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    2. L'enlèvé ! (Les Aventures de David Balfour 1)
    3. Chapitre 13
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    de chaque côté, dans ce genre de dissensions civiles, on revendique pour soi le privilège de l’honnêteté.

    – Ma foi, monsieur, répondit le capitaine, je suis un protestant bon teint, et j’en remercie Dieu. (C’était le premier mot quelconque de religion que je lui entendais prononcer, mais je sus plus tard qu’il était fort assidu à l’église, une fois à terre.) – Malgré cela, continua-t-il, je regrette de voir un de mes semblables mis le dos au mur.

    – En vérité, demanda le jacobite. Eh bien, monsieur, pour être franc avec vous, je suis l’un de ces gentlemen qui eurent des ennuis vers l’an 45-46 ; et (toujours pour être franc avec vous) si je tombais entre les mains de ces messieurs de l’habit rouge, il est probable que cela irait mal pour moi. Maintenant, monsieur, j’allais en France ; il y avait un vaisseau français en train de croiser par ici afin de m’emmener ; mais nous l’avons perdu dans le brouillard… comme je souhaiterais de tout cœur que vous eussiez fait vous-même ! Et voici tout ce que je puis dire : Si vous voulez me mettre à terre là où je me rendais, j’ai sur moi le nécessaire pour vous récompenser largement de votre peine.

    – En France ? dit le capitaine. Non, monsieur, cela je ne le puis. Mais là d’où vous venez… nous pourrions en causer.

    Et alors, par malheur, il m’aperçut dans mon coin, et m’envoya à la cambuse chercher le souper du gentilhomme. Je ne perdis pas de temps, je vous assure. Quand je fus de retour dans la dunette, le gentilhomme avait retiré d’autour de sa taille une ceinture pleine d’espèces, et versé quelques guinées sur la table. Le capitaine regardait tour à tour les guinées, la ceinture, et le visage du gentilhomme ; il me parut fort intéressé.

    – Moitié de cela, s’écria-t-il, et je suis votre homme !

    L’autre rafla les guinées dans la ceinture, qu’il rajusta sous son gilet.

    – Je vous ai expliqué, monsieur, dit-il, que pas un liard de cet or ne m’appartient. Il appartient à mon chef – (il porta la main à son chapeau) – mais tandis que je serais seulement un fidèle messager, d’en sacrifier une partie afin de sauver le reste, j’agirais comme un misérable si je rachetais ma carcasse trop cher. Trente guinées sur la côte, ou soixante, si vous me déposez dans le loch Lynnhe. Voyez si cela vous va ; sinon, tant pis pour vous.

    – Très bien, dit Hoseason. Et si je vous livre aux soldats ?

    – Vous feriez un marché de dupe, dit l’autre. Mon chef, laissez-moi vous le dire, monsieur, est confisqué, comme tout honnête homme en Écosse. Ses biens sont entre les mains de celui qu’on appelle le roi George, dont les fonctionnaires recueillent le produit, ou du moins essaient. Mais pour l’honneur de l’Écosse, les pauvres tenanciers n’oublient pas leur chef exilé ; et cet argent qu’ils lui envoient fait partie de ces mêmes revenus que convoite le roi George. Or, monsieur, vous me semblez comprendre les choses : mettez cet argent à la portée du gouvernement, et qu’est-ce qui vous en reviendra ?

    – Bien peu, à coup sûr, dit Hoseason ; puis : – S’il le savait, ajouta-t-il froidement. Mais je suppose, le cas échéant, que je saurais tenir ma langue.

    – Oui, mais je vous garde un tour ! s’écria le gentilhomme. Trahissez-moi, et je vous rends la pareille. Que l’on mette la main sur moi, et je révèle la somme.

    – Allons, dit le capitaine, il faut ce qu’il faut. Soixante guinées, et tope. Voilà ma main.

    – Et voici la mienne, dit l’autre.

    Et là-dessus, le capitaine sortit (un peu précipitamment, à mon avis) et me laissa seul dans la dