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    2. L'enlèvé ! (Les Aventures de David Balfour 1)
    3. Chapitre 32
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    m’y suis jamais habitué, pas plus d’ailleurs qu’à la grammaire anglaise, comme peut-être un œil très exercé pourrait çà et là le découvrir jusque dans les présents mémoires.

    La fastidiosité et les souffrances de ces heures passées sur notre rocher ne firent que s’accroître à mesure que le jour s’avançait ; le roc devenait toujours plus brûlant et le soleil plus féroce. Nous avions à supporter des vertiges et des nausées, avec des douleurs aiguës comme des rhumatismes. Je me rappelai alors, et me suis souvent rappelé depuis, ces vers de notre psaume écossais :

    La lune durant la nuit ne te blessera pas,

    Non plus que, de jour, le soleil.

    Et ce fut bien réellement par la permission de Dieu que nous n’attrapâmes d’insolation ni l’un ni l’autre.

    À la fin, vers deux heures, le supplice était devenu intolérable, et en outre de la douleur à subir, il nous fallait résister à une tentation. Car le soleil était à cette heure un peu dans l’ouest, et il y avait un espace d’ombre sur le flanc de notre rocher, qui était le côté invisible aux soldats.

    – Autant une mort que l’autre, dit Alan. Et se laissant glisser par-dessus le rebord, il sauta à terre du côté de l’ombre.

    Je le suivis sans hésiter, et m’étendis aussitôt de mon long, tout épuisé et vertigineux de cette interminable torture. Nous demeurâmes sans bouger une heure ou deux, courbaturés de la tête aux pieds, anéantis, et exposés sans remède aux yeux de tout soldat qui fût passé par là. Mais personne ne vint, car tous prenaient l’autre côté ; si bien que notre rocher demeurait notre égide, même dans cette nouvelle situation.

    Peu à peu nous recouvrâmes quelques forces ; et comme les soldats s’étaient alors rapprochés de la rivière, Alan fut d’avis que nous pourrions tenter de fuir. À ce moment, je n’avais plus peur que d’une chose au monde : retourner sur le rocher ; tout le reste m’était égal. Nous nous mîmes donc aussitôt en ordre de marche, et entreprîmes de nous glisser d’un roc à l’autre successivement, tantôt rampant à plat ventre dans l’ombre, tantôt galopant dans l’intervalle, le cœur sur les lèvres.

    Après avoir exploré méthodiquement ce côté de la vallée, et peut-être alourdis par la touffeur de l’après-midi, les soldats s’étaient fort relâchés de leur vigilance, et somnolaient à leur poste ou ne surveillaient plus que les rives du torrent ; aussi, de la façon que je viens de dire, descendant la vallée et obliquant un peu vers la hauteur, nous nous éloignâmes par degrés de leur voisinage. Il eût fallu avoir cents yeux tout autour de la tête, pour rester caché sur ce terrain inégal et à portée de voix de toutes ces sentinelles dispersées. Lorsque nous avions à franchir un espace découvert, la promptitude ne suffisait pas, il fallait encore scruter à l’instant, outre les embûches de tout le paysage, la solidité de chacune des pierres sur lesquelles nous devions poser le pied ; car l’après-midi était tombé à un silence tel qu’un simple caillou faisait, en roulant, le bruit d’un coup de pistolet, et réveillait tous les échos des hauteurs et des précipices.

    Au coucher du soleil, en dépit de l’allure si lente de nos progrès, nous avions déjà parcouru quelque distance, bien que la sentinelle sur le roc fût toujours visible. Mais nous arrivâmes alors devant un objet qui nous fit oublier toutes nos craintes. C’était un torrent profond et rapide qui se précipitait devant nous, pour rejoindre le courant principal.

    Nous nous jetâmes à terre sur son bord et plongeâmes dans l’eau nos têtes et nos bras ; et je ne saurais dire ce qui était le plus délicieux, du grand frisson éprouvé au contact de la torrentueuse fraîcheur ou des avides gorgées que nous en avalions.

    Nous restâmes là (cachés par les rives), buvant coup sur coup, nous baignant le torse, laissant pendre nos poignets dans l’eau vive, jusqu’à ce que la fraîcheur les endolorît, et pour finir, ainsi admirablement revigorés, nous sortîmes le sac à farine et fîmes le drammach dans notre casserole de fer. Ce mets – simple pâte de farine d’avoine délayée dans l’eau froide – ne laisse pas d’être fort appétissant pour quelqu’un d’affamé ; et quand il n’y a pas moyen de faire du feu, ou si l’on a (comme dans notre cas) toute raison de n’en pas faire, le drammach est le meilleur soutien de ceux qui ont pris la bruyère.

