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    2. L'île au trésor
    3. Chapitre 33
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    profonde, et pour plus de sûreté me tenant des deux mains à l’amarre coupée, je me laissai doucement glisser par-dessus bord. L’eau me venait à peine à la poitrine, le sable était dur et couvert de rides, et je passai allègrement le gué jusqu’au rivage, laissant l’Hispaniola sur le flanc avec sa grand-voile large étalée à la surface de la baie. Presque aussitôt le soleil acheva de disparaître et la brise se mit à siffler dans le crépuscule parmi les pins frémissants.

    En fin de compte, j’étais hors de la mer, et je n’en revenais pas les mains vides. La goélette était là, libre enfin de flibustiers et prête à recevoir nos hommes et à reprendre le large. Je n’avais plus d’autre désir que de me voir rentré à la palanque où je me glorifierais de mes exploits. On pouvait bien me blâmer un peu à cause de ma fugue, mais la reprise de l’Hispaniola était un argument sans réplique, et j’espérais que le capitaine Smollett lui-même avouerait que je n’avais pas perdu mon temps.

    Mis en excellente humeur par cette idée, je me disposai à retourner au blockhaus auprès de mes compagnons. Je me rappelai que la plus orientale des rivières qui se déversent dans le mouillage du capitaine Kidd venait de la montagne à deux sommets située sur ma gauche ; et je me dirigeai de ce côté, afin de passer le cours d’eau à sa naissance. Le bois était fort praticable et, en suivant les contreforts inférieurs de cette montagne, je l’eus vite contournée. Peu après je traversais le ruisseau qui me venait à mi-jambe.

    Cela me conduisit tout près de l’endroit où j’avais rencontré Ben Gunn, le marron ; et je marchai avec plus de circonspection, ayant l’œil de tous côtés. La nuit était presque complète, et lorsque je débouchai du col situé entre les deux sommets, j’aperçus dans le ciel une réverbération vacillante. Je supposai que l’homme de l’île était là-bas à cuire son souper sur un brasier ardent. Toutefois, je m’étonnais en mon for intérieur qu’il se montrât si imprudent. Car si j’apercevais cette radiation, ne pouvait-elle aussi frapper les yeux de Silver campé sur le rivage du marigot ?

    La nuit s’épaississait par degrés ; c’est tout au plus si je pouvais me guider approximativement vers mon but : derrière moi, la double montagne, et la Longue-Vue sur ma droite, devenaient presque indistinctes ; on voyait à peine quelques faibles étoiles ; et sur le terrain bas que je parcourais, je trébuchais sans cesse contre les buissons et tombais dans des trous de sable.

    Soudain, une lueur vague se répandit autour de moi. Je levai les yeux : une pâle clarté lunaire illuminait le sommet de la Longue-Vue ; peu après un large disque argenté surgit derrière les arbres : la lune était levée.

    Favorisé par cette circonstance, je franchis rapidement le reste du trajet ; dans mon impatience de me rapprocher de la palanque, je marchais et courais, alternativement. Toutefois, en pénétrant dans le bois qui la précède, je ne fus pas assez étourdi pour ne pas ralentir, et m’avançai avec plus de prudence. C’eût été piètrement finir mes aventures que d’attraper une balle des nôtres, par méprise.

    La lune s’élevait ; sa lumière tombait çà et là en flaques dans les parties moins épaisses du bois ; et juste devant moi une lueur d’une teinte différente apparut entre les arbres. Elle était d’un rouge ardent, et s’obscurcissait un peu de temps à autre, comme si elle fût provenue des tisons d’un brasier expirant.

    Malgré tous mes efforts je ne devinais pas ce que ce pouvait être.

    J’arrivai enfin aux limites de la clairière. Son extrémité ouest était déjà baignée de clair de lune ; le reste, avec le blockhaus même, reposait encore dans une ombre noire que rayaient de longues stries de lumière argentée. De l’autre côté de la maison, un énorme feu s’était réduit en braises vives dont l’immobile et rouge réverbération formait un vigoureux contraste avec la blanche clarté de la lune. Pas un bruit humain, nul autre son que les frémissements de la brise.

    Je m’arrêtai avec beaucoup d’étonnement, et peut-être aussi un peu d’effroi. Ce n’était pas notre usage de faire de grands feux : nous étions, en effet, par ordre du capitaine, assez regardants sur le bois à brûler, et je commençais à craindre que les choses n’eussent mal tourné en mon absence.

    Je fis le tour par l’extrémité orientale de la palanque, en me tenant tout contre, dans l’ombre, et, à un endroit propice, où les ténèbres étaient plus épaisses, je franchis la clôture.

    Pour plus de sûreté, je me tins à quatre pattes et rampai sans bruit vers l’angle de la maison. En approchant j’éprouvai un soudain et grand soulagement. Le bruit n’a rien d’agréable en soi, et je m’en suis souvent plaint, à d’autres moments ; mais en cette minute-là ce me fut une musique céleste que d’entendre mes amis ronfler avec ensemble, d’un sommeil si profond et paisible. Le cri maritime de la vigie, ce beau : « Ouvre l’œil ! » ne parut jamais plus rassurant à mes oreilles.

