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    2. L'enlèvé ! (Les Aventures de David Balfour 1)
    3. Chapitre 7
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    poche ; puis, retournant à la cuisine, j’y fis une flambée comme elle n’en avait pas connu depuis des années ; et, m’enveloppant de mon plaid, je m’étendis sur les coffres, et m’endormis.

    Je vais à Queensferry

    La pluie tomba toute la nuit, abondamment, et le matin il souffla du nord-ouest un vent d’hiver qui emporta et dispersa les nuages. Malgré tout, le soleil n’était pas encore levé, ni la dernière étoile disparue, que je m’en allai jusqu’à la rivière où je fis un plongeon dans un endroit calme et profond. Tout revigoré de mon bain, j’allai m’asseoir à nouveau devant le feu, que je bourrai, et examinai sérieusement ma situation.

    L’inimitié de mon oncle ne faisait plus de doute. Sans conteste, je tenais ma vie entre mes mains, car il n’épargnerait rien pour venir à bout de me supprimer. Mais j’étais jeune et hardi, et comme beaucoup de jeunes gens élevés à la campagne, j’avais une haute opinion de mon habileté. J’étais venu frapper à sa porte, ne valant guère mieux qu’un mendiant, et à peine plus qu’un enfant ; il m’avait accueilli par la trahison et la violence ; et ce serait une belle revanche que de prendre à mon tour le dessus et de le mener comme un mouton.

    J’étais là, le genou entre les mains, et souriant au feu. Je me voyais en imagination lui tirer ses secrets l’un après l’autre et m’impatroniser finalement chez lui comme son maître et seigneur. Le sorcier d’Essendean avait, dit-on, fabriqué un miroir dans lequel on lisait l’avenir ; ce miroir devait être fait d’autre substance que de charbon flambant ; car entre toutes les figures et les tableaux que je vis défiler devant mes yeux, il ne s’offrit pas un navire ni un matelot à bonnet de fourrure, ni une matraque réservée à ma folle tête, ni la moindre apparence de ces tribulations prêtes à fondre sur moi.

    À la fin, tout gonflé de mes imaginations, je montai à l’étage, mettre en liberté mon prisonnier. Quand mon oncle fut levé, il me souhaita le bonjour poliment, et je lui répondis avec un sourire de hautaine suffisance. Peu après, nous étions assis à déjeuner, tout comme la veille.

    – Eh bien ! monsieur, dis-je, d’un ton railleur, n’avez-vous plus rien à dire ? Et, comme il ne répondait pas : – Il serait temps, je crois, de nous expliquer. Vous m’avez pris pour un Jean-Tout-Cru[7] de la campagne, sans plus d’intelligence ou de courage qu’une tête de poireau, je vous avais pris pour un brave homme, ou du moins guère pire qu’un autre. Il paraît que nous nous trompions tous les deux. Quelle raison vous pouvez avoir de me craindre, de me berner, et d’attenter à ma vie… ?

    Il bafouilla qu’il s’agissait d’une plaisanterie, et qu’il aimait beaucoup les farces ; mais, voyant que je souriais, il prit un autre ton, et me jura qu’il s’expliquerait sitôt après le déjeuner. Je lisais sur son visage qu’il n’avait pas de mensonge tout prêt, mais qu’il était à l’œuvre pour en forger un ; et j’allais, je crois, le lui dire, lorsque nous fûmes interrompus par des coups frappés à la porte.

    J’ordonnai à mon oncle de rester assis ; j’allai ouvrir, et je vis sur le seuil un jeune garçon, presque un enfant, vêtu en matelot. À mon apparition, il se mit aussitôt à danser quelques pas d’un air de cornemuse (que je n’avais jamais entendu, ni vu), claquant des doigts en mesure, et d’un pied très expert. Cependant, il était bleu de froid ; et il avait sur le visage une expression à mi-chemin des larmes et du rire, qui s’accordait mal avec cette apparente gaieté, et qui me toucha fort.

    – Ce qu’on s’amuse, camarade ! s’écria-t-il, d’une voix éraillée.

    Je lui demandai avec calme ce qui l’amusait tant.

    – Oh ! je m’amuse ! dit-il ; et il se mit à chanter :

    Car c’est mon délice, qu’une belle nuit,

    Au beau temps de l’année.

    – Ma foi, dis-je, si vous n’avez pas d’autre commission, je vais avoir l’incivilité de vous fermer la porte au nez.

    – Halte ! frère ! s’écria-t-il. Vous ne savez donc pas rire, ou tenez-vous à ce que je reçoive une rossée ! J’apporte une lettre du vieil Heasy-Oasy à M. Belflower[8]. (Il me montra la lettre tout en parlant.) Et j’ajoute, camarade, que j’ai cruellement faim.

    – Eh bien ! dis-je, entrez dans la maison ; et je vous donnerai un morceau, dussé-je me passer de manger.

    Je l’introduisis et le fis asseoir à ma place où il attaqua avidement les restes de notre déjeuner, tout en me lançant des clins d’œil et me faisant des tas de grimaces, attitude que le pauvre être considérait sans doute comme virile. Cependant, mon oncle avait lu la lettre et réfléchissait ; soudain, il se leva d’un air plein de vivacité, et me tira à part dans le coin le plus reculé de la pièce.

