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    2. Les Gais Lurons
    3. Chapitre 5
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    Vous croyez qu’il n’y a personne là ? dit-il, désignant la baie avec sa pipe ; puis il s’écria, dans une sorte d’exultation : Je vous le dis, mon garçon, en vérité les morts sont là-bas dessous, serrés comme des rats !

    Et aussitôt, sans rien ajouter, il fit volte-face et nous reprîmes le chemin de la maison d’Aros.

    Je désirais fort me trouver seul avec Mary ; mais ce fut seulement après le souper, et pour quelques minutes, que je pus causer avec elle. Je ne perdis pas de temps à battre le buisson et lui dis franchement ce que j’avais sur le cœur.

    — Mary, commençai-je, je ne suis venu à Aros que dans un espoir. S’il se trouve justifié, nous pourrons tous quitter ce pays et aller nous établir ailleurs, assurés du pain quotidien et de l’aisance ; assurés, peut-être, de quelque chose de plus, que vous trouveriez extravagant si je vous le promettais. Mais il y a un désir qui me tient au cœur plus que la richesse. – Et je m’interrompis un instant. – Vous imaginez bien ce que c’est, Mary ?

    Elle détourna les yeux en silence, ce qui était peu fait pour m’encourager, mais je ne me laissai pas déconcerter et repris :

    — Toujours, je vous ai estimée plus que tout au monde ; le temps passe et je vous estime toujours davantage ; je ne crois pas que ma vie puisse être heureuse sans vous ; vous êtes la prunelle de mes yeux.

    Elle ne cessait de regarder au loin, sans mot dire. Cependant, je crus voir trembler sa main. Effrayé, je m’écriai :

    — Mary, est-ce que vous ne m’aimez pas ?

    — Oh, Charlie, répondit-elle, est-ce le moment de parler de cela ? Laissez-moi, pour un temps ; laissez-moi suivre la voie où je suis engagée ; ce n’est pas vous qui perdrez à attendre !

    Je reconnus à sa voix qu’elle était près de pleurer, et ceci m’ôta tout désir autre que de composer avec elle.

    — Mary Ellen, dis-je, pas un mot de plus. Je ne suis pas venu ici pour vous tourmenter : vos désirs seront les miens, et votre temps aussi. Vous m’avez dit tout ce que je voulais savoir. Un seul mot encore : qu’est-ce qui vous retient ?

    Elle avoua que c’était, son père, mais refusa d’entrer dans aucun détail, hochant la tête et disant qu’il n’était pas bien portant et ne se ressemblait plus, ce qui était une grande pitié. Elle ne savait rien du naufrage.

    — Je ne suis pas allée voir, dit-elle. Pourquoi irais-je, mon cher Charlie ? Les pauvres âmes ont depuis longtemps suivi leur destin ; mais comme j’aurais voulu les voir emporter avec elles tous leurs biens, – ces pauvres âmes !

    Cela ne m’encourageait guère à lui parler de l’Espiritu Santo ; cependant, je m’y résolus, et au premier mot, elle poussa un cri de surprise.

    — Un homme est venu à Grisapol, dit-elle, – au mois de mai. Il était petit, jaune, l’air d’avoir de mauvais desseins, m’a-t-on dit, avec des bagues d’or à tous les doigts, et de la barbe. Il a demandé tous les renseignements possibles sur ce même navire.

    C’est vers la fin d’avril que le Dr Robertson m’avait donné ces papiers à collationner ; et je me rappelai soudain qu’ils étaient destinés à un historien espagnol, ou soi-disant tel, qui était venu trouver le principal, muni de hautes recommandations, en vue de recherches sur la dispersion de la Grande Armada. En rassemblant les faits, je supposai que le visiteur « avec des bagues d’or à tous les doigts » pouvait bien être le même que l’historien madrilène du Dr Robertson. S’il en était ainsi, il recherchait plutôt le trésor pour son propre compte, que des renseignements pour celui d’une société savante. Je résolus d’exécuter sans retard mon entreprise ; et si le navire avait sombré dans Sandag-Bay, comme peut-être lui et moi le pensions, j’espérais que ce serait, non pour cet aventurier à bijoux, mais pour Mary et moi, et pour la bonne, vieille et honnête famille des Damaway.

    CHAPITRE III

    Le rivage et les eaux de Sandag-Bay

    Je fus sur pied de bonne heure, le lendemain ; et sitôt après avoir mangé un morceau, je partis en exploration. Quelque chose au fond de moi me disait nettement que je découvrirais le navire de l’Armada ; et, sans me laisser aller tout à fait à d’aussi beaux espoirs, je me sentais cependant joyeux et léger.

    Aros est une île très accidentée, parsemée de gros rocs, et revêtue de fougères et de bruyères. Mon chemin allait presque droit du nord au sud, franchissant la plus haute butte ; et, bien que la distance n’atteignît pas deux milles, ces deux milles me prirent plus de temps et de peines que n’en auraient fait quatre, en terrain plat.

