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    2. L'île au trésor
    3. Chapitre 2
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    lui résista qu’une seule fois, et ce fut dans les derniers temps, alors que mon pauvre père était déjà gravement atteint de la phtisie qui devait l’emporter. Le docteur Livesey, venu vers la fin de l’après-midi pour visiter son patient, accepta que ma mère lui servît un morceau à manger, puis, en attendant que son cheval fût ramené du hameau – car nous n’avions pas d’écurie au vieux Benbow – il s’en alla fumer une pipe dans la salle. Je l’y suivis, et je me rappelle encore le contraste frappant que faisait le docteur, bien mis et allègre, à la perruque poudrée à blanc, aux yeux noirs et vifs, au maintien distingué, avec les paysans rustauds, et surtout avec notre sale et blême épouvantail de pirate, avachi dans l’ivresse et les coudes sur la table. Soudain, il se mit – je parle du capitaine – à entonner son sempiternel refrain :

    Nous étions quinze sur le coffre du mort…

    Yo-ho-ho ! et une bouteille de rhum !

    La boisson et le diable ont expédié les autres,

    Yo-ho-ho ! et une bouteille de rhum !

    Au début, j’avais cru que « le coffre du mort » était sa grande cantine de là-haut dans la chambre de devant, et cette imagination s’était amalgamée dans mes cauchemars avec celle de l’homme de mer à une jambe. Mais à cette époque nous avions depuis longtemps cessé de faire aucune attention au refrain ; il n’était nouveau, ce soir-là, que pour le seul docteur Livesey, et je m’aperçus qu’il produisait sur lui un effet rien moins qu’agréable, car le docteur leva un instant les yeux avec une véritable irritation avant de continuer à entretenir le vieux Taylor, le jardinier, d’un nouveau traitement pour ses rhumatismes. Cependant, le capitaine s’excitait peu à peu à sa propre musique, et il finit par claquer de la main sur sa table, d’une manière que nous connaissions tous et qui exigeait le silence. Aussitôt, chacun se tut, sauf le docteur Livesey qui poursuivit comme devant, d’une voix claire et courtoise, en tirant une forte bouffée de sa pipe tous les deux ou trois mots. Le capitaine le dévisagea un instant avec courroux, fit claquer de nouveau sa main, puis le toisa d’un air farouche, et enfin lança avec un vil et grossier juron :

    – Silence, là-bas dans l’entrepont !

    – Est-ce à moi que ce discours s’adresse, monsieur ? fit le docteur.

    Et quand le butor lui eut déclaré, avec un nouveau juron, qu’il en était ainsi :

    – Je n’ai qu’une chose à vous dire, monsieur, répliqua le docteur, c’est que si vous continuez à boire du rhum de la sorte, le monde sera vite débarrassé d’un très ignoble gredin !

    La fureur du vieux drôle fut terrible. Il se dressa d’un bond, tira un coutelas de marin qu’il ouvrit, et le balançant sur la main ouverte, s’apprêta à clouer au mur le docteur.

    Celui-ci ne broncha point. Il continua de lui parler comme précédemment, par-dessus l’épaule, et du même ton, un peu plus élevé peut-être, pour que toute la salle entendît, mais parfaitement calme et posé :

    – Si vous ne remettez à l’instant ce couteau dans votre poche, je vous jure sur mon honneur que vous serez pendu aux prochaines assises.

    Ils se mesurèrent du regard ; mais le capitaine céda bientôt, remisa son arme, et se rassit, en grondant comme un chien battu.

    – Et maintenant, monsieur, continua le docteur, sachant désormais qu’il y a un tel personnage dans ma circonscription, vous pouvez compter que j’aurai l’œil sur vous nuit et jour. Je ne suis pas seulement médecin, je suis aussi magistrat ; et s’il m’arrive la moindre plainte contre vous, fût-ce pour un esclandre comme celui de ce soir, je prendrai les mesures efficaces pour vous faire arrêter et expulser du pays. Vous voilà prévenu.

    Peu après on amenait à la porte le cheval du docteur Livesey, et celui-ci s’en alla ; mais le capitaine se tint tranquille pour cette soirée-là et nombre de suivantes.

    II

    Où Chien-Noir fait une brève apparition

    Ce fut peu de temps après cette algarade que commença la série des mystérieux événements qui devaient nous délivrer enfin du capitaine, mais non, comme on le verra, des suites de sa présence. Cet hiver-là fut très froid et marqué par des gelées fortes et prolongées ainsi que par de rudes tempêtes ; et, dès son début, nous comprîmes que mon pauvre père avait peu de chances de voir le printemps. Il baissait chaque jour, et comme nous avions, ma mère et moi, tout le travail de l’auberge sur les bras, nous étions trop occupés pour accorder grande attention à notre fâcheux pensionnaire.

