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    2. L'île au trésor
    3. Chapitre 29
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    du vent, fut repoussée en arrière, et resta là un moment inerte, les voiles battantes.

    « Les maladroits ! me dis-je, il faut qu’ils soient soûls comme des bourriques. » Et je m’imaginai comment le capitaine Smollett les aurait fait manœuvrer.

    Cependant la goélette abattit peu à peu, et entreprenant une nouvelle bordée, vogua rapidement une minute ou deux, pour s’arrêter une fois encore en plein dans le lit du vent. Cela se renouvela à plusieurs reprises. De droite et de gauche, en long et en large, au nord, au sud, à l’est et à l’ouest, l’Hispaniola naviguait par à-coups zigzagants, et chaque répétition finissait comme elle avait débuté, avec des voiles battant paresseusement. Il devint clair pour moi que personne ne la gouvernait. Et, dans cette hypothèse, que faisaient les hommes ? Ou bien ils étaient ivres morts, ou ils avaient déserté, pensai-je ; et peut-être, si je pouvais arriver à bord, me serait-il possible de rendre le navire à son capitaine.

    Le courant chassait vers le sud à une même vitesse le coracle et la goélette. Quant aux bordées de cette dernière, elles étaient si incohérentes et si passagères, et le navire s’arrêtait si longtemps entre chacune, qu’il ne gagnait certainement pas, si même il ne perdait. Il me suffirait d’oser m’asseoir et de pagayer pour le rattraper à coup sûr. Ce projet avait un aspect aventureux qui me séduisait, et le souvenir de la caisse à eau près du gaillard d’avant redoublait mon nouveau courage.

    Je me dressai donc, fus accueilli presque aussitôt par un nuage d’embrun, mais cette fois je n’en démordis pas et me mis, de toutes mes forces et avec prudence, à pagayer à la poursuite de l’Hispaniola en dérive. Une fois j’embarquai un si gros coup de mer que je dus m’arrêter pour écoper, le cœur palpitant comme celui d’un oiseau ; mais peu à peu je trouvai la manière, et guidai mon coracle parmi les vagues, sans plus de tracas que, de temps en temps, une gifle d’eau sur son avant et un jet d’écume dans ma figure.

    À cette heure, je gagnais rapidement sur la goélette : je pouvais voir les cuivres briller sur la barre du gouvernail quand elle tapait de côté ; et cependant pas une âme ne se montrait sur le pont. Je ne pouvais plus douter qu’elle fût abandonnée. Ou sinon les hommes ronflaient en bas, ivres morts, et je pourrais sans doute les mettre hors d’état de nuire, et disposer à ma guise du bâtiment.

    Depuis un moment, l’Hispaniola se comportait aussi mal que possible, à mon point de vue. Elle avait le cap presque en plein sud, sans cesser, bien entendu, de faire tout le temps des embardées. Chaque fois qu’elle abattait, ses voiles se gonflaient en partie et l’emportaient de nouveau pour une minute, droit au vent. C’était là pour moi le pire, comme je l’ai dit, car bien que livrée à elle-même dans cette situation, ses voiles battant avec un bruit de canon et ses poulies roulant et se cognant sur le pont, la goélette néanmoins continuait à s’éloigner de moi, et à la vitesse du courant elle ajoutait toute celle de sa dérive, qui était considérable.

    Enfin, la chance me favorisa. Pour une minute, la brise tomba presque à rien, et le courant agissant par degrés, l’Hispaniola tourna lentement sur son axe et finit par me présenter sa poupe, avec la fenêtre grande ouverte de la cabine où la lampe brûlait encore sur la table malgré le plein jour. La grand-voile, inerte, pendait comme un drapeau. À part le courant, le navire restait immobile.

    Pendant les quelques dernières minutes, ma distance s’était accrue, mais je redoublai d’efforts, et commençai une fois de plus à gagner sur le bâtiment chassé.

    Je n’étais plus qu’à cinquante brasses de lui quand une brusque bouffée de vent survint : le navire partit bâbord amures, et de nouveau s’en fut au loin, penché et rasant l’eau comme une hirondelle.

    Ma première impulsion fut de désespérer, mais la seconde inclina vers la joie. La goélette évita, jusqu’à me présenter son travers… elle évita jusqu’à couvrir la moitié, puis les deux tiers, puis les trois quarts de la distance qui nous séparait. Les vagues bouillonnantes écumaient sous son étrave. Vue d’en bas, dans mon coracle, elle me semblait démesurément haute.

    Et alors, tout soudain, je me rendis compte du danger. Je n’eus pas le temps de réfléchir non plus que d’agir pour me sauver. J’étais sur le sommet d’une ondulation quand, dévalant de la plus voisine, la goélette fondit sur moi. Son beaupré arriva au-dessus de ma tête. Je me levai d’un bond et m’élançai vers lui, envoyant le coracle sous l’eau. D’une main, je m’accrochai au bout-dehors de foc, tandis que mon pied se logeait entre la draille et le bras, et j’étais encore cramponné là, tout pantelant, lorsqu’un choc sourd m’apprit que la goélette venait d’aborder et de broyer le coracle, et que je me trouvais jeté sur l’Hispaniola sans possibilité de retraite.

