet ; deux des coquins se mirent à chercher çà et là parmi le saccage, mais plutôt à contrecœur et sans cesser de penser à la menace de danger. Les autres restèrent sur la route, irrésolus.

    – Vous avez sous la main des mille et des mille, tas d’idiots, et vous hésitez ! Vous serez riches comme des rois si vous trouvez l’objet. Vous savez qu’il est ici, et vous tirez au flanc ! Pas un de vous n’eût osé affronter Bill, et je l’ai affronté, moi un aveugle ! Et je perdrais ma chance à cause de vous ! Je ne serais qu’un pauvre abject, mendiant un verre de rhum, alors que je pourrais rouler carrosse ! Si vous aviez seulement le courage d’un cancrelat qui ronge un biscuit, vous les auriez déjà empoignés.

    – Au diable, Pew ! grommela l’un. Nous tenons les doublons !

    – Ils auront caché ce sacré machin, dit un autre. Prends les georges

    [1] , Pew, et ne reste pas ici à beugler.

    C’était le cas de le dire, tant la colère de Pew s’exaltait devant ces objections. À la fin, la rage le domina tout à fait ; il se mit à taper dans le tas au hasard, et son bâton résonna sur plusieurs crânes. De leur côté, les malandrins, sans pouvoir réussir à s’emparer de

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    Tags:
    Classique, Fiction, Jeunesse, L'aventure
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