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    2. L'enlèvé ! (Les Aventures de David Balfour 1)
    3. Chapitre 20
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    ; mais il était évident qu’on n’entendait pas mes cris. Le navire tenait bon, mais j’étais trop loin et trop bas situé pour voir si le canot avait enfin été mis à la mer.

    Tout en hélant le brick, je m’aperçus qu’entre lui et moi il y avait un espace exempt de grosses lames, mais qui était tout blanc sous la lune et couvert de remous. Parfois cette zone se déplaçait en bloc, de côté, comme la queue d’un serpent vivant ; parfois elle disparaissait entièrement, puis se remettait à bouillonner. Je ne devinais pas de quoi il s’agissait, et je m’en effrayai d’abord davantage, mais je compris bientôt que ce devait être le « raz » ou courant de jusant qui m’avait emporté si vite et roulé si rudement, et qui, à la fin, comme fatigué de ce jeu, m’avait rejeté avec la vergue sur sa limite extrême, vers la terre.

    J’étais alors immobile, et m’aperçus bientôt que l’on peut mourir de froid aussi bien qu’en se noyant. Le rivage d’Earraid était tout proche ; j’apercevais au clair de lune les taches sombres de la bruyère et les roches pailletées de mica.

    Il serait singulier, me dis-je, que je ne puisse aller jusque-là !

    Je ne savais pas nager, car la rivière d’Esson était faible dans notre voisinage ; mais en m’appuyant des deux bras sur la vergue, et en lançant des coups de pied, je vis bientôt que j’avançais. L’exercice était rude, et mes progrès terriblement lents ; mais au bout d’une heure occupée à ruer et barboter, je me trouvai assez avancé entre les pointes d’une baie sablonneuse dominée par des collines basses.

    La mer était tout à fait paisible ; on n’entendait pas de ressac ; la lune resplendissait ; mais je songeai que je n’avais jamais vu endroit si désert et lugubre. C’était pourtant la terre : l’eau devint si peu profonde que j’abandonnai ma vergue et m’avançai à pied dans le gué. Étais-je plus las que reconnaissant, je ne sais ; les deux, en tout cas : fatigué comme je ne l’avais jamais été avant cette nuit, et reconnaissant comme j’espère l’avoir été souvent, quoique jamais avec plus de motif.

    L’îlot

    Mon arrivée à terre inaugura la plus malheureuse période de mes aventures. Il était une heure du matin, et bien que le vent fût intercepté par la terre, la nuit était glaciale. Je n’osai m’asseoir, de crainte de geler, mais je retirai mes souliers et marchai çà et là sur le sable, pieds nus et me battant les flancs désespérément. Pas un bruit d’homme ni de bétail ; pas un chant de coq, bien que ce fût le temps de leur premier éveil ; les lames seules brisaient au loin, me rappelant mes dangers et ceux de mon ami. Cette promenade au long de la mer, à cette heure matinale, et dans cet endroit désert, m’inspirait une sorte de terreur.

    Dès que le jour pointa, je remis mes souliers et grimpai sur une colline – la plus rude escalade que j’entrepris jamais, – ne cessant de trébucher entre de gros blocs de granit, ou sautant de l’un à l’autre. Quand j’atteignis le sommet, l’aurore était venue. On ne voyait plus trace du brick, qui avait dû être soulevé de l’écueil et sombrer. Le canot, également, était devenu invisible. L’océan était vide de voiles ; et sur l’espace que je découvrais de la terre, n’apparaissaient ni un homme ni une maison.

    Je n’osais penser à ce qui était advenu de mes compagnons, et j’avais peur de regarder plus longtemps ce paysage vide. D’ailleurs, la fatigue, mes habits mouillés, et mon estomac qui commençait à crier famine me tourmentaient suffisamment. Je me mis donc en route vers l’est, dans l’espoir de découvrir une maison où je pourrais me réchauffer, et peut-être avoir des nouvelles de ceux que j’avais perdus. Au pis-aller, je réfléchis que le soleil, une fois levé, aurait vite fait sécher mes vêtements.

    Je dus bientôt m’arrêter devant une coupure du rivage, une sorte de crique par où la mer semblait s’enfoncer très loin dans les terres, et comme je n’avais aucun moyen de traverser cette crique, il me fallut changer de direction afin de la contourner. La marche était toujours très dure ; en fait, non seulement Earraid tout entier, mais la partie avoisinante de Mull (appelée le Ross) n’est qu’un chaos de blocs de granit entremêlés de bruyère. Au début, la crique allait se rétrécissant comme je l’avais prévu ; mais bientôt, j’eus la surprise de la voir s’élargir de nouveau. Je me grattai la tête sans découvrir la vérité ; mais à la fin, en arrivant sur une élévation, je compris soudain que j’avais été jeté sur une petite île déserte, et que la mer salée m’entourait.

    Au lieu du soleil qui, en se levant, m’aurait séché, ce fut la pluie qui tomba, mêlée à un brouillard épais ; et ma situation devint lamentable.

    J’étais sous la pluie à frissonner, me demandant ce que j’allais devenir, lorsque je m’avisai que la crique était peut-être guéable. Je retournai au point le plus étroit et m’avançai dans l’eau. Mais à moins de trois yards du bord, je m’enfonçai brusquement jusque par-dessus les oreilles ; et si je n’y restai pas, je l’attribue à la providence plutôt qu’à mon adresse. Je n’en fus pas plus mouillé (c’était impossible), mais j’eus encore plus froid, et la perte de ce nouvel espoir me rendit plus malheureux.

    Et alors, tout d’un coup, je me rappelai la vergue. Elle, qui m’avait transporté parmi le jusant, me ferait certainement passer en sûreté cette petite crique paisible. J’entrepris donc avec audace de traverser l’île, pour chercher la vergue et la rapporter. Ce fut un voyage extrêmement pénible, et si l’espoir ne m’avait pas soutenu, je me serais jeté à terre sans plus rien tenter. La soif, causée par l’eau salée, ou par un début de fièvre, me tourmentait, et je dus faire halte pour boire un peu de l’eau bourbeuse accumulée par la pluie dans une crevasse.

    J’atteignis enfin la baie, plus mort que vif ; et au premier coup d’œil je compris que la vergue s’était éloignée vers le large. Je m’avançai pour la troisième fois, dans la mer. Le sable était lisse et ferme, et s’abaissait graduellement ; je marchai dans l’eau jusqu’au moment où elle atteignit mon cou et où les vaguelettes me mouillèrent le visage. Mais à cette profondeur mes pieds commençaient à perdre prise, et je n’osai m’aventurer plus loin. Quant à la vergue, je la voyais se balancer tout tranquillement à quelque vingt pieds devant moi.

    Je m’étais bien comporté jusque-là ; mais à cette suprême déception je regagnai le rivage, et me jetai sur la grève en pleurant.

    Le temps que je passai sur l’île est pour moi un si affreux souvenir qu’il m’est impossible d’y insister. J’ai lu des histoires de naufragés, mais ils ont toujours les poches pleines d’outils, ou bien une caisse de provisions est jetée à terre avec eux, comme par un fait exprès. Mon cas était tout différent. Je n’avais rien dans les poches que de l’argent et le bouton d’Alan ; et, élevé dans l’intérieur du pays, j’étais aussi dépourvu de savoir que de ressources.

    Je n’ignorais pas, toutefois, que les coquillages sont considérés comme bons à manger ; et sur les rochers de l’îlot, je trouvai une grande quantité de patelles, que j’eus d’abord beaucoup de peine à arracher de leurs places, ignorant qu’il était nécessaire de faire vite. Il y avait encore de ces petits coquillages que nous appelons des « boucs[23] », et dont le nom correct est bigorneau. De ces deux genres-là, je fis toute ma nourriture, les dévorant froids et crus comme je les trouvais ; et j’étais si affamé qu’au début ils me parurent délicieux.

    Peut-être n’était-ce pas la bonne saison, ou peut-être y avait-il une mauvaise influence dans la mer aux alentours de mon île. En tout cas, je n’eus pas plutôt mangé mes premières poignées que je fus pris de vertiges et de nausées, et passai quelque temps dans un état voisin de la mort. Un second essai de la même nourriture (je n’en avais pas d’autre) me réussit et me rendit des forces. Mais aussi longtemps que je fus sur l’île, je ne sus jamais ce qui m’attendait après avoir mangé ; parfois tout allait bien, et parfois je tombais dans un malaise affreux ; et je ne pus jamais reconnaître quelle espèce déterminée de coquillages m’était nuisible.

    Tout le jour, la pluie tomba à flots ; l’île en était trempée comme une éponge ; impossible d’y découvrir un endroit sec ; et quand je me couchai cette nuit-là, entre deux blocs de rocher qui formaient une sorte de toit, mes pieds trempaient dans une flaque.

    Le deuxième jour, je parcourus l’île dans toutes les directions. Pas une place qui en valût mieux que l’autre ; tout était rocs et désolation ; rien de vivant que des volatiles que je n’avais pas le moyen de tuer, et des goélands qui hantaient les écueils en quantité prodigieuse. Mais la crique, ou canal, qui séparait l’île de la terre principale du Ross, s’ouvrait au nord sur une baie, laquelle à son tour donnait dans le détroit d’Iona. Ce fut là dans ce voisinage que j’établis mon home ; quoique si j’avais réfléchi à ce seul mot de home, en pareil lieu, j’aurais sûrement éclaté en sanglots.

    Mon choix ne manquait pas de bonnes raisons. Il y avait dans cette partie de l’île une sorte de cabane, ressemblant à une hutte à cochons, où les pêcheurs venaient dormir au besoin ; mais le toit de gazon avait fini par tomber à

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    Tags:
    Classique, Fiction, Historique, L'aventure
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