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    2. Les Gais Lurons
    3. Chapitre 2
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    d’Aros, dans Sandag-Bay, là où eurent lieu les événements, si douloureux pour notre famille, que je me propose de raconter. La pensée de tous ces dangers, en ces lieux qui me furent si longtemps familiers, me fait accueillir avec une joie toute particulière les travaux en cours d’exécution, destinés à pourvoir de phares et de balises les caps et les chenaux de nos îles ceinturées de fer et inhospitalières.

    Les gens du pays débitent sur Aros beaucoup d’histoires, que j’entendis souvent raconter par le domestique de mon oncle, Rorie, un vieux serviteur des Macleans, qui lui avait, sans arrière-pensée, apporté ses services, à l’occasion du mariage. Il était question, en ces récits, d’une misérable créature, un Kelpie marin, qui hantait les brisants écumeux du Roost et s’y livrait à de redoutables occupations. Une sirène avait une fois rencontré un joueur de cornemuse sur la plage de Sandag, où elle avait chanté avec lui toute une longue nuit claire d’été, si bien que le matin on le retrouva frappé de folie, et qu’à partir de ce jour-là jusqu’à sa mort, il ne prononça plus que la même phrase. Je ne saurais la redire dans le gaélique original, mais en voici la traduction : « Oh ! la douce chanteuse qui sortit de la mer ! » Les phoques qui hantent ces rivages ont aussi parlé dans notre langue à des hommes, pour leur annoncer de grands malheurs.

    Ce fut ici qu’un certain saint aborda pour la première fois en venant d’Irlande convertir les Hébridais. Et, de fait, j’estime qu’il avait quelque droit au titre de saint ; car, avec les barques des temps passés, faire une aussi rude traversée, et aborder sur une côte aussi dangereuse, ressemblait fort à un miracle. C’est à lui, ou à quelqu’un des moines ses successeurs qui établirent ici leurs cellules que l’île doit son beau nom de Maison de Dieu.

    Parmi ces histoires de vieilles femmes, il y en avait une que j’écoutais volontiers avec plus de crédulité. Il paraît qu’au cours de cette tempête qui dispersa les navires de l’Invincible Armada sur tout le nord et ¡ ouest de l’Écosse, un grand vaisseau fut jeté sur la côte d’Aros et, sous les yeux de quelques individus rassemblés au haut de la falaise, sombra en peu d’instants avec tout son équipage, enseigne déployée. Il y avait dans ce conte quelque vraisemblance ; car un autre navire de cette flotte était immergé sur la côte nord, à vingt milles de Grisapol. Cette histoire était, me semblait-il, contée avec plus de détails et de sérieux que les autres, et une particularité me convainquait presque de son authenticité : le nom du navire, dont la consonance avait à mon oreille une allure espagnole. On l’appelait l’Espiritu Santo.

    C’était un grand navire à plusieurs rangées de canons, qui portait des trésors et des grands d’Espagne et de hardis soldats, engloutis maintenant sous des brasses d’eau pour toute l’éternité, loin des guerres et des voyages, dans Sandag-Bay, à l’ouest d’Aros. Plus de salves d’ordonnance pour ce superbe vaisseau, le « Saint-Esprit », plus de bons vents ni de hautaines aventures ; rien que pourrir sous l’amas des varechs et entendre les clameurs des Gais Lurons lorsque la marée montait autour de l’île. Cette idée m’a toujours paru singulière, et plus encore lorsque je connus mieux l’histoire de l’Espagne, ce pays d’où avait appareillé cet orgueilleux équipage, et celle du roi Philippe, ce monarque opulent qui avait ordonné l’expédition.

    Or, je dois dire qu’en partant de Grisapol, ce jour-là, l’Espiritu Santo occupait beaucoup mes réflexions. J’avais été favorablement distingué par notre principal du collège d’Édimbourg, le Dr Robertson, l’illustre écrivain, qui m’avait donné la tâche de colliger et revoir d’anciens documents et d’en éliminer ce qui était sans valeur. Dans l’un de ces papiers, à ma grande surprise, je trouvai mentionné ce navire même, l’Espiritu Santo avec le nom de son capitaine, et comme quoi il portait la majeure partie du trésor espagnol et s’était perdu sur le Ross de Grisapol ; mais où exactement, les tribus sauvages qui habitaient alors ces lieux refusèrent de l’indiquer aux commissaires royaux.

    En rassemblant les données, en comparant nos traditions insulaires avec cette note des recherches ordonnées jadis par le roi Jacques, j’avais acquis la certitude que le lieu du naufrage, non découvert alors, ne pouvait être que la petite baie de Sandag, sur le domaine de mon oncle ; et, comme je suis d’un esprit positif, je n’avais depuis lors cessé de faire des plans pour relever ce précieux navire avec tous ses lingots, ses onces, ses doublons, et restaurer notre maison de Darnaway à sa dignité et à sa richesse depuis longtemps oubliées.