    – Lisez cela, dit-il en me remettant la lettre.

    La voici, étalée devant moi, et je la copie :

    Auberge de Hawes, à Queensferry.

    Monsieur,

    Je suis ici à l’ancre prêt à larguer mes amarres, et vous envoie mon mousse pour vous en aviser. Si vous avez quelque autre commission pour les pays d’outre-mer, c’est aujourd’hui qu’il faut vous décider, car le vent nous est propice pour sortir du firth. Je ne vous cacherai pas que j’ai eu des difficultés avec votre agent, M. Rankeillor ; difficultés qui, si elles ne sont pas tôt résolues, pourraient vous attirer des ennuis. J’ai tiré un chèque sur vous, entre parenthèses, et suis, monsieur, Votre très humble et obéissant serviteur.

    Elias Hoseason

    – Vous voyez, David, reprit mon oncle, aussitôt que j’eus fini, je suis en affaires avec cet Hoseason, le capitaine d’un brick de commerce, le Covenant, de Dysart. Maintenant, si vous voulez que nous accompagnions ce garçon, j’irai voir le capitaine à son auberge, ou mieux à bord du Covenant, pour le cas où il aurait des papiers à signer ; et, loin de perdre du temps, nous pousserions par la même occasion jusque chez le notaire[9], M. Rankeillor. Après ce qui s’est passé, vous ne me croiriez sans doute pas sur parole ; mais vous en croirez M. Rankeillor. C’est l’agent d’affaires de la moitié de la noblesse du pays ; il est vieux, sans doute, mais très respecté ; et, de plus, il a connu votre père.

    Je réfléchis une minute. Il s’agissait d’aller à un port d’embarquement, sans nul doute populeux, où mon oncle n’oserait tenter aucune violence contre moi ; en attendant la compagnie de ce mousse m’était une sauvegarde. Une fois là-bas, je comptais obliger mon oncle à aller chez le notaire, même si son offre actuelle n’était pas sérieuse ; et peut-être aussi, dans le fond du cœur, souhaitais-je voir de près la mer et des navires. Il faut se rappeler que j’avais passé toute ma jeunesse dans les montagnes de l’intérieur, et que je venais, deux jours auparavant, de voir pour la première fois le Forth étalé devant moi comme une dalle bleue, avec les navires faisant voile à sa surface, pas plus gros que des joujoux. Tout compte fait, ma décision fut prise.

    – Très bien, dis-je, allons à Queensferry.

    Mon oncle mit son habit et son chapeau, et se boucla au côté un vieux coupe-choux rouillé ; puis on éteignit le feu, et, la porte fermée, nous nous mîmes en route.

    Le vent, établi dans ce rhumb glacial du nord-ouest, nous soufflait presque au visage. On était en juin ; l’herbe était toute blanche de marguerites, et les arbres de fleurs ; mais, à en juger d’après nos ongles bleuis et nos poignets douloureux, on se serait cru en hiver, par une gelée de décembre.

    L’oncle Ebenezer marchait dans le fossé, se balançant de droite à gauche comme un vieux laboureur qui revient des champs. Il ne prononça pas un mot de toute la route ; et je fus réduit à la conversation du mousse. Il me raconta qu’il s’appelait Ransome, et qu’il naviguait depuis l’âge de neuf ans, mais qu’il ne savait plus actuellement son âge, car il avait perdu son compte. Il me fit voir ses tatouages, découvrant sa poitrine en plein vent malgré mes remontrances, car je croyais que c’était assez pour le tuer ; il me débita les plus affreux jurons dont il se souvint, mais plus en écolier vicieux qu’en homme ; et il se vanta d’une absurde quantité de méfaits qu’il avait soi-disant commis : larronneries, fausses accusations, voire assassinats ; mais le tout avec un tel manque de vraisemblance dans le détail, avec un accent si peu convaincu et si hésitant, que j’étais plus disposé à le plaindre qu’à le croire.

    Je l’interrogeai sur le brick (le plus fin navire qui eût jamais navigué, affirma-t-il) et sur le capitaine Hoseason, dont il fit aussi le plus grand éloge. Heasy-Oasy (comme il l’appelait toujours) était, à l’entendre, un homme qui ne craignait rien du ciel ni de la terre ; il eût, comme on dit, « donné toutes voiles dehors en plein Jugement Dernier ». Il était grossier, farouche, sans scrupules et brutal ; ce en quoi mon pauvre mousse s’était appris à révérer les qualités de l’homme et du marin. Il n’admettait qu’un défaut dans son idole :

    – Ce n’est pas un marin, avouait-il. C’est M. Shuan qui dirige le brick ; M. Shuan, le meilleur marin de la terre, à part la boisson ; ah ! je vous crois, qu’il boit ! Tenez, regardez ça.

    Et, rabattant son bas, il me fit voir une large blessure fraîche et rouge qui me glaça le sang.

    – Il m’a fait ça… C’est M. Shuan qui m’a fait

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    Classique, Fiction, Historique, L'aventure
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