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    2. L'île au trésor
    3. Chapitre 27
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    de bois brut, grossière et de forme biscornue, avec, tendu par-dessus, un revêtement de peau de chèvre, le poil en dedans. L’esquif était fort petit, même pour moi, et je crois difficilement qu’il aurait porté un adulte. Il renfermait un banc placé aussi bas que possible, une sorte de marchepied de nage à l’avant, et une pagaie double en guise de propulseur.

    À cette époque-là, je n’avais pas encore vu de coracle, ce bateau des anciens Bretons, mais j’en ai vu un depuis, et je ne peux donner une meilleure idée de la pirogue de Ben Gunn qu’en disant qu’elle ressemblait au premier et pire coracle qui soit jamais sorti de la main de l’homme. Mais elle possédait à coup sûr le grand avantage du coracle, car elle était extrêmement légère et portative.

    Or, maintenant que j’avais trouvé le canot, on va peut-être croire que je pouvais borner là mes exploits ; mais entre-temps j’avais formé un autre projet, dont j’étais si obstinément féru que je l’aurais exécuté, je crois, même au nez et à la barbe du capitaine Smollett. C’était de me faufiler, à la faveur de la nuit, jusqu’à l’Hispaniola, de la jeter en dérive et de la laisser aller à la côte où bon lui semblerait. Je tenais pour évident que les mutins, après leur échec de la matinée, n’auraient rien de plus pressé que de lever l’ancre et de prendre le large. Ce serait, pensais-je, un beau coup de les en empêcher ; et comme je venais de voir qu’ils laissaient les gardiens du navire dépourvus d’embarcation, je croyais pouvoir exécuter mon projet sans grand risque.

    Je m’assis à terre pour attendre l’obscurité, et mangeai mon biscuit de bon appétit. C’était pour mon dessein une nuit propice entre mille. Le brouillard couvrait maintenant tout le ciel. Quand les dernières lueurs du jour eurent disparu, des ténèbres complètes ensevelirent l’île au trésor. Et quand enfin je pris le coracle sur mon épaule, et me hissai péniblement hors du creux où j’avais soupé, il n’y avait plus dans tout le mouillage que deux points visibles.

    L’un était le grand feu du rivage, autour duquel les pirates vaincus faisaient carrousse. L’autre, simple tache de lumière sur l’obscurité, m’indiquait la position du navire à l’ancre. Celui-ci avait tourné avec le reflux, et me présentait maintenant son avant, et comme il n’y avait de lumières à bord que dans la cabine, ce que je voyais était uniquement le reflet sur le brouillard des vifs rayons qui s’échappaient de la fenêtre de poupe.

    La marée baissait déjà depuis quelque temps, et je dus patauger à travers un long banc de sable détrempé où j’enfonçai plusieurs fois jusqu’au-dessus de la cheville, avant d’arriver au bord de la mer descendante. Je m’y avançai de quelques pas, et, avec un peu de force et d’adresse, déposai mon coracle, la quille par en bas, à la surface de l’eau.

    XXIII

    La marée descend

    Le coracle – comme j’eus mainte raison de le savoir avant d’être quitte de lui – était, pour quelqu’un de ma taille et de mon poids, un bateau très sûr, à la fois léger et tenant bien la mer ; mais cette embarcation biscornue était des plus difficiles à conduire. On avait beau faire, elle se bornait la plupart du temps à dériver, et en fait de manœuvre, elle ne savait guère que tourner en rond. Ben Gunn lui-même avait admis qu’elle était « d’un maniement pas très commode tant qu’on ne connaissait pas ses habitudes ».

    Évidemment, je ne les connaissais pas. Elle se tournait dans toutes les directions, sauf celle où je voulais aller ; la plupart du temps nous marchions par le travers, et il est certain que sans la marée je n’aurais jamais atteint le navire. Par bonheur, de quelque manière que je pagayasse, la marée m’emportait toujours, et l’Hispaniola était là-bas, juste dans le bon chemin : je ne pouvais guère la manquer.

    Tout d’abord, elle surgit devant moi comme une tache d’un noir plus foncé que les ténèbres ; puis ses mâts et sa coque se profilèrent peu à peu, et en un instant – car le courant du reflux devenait plus fort à mesure que j’avançais – je me trouvai à côté de son amarre, que j’empoignai.

    L’amarre était bandée comme la corde d’un arc, tant le navire tirait sur son ancre. Tout autour de la coque, dans l’obscurité, le clapotis du courant bouillonnait et babillait comme un petit torrent de montagne. Un coup de mon coutelas, et l’Hispaniola serait partie, murmurante, avec la marée.

    C’était très joli ; mais je me rappelai à temps que le choc d’une amarre bandée que l’on coupe net, est aussi dangereux qu’une ruade de cheval. Il y avait dix à parier contre un que, si j’avais la témérité de couper le câble de l’Hispaniola, je serais projeté en l’air du même coup avec mon coracle.

    Je me butais donc là-contre et, sans une nouvelle faveur spéciale du hasard, il m’eût fallu abandonner mon projet.

