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    2. L'enlèvé ! (Les Aventures de David Balfour 1)
    3. Chapitre 38
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    :

    la dispute

    Nous passâmes le loch Errocht sous le couvert de la nuit, et gagnâmes, le long de sa rive orientale, non loin de l’embouchure du loch Rannech, une autre cachette, où nous conduisit un des clients de la Cage. Ce garçon portait notre bagage, avec par-dessus le marché le grand surtout d’Alan, et trottait allègrement sous ce faix, dont la moitié m’écrasait à l’ordinaire, comme un robuste poney de montagne porte sa plume à l’oreille ; c’était pourtant un homme que j’aurais, en combat loyal, cassé en deux sur mon genou.

    L’allégement était grand, certes, de marcher les mains libres ; et sans cela, peut-être, et la sensation résultante de liberté et d’alacrité, je n’aurais pas marché du tout. Je ne faisais que relever de maladie, et rien dans l’état de mes affaires n’était bien propre à me donner du cœur à la fatigue ; nous voyagions, comme je l’ai dit, parmi les plus lugubres déserts de l’Écosse, sous un ciel chargé de nuages, et la division couvait aux cœurs des voyageurs.

    Nous fûmes longtemps sans rien dire, marchant côte à côte ou l’un derrière l’autre, tous les deux d’un air rogue ; moi irrité et blessé dans mon amour-propre, et tirant mon peu de forces de ces deux sentiments violents et coupables ; Alan irrité et honteux, honteux d’avoir perdu mon argent, irrité de ce que j’avais si mal pris la chose.

    Le désir de la séparation ne m’en trottait que plus dans la cervelle ; et plus je l’approuvais, plus je rougissais de mon approbation. C’eût été une belle action, et généreuse certes, pour Alan, de se tourner vers moi et de me dire : « Allez-vous-en, je suis dans le plus extrême danger, et ma compagnie ne fait rien qu’augmenter le vôtre. » Mais que moi j’allasse me tourner vers cet ami qui à coup sûr me chérissait, et lui dire : « Vous courez un grand danger, le mien est beaucoup plus faible, votre amitié m’est un fardeau ; allez-vous-en, supportez tout seul vos risques et vos malheurs… » Non, c’était impossible ; et j’avais les joues brûlantes, de l’imaginer seulement dans mon for intérieur.

    Et pourtant, Alan s’était conduit comme un enfant, et voire pis ; comme un enfant perfide. M’avoir soutiré mon argent alors que j’étais presque inconscient ressemblait fort à un vol ; et pourtant il était ici, faisant route avec moi, sans un sou vaillant, et, à ce que je pouvais voir, tout disposé à vivre sur l’argent qu’il m’avait contraint de mendier. Au vrai, j’étais prêt à le partager avec lui, mais j’enrageais de le voir ainsi escompter ma bonne volonté.

    Je ne sortais pas de ces deux considérations ; et je n’aurais pu ouvrir la bouche sur l’une ou l’autre sans faire preuve de la plus noire ingratitude. Je fis donc ce qui était presque aussi mal : je ne disais mot, et ne jetais même pas un regard sur mon compagnon, si ce n’est du coin de l’œil.

    À la fin, comme nous avions traversé le loch Errocht et cheminions en terrain uni, où la marche était aisée, il ne put supporter plus longtemps mon silence, et se rapprocha de moi.

    – David, dit-il, cette façon de prendre un petit incident n’est guère amicale. J’ai à vous exprimer mes regrets, et voilà tout. Et maintenant, si vous avez quelque chose à dire, allez-y.

    – Oh ! répliquai-je, je n’ai rien à dire.

    Il parut déconcerté, ce qui m’enchanta bassement.

    – Non ? reprit-il, d’une voix un tant soit peu tremblante, même quand j’avoue que j’ai eu tort ?

    – Évidemment, vous avez eu tort, dis-je, d’un ton glacé ; et vous reconnaîtrez que je ne vous ai fait aucun reproche.

    – Aucun, dit-il ; mais vous savez fort bien, que vous avez fait pis. Faut-il nous séparer ? Vous l’avez déjà proposé une fois. Allez-vous le répéter une seconde ? Il y a suffisamment de montagnes et de bruyère d’ici aux deux mers, David ; et j’avoue que je n’ai pas grand désir de rester où l’on ne tient pas à m’avoir.

    Cette phrase me perça comme un glaive, et me sembla mettre à nu ma déloyauté.

    – Alan Breck ! m’écriai-je ; puis : – Me croyez-vous capable de vous tourner le dos dans votre urgente nécessité ? Vous n’oseriez pas me le dire en face. Toute ma conduite serait là pour vous démentir. Il est vrai que je me suis endormi dans le marais ; mais c’était de fatigue ; et il est mal à vous de me le reprocher…

    – C’est ce que je n’ai pas fait, interrompit Alan.

    – Mais à part cela, continuai-je, qu’ai-je fait pour que vous m’égaliez à un chien par une telle supposition ? Je n’ai jamais manqué à un ami, jusqu’à cette heure, et il n’y a pas de raison pour que je commence par vous. Il y a entre nous des choses que je ne puis oublier, même si vous le pouviez.

    – Je ne vous dirai qu’un mot, David, dit Alan, avec beaucoup de calme, c’est que je vous ai longtemps dû la vie, et qu’à présent je vous dois de l’argent. Vous devriez tâcher de me rendre ce fardeau léger.

    Cette parole était bien faite pour me toucher, et elle le fit d’une certaine manière, mais qui n’était pas la bonne. Je sentis que ma conduite était mauvaise ; et je devins non seulement irrité contre lui, mais irrité contre moi par-dessus le marché. J’en fus d’autant plus cruel.

    – Vous voulez que je parle, dis-je. Eh bien donc, je parlerai. Vous reconnaissez vous-même que vous m’avez rendu un mauvais service ; j’ai maintenant un affront à avaler ; je ne vous l’avais jamais reproché, je ne vous en avais jamais rien dit ; c’est vous qui commencez. Et voilà que vous me blâmez de n’être pas disposé à rire et à chanter, comme si je devais être heureux de cet affront. Ne faudra-t-il pas tout à l’heure que je vous en remercie à genoux ! Vous devriez songer un peu plus à autrui, Alan Breck. Si vous songiez davantage à autrui, vous parleriez sans doute moins de vous ; et quand un ami qui vous chérit a laissé, sans un mot, passer une offense, vous devriez bien n’y plus faire allusion, au lieu de la transformer en une arme pour lui briser le cœur. De votre propre aveu, c’est vous qui étiez à blâmer ; ce n’est donc pas à vous de me chercher noise.

    – Cela va bien, dit Alan ; plus un mot.

    Et, retombés dans notre silence antérieur, nous arrivâmes au bout de notre étape, mangeâmes et nous couchâmes, sans avoir prononcé une parole.

    Le lendemain à l’aube, le client de Cluny nous passa de l’autre côté du loch Rannoch, et nous donna son avis sur le chemin qu’il croyait le meilleur pour nous : – gagner aussitôt les hautes régions des montagnes ; faire un crochet par les sources des glens[32] Lyon, Lochay et Dorchart, et descendre vers les Basses-Terres par Kippen et la rive méridionale du Forth[33]. Alan n’aimait guère cet itinéraire qui traversait le pays de ses ennemis jurés, les Campbells Glenorchy. Il objecta qu’en appuyant vers l’est, nous serions tout de suite chez les Athole Stewarts, une race de ses nom et parenté, quoique soumise à un autre chef, et que nous arriverions ainsi par un chemin beaucoup plus direct et facile au but de notre course. Mais le client, qui était aussi le principal éclaireur de Cluny, trouva réponse à tout, dénombrant les corps de troupes cantonnées dans chaque district, et alléguant, pour finir (à ce que je crus comprendre) que nous ne serions nulle part aussi peu inquiétés que dans un pays de Campbells.

    Alan céda enfin, quoique à regret.

    – C’est l’une des contrées les plus arides de l’Écosse, dit-il. Il n’y a rien par là que je sache, si ce n’est de la bruyère, des corbeaux et des Campbells. Mais je vois que vous êtes un homme de sens ; qu’il en soit fait selon votre désir !

    Nous suivîmes donc cet itinéraire ; et durant la plus grande partie des trois nuits, nous voyageâmes parmi des cimes de montagnes et des sources de rivières torrentueuses, ensevelis fréquemment dans le brouillard, battus par un vent et une pluie presque continuels, et pas un seul instant réjouis par un rayon de soleil.

    Le jour, nous nous couchions pour dormir dans la bruyère ruisselante ; la nuit, nous escaladions sans trêve des pentes à nous casser le cou, au long d’affreux précipices. Nous nous trompions quelquefois de chemin ; nous étions quelquefois enveloppés dans un brouillard si dense qu’il nous fallait attendre qu’il s’éclaircît. Du feu, on n’y pouvait songer. Notre seule nourriture était le drammach et un morceau de viande froide que nous avions emporté de la Cage ; mais quant à la boisson, Dieu sait que l’eau ne nous manquait pas.

    Ce furent des heures abominables, rendues plus odieuses encore par le caractère sinistre du temps et du pays. Je ne cessais d’avoir froid ; je claquais des dents ; j’avais un fort mal de gorge, comme sur mon île ; un point de côté, qui ne me quittait pas, me lancinait ; et quand je m’endormais sur ma couche humide, c’était pour revivre en imagination les pires de mes aventures, – pour voir la tour de Shaws dans la lueur de l’éclair, Ransome emporté à dos d’homme, Shuan agonisant sur le plancher de la dunette, ou Colin Campbell s’efforçant de déboutonner son habit. Après ces cauchemars, je me réveillais au crépuscule, pour m’asseoir dans le même trou d’eau où j’avais dormi, et manger le drammach froid ; la pluie me chassait

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