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    2. L'île au trésor
    3. Chapitre 43
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    nous avions arrimé le trésor et embarqué de l’eau, avec le restant de la viande de chèvre, pour parer à toute éventualité. Finalement, un beau matin, on leva l’ancre – ce qui était presque au-dessus de nos forces – et sortîmes de la baie du Nord, sous le même pavillon que le capitaine avait hissé et défendu à la palanque.

    Les trois hommes nous observaient de plus près que nous ne pensions, et nous en eûmes bientôt la preuve. Car en sortant du goulet il nous fallut côtoyer de très près la pointe sud, et ils étaient là tous trois, agenouillés l’un à côté de l’autre sur le sable et nous tendant des mains suppliantes. Nous avions tous le cœur serré, je pense, de les abandonner dans cette triste condition ; mais on ne pouvait risquer une nouvelle mutinerie ; et les ramener chez eux pour les envoyer à la potence eût été un genre de bonté plutôt cruel. Le docteur les héla et leur expliqua où ils trouveraient les provisions laissées pour eux. Mais ils ne cessaient de nous appeler par nos noms, nous suppliant pour l’amour de Dieu d’avoir pitié et de ne pas les abandonner à la mort en un tel lieu.

    Enfin, voyant que le navire poursuivait sa course rapide et allait arriver hors de portée de la voix, l’un d’eux – j’ignore lequel – sauta sur ses pieds avec un cri sauvage, épaula vivement son mousquet, et une balle vint siffler par-dessus la tête de Silver et transpercer la grand-voile.

    Après cela, nous nous tînmes à l’abri des bastingages, et lorsque je regardai de nouveau, ils avaient disparu de la pointe, qui déjà se perdait dans l’éloignement. C’en était du moins fini avec eux ; et avant midi, à ma joie indicible, le plus haut sommet de l’île au trésor s’était enfoncé sous le cercle bleu de l’horizon marin.

    Nous étions si à court d’hommes que tout le monde à bord devait travailler, à l’exception du capitaine qui donnait ses ordres couché à l’arrière sur un matelas ; car, malgré les progrès de sa guérison, il avait encore besoin de repos. Comme nous ne pouvions sans un nouvel équipage tenter le voyage de retour, nous mîmes le cap sur le port le plus prochain de l’Amérique espagnole. Quand nous y atteignîmes, après des vents contraires et quelques violentes brises, nous étions déjà tous à bout de forces.

    Ce fut au coucher du soleil que nous jetâmes l’ancre au fond d’un très beau golfe abrité, où nous fûmes aussitôt entourés par des embarcations pleines de nègres, d’Indiens du Mexique, de mulâtres, qui vendaient des fruits et des légumes, ou offraient de plonger pour une pièce de monnaie. La vue de tant de visages épanouis – et en particulier des noirs – la saveur des fruits tropicaux, et surtout les lumières qui s’allumaient dans la ville, formaient un contraste enchanteur avec notre séjour sur l’île, sinistre et sanglant. Le docteur et le chevalier, me prenant avec eux, s’en allèrent passer la soirée à terre. Là, ils rencontrèrent le capitaine d’un vaisseau de guerre anglais, qui lia connaissance avec eux et les emmena à bord de son navire ; bref, le temps passa si agréablement que le jour se levait lorsque nous accostâmes l’Hispaniola.

    Ben Gunn était seul sur le pont, et en nous voyant monter à bord, il se mit à se tortiller fantastiquement et nous fit un aveu. Silver avait fui. Le marron l’avait aidé à s’échapper dans un canot quelques heures plus tôt, et il nous assura qu’il l’avait fait uniquement pour sauvegarder nos existences, qui eussent sans nul doute été compromises, « si cet homme à une jambe était demeuré à bord ». Mais ce n’était pas tout. Le coq ne s’en allait pas les mains vides. Il avait subrepticement percé une cloison, et emporté un des sacs de monnaie, valant peut-être trois ou quatre cents guinées, pour subvenir à ses besoins ultérieurs.

    Je crois bien que nous fûmes tous heureux d’être quittes de lui à si bon marché.

    Enfin, pour abréger cette longue histoire, nous embarquâmes plusieurs matelots, fîmes un bon voyage, et M. Blandly s’apprêtait justement à armer notre conserve quand l’Hispaniola rentra à Bristol. De tous ceux qui étaient partis avec elle, il ne restait plus que cinq hommes. « La boisson et le diable avaient expédié les autres », impitoyablement ; mais à vrai dire nous n’étions pas tout à fait aussi mal en point que le navire de la chanson :

    Avec un seul survivant de tout l’équipage

    Qui avait pris la mer au nombre de soixante-quinze.

    Nous eûmes tous notre large part du trésor, que chacun employa sagement ou follement selon sa nature. La capitaine Smollett est aujourd’hui retiré de la navigation. Gray non seulement sut garder son argent, mais, soudain mordu par l’ambition, il étudia son métier ; et il est aujourd’hui second sur un beau navire dont il possède une part ; marié, en outre, et père de famille. Quant à Ben Gunn, il reçut mille livres, qu’il dilapida en trois semaines – ou plus exactement en dix-neuf jours, car il revint à sec le vingtième. Alors, on lui donna une loge de portier à garder, tout comme il l’avait craint sur l’île ; et il vit encore, très admiré des enfants du pays, qui en font aussi un peu leur plastron, et chanteur distingué à l’église les dimanches et jours de fête.

    De Silver nous ne savons plus rien. Ce redoutable homme de mer à une jambe a enfin disparu de ma vie ; mais je pense qu’il a retrouvé sa vieille négresse, et peut-être vit-il toujours, heureux avec elle et Capitaine Flint. Il faut l’espérer, du moins, car ses chances de bonheur dans l’autre monde sont des plus faibles.

    Les lingots d’argent et les armes sont toujours enfouis, que je sache, là où Flint les a mis ; ce n’est certes pas moi qui irai les chercher. Un attelage de bœufs ne réussirait pas à me traîner dans cette île maudite ; et les pires de mes cauchemars sont ceux où j’entends le ressac tonner sur ses côtes et où je me dresse en sursaut dans mon lit à la voix stridente de Capitaine Flint qui me corne aux oreilles :

    – Pièces de huit ! pièces de huit !

    Cet ouvrage est le 591ème publié

    dans la collection À tous les vents

    par la Bibliothèque électronique du Québec.

    La Bibliothèque électronique du Québec

    est la propriété exclusive de

    Jean-Yves Dupuis.

    * * *

    [1] Les livres sterling, à l’effigie du roi George.

    [2] Le pavillon britannique.

    [3] De l’espagnol palanca. Désignait autrefois un fortin constitué par une palissade entourant un blockhaus en bois.

    [4] Le pavillon noir des pirates.

    [5] Les mutins ne furent bientôt plus qu’au nombre de huit, car l’homme atteint par M Trelawney à bord de la goélette mourut de sa blessure le même soir. Mais cela, naturellement, ne fut connu du parti fidèle que par la suite. (Note de l’auteur.)

    [6] Un Français dirait : « à l’anglaise ».

    [7] Demi-clef : sorte de nœud marin.

    [8] Pour prêter serment.

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    Tags:
    Classique, Fiction, Jeunesse, L'aventure
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