    C’était là un projet dont j’eus bientôt sujet de me repentir. Je fus amené brutalement à des considérations nouvelles ; et depuis l’étrange jugement de Dieu dont j’ai été le témoin, je ne peux songer sans horreur aux richesses des trépassés. Toutefois, même alors, j’étais innocent de toute avidité sordide ; car si je désirais la richesse, ce n’était pas pour elle-même, mais pour une personne chère à mon cœur, – la fille de mon oncle, Mary Ellen. Elle avait reçu une bonne éducation et avait été à l’école longtemps sur la terre ferme ; sans quoi la pauvre fille eût été plus heureuse. Car Aros n’était pas un endroit qui lui convînt, avec le vieux domestique Rorie et son père, l’un des hommes les plus malheureux de l’Écosse, élevé simplement à la campagne chez les caméroniens, qui avait ensuite commandé un bateau faisant le service entre la Clyde et les îles, et qui alors, plein d’une infinie rancœur, s’occupait de ses moutons et gagnait la subsistance indispensable grâce à un peu de pêche côtière. On se figure aisément ce que cette existence, qui me semblait quelquefois fastidieuse en un mois ou deux de séjour, représentait pour celle qui habitait dans ce même désert d’un bout de l’année à l’autre, en compagnie des moutons et des goélands tournoyants, et des Gais Lurons chantant et dansant dans le Roost.

    Chapitre II

    Ce que le naufrage avait apporté en Aros

    La marée était à moitié haute lorsque j’arrivai en face d’Aros. J’attendis donc au bord du rivage, après avoir sifflé Rorie pour avoir la barque. Je n’eus pas besoin de réitérer. À ce signal, Mary se montra sur le seuil, agitant un mouchoir en guise de réponse, et le vieux serviteur dévala à grandes enjambées la pente de galets, jusqu’à la jetée. Malgré sa diligence, il mit un bon moment à traverser la baie ; et je le vis plusieurs fois quitter ses avirons et passer à l’arrière pour regarder avec attention par-dessus bord, dans son sillage. Quand il fut tout près, il me parut vieilli et soucieux, et je crus le voir éviter mon regard. Le lougre avait été réparé, et deux bancs neufs, ainsi que plusieurs pièces, étaient d’un bois rare et précieux dont j’ignorais le nom.

    — Hé, Rorie, dis-je, lorsque nous fûmes en route vers l’autre bord, voici du beau bois. Où l’avez-vous trouvé ?

    — Il est dur à travailler, me répondit-il à contrecœur.

    Et aussitôt, lâchant ses avirons, il fit vers la poupe une de ces incursions que j’avais déjà remarquées, alors qu’il venait me chercher et, s’appuyant d’une main sur mon épaule, il scruta d’un regard apeuré les eaux de la haie.

    — Qu’y a-t-il donc ? demandai-je, tout surpris.

    — Ce doit être un gros poisson, dit le vieil homme en retournant à ses avirons ; et je ne tirai plus de lui que des coups d’œil bizarres et des hochements de tête énigmatiques.

    Malgré moi, je sentais une certaine gêne m’envahir ; et, à mon tour, j’examinai le sillage. L’eau était calme et transparente, mais, ici au milieu de la baie, fort profonde. Au début, je ne distinguai rien, mais ensuite il me sembla qu’une forme noirâtre – un gros poisson, ou bien simplement une ombre – suivait à la piste tous les mouvements de notre barque. Et je me rappelai une des superstitions de Rorie : comme quoi, lors d’une querelle exterminatrice entre les clans de Morven, à l’endroit où l’on passait l’eau, un poisson, d’espèce inconnue à nos parages, ne cessa durant plusieurs années d’escorter le bac, si bien qu’à la longue plus personne n’osait traverser.

    — Il doit guetter son homme, dit Rorie.

    Mary m’attendait sur le rivage et m’emmena, par la bruyère, à la maison d’Aros. Divers changements s’y voyaient, dehors et dedans. Le jardin avait une clôture faite du même bois que j’avais remarqué dans le lougre ; plusieurs chaises de la cuisine étaient recouvertes d’un brocart étranger ; des rideaux de brocart pendaient à la fenêtre ; une horloge muette se trouvait sur le dressoir ; une lampe de cuivre se balançait au plafond ; sur la table, mise pour le dîner, figuraient le linge et l’argenterie les plus magnifiques ; et tous ces nouveaux trésors se déployaient dans la vieille cuisine qui m’était si familière, avec son fauteuil à haut dossier, ses escabelles et l’alcôve destinée à Rorie ; avec la vaste cheminée dans laquelle brillait le soleil, et où la tourbe brûlait avec une fumée claire ; avec les cornemuses sur le manteau de la cheminée et, par terre, les crachoirs triangulaires emplis de coquillages au lieu de sable ; avec les murs de pierre nus et le plancher de bois nu, et les trois carpettes de tapisserie qui en faisaient depuis toujours l’unique ornement – tapisserie de pauvre, d’un genre inconnu à la ville, d’un tissu rustique – et le vêtement de toile cirée, lustré par le banc du rameur. La pièce, comme la maison, avait été une sorte de merveille

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