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    2. L'enlèvé ! (Les Aventures de David Balfour 1)
    3. Chapitre 24
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    français, où il me battit sans peine, puis en latin, où nous fûmes, je crois, égaux. Cet agréable tournoi nous mit dès l’abord sur un pied amical ; et je m’assis à boire du punch avec lui (ou, pour être plus exact, je m’assis et le regardai boire) tant qu’il fut ivre au point de pleurer sur mon épaule.

    Comme sans y songer, je lui montrai, pour voir, le bouton d’Alan ; mais je me rendis compte qu’il ne l’avait ni vu ni connu. D’ailleurs, il avait quelque grief contre la famille et les amis d’Ardshiel, et avant d’être ivre, il me lut une satire, en très bon latin, mais des plus mordantes, qu’il avait composée en vers élégiaques contre une personne de ce nom.

    Quand je lui parlai de mon catéchiste, il branla la tête, et me dit que j’avais eu de la chance de m’en dépêtrer.

    – C’est un homme des plus dangereux, dit-il, que ce Duncan MacKrieg ; il sait tirer au jugé à plusieurs yards, et on l’a souvent accusé de vols sur les grands chemins, et une fois même d’assassinat.

    – Mais le bouquet, dis-je, c’est qu’il se prétend catéchiste.

    – Et pourquoi pas ? répliqua mon hôte. Il l’est bien en effet. C’est Maclean de Duart qui l’a nommé à ces fonctions, à cause de son infirmité. Mais peut-être est-ce regrettable, car il est toujours par les routes, allant d’un endroit à un autre pour faire réciter leur catéchisme aux jeunes personnes ; et sans nul doute, c’est pour le pauvre diable une grande tentation.

    Finalement, lorsqu’il fut incapable de boire davantage, notre homme me conduisit à un lit, où je me couchai d’excellente humeur, ayant traversé la plus grande partie de cette longue et recourbée île de Mull, d’Earraid à Torosay, et fait cinquante milles à vol d’oiseau, mais (vu mes erreurs) beaucoup plus près de cent, en quatre jours et sans trop de fatigue. Du reste, je me trouvais en bien meilleures dispositions, de corps et d’esprit, au bout de cette longue marche, que je ne l’étais au commencement.

    Le garçon au bouton d’argent à travers Morven

    Il y a un service régulier de bateau entre Torosay et Kinlochaline sur la terre ferme. Les deux rives du Sound sont dans le pays du puissant clan des Macleods, et ceux qui traversèrent avec moi appartenaient presque tous à ce clan. D’ailleurs, le patron du bateau s’appelait Neil Roy Macrob ; et comme le clan des Macrobs se rattachait à celui d’Alan, et qu’Alan lui-même m’avait envoyé passer l’eau ici, je tenais beaucoup à causer en particulier avec Neil Roy.

    Sur ce bateau encombré, la chose était naturellement impossible, et le passage fut une opération très longue. Il n’y avait pas de vent, et comme le bateau était mal équipé, nous ne pouvions manœuvrer que deux avirons d’un bord, et un de l’autre. Les hommes s’évertuaient, néanmoins, avec assez de zèle, les passagers leur donnaient parfois un coup de main, et tout le monde soutenait la cadence avec des mélopées de mer en gaélique. Et ces chants, l’air salin, la bonne humeur et la gaieté générales formaient, par ce beau temps, le plus agréable spectacle.

    Mais il y eut un épisode douloureux. À l’entrée du Loch Aline, nous rencontrâmes un grand navire de haute mer, à l’ancre. Je supposai d’abord que c’était là un des croiseurs royaux qui surveillaient cette côte, été comme hiver, afin d’empêcher toute communication avec les Français. Mais de plus près on s’aperçut que le navire était marchand ; et ce qui me surprit davantage, non seulement ses ponts, mais aussi la rive, étaient tout noirs de monde, et des canots faisaient continuellement la navette entre la terre et le navire. De plus près encore, nous entendîmes s’élever une vaste rumeur de deuil, les gens du bord et ceux du rivage s’adressant les uns aux autres des appels et des lamentations, à percer le cœur.

    Alors je compris que c’était là un bateau d’émigrants destiné aux colonies américaines.

    Notre embarcation vint se ranger sous sa muraille, et les exilés s’appuyèrent aux bastingages, pleurant et tendant les bras vers mes compagnons, parmi lesquels ils comptaient des amis. Je ne sais combien de temps aurait duré la chose, car ils semblaient n’avoir pas conscience du temps, mais à la fin, le capitaine du navire, qui avait l’air à demi éperdu (ce qui n’avait rien d’étonnant) parmi ces cris et cette confusion, vint à la coupée, et nous ordonna de nous éloigner.

    Là-dessus, Neil démarra, et le chanteur principal de notre bateau entonna un air mélancolique, qui fut repris aussitôt, à la fois par les émigrants et par leurs amis du rivage, en sorte que de toutes parts résonnaient comme des lamentations funèbres. Je voyais couler les larmes sur les joues des hommes et des femmes du bateau, cependant qu’ils maniaient leurs avirons ; et les circonstances comme la musique de ce chant (celui qu’on appelle Lochaber no more[26]) me touchaient moi-même profondément.

