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    2. L'enlèvé ! (Les Aventures de David Balfour 1)
    3. Chapitre 17
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    le loch Linnhe, le plus direct eût été de passer par le Sound of Mull. Mais le capitaine n’avait pas de carte ; il craignait d’aventurer son brick au milieu des îles ; et comme la brise le favorisait, il aima mieux prendre par l’ouest de Tiree et longer la côte sud de la grande île de Mull.

    Tout le jour la brise se maintint dans la même direction, fraîchissant au lieu de diminuer ; et, dans l’après-midi, une houle s’établit, venant du large des Hébrides. Nous devions, pour contourner les îles intérieures, nous diriger vers le sud-ouest, en sorte qu’au début nous eûmes cette houle par le travers, ce qui nous fit rouler fortement. Mais après la nuit tombée, quand nous eûmes doublé la pointe de Tiree et que nous mîmes le cap plus à l’est, la mer nous venait juste en poupe.

    Cependant, le début de la journée, avant que la houle se levât, fut très agréable ; car nous voguions sous un beau soleil, au centre d’un panorama d’îles montagneuses. Alan et moi étions assis dans la dunette avec les portes ouvertes de chaque côté (le vent venait juste de l’arrière) à fumer l’excellent tabac du capitaine. Ce fut alors que nous nous contâmes nos histoires réciproques, ce qui fut précieux pour moi, car j’appris ainsi à connaître ce sauvage pays du Highland où je devais aborder si peu de temps après. À cette époque, où la grande révolte[16] avait juste pris fin, il fallait y réfléchir à deux fois avant de se risquer sur la bruyère.

    Ce fut moi qui donnai l’exemple, en lui racontant mes malheurs, qu’il écouta avec beaucoup de sympathie. Mais lorsque je vins à faire mention de mon excellent ami M. Campbell le ministre, Alan prit feu et déclara qu’il haïssait quiconque portait ce nom.

    – Mais, dis-je, c’est un homme à qui vous seriez fier de tendre la main.

    – Je ne sais trop ce que je pourrais offrir à un Campbell si ce n’est du plomb. Je tirerais volontiers sur tous ceux de ce nom, comme sur des corbeaux. Si j’étais à mon lit de mort, je ramperais sur les genoux jusqu’à la fenêtre de ma chambre pour en abattre un.

    – Bon Dieu, Alan, m’écriai-je, que vous ont fait les Campbell ?

    – Eh bien, vous savez que je suis un Appin Stewart, et que les Campbell depuis longtemps persécutent et exterminent ceux de mon nom ; oui, et ils nous ont arraché des terres par trahison – mais jamais à la pointe de l’épée ! cria-t-il très haut, en assenant un grand coup de poing sur la table. (Mais je n’y fis pas attention, car je savais cet argument familier aux vaincus.) Il y a bien autre chose encore, continua-t-il, et le tout du même tonneau : langage mensonger, papiers menteurs, tours de vieux routiers, et, toujours sous les apparences de la légalité, ce qui est encore plus irritant.

    – Vous qui êtes si prodigue de vos boutons, dis-je, je doute fort que vous soyez bon juge en matière d’affaires.

    – Ah ! dit-il, en retrouvant son sourire, j’ai reçu ma prodigalité de la même main qui m’a donné les boutons, c’est-à-dire de mon pauvre père, Duncan Stewart, béni soit-il. C’était le plus charmant homme de sa race ; et la meilleure épée des Highlands, David, ce qui revient à dire : du monde, je le sais bien, car c’est lui qui m’a enseigné à tirer. Il fit partie de la Garde-Noire[17], dès les premiers enrôlements ; et, comme d’autres gentilshommes partisans, il se faisait suivre d’un écuyer pour lui porter son fusil, dans les marches. Or, le roi, dit-on, eut envie de voir un assaut d’épée du Highland. Mon père et trois autres nobles furent choisis, et envoyés à Londres, comme les meilleurs tireurs. On les mena donc au palais où, pendant deux heures d’affilée, ils déployèrent tout l’art de l’épée, devant le roi George[18] et la reine Caroline, et Cumberland le Boucher, et un tas d’autres que j’ignore. Et quand ce fut fini, le roi (qui n’était après tout qu’un vil usurpateur) leur donna de belles paroles et leur mit en main à chacun trois guinées. Or, en sortant du palais, ils passèrent devant une loge de portier ; et mon père, se disant qu’il était sans doute le premier gentilhomme highlander qui fût jamais passé par là, crut devoir donner au pauvre portier une haute idée de sa qualité. Il déposa donc les trois guinées du roi dans la main de cet homme, comme si c’était son habitude ordinaire. Les trois autres qui le suivaient font de même ; et les voilà dans la rue, sans un penny, certains disent que ce fut un tel, le premier à gratifier le portier du roi ; d’autres, que ce fut tel autre ; mais la vérité est que ce fut Duncan Stewart, comme je suis prêt à le soutenir aussi bien avec l’épée qu’avec le pistolet. Tel était mon père, Dieu ait son âme !