    Mais la légère brise qui soufflait tout à l’heure d’entre sud et sud-est avait tourné au sud-ouest après la tombée de la nuit. Au beau milieu de mes réflexions survint une bouffée qui saisit l’Hispaniola et la refoula à contre-courant. À ma grande joie, je sentis l’amarre mollir dans mon poing, et la main dont je la tenais plongea sous l’eau pendant une seconde.

    Là-dessus ma décision fut prise : je tirai mon coutelas, l’ouvris avec mes dents, et coupai successivement les torons du câble, jusqu’à ce qu’il n’en restât plus que deux pour maintenir le navire. Je m’arrêtai alors, attendant pour trancher ces derniers que leur tension fût de nouveau relâchée par un souffle de vent.

    Pendant tout ce temps-là, j’avais entendu un grand bruit de voix qui provenait de la cabine ; mais, à vrai dire, j’étais si occupé d’autres pensées que j’y prêtais à peine l’oreille. Mais à cette heure, n’ayant rien d’autre à faire, je commençai à leur accorder plus d’attention.

    L’une de ces voix était celle du quartier-maître, Israël Hands, l’ex-canonnier de Flint. L’autre appartenait, comme de juste, à mon bon ami au bonnet rouge. Les deux hommes en étaient manifestement au pire degré de l’ivresse, et ils buvaient toujours ; car, tandis que j’écoutais, l’un d’eux, avec une exclamation d’ivrogne, ouvrit la fenêtre de poupe et jeta dehors un objet que je devinai être une bouteille vide. Mais ils n’étaient pas seulement ivres, ils étaient évidemment aussi dans une furieuse colère. Les jurons volaient dru comme grêle, et de temps à autre il en survenait une explosion telle que je m’attendais à la voir dégénérer en coups. Mais à chaque fois la querelle s’apaisait, et le diapason des voix retombait pour un instant, jusqu’à la crise suivante, qui passait à son tour sans résultat.

    À terre, entre les arbres du rivage, je pouvais voir s’élever les hautes flammes du grand feu de campement. Quelqu’un chantait une vieille complainte de marin, triste et monotone, avec un trémolo à la fin de chaque couplet, et qui ne devait finir, semblait-il, qu’avec la patience du chanteur. Je l’avais entendue plusieurs fois durant le voyage, et me rappelais ces mots :

    Un seul survivant de tout l’équipage

    Qui avait pris la mer au nombre de soixante-quinze.

    Et je me dis qu’un tel refrain n’était que trop fâcheusement approprié à une bande qui avait subi de telles pertes le matin même. Mais, à ce que je voyais, tous ces forbans étaient aussi insensibles que la mer où ils naviguaient.

    Finalement la brise survint : la goélette se déplaça doucement dans l’ombre et se rapprocha de moi ; je sentis l’amarre mollir à nouveau, et d’un bon et solide effort tranchai les dernières fibres.

    La brise n’avait que peu d’action sur le coracle, et je fus presque instantanément plaqué contre l’étrave de l’Hispaniola. En même temps, d’une lente giration, la goélette se mit à virer cap pour cap, au milieu du courant.

    Je me démenai en diable, car je m’attendais à sombrer d’un moment à l’autre ; et quand j’eus constaté que je ne pouvais éloigner d’emblée mon coracle, je poussai droit vers l’arrière. Je me vis enfin libéré de ce dangereux voisinage ; et je donnais tout juste la dernière impulsion, quand mes mains rencontrèrent un mince cordage qui pendait du gaillard d’arrière. Aussitôt je l’empoignai.

    Quel motif m’y incita, je l’ignore. Ce fut en premier lieu instinct pur ; mais une fois que je l’eus saisi et qu’il tint bon, la curiosité prit peu à peu le dessus, et je me déterminai à jeter un coup d’œil par la fenêtre de la cabine.

    Me hissant sur le cordage à la force des poignets, et non sans danger, je me mis presque debout dans la pirogue, et pus ainsi découvrir le plafond de la cabine et une partie de son intérieur.

    Cependant la goélette et sa petite conserve filaient sur l’eau à bonne vitesse ; en fait nous étions déjà arrivés à la hauteur du feu du campement. Le bateau jasait, comme disent les marins, assez fort, refoulant avec un incessant bouillonnement les innombrables rides du clapotis ; si bien qu’avant d’avoir l’œil par-dessus le rebord de la fenêtre je ne pouvais comprendre comment les hommes de garde n’avaient pas pris l’alarme.

    Mais un regard me suffit ; et de cet instable esquif un regard fut d’ailleurs tout ce que j’osai me permettre. Il me montra Hands et son compagnon enlacés en une mortelle étreinte et se serrant la gorge réciproquement.

    Je me laissai retomber sur le banc, mais juste à temps, car j’étais presque par-dessus bord. Pour un instant je ne vis plus rien d’autre que ces deux faces haineuses et cramoisies, oscillant à la fois sous la lampe fumeuse ; et

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