▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
Recherche avancée
Sign in Sign up
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
    Sign in Sign up
    1. Home
    2. L'enlèvé ! (Les Aventures de David Balfour 1)
    3. Chapitre 3
    Prev
    Next

    cheveux hérissés. En ce temps-là, on croyait encore aux sorcières, leurs malédictions faisaient trembler ; et d’avoir vu celle-ci se rencontrer tellement à point comme un mauvais augure me détournant de pousser plus loin, – mes jambes se dérobèrent sous moi.

    Je m’assis, contemplant le château de Shaws. Plus je la regardais, plus je trouvais jolie la campagne environnante. Elle était toute parsemée de buissons d’épine en fleur ; les troupeaux paissaient dans les prairies ; des freux volaient dans le ciel ; tout révélait une terre et un climat heureux ; et néanmoins la bâtisse qui se dressait là-bas me faisait une impression lugubre.

    Tandis que j’étais assis au bord du fossé, des paysans passèrent, qui revenaient des champs, mais le courage me manqua pour leur donner le bonsoir. À la fin, le soleil se coucha, et alors, je vis s’élever sur le ciel jaune un filet de fumée, guère plus gros, me semblait-il, que la fumée d’une chandelle ; néanmoins, elle était là, et représentait du feu, de la chaleur, de la cuisine, et un vivant pour l’allumer. J’en fus réconforté.

    Je me mis en route au long d’un sentier à peine visible sur l’herbe, qui conduisait dans cette direction. Il était bien minime pour être le seul accès d’un endroit habité ; pourtant, je n’en voyais pas d’autre. J’arrivai bientôt à des pilastres de pierre, auprès desquels s’élevait une loge de portier sans toit, mais surmontée d’un blason. Évidemment, on avait eu l’intention de construire là un grand portail ; mais il était resté inachevé : au lieu de portes de fer forgé, une couple de fascines étaient liées transversalement d’un tortil de paille ; et comme le parc n’avait pas de murs, ni aucune trace d’avenue, la piste que je suivais contournait le pilastre de droite, et s’avançait sinueusement vers le château.

    L’aspect de celui-ci devenait plus sinistre à mesure que j’approchais. On eût cru voir l’aile unique d’une maison inachevée. Ce qui eût dû être l’extrémité centrale de l’aile était béant par les étages supérieurs, et profilait sur le ciel ses escaliers coupés et les assises tronquées de sa maçonnerie. Beaucoup de fenêtres n’avaient pas de carreaux, et les chauves-souris pénétraient dans la maison et en sortaient comme des pigeons d’un pigeonnier.

    La nuit tombait, et trois des fenêtres d’en bas, qui étaient très hautes et étroites, et solidement grillées, s’éclairaient déjà des lueurs vacillantes d’un modeste foyer.

    Était-ce donc là le palais que je croyais rencontrer ? Était-ce entre ces murs que j’allais trouver de nouveaux amis et commencer une vie de haute fortune ? En vérité, dans la maison de mon père à Essen-Waterside, le feu se voyait d’un mille loin, avec sa brillante clarté, et la porte s’ouvrait à tout mendiant qui frappait.

    Je m’avançai avec défiance et, en prêtant l’oreille, j’entendis un bruit d’assiettes entrechoquées, et aussi une petite toux sèche et répétée, qui revenait par quintes ; mais pas un bruit de voix, pas un aboiement de chien.

    La porte, autant que j’en pus juger dans la demi-obscurité, consistait en un panneau de bois tout hérissé de clous. Je levai le bras, tandis que mon cœur défaillait sous ma jaquette, et je frappai une fois. Puis je restai à écouter. Un silence de mort régnait dans la maison. Une minute entière, il n’y eut que le bruit léger des chauves-souris, en l’air. Je frappai une seconde fois, et tendis l’oreille de nouveau. Mon ouïe s’était alors si bien adaptée au silence que je percevais de la maison le tictac lent de l’horloge qui comptait les secondes ; mais l’habitant, quel qu’il fût, gardait une immobilité de mort, et devait même retenir son souffle.

    J’ai presque tenté de m’encourir ; mais la colère me retint, et je me mis, en place, à faire pleuvoir une grêle de coups de pied et de poing sur la porte, et à appeler à grands cris M. Balfour. J’étais en plein travail, lorsque la toux se fit entendre au-dessus de moi. Je sautai en arrière et, levant la tête, vis une figure d’homme en bonnet de nuit, et la gueule évasée d’un tromblon, à une fenêtre du premier étage.

    – Il est chargé, dit une voix.

    – J’apporte une lettre, dis-je, pour M. Ebenezer Balfour de Shaws. Est-il ici ?

    – De qui, la lettre ? demanda l’homme au tromblon.

    – Cela ne vous regarde pas, dis-je, car j’étais de plus en plus irrité.

    – Bon, répliqua-t-il, posez-la sur le seuil, et allez-vous-en.

    – Jamais de la vie ! m’écriai-je. Je la remettrai en mains propres à M. Balfour, ainsi que je le dois. C’est une lettre d’introduction.

    – Une quoi ? cria la voix, vivement.

    Je répétai ce que je venais de dire.

    – Qui êtes-vous donc, vous-même ? questionna-t-on enfin, après une pause considérable.

    – Je ne rougis pas de mon nom. On m’appelle David Balfour.

    À ces mots, je suis sûr que l’homme tressaillit, car j’entendis le tromblon heurter l’appui de la fenêtre ; et ce fut après un silence prolongé, et avec un singulier changement de ton, que l’on me posa cette question :

    – Est-ce que votre père est mort ?

    La surprise me coupa la respiration, et il me fut impossible de répondre. Je demeurai béant.