    – Il n’a pas dû vous laisser beaucoup.

    – C’est vrai. À part mes culottes, il m’a laissé peu de chose. Et c’est pourquoi j’en suis venu à m’enrôler, ce qui a nui grandement à ma réputation, et me ferait encore plus de tort si je tombais aux mains des habits-rouges.

    – Hé quoi ! m’écriai-je, vous avez fait partie de l’armée anglaise ?

    – Oui, moi-même, dit Alan. Mais j’ai déserté du bon côté, à Preston-Pans[19], et cela me console un peu.

    Je n’étais pas de cet avis, car je tenais la désertion devant l’ennemi pour une faute impardonnable contre l’honneur. Toutefois, en dépit de ma jeunesse, je sus taire ma pensée.

    – Mais, mon ami, dis-je, c’est la peine de mort !

    – Oui, au cas où ils me prendraient, ce serait haut et court pour Alan ! Mais j’ai dans ma poche mon brevet signé du roi de France, qui me protégerait un peu.

    – J’en doute fort.

    – Moi aussi, répliqua-t-il sèchement.

    – Mais bon Dieu, mon ami, m’écriai-je, vous qui êtes un rebelle condamné, un déserteur, et un homme du roi de France, pourquoi donc revenez-vous en ce pays ? C’est braver la Providence.

    – Bah ! je suis revenu tous les ans depuis 46.

    – Et quoi donc vous pousse, ami ?

    – Eh bien, voyez-vous, je m’ennuie de mes amis et de chez moi. La France est un beau pays, sans doute ; mais j’y regrette la bruyère et les daims. Et puis j’ai certaines petites commissions à remplir. Des fois, ce sont quelques gars que je ramène au roi de France : des recrues, pour tout dire ; et puis aussi un peu d’argent. Mais l’affaire la plus importante est celle de mon chef, Ardshiel.

    – Je croyais que votre chef s’appelait Appin.

    – Oui, mais Ardshiel est le capitaine du clan, dit-il (ce qui ne m’avança guère). Voyez-vous, David, celui qui toute sa vie a été un si grand personnage, et qui descend des rois et porte leur nom, est présentement réduit à vivre dans une ville de France comme un simple particulier. Lui qui avait quatre cents épées à sa suite, je l’ai vu, de mes yeux, acheter du beurre au marché, et le rapporter chez lui dans une feuille de chou. C’est plus qu’affligeant, c’est une honte pour nous tous de sa famille et de son clan. Il y a les petits, en outre, les enfants et l’espoir d’Appin, qui doivent apprendre à lire et à tenir une épée, dans ce lointain pays. Or, les tenanciers d’Appin ont à payer une rente au roi George ; mais leur cœur est ferme, ils sont fidèles à leur chef ; et tant par amour que par un rien de pression, et voire une menace ou deux, les pauvres gens raclent une seconde rente pour Ardshiel. Eh bien, David, c’est moi qui suis chargé de la porter. Et, frappant sur sa ceinture, il fit sonner les guinées.

    – Ils payent donc deux fois ? m’écriai-je.

    – Oui, David, deux fois.

    – Quoi ! Deux rentes ? répétai-je.

    – Oui, David. J’ai raconté une autre histoire à cette espèce de capitaine ; mais je vous dis la vérité. Et je m’étonne moi-même du peu de pression qu’il y faut. Mais cela, c’est l’affaire de mon bon parent, cet ami de mon père, James des Glens ; James Stewart, c’est-à-dire : le demi-frère d’Ardshiel. C’est lui qui ramasse l’argent et en fait la répartition.

    Ce fut la première fois que j’entendis le nom de ce James Stewart, qui devint plus tard si fameux au temps de sa pendaison. Mais j’y fis peu d’attention sur le moment, car j’avais l’esprit trop préoccupé par la générosité de ces pauvres Highlanders.

    – Je trouve cela noble, m’écriai-je. Je suis un whig, ou peu s’en faut, mais je trouve cela noble !

    – C’est vrai, vous êtes un whig, mais vous êtes aussi un gentilhomme, ce qui explique vos sentiments. Toutefois, si vous apparteniez à la race maudite des Campbell, vous grinceriez des dents, au contraire. Si vous étiez le Renard-Rouge…

    Et sur ce nom ses mâchoires se serrèrent, et il se tut. Je n’ai jamais vu de visage plus féroce que celui d’Alan après qu’il eut nommé le Renard-Rouge.

    – Et qui est le Renard-Rouge ? demandai-je, effrayé mais pourtant curieux.

    – Qui il est ? s’écria Alan. Eh bien, je vais vous le dire. Lorsque les hommes des clans eurent été écrasés à Culloden, et la bonne cause perdue, alors que les chevaux piétinaient jusqu’aux paturons dans le meilleur sang du Nord, Ardshiel fut obligé de fuir comme un cerf traqué sur les montagnes – lui, sa femme et ses enfants. Nous eûmes toutes les peines du monde à le faire embarquer.

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