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    2. L'île au trésor
    3. Chapitre 23
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    soir dont j’ai parlé sifflait par toutes les fissures de la rudimentaire construction, et saupoudrait le plancher d’une pluie continuelle de sable fin. Il y avait du sable dans nos yeux, du sable entre nos dents, du sable dans notre souper, du sable qui dansait dans la source au fond du chaudron, rappelant tout à fait une soupe d’avoine qui commence à bouillir. Une ouverture carrée dans le toit formait notre cheminée : elle n’évacuait qu’une faible partie de la fumée, et le reste tournoyait dans la maison, ce qui nous faisait tousser et larmoyer.

    Ajoutez à cela que Gray, notre nouvelle recrue, avait la tête enveloppée d’un bandage, à cause d’une estafilade qu’il avait reçue en échappant aux mutins, et que le cadavre du vieux Redruth, non enterré encore, gisait auprès du mur, roide, sous l’Union Jack.

    S’il nous eût été permis de rester oisifs, nous serions tombés dans la mélancolie ; mais on n’avait rien à craindre de ce genre avec le capitaine Smollett. Il nous fit tous ranger devant lui et nous distribua en bordées. Le docteur, Gray et moi, d’une part ; le chevalier, Hunter et Joyce, de l’autre. Malgré la fatigue générale, deux hommes furent envoyés à la corvée de bois à brûler ; deux autres occupés à creuser une fosse pour Redruth ; le docteur fut nommé cuisinier ; je montai la garde à la porte ; et le capitaine lui-même allait de l’un à l’autre, nous stimulant et donnant un coup de main où il en était besoin.

    De temps à autre, le docteur venait à la porte pour respirer un peu et reposer ses yeux tout rougis par la fumée, et il ne manquait jamais de m’adresser la parole.

    – Ce Smollett, prononça-t-il une fois, vaut mieux que moi, Jim. Et ce que je dis là n’est pas un mince éloge.

    Une autre fois, il resta d’abord un moment silencieux. Puis il pencha la tête de côté et me considéra, en demandant :

    – Ce Ben Gunn est-il un homme comme les autres ?

    – Je ne sais, monsieur, répondis-je. Je ne suis pas sûr qu’il soit sain d’esprit.

    – S’il y a là-dessus le moindre doute, c’est qu’il l’est. Quand on a passé trois ans à se ronger les ongles sur une île déserte, on ne peut vraiment paraître aussi sain d’esprit que vous et moi. Ce serait contraire à la nature. C’est bien du fromage dont il dit qu’il a envie ?

    – Oui, monsieur, du fromage.

    – Eh bien, Jim, voyez qu’il est parfois bon d’avoir le goût raffiné. Vous connaissez ma tabatière, n’est-ce pas ? et vous ne m’avez jamais vu priser : la raison en est que je garde dans cette tabatière un morceau de parmesan… un fromage fait en Italie, très nutritif. Eh bien ! voilà pour Ben Gunn !

    Avant de manger notre souper, nous enterrâmes le vieux Tom dans le sable, et restâmes autour de lui quelques instants à nous recueillir, tête nue sous la brise. On avait rentré une bonne provision de bois à brûler, mais le capitaine la jugea insuffisante ; à sa vue, il hocha la tête et nous déclara qu’« il faudrait s’y remettre demain un peu plus activement ». Puis, notre lard mangé, et quand on eut distribué à chacun un bon verre de grog à l’eau-de-vie, les trois chefs se réunirent dans un coin pour examiner la situation.

    Ils se trouvaient, paraît-il, fort en peine, car les provisions étaient si basses que la famine devait nous obliger à capituler bien avant l’arrivée des secours. Notre meilleur espoir, conclurent-ils, était de tuer un nombre de flibustiers assez grand pour les décider, soit à baisser pavillon, soit à s’enfuir avec l’Hispaniola. De dix-neuf au début, ils étaient déjà réduits à quinze ; ils avaient de plus deux blessés, dont l’un au moins – l’homme atteint à côté du canon – l’était grièvement, si même il vivait encore. Chaque fois qu’une occasion se présenterait de faire feu sur eux, il fallait la saisir, tout en ménageant nos vies avec tout le soin possible. En outre, nous avions deux puissants alliés : le rhum et le climat.

    Pour le premier, bien qu’étant à environ un demi-mille des mutins, nous les entendions brailler et chanter jusqu’à une heure avancée de la nuit ; et pour le second, le docteur gageait sa perruque que, campés dans le marigot et dépourvus de remèdes, la moitié d’entre eux serait sur le flanc avant huit jours.

    – Et alors, ajouta-t-il, si nous ne sommes pas tous tués auparavant, ils seront bien aises de se remballer sur la goélette. C’est toujours un navire, et ils pourront se remettre à la flibuste.

    – Le premier bâtiment que j’aurai jamais perdu ! soupira le capitaine Smollett.

    J’étais mort de fatigue, comme on peut le croire ; et lorsque j’allai me coucher, ce qui arriva seulement après encore beaucoup de va-et-vient, je dormis comme une souche.

    Les autres étaient levés depuis longtemps, avaient déjà déjeuné et augmenté de près de moitié la pile de bois à brûler, quand je fus éveillé par une alerte et un bruit de voix.