    – Oui, reprit l’homme, c’est qu’il est mort, il n’y a pas de doute ; et voilà pourquoi vous venez démolir ma porte… (Encore une pause, et puis, avec méfiance 🙂 – Allons, l’ami, je vais vous faire entrer.

    Et il disparut de la fenêtre.

    Je fais connaissance de mon oncle

    Il se fit alors un grand riqueraque de chaînes et de verrous, la porte fut ouverte précautionneusement, et refermée derrière moi sitôt que je l’eus franchie.

    – Allez dans la cuisine, et ne touchez à rien, dit la voix ; tandis que l’hôte de la maison s’occupait à réassujettir les défenses de la porte, je m’avançai à tâtons jusque dans la cuisine.

    À la lueur du feu qui brûlait assez clair, je distinguai la chambre la plus nue que j’aie jamais vue. Une demi-douzaine de plats garnissaient l’étagère ; il y avait sur la table, pour le souper, une jatte de porridge[3], une cuiller de corne, et un gobelet de petite bière. En dehors des objets susdits, rien, sous la voûte de pierre de cette grande salle vide, que des coffres fermés à clef et alignés le long du mur, et un buffet d’angle à cadenas.

    Sitôt la dernière chaîne en place, l’homme me rejoignit. C’était un individu de taille moyenne, rond de dos, étroit d’épaules, au visage terreux, et qui pouvait avoir aussi bien cinquante ans que soixante-dix. Son bonnet de nuit était de flanelle, comme la robe de chambre qu’il portait en guise d’habit et de gilet, sur sa chemise en loques. Il ne s’était pas rasé depuis longtemps ; mais ce qui me gênait surtout et m’intimidait, c’est qu’il ne voulait ni détourner les yeux de moi ni me regarder en face. Quels étaient son emploi ou sa condition, il m’était impossible de le deviner ; mais il avait plutôt l’air d’un vieux propre à rien de domestique, laissé à la garde de cette grande maison, moyennant la table et le couvert.

    – Avez-vous faim ? demanda-t-il, le regard au niveau de mon genou. Voulez-vous cette goutte de porridge ?

    Je lui exprimai ma crainte que ce fût là son propre souper.

    – Oh ! dit-il ; je puis fort bien m’en passer. Je me contenterai de l’ale, pour humecter ma toux.

    Il but environ la moitié du gobelet, sans me quitter des yeux ; puis soudain il avança la main :

    – Voyons cette lettre.

    Je lui dis que la lettre était pour M. Balfour, et non pour lui.

    – Et qui croyez-vous donc que je suis ? dit-il. Donnez-moi la lettre d’Alexandre !

    – Vous savez le nom de mon père ?

    – Ce serait drôle que je ne le sache pas, car c’était mon frère ; et, bien que vous n’ayez pas l’air de nous aimer beaucoup, ni moi, ni ma maison, ni mon excellent porridge, je suis votre oncle, Davie mon ami, et vous mon neveu. Ainsi, donnez cette lettre, asseyez-vous, et mangez.

    Si j’avais été plus jeune d’un an ou deux, je crois bien que la honte et l’amertume de la déception m’auraient fait fondre en larmes. En tout cas, je ne pus trouver un mot, et me contentai de lui passer la lettre ; puis je m’assis devant le porridge, sans aucun appétit, malgré mon âge. Cependant, mon oncle, penché sur l’âtre, tournait et retournait la lettre entre ses doigts.

    – Savez-vous ce qu’elle contient ? demanda-t-il, soudain.

    – Vous voyez bien, monsieur, que le cachet est intact.

    – Oui, mais qu’est-ce que vous venez faire ici ?

    – Vous donner la lettre.

    – Non, dit-il d’un air rusé, vous avez dans doute quelque espérance.

    – J’avoue, dis-je, qu’en apprenant que j’avais des parents à leur aise, j’ai nourri d’espoir d’en être secouru. Mais je ne suis pas un mendiant ; je ne vous demande rien, et ne veux aucune faveur qui ne me soit accordée spontanément. Car, si pauvre que je semble, j’ai des amis qui seront trop heureux de me venir en aide.

    – Ta ! ta ! ta ! fit l’oncle Ebenezer, ne vous fâchez donc pas avec moi. Nous nous entendrons fort bien. Et sur ce, Davie, mon ami, si vous avez fini du porridge, j’en tâterai moi aussi un peu. Oui, continua-t-il, après m’avoir repris l’escabeau et la cuiller, – c’est une bonne et saine nourriture… c’est une admirable nourriture que le porridge. (Il marmotta un bout de bénédicité, et attaqua.) Votre père aimait beaucoup la viande, je m’en souviens ; il était gourmet, sinon gourmand ; mais moi, je ne fais guère que grignoter.

    Il but une gorgée de petite bière, ce qui lui

    Prev
    Next

    YOU MAY ALSO LIKE

    Les Gais Lurons – Robert Louis Stevenson
    Les Gais Lurons
    August 17, 2020
    Catriona – Robert Louis Stevenson
    Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    August 17, 2020
    Voyage avec un ane dans les Cevennes – Robert Louis Stevenson
    Voyage avec un âne dans les Cévennes
    August 17, 2020
    881428._SY475_
    Le Maître de Ballantrae
    August 17, 2020
    Tags:
    Classique, Fiction, Historique, L'aventure
    • Privacy Policy
    • ABOUT US
    • Contact Us
    • Copyright
    • DMCA Notice

    © 2020 Copyright par l'auteur des livres. Tous les droits sont réservés.

    Sign in

    Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Sign Up

    Register For This Site.

    Log in | Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Lost your password?

    Please enter your username or email address. You will receive a link to create a new password via email.

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!