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    2. L'enlèvé ! (Les Aventures de David Balfour 1)
    3. Chapitre 2
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    et non sans difficulté de la poche intérieure de son habit.) De ces quatre choses, la première est votre dû légitime : le petit pécule provenant des livres et du mobilier de votre père, que j’ai rachetés dans le but de les revendre à bénéfice au magister son remplaçant. Les trois autres sont des cadeaux que Mme Campbell et moi serions heureux de vous voir accepter. Le premier, qui est rond, vous servira surtout comme premier viatique ; mais, ô Davie, c’est une goutte d’eau dans la mer : il vous aidera durant quelques pas, puis s’évanouira comme la rosée du matin. Le second, qui est plat et carré, et chargé d’écriture, vous accompagnera dans la vie comme un bon bâton pour la route, et un bon oreiller pour votre tête dans les maladies. Et quant au dernier, qui est cubique, il vous aidera, et c’est l’objet de mes prières, à passer dans un monde meilleur.

    Là-dessus, il ôta son chapeau, et se mit à prier à haute voix et en termes émouvants, pour un jeune homme qui s’en allait vers le monde ; puis soudain il m’attira contre lui et m’embrassa très fort ; puis me tenant à bout de bras, il me regarda d’un visage qui luttait contre la tristesse ; et puis faisant une pirouette et me criant : bon voyage, il s’en retourna par où il était venu, mi-trottinant, mi-courant. Il y avait de quoi rire pour tout autre ; mais je n’avais nulle envie de rire. Je le suivis des yeux aussi longtemps qu’il fut visible et il ne cessa de se hâter, sans se retourner une seule fois. Je compris alors qu’il avait du chagrin de mon départ ; et ma conscience me fit d’amers reproches parce que, de mon côté, j’étais au comble de la joie de quitter ce paisible coin rustique, pour m’en aller vers une grande maison animée, chez des nobles riches et respectés, et de mon nom et de mon sang.

    « Davie, Davie, me dis-je, fut-il jamais si noire ingratitude ? Se peut-il que le seul prestige d’un nom te fasse oublier bienfaits et amis anciens ? Fi ! rougis donc ! »

    Je m’assis sur la pierre que venait de quitter le brave homme, et j’ouvris le paquet afin d’examiner mes cadeaux. Celui qu’il appelait cubique ne m’avait pas inspiré de doutes : je savais que c’était cette petite Bible de poche. Celui qu’il appelait rond était une pièce de un shilling. Le troisième, destiné à m’aider si merveilleusement toute ma vie, en santé comme en maladie, était une petite feuille de gros papier jauni, qui portait écrite à l’encre rouge la formule suivante :

    Pour confectionner l’eau de lis de la vallée

    – Prendre des fleurs de lis de la vallée, les mettre dans un sachet et faire infuser. Boire une cuillerée ou deux selon le cas, de cette infusion. Elle rend la parole aux muets par paralysie de la langue. Elle est bonne contre la goutte ; elle ranime le cœur et fortifie la mémoire ; et si l’on met les fleurs dans un flacon bien bouché que l’on dépose dans une fourmilière pendant un mois, on trouve, en les retirant, un suc provenant des fleurs, que l’on garde dans une fiole. Ce suc est bon, en maladie comme en santé, et aux hommes comme aux femmes…

    Plus bas, le ministre avait ajouté, de sa main :

    Pour les foulures également frottez-en la partie malade ; et pour la colique, une grande cuillerée toutes les heures.

    À coup sûr, je ris de ces naïvetés ; mais ce fut d’un rire mal assuré ; et je me hâtai de mettre mon paquet au bout de mon bâton pour aller passer le gué et gravir la colline de l’autre rive. Bientôt, en arrivant sur l’herbeuse route charretière qui traverse la lande, j’aperçus pour la dernière fois l’église d’Essendean, les arbres entourant la cure, et les grands cyprès du cimetière où mon père et ma mère étaient enterrés.

    J’arrive au terme de mon voyage

    Dans la matinée du second jour, en arrivant au haut d’une côte, je découvris tout le pays qui s’étalait devant moi, s’abaissant jusqu’à la mer. Au milieu de cette descente, sur une longue colline, la ville d’Édimbourg fumait comme un four à chaux. Un pavillon flottait sur le château, et des navires circulaient ou étaient à l’ancre dans le firth[2], c’étaient les seuls objets que, malgré la distance, je distinguais nettement ; et leur vue m’inspira un soudain regret de mon pays natal.

    Peu après, j’arrivai devant une chaumière habitée par un berger, qui m’indiqua en gros la route de Cramond ; et, de proche en proche, je m’acheminai vers l’ouest de la capitale, par Colinton, et débouchai enfin sur la grande route de Glasgow. Là, j’eus l’agréable surprise de rencontrer un régiment qui marchait à la fois de tous ses pieds suivant la cadence des fifres, précédé par un vieux général à figure rouge monté sur un cheval gris, et suivi d’une compagnie de grenadiers, coiffés de bonnets de pape. L’orgueil de vivre m’emplit la cervelle, à voir les habits rouges et à entendre leur musique joyeuse.