    – Un parlementaire, entendis-je prononcer.

    Puis, tout aussitôt, avec une exclamation d’étonnement :

    – Silver en personne !

    Je me levai d’un bond et, me frottant les yeux, courus à une meurtrière.

    XX

    L’ambassade de Silver

    En effet, juste au-delà du retranchement, il y avait deux hommes : l’un agitait une étoffe blanche, l’autre, rien moins que Silver lui-même, se tenait paisiblement à son côté.

    Il était encore très tôt, et il faisait ce matin-là plus froid que je ne l’ai jamais éprouvé dans ce voyage. On frissonnait, transi jusqu’aux moelles. Le ciel s’étalait clair et sans nuage, et le soleil rosissait les cimes des arbres. Mais l’endroit où se trouvait Silver et son acolyte était encore dans l’ombre, et ils enfonçaient jusqu’aux genoux dans un brouillard épais et blanc qui était monté du marigot pendant la nuit. Ce froid et ce brouillard pris ensemble donnaient de l’île une piètre opinion. C’était évidemment un endroit humide, fiévreux et malsain.

    – Restez à l’intérieur, mes amis, ordonna le capitaine. Dix contre un que c’est une ruse !

    Puis, hélant le flibustier :

    – Qui vive ? Halte-là, ou l’on fait feu !

    – Pavillon parlementaire ! cria Silver.

    Le capitaine était sous le vestibule, se défilant soigneusement, par crainte d’une balle tirée en traîtrise. Il s’adressa à nous :

    – La bordée du docteur, à veiller ! Docteur Livesey, prenez le côté nord, s’il vous plaît ; Jim, l’est ; Gray, l’ouest. L’autre bordée, tout le monde à charger les mousquets. Vivement, les hommes, et méfiez-vous.

    Puis, derechef aux mutins :

    – Et qu’est-ce que vous voulez, avec votre pavillon parlementaire ?

    Cette fois, ce fut l’autre individu qui répondit :

    – C’est le capitaine Silver, monsieur, qui vient vous faire des propositions.

    – Le capitaine Silver ? Connais pas ! Qui est-ce ? s’écria le capitaine.

    Et nous l’entendîmes ajouter à part lui : « Capitaine ? ah bah ! Ma parole, en voilà de l’avancement ! »

    Long John répliqua lui-même :

    – C’est moi, monsieur. Ces pauves gars m’ont choisi comme capitaine, monsieur, après votre désertion. (Et il appuya fortement sur le mot.) Nous sommes prêts à nous soumettre sans barguigner, si nous pouvons en venir à un accord avec vous. Tout ce que je vous demande, capitaine Smollett, c’est votre parole de me laisser sortir sain et sauf de cette palanque et de me donner une minute pour me mettre hors de portée, avant d’ouvrir le feu.

    – Mon garçon, dit le capitaine Smollett, je n’ai pas la moindre envie de causer avec vous. Si vous désirez me parler, vous pouvez venir, voilà tout. S’il y a quelque traîtrise, elle viendra de votre côté, et que le Seigneur vous en préserve.

    – Cela me suffit, capitaine, lança gaiement Long John. Un mot de vous me suffit. Je sais reconnaître un galant homme, vous pouvez en être sûr.

    Nous vîmes l’individu au drapeau blanc tenter de retenir Silver. Et cela se comprenait, vu la réponse cavalière faite par le capitaine. Mais Silver lui éclata de rire au nez et lui donna une claque dans le dos, comme s’il eût été absurde de s’alarmer. Puis il s’approcha de la palissade, jeta sa béquille par-dessus, lança une jambe en l’air, et à force de vigueur et d’adresse, réussit à escalader le retranchement et à retomber sans accident de l’autre côté.

    Je dois avouer que j’étais beaucoup trop occupé de ce qui se passait pour être de la moindre utilité comme sentinelle. En effet, j’avais déjà abandonné ma meurtrière de l’est, pour me glisser derrière le capitaine. Il s’était assis sur le seuil, les coudes aux genoux, la tête entre les mains, et les yeux fixés sur l’eau qui gargouillait parmi le sable au sortir du vieux chaudron de fer. Il sifflait entre ses dents : « Venez, filles et garçons. »

    Silver eut une peine effroyable à parvenir au haut du monticule. Grâce à la roideur de la pente, aux multiples souches d’arbres et au sable mou, il était aussi empêtré avec sa béquille qu’un bateau par vent debout. Mais il s’acharna muettement, comme un brave, et arriva enfin devant le capitaine, qu’il salua de la plus noble façon. Il s’était paré de son mieux : un habit bleu démesuré, surchargé de boutons de cuivre, lui pendait jusqu’aux genoux, et un chapeau superbement galonné se campait sur son occiput.

    – Vous voilà, mon garçon, lui dit le capitaine en relevant la tête. Je vous conseille de vous asseoir.

    – N’allez-vous pas me laisser entrer, capitaine ? réclama Long John. Il fait bien froid ce matin, monsieur, pour s’asseoir dehors sur le sable.

    – Eh ! Silver, répondit le capitaine, si vous aviez consenti à rester un honnête homme, vous

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