    C’était par un jour de janvier, de bon matin. Il faisait un froid glacial. Le givre blanchissait toute la crique, le flot clapotait doucement sur les galets, le soleil encore bas illuminait à peine la crête des collines et luisait au loin sur la mer. Le capitaine, levé plus tôt que de coutume, était parti sur la grève, son coutelas ballant sous les larges basques de son vieil habit bleu, sa lunette de cuivre sous le bras, son tricorne rejeté sur la nuque. Je vois encore son haleine flotter derrière lui comme une fumée, tandis qu’il s’éloignait à grands pas. Le dernier son que je perçus de lui, comme il disparaissait derrière le gros rocher, fut un violent reniflement de colère, à faire croire qu’il pensait toujours au docteur Livesey.

    Or, ma mère était montée auprès de mon père, et, en attendant le retour du capitaine, je dressais la table pour son déjeuner, lorsque la porte de la salle s’ouvrit, et un homme entra, que je n’avais jamais vu. Son teint avait une pâleur de cire ; il lui manquait deux doigts de la main gauche et, bien qu’il fût armé d’un coutelas, il semblait peu combatif. Je ne cessais de guetter les hommes de mer, à une jambe ou à deux, mais je me souviens que celui-là m’embarrassa. Il n’avait rien d’un matelot, et néanmoins il s’exhalait de son aspect comme un relent maritime.

    Je lui demandai ce qu’il y avait pour son service, et il me commanda un rhum. Je m’apprêtais à sortir de la salle pour l’aller chercher, lorsque mon client s’assit sur une table et me fit signe d’approcher. Je m’arrêtai sur place, ma serviette à la main.

    – Viens ici, fiston, reprit-il. Plus près.

    Je m’avançai d’un pas.

    – Est-ce que cette table est pour mon camarade Bill ? interrogea-t-il, en ébauchant un clin d’œil.

    Je lui répondis que je ne connaissais pas son camarade Bill, et que la table était pour une personne qui logeait chez nous, et que nous appelions le capitaine.

    – Au fait, dit-il, je ne vois pas pourquoi ton capitaine ne serait pas mon camarade Bill. Il a une balafre sur la joue, mon camarade Bill, et des manières tout à fait gracieuses, en particulier lorsqu’il a bu. Mettons, pour voir, que ton capitaine a une balafre sur la joue, et mettons, si tu le veux bien, que c’est sur la joue droite. Hein ! qu’est-ce que je te disais ! Et maintenant, je répète : mon camarade Bill est-il dans la maison ?

    Je lui répondis qu’il était parti en promenade.

    – Par où, fiston ? Par où est-il allé ?

    Je désignai le rocher, et affirmai que le capitaine ne tarderait sans doute pas à rentrer ; puis, quand j’eus répondu à quelques autres questions :

    – Oh ! dit-il, ça lui fera autant de plaisir que de boire un coup, à mon camarade Bill.

    Il prononça ces mots d’un air dénué de toute bienveillance. Mais après tout ce n’était pas mon affaire, et d’ailleurs je ne savais quel parti prendre. L’étranger demeurait posté tout contre la porte de l’auberge, et surveillait le tournant comme un chat qui guette une souris.

    À un moment, je me hasardai sur la route, mais il me rappela aussitôt, et comme je n’obéissais pas assez vite à son gré, sa face cireuse prit une expression menaçante, et avec un blasphème qui me fit sursauter, il m’ordonna de revenir. Dès que je lui eus obéi, il revint à ses allures premières, mi-caressantes, mi-railleuses, me tapota l’épaule, me déclara que j’étais un brave garçon, et que je lui inspirais la plus vive sympathie.

    – J’ai moi-même un fils, ajouta-t-il, qui te ressemble comme deux gouttes d’eau, et il fait toute la joie de mon cœur. Mais le grand point pour les enfants est l’obéissance, fiston… l’obéissance. Or, si tu avais navigué avec Bill, tu n’aurais pas attendu que je te rappelle deux fois… certes non. Ce n’était pas l’habitude de Bill, ni de ceux qui naviguaient avec lui. Mais voilà, en vérité, mon camarade Bill, avec sa lunette d’approche sous le bras, Dieu le bénisse, ma foi ! Tu vas te reculer avec moi dans la salle, fiston, et te mettre derrière la porte : nous allons faire à Bill une petite surprise… Que Dieu le bénisse ! je le répète !

    Ce disant, l’inconnu m’attira dans la salle et me plaça derrière lui dans un coin où la porte ouverte nous cachait tous les deux. J’étais fort ennuyé et inquiet, comme bien on pense, et mes craintes s’augmentaient encore de voir l’étranger, lui aussi, visiblement effrayé. Il dégagea la poignée de son coutelas, et en fit jouer la lame dans sa gaine ; et tout le temps que dura notre attente, il ne cessa de ravaler sa salive, comme s’il avait eu, comme on dit, un crapaud dans la gorge.

    À la fin, le capitaine entra, fit claquer la porte derrière lui sans regarder ni à droite ni à gauche, et traversant la pièce, alla droit vers la table où l’attendait son déjeuner.

    – Bill ! lança l’étranger,

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