    Néanmoins, une chose n’était pas douteuse : ils se gardaient de façon exécrable. Que Silver et ses amis fussent survenus maintenant au lieu de moi, pas une âme n’aurait vu lever le jour. « Voilà ce que c’est, pensai-je, d’avoir un capitaine blessé. » Et, une fois de plus, je me reprochai vivement de les avoir abandonnés dans ce danger avec si peu d’hommes pour monter la garde.

    Cependant j’étais arrivé à la porte. Je m’arrêtai. Il faisait tout noir à l’intérieur, et mes yeux n’y pouvaient rien distinguer. Par l’ouïe, je percevais le tranquille bourdon des ronfleurs, et par intervalles un petit bruit, un trémoussement et un becquètement dont je ne pouvais déterminer l’origine.

    Les bras tendus devant moi, je pénétrai sans bruit. J’irais me coucher à ma place (pensais-je avec un petit rire muet) et m’amuserais à voir leurs têtes quand ils me découvriraient au matin.

    Mon pied heurta quelque chose de mou : c’était la jambe d’un dormeur, qui se retourna en grognant, mais sans se réveiller.

    Et alors, tout d’un coup, une voix stridente éclata dans les ténèbres :

    – Pièces de huit ! pièces de huit ! pièces de huit ! pièces de huit ! pièces de huit ! et ainsi de suite, sans arrêt ni changement, comme un cliquet de moulin.

    Le perroquet vert de Silver, Capitaine Flint ! C’était lui que j’avais entendu becqueter un morceau d’écorce ; c’était lui, qui, faisant meilleure veille que nul être humain, annonçait ainsi mon arrivée par sa fastidieuse rengaine !

    Je n’eus pas le temps de me reconnaître. Aux cris aigus et assourdissants du perroquet, les dormeurs s’éveillèrent et bondirent. Avec un énorme juron, la voix de Silver cria :

    – Qui vive ?

    Je tentai de fuir, me jetai violemment contre quelqu’un, reculai, et courus droit entre les bras d’un second individu, qui les referma et me retint solidement.

    – Apporte une torche, Dick, ordonna Silver, lorsque ma capture fut ainsi assurée.

    Et l’un des hommes sortit de la maison, pour rentrer presque aussitôt porteur d’un brandon enflammé.

    Sixième partie

    Le capitaine Silver

    XXVIII

    Dans le camp ennemi

    La rouge flambée de la torche, en illuminant l’intérieur du blockhaus, me fit voir que mes pires craintes s’étaient réalisées. Les pirates étaient en possession du fortin et des approvisionnements : il y avait là le tonnelet de cognac, il y avait le lard et le biscuit, comme auparavant ; et, ce qui décuplait mon horreur, pas trace de prisonniers. J’en conclus logiquement que tous avaient péri, et ma conscience me reprocha amèrement de n’être pas resté pour périr avec eux.

    Ils étaient en tout six forbans ; personne autre n’était demeuré vivant. Cinq d’entre eux, brusquement tirés du premier sommeil de l’ivresse, étaient debout, encore rouges et bouffis. Le sixième s’était seulement dressé sur un coude : il était d’une pâleur affreuse, et le bandage taché de sang qui lui enveloppait la tête prouvait qu’il avait été blessé depuis peu, et encore plus récemment pansé. Je me souvins que, lors de la grande attaque, un homme, frappé d’une balle, s’était enfui à travers bois, et je ne doutai point que ce fût lui.

    Le perroquet se lissait les plumes, perché sur l’épaule de Silver. Celui-ci me parut un peu plus pâle et plus grave que de coutume. Il portait encore le bel habit de drap sous lequel il avait rempli sa mission, mais cet habit était, par un contraste amer, souillé de glaise et déchiré aux ronces acérées des bois.

    – Ainsi donc, fit Silver, voilà Jim Hawkins, mort de mes os ! En visite, on dirait, hé ? Allons, soit, je prends la chose amicalement.

    Il s’assit sur le tonnelet d’eau-de-vie, et se bourra une pipe.

    – Passe-moi la torche, Dick, reprit-il.

    Puis, après avoir allumé :

    – Ça ira, garçon : tiens, pique cette chandelle dans le tas de bois ; et vous, messeigneurs, amenez-vous !… inutile de rester debout pour M. Hawkins : il vous excusera, soyez-en sûrs. Et ainsi, Jim (et il tassa son tabac), te voilà ? La surprise est tout à fait agréable pour ce pauvre vieux John. J’ai bien vu que tu étais sage, dès la première fois que j’ai jeté les yeux sur toi ; mais ceci me passe, en vérité.

    À tout cela, comme on peut le croire, je ne répliquai rien. On m’avait placé le dos au mur ; je restais là, regardant Silver dans les yeux, et faisant montre, je l’espère, d’une passable fermeté, mais le cœur plein d’un sombre désespoir.

    Silver tira très posément deux ou trois bouffées de sa pipe, et poursuivit ainsi :

    – Maintenant, vois-tu, Jim, puisque aussi bien tu es ici,

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