    Un peu plus loin, on me dit que j’étais sur la paroisse de Cramond, et je commençai à m’informer du château de Shaws. Ce nom paraissait surprendre ceux à qui je demandais mon chemin. Je me figurai d’abord que mon apparence rustique et la simplicité de mon costume tout poudreux s’accordaient mal avec la grandeur de l’endroit en question. Mais après avoir, deux ou trois fois, reçu la même réponse, faite du même air, je finis par comprendre que c’était le nom même de Shaw qui les interloquait.

    Afin de me tranquilliser, je tournai ma question autrement ; et avisant un brave homme assis sur le brancard de sa charrette, qui débouchait d’une traverse, je lui demandai s’il connaissait une maison appelée le château de Shaws.

    Il arrêta son cheval et me regarda ainsi que les autres.

    – Oui, dit-il. Pourquoi ?

    – Est-ce un grand château ?

    – Sans doute. C’est un très grand château.

    – Oui, mais les gens qui l’habitent ?

    – Les gens ? s’écria-t-il. Êtes-vous fou ? Il n’y a pas de gens là – ce qu’on appelle des gens.

    – Comment ! Et M. Ebenezer ?

    – Ah ! si ! dit l’homme ; il y a le laird, si c’est lui que vous cherchez. Que pouvez-vous bien lui vouloir, l’ami ?

    – Je m’étais laissé dire que je trouverais une place chez lui, dis-je, m’efforçant de prendre un air modeste.

    – Hein ! s’écria le charretier, d’un ton si perçant que son cheval en tressaillit ; puis plus doucement :

    – Ma foi, l’ami, ce ne sont pas mes affaires ; mais vous me semblez un garçon raisonnable ; et si vous voulez m’en croire, vous passerez au large de Shaws.

    L’individu que je rencontrai ensuite était un sémillant petit homme à perruque blanche, que je reconnus pour un barbier en tournée ; et, sachant que les barbiers sont grands bavards, je lui demandai tout à trac quel genre d’homme était M. Balfour de Shaws ?

    – Tut ! tut ! dit le barbier ; ce n’est pas un homme ; non, pas un homme du tout.

    Et il m’interrogea fort curieusement sur mes affaires ; mais je lui tins tête comme il faut, et il s’en alla chez son prochain client sans être mieux renseigné.

    Je ne saurais exprimer quel coup tout cela portait à mes illusions. Plus vagues étaient les accusations, moins elles m’agréaient, car elles laissaient le champ libre à l’imagination. Que pouvait bien avoir ce grand château, pour que chacun, dans la paroisse, tressautât et me regardât dans le blanc des yeux, lorsque je lui en demandais le chemin ? Quel était donc ce gentilhomme, dont la mauvaise réputation courait ainsi les routes ? Si j’avais pu regagner Essendean en une heure de marche, j’aurais abandonné sur-le-champ l’aventure, pour retourner chez M. Campbell. Mais l’ayant déjà poussée aussi loin, le simple amour-propre m’interdisait d’y renoncer avant une épreuve plus décisive ; j’étais forcé, par respect humain, d’aller jusqu’au bout ; et, malgré mon déplaisir de ces insinuations, malgré les lenteurs croissantes de mon avance, je persistai à demander mon chemin et continuai d’avancer.

    Le soleil allait se coucher, lorsque je rencontrai une grosse femme brune, l’air acerbe, qui descendait lourdement la côte. Cette femme, lorsque je lui posai la question habituelle, fit volte-face, me raccompagna jusqu’au haut de la montée qu’elle venait de descendre, me désigna un grand bâtiment massif qui s’élevait isolé dans une prairie au fond de la vallée voisine. Le pays d’alentour était agréable, ondulé de collines basses, joliment irrigué et boisé, et couvert de moissons que je jugeai admirables ; mais le château lui-même semblait une ruine ; aucun chemin n’y conduisait ; nulle fumée ne montait de ses cheminées ; il n’y avait pas trace de parc. Mon cœur se serra.

    – Ça ! m’écriai-je.

    Le visage de la femme s’éclaira d’une colère mauvaise.

    – Oui, c’est ça, le château de Shaws ! s’écria-t-elle. Le sang l’a bâti ; le sang l’a maçonné ; le sang l’abattra ! Voyez ! s’écria-t-elle encore – je crache par terre, et je lui fais les cornes. Noire soit sa chute ! Si vous voyez le laird, répétez-lui ce que vous entendez ; redites-lui que cela fait la douze cent dix-neuvième fois que Jennet Clouston a appelé la malédiction du ciel sur lui et sa maison, communs et écuries, homme, hôte et maître, femme, fille ou fils… Noire, noire soit leur chute !

    Et la femme, dont le ton s’était haussé à une sorte d’incantation modulée, se retourna d’un bond, et disparut. Je restai cloué sur place, les

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