    XXV

    J’amène le Jolly-Roger

    J’avais à peine pris position sur le beaupré, que le clin-foc battit et reprit le vent en changeant ses amures, avec une détonation pareille à un coup de canon. Sous le choc de la renverse, la goélette trembla jusqu’à la quille ; mais au bout d’un instant, comme les autres voiles portaient encore, le foc revint battre de nouveau et pendit paresseusement.

    La secousse m’avait presque lancé à la mer ; aussi, sans perdre de temps, je rampai le long du beaupré et culbutai sur le pont la tête la première.

    Je me trouvais sous le vent du gaillard d’avant, et la grand-voile, qui portait encore, me cachait une partie du pont arrière. Il n’y avait personne en vue. Le plancher, non balayé depuis la révolte, gardait de nombreuses traces de pas ; et une bouteille vide, au col brisé, se démenait çà et là dans les dalots, comme un être doué de vie.

    Soudain, l’Hispaniola prit le vent en plein. Les focs derrière moi claquèrent avec violence ; le gouvernail se rabattit ; un frémissement sinistre secoua le navire tout entier ; et au même instant le gui d’artimon revint en dedans du bord, et la voile, grinçant sur ses drisses, me découvrit le côté sous le vent du pont arrière.

    Les deux gardiens étaient là : Bonnet-Rouge, étendu sur le dos, raide comme un anspect, les deux bras étalés comme ceux d’un crucifix, et les lèvres entrouvertes dans un rictus qui lui découvrait les dents ; Israël Hands, accoté aux bastingages, le menton sur la poitrine, les mains ouvertes à plat devant lui sur le pont, et le visage, sous son hâle, aussi blanc qu’une chandelle de suif.

    Un moment, le navire se débattit et se coucha comme un cheval vicieux ; les voiles tiraient tantôt d’un bord, tantôt de l’autre, et le gui, ballant de-ci de-là, faisait grincer le mât sous l’effort. De temps à autre, un nuage d’embrun jaillissait par-dessus le bastingage, et l’avant du navire piquait violemment dans la lame : ce grand voilier se comportait beaucoup plus mal que mon coracle rustique et biscornu, à présent au fond de l’eau.

    À chaque sursaut de la goélette, Bonnet-Rouge glissait de côté et d’autre ; mais, chose hideuse à voir, ni sa posture, ni le rictus qui lui découvrait les dents, n’étaient modifiés par ces déplacements brutaux. À chaque sursaut également, on voyait Hands s’affaisser davantage sur lui-même et s’aplatir sur le pont : ses pieds glissaient toujours plus loin, et tout son corps s’inclinait vers la poupe, de sorte que petit à petit son visage me fut caché, et je n’en vis plus à la fin qu’une oreille et le bout hirsute d’un favori.

    À ce moment, je remarquai autour d’eux des taches de sang sur le plancher, et commençai à croire que les deux ivrognes s’étaient massacrés l’un l’autre dans leur fureur homicide.

    Je regardais ce spectacle avec étonnement, lorsque dans un intervalle de calme où le navire se tenait tranquille, Israël Hands se tourna à demi, et avec un gémissement sourd et en se tortillant, reprit la position dans laquelle je l’avais vu d’abord. Son gémissement, qui décelait une douleur et une faiblesse extrêmes, et la vue de sa mâchoire pendante, émurent ma compassion. Mais en me remémorant les propos que j’avais ouïs, caché dans ma barrique de pommes, toute pitié m’abandonna.

    Je m’avançai jusqu’au grand mât.

    – Embarquez, maître Hands, dis-je ironiquement.

    Il roula vers moi des yeux mornes, mais il était bien trop abruti pour exprimer de la surprise. Il se borna à émettre ce souhait :

    – Eau-de-vie.

    Je comprenais qu’il n’y avait pas de temps à perdre : esquivant le gui qui balayait de nouveau le pont, je courus à l’arrière et descendis par le capot d’échelle, dans la cabine.

    Il y régnait un désordre difficile à imaginer. Tout ce qui fermait à clef, on l’avait ouvert de force pour y rechercher la carte. Il y avait sur le plancher une couche de boue, aux endroits où les forbans s’étaient assis pour boire ou délibérer après avoir pataugé dans le marais avoisinant leur camp. Sur les cloisons, peintes d’un beau blanc et encadrées de moulures dorées, s’étalaient des empreintes de mains sales. Des douzaines de bouteilles vides s’entrechoquaient dans les coins, au roulis du navire. Un des livres médicaux du docteur restait ouvert sur la table : on en avait arraché la moitié des feuillets, pour allumer des pipes, je suppose. Au milieu de tout cela, la lampe jetait encore une lueur fumeuse et obscure, d’un brun de terre de Sienne.

    Je passai dans le cellier : tous les tonneaux avaient disparu, et un nombre stupéfiant de bouteilles avaient été bues à même et rejetées sur place. À

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    Tags:
    Classique, Fiction, Jeunesse, L'aventure
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