    Sitôt la nuit tombée, nous nous remîmes en route, d’abord avec les mêmes précautions, puis bientôt avec plus de hardiesse, nous redressant de tout notre haut et allant d’un bon pas. Le chemin était très compliqué, suivant des flancs de montagne abrupts, et longeant des précipices ; des nuages s’étaient rassemblés, au coucher du soleil, et la nuit était froide et obscure ; aussi je marchais sans grande fatigue, mais dans une crainte continuelle de tomber ou de rouler à bas des pentes, et sans soupçonner rien de notre direction.

    La lune se leva comme nous étions encore en route ; elle était à son dernier quartier, et resta longtemps voilée de nuages ; mais à la fin, elle se dégagea claire et me montra une foule de sombres cimes montagneuses, tandis qu’elle se reflétait loin au-dessous de nous dans le bras étroit d’un loch maritime.

    À cette vue, nous fîmes halte tous deux, moi frappé d’étonnement de me trouver à pareille hauteur et marchant (me semblait-il) sur les nuages ; Alan pour vérifier sa direction.

    Il fut apparemment satisfait, et il dut à coup sûr nous juger hors de portée des oreilles ennemies ; car toute la dernière partie de notre course nocturne, il trompa l’ennui du chemin en sifflant des tas d’airs, guerriers, joyeux, mélancoliques ; airs de danse qui faisaient accélérer le pas ; airs de mon pays du sud qui faisaient aspirer au retour et à la fin de mes aventures ; et tous, parmi les grandes montagnes sombres et désertes, nous tenaient compagnie le long du chemin.

    La fuite dans la bruyère :

    la grotte de Corrynakiegh

    Si tôt que vienne le jour, au début de juillet, il faisait encore noir quand nous atteignîmes notre but, une gorge à la cime d’une haute montagne, avec un ruisseau courant au milieu, et d’un côté une grotte peu profonde creusée dans le rocher. Des hêtres formaient en ce lieu un joli petit bois, qui se changeait, un peu plus loin, en sapinière. Le torrent était plein de truites, les bois de pigeons de roche ; sur l’autre flanc de la montagne, des huppes sifflaient sans arrêt et les coucous étaient nombreux. Du débouché de la gorge, nous dominions une partie de Mamore, et le loch maritime qui sépare Appin de ce district ; ce paysage, vu d’une telle hauteur, faisait mon délice et mon admiration.

    La gorge se nommait le Heugh de Corrynakiegh ; et bien que, vu son élévation et sa proximité de la mer, elle fût soudain plongée dans les nuages, elle ne laissait pas d’être un lieu plaisant, et les cinq jours que nous y restâmes se passèrent agréablement.

    Nous dormions dans la grotte, sur un lit de bruyère que nous coupions à cet effet et recouvert par le vaste surtout d’Alan. Il y avait, à un détour de la gorge, un endroit profondément caché, où nous nous risquions à faire du feu ; de sorte que nous pouvions nous réchauffer quand les nuages nous enveloppaient, et cuisiner du porridge chaud et faire griller les petites truites que nous attrapions à la main vers les pierres et les rives en surplomb du torrent. C’était là, du reste, notre plus grand plaisir et notre principale occupation ; et tant pour garder notre farine en prévision des mauvais jours que par un esprit de divertissante rivalité, nous passions une bonne partie de nos journées au bord de l’eau, le torse nu, et farfouillant dans l’eau à la recherche de ces poissons. Les plus gros que nous prîmes pesaient bien un quart de livre ; mais leur chair était très savoureuse, et une fois grillée sur les charbons, il s’en fallait d’une simple pincée de sel qu’elle ne fût exquise.

    Alan ne laissait point passer une occasion de m’apprendre à user de mon épée, car mon ignorance le désolait ; et je crois aussi, comme je le battais souvent à la pêche, qu’il n’était pas fâché de passer à un exercice où il m’était si évidemment supérieur. Cette supériorité, il la déployait un peu plus peut-être qu’il n’eût fallu, car il me harcelait durant ces leçons de criailleries incessantes, et me pressait de si près que j’étais persuadé qu’il allait me donner de sa lame au travers du corps. Je fus souvent tenté de lui tourner les talons, mais néanmoins je tins bon, et tirai quelque profit de son enseignement ; ne fût-ce que de tomber en garde avec un air d’assurance, – et il n’en faut souvent pas davantage. Aussi, bien que je ne parvinsse jamais à satisfaire mon maître, je n’étais pas trop mécontent de moi-même.

    Cependant, il ne faut pas croire que nous négligions notre affaire capitale, c’est-à-dire notre fuite.

    – Il se passera du temps, me dit Alan le premier matin, avant que les habits-rouges s’avisent d’explorer Corrynakiegh ; il nous faut donc à présent faire dire à James qu’il doit nous trouver de l’argent.

    – Et comment le lui faire dire ? demandai-je. Nous sommes ici dans un désert, et nous n’osons plus en sortir. À moins que les oiseaux du ciel ne deviennent nos messagers, je ne vois pas comment nous pourrions faire.

    – Ouais ? dit Alan. Vous n’êtes guère un homme de ressource, David.

    Et il se mit à

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