    À Kinlochaline, je tirai Mac Neil à part sur le rivage, et lui dis que je le croyais fermement un des hommes d’Appin.

    – Et pourquoi pas ? dit-il.

    – Je cherche quelqu’un, dis-je ; et j’ai dans l’idée que vous devez avoir de ses nouvelles. Il s’appelle Alan Breck Stewart.

    Et, très sottement, au lieu de lui faire voir le bouton, je m’efforçai de lui glisser un shilling dans la main.

    Il se recula.

    – Vous m’offensez gravement, dit-il ; et ce n’est pas du tout une façon de se conduire entre gentlemen. L’homme dont vous demandez des nouvelles est en France ; mais quand bien même il serait dans ma poche, et que vous ayez la panse pleine de shillings, je ne voudrais pas que l’on fît mal à un cheveu de sa tête.

    Je sentis que je m’y étais pris à rebrousse-poil, et, sans perdre de temps à m’excuser, je lui fis voir le bouton dans le creux de ma main.

    – Très bien, très bien, dit Neil ; mais je crois que vous auriez dû commencer par là. Enfin, si c’est vous le garçon au bouton d’argent, tout va bien, et j’ai l’ordre de veiller à ce que vous arriviez à bon port. Mais si vous voulez me permettre de vous parler net, il y a un nom que vous ne devez jamais prononcer : c’est celui d’Alan Breck ; et il y a une chose que vous ne devez jamais faire : c’est offrir votre sale argent à un gentleman highlander.

    Il ne m’était pas très facile de m’excuser, car je ne pouvais guère lui dire (c’était pourtant la vérité) que je n’aurais jamais songé qu’il pût prétendre à la qualité de gentleman, avant qu’il me l’eût dit. Neil, de son côté, ne tenait pas à prolonger la conversation, mais seulement à remplir ses instructions et en avoir fini avec moi ; et il s’empressa de m’indiquer mon chemin. Je devais passer la nuit à Kinlochaline, à l’auberge publique ; traverser Morven le lendemain jusqu’à Ardgour, et m’arrêter le soir chez un certain John de la Claymore, qui était averti de mon arrivée ; le troisième jour, passer un loch[27] à Corran et un autre à Balachulish, et puis demander James des Glens à Aucharn en Duror d’Appin. Il y avait à passer l’eau plusieurs fois, comme on a pu voir ; car dans toute cette contrée la mer s’avance profondément dans les montagnes et enserre leurs contreforts. Le pays en est d’autant plus facile à défendre et malaisé à parcourir, mais aussi plus abondant en paysages extraordinairement farouches et grandioses.

    Neil me donna plusieurs autres avis : ne parler à personne en chemin, éviter les whigs, les Campbell et les habits-rouges ; quitter la route et me cacher dans la bruyère si je voyais venir quelqu’un de ces derniers, « car il n’est jamais bon de se rencontrer avec eux » ; et bref, de me comporter comme un voleur ou un agent jacobite, ce pour quoi Neil me prenait peut-être.

    L’auberge de Kinlochaline était plus misérable que la dernière étable à cochons de la terre, pleine de fumée, de vermine et de silencieux Highlanders. Je fus peu satisfait, non seulement de mon gîte, mais de moi-même, pour m’être aussi mal comporté avec Neil, et je songeais que je serais aussi bien dehors. Mais je me trompais, comme je devais voir bientôt, car je n’étais pas d’une demi-heure à l’auberge (me tenant sur le seuil la plupart du temps, pour éviter la fumée de tourbe qui me piquait aux yeux) qu’un orage éclata tout proche, les torrents se gonflèrent sur la petite colline où se trouvait l’auberge, et une extrémité de la maison fut envahie par un véritable fleuve. Les logements publics étaient plutôt mauvais par toute l’Écosse, en ce temps-là, mais je trouvai quand même singulier, en quittant le coin du feu pour gagner mon lit, de devoir patauger dans l’eau jusque par-dessus les chevilles.

    Je m’étais mis en route depuis peu, le lendemain matin, lorsque je rejoignis un petit homme trapu, d’allures solennelles, qui marchait à pas comptés, les orteils en dehors, lisant parfois dans un livre et parfois marquant la page avec son doigt, et vêtu simplement et décemment, d’une façon quasi cléricale.

    Je trouvai en lui un nouveau catéchiste, mais tout différent de l’aveugle de Mull ; car il était de ceux-là envoyés, par la Société d’Édimbourg pour la Foi chrétienne, évangéliser les coins les plus sauvages des Highlands. Il s’appelait Henderland ; il parlait la langue traînante du Sud, que j’aspirais d’entendre ; et non seulement nous étions du même pays, mais nous nous découvrîmes bientôt un autre lien de commun intérêt. Car mon excellent ami, le pasteur d’Essendean, avait consacré ses loisirs à mettre

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