    Au sommet, je fis halte. Sans être fort élevé (il avait moins de trois cents pieds, je crois), il dépasse néanmoins toutes les basses terres avoisinantes du Ross, et commande une vaste étendue de mer et d’îles. Le soleil, levé depuis quelque temps, me brûlait déjà la nuque ; l’atmosphère était lourde et orageuse, bien que pure et claire ; sur l’horizon nord-ouest, où les îles sont les plus nombreuses, une demi-douzaine de petits nuages déchiquetés se rassemblaient ; et le pic de Ben Kyaw portait, non plus seulement quelques floches, mais un épais capuchon de vapeurs. Il y avait une menace répandue dans le temps.

    La mer, il est vrai, était lisse comme verre ; le Roost même faisait un simple sillon sur ce vaste miroir, et les Gais Lurons écumaient à peine ; cependant, mon œil et mon oreille, depuis si longtemps familiarisés avec ces lieux, discernaient dans le calme de la mer comme une sorte de menace : il s’en élevait jusqu’à moi un bruit pareil à un soupir prolongé ; et, malgré sa tranquillité, le Roost semblait ruminer un mauvais coup. Car je dois dire que nous tous, habitants de ces parages, attribuons, sinon une prescience, au moins un rôle symptomatique, à ces bizarres et dangereuses créations des marées.

    Je me hâtai donc le plus possible et arrivai bientôt, au bas de la pente d’Aros, en cet endroit que l’on appelle Aros Bay. C’est une assez vaste étendue d’eau, comparativement à la superficie de l’île ; bien abritée, sauf du vent dominant ; sablonneuse et sans profondeur, et fermée à l’ouest par des dunes basses, mais ayant à l’est plusieurs brasses de fond, le long d’une chaîne de rochers. C’est de ce côté qu’à certaine période de chaque marée, le courant dont parlait mon oncle pénètre si violemment dans la baie ; un peu plus tard, lorsque le Roost commence à s’enfler, un courant sous-marin encore plus fort s’établit dans la direction opposée ; et c’est l’action de ce dernier, il me semble, qui a creusé si profondément cette partie. De l’intérieur de Sandag-Bay, on n’aperçoit rien qu’un étroit secteur d’horizon et, par gros temps, les lames qui rejaillissent par-dessus un écueil du large.

    Avant même d’être au bas de la pente, j’avais découvert l’épave de février, un brick de fort tonnage, à l’arrière fracassé, qui dépassait du sable à sec vers l’extrémité est. Je me dirigeai droit dessus ; mais j’étais arrivé déjà presque à la lisière de gazon, lorsque mes yeux s’arrêtèrent soudain sur un endroit débarrassé de fougères et de bruyères, et marqué par un de ces tertres allongés, bas, d’une forme presque humaine, que nous voyons si fréquemment dans les cimetières. Je m’arrêtai comme frappé d’une balle. On ne m’avait parlé de mort ni d’enterrement sur l’île, Maiy et mon oncle s’étaient tus l’un et l’autre ; mais la première devait à coup sûr ignorer ce fait, dont j’avais sous les yeux la preuve indubitable.

    Devant cette tombe, je me demandai, avec un frisson, quel était l’homme qui dormait là son dernier sommeil, en attendant l’appel du Seigneur, dans ce lieu de repos solitaire et battu par la mer. Mon imagination ne me fournit que des réponses sur lesquelles je n’osais m’appesantir. Il devait, en tout cas, s’agir d’un naufragé ; peut-être, comme les vieux marins de l’Armada, s’en était-il venu d’un riche et lointain pays d’outre-mer ; à moins que ce ne fût un homme de ma race, qui périt assez près de sa maison pour en voir la fumée.

    Je m’arrêtai une minute à côté de la tombe, me découvrant la tête, et je souhaitai, ou bien que notre religion m’eût permis de réciter une prière pour ce malheureux étranger, ou bien, à la manière de l’antiquité classique, de pouvoir honorer son infortune par des rites extérieurs.

    Je le savais, ses ossements avaient beau être là, incorporés à Aros, jusqu’à ce que sonnât la trompette du jugement, son âme impérissable était partie au loin, dans les ravissements du loisir sans fin, ou dans les tortures de l’enfer ; et cependant je ne pus m’empêcher de frémir à l’idée que peut-être il était là, tout près de moi, veillant sur son sépulcre et s’attachant au théâtre de sa fin malheureuse.

    J’avais à coup sûr l’âme fort assombrie en me détournant de la tombe pour considérer le spectacle à peine moins mélancolique du navire naufragé. Son étrave dépassait la laisse supérieure des hautes eaux ; il était cassé en deux un peu en arrière du mât de misaine, – qui n’existait plus, en réalité, les deux mâts ayant été rompus à ras du pont lors de la catastrophe ; et comme la déclivité de la plage était très roide et brusque, et que l’avant se trouvait ainsi beaucoup plus bas que l’arrière, la brèche était largement béante et le regard traversait d’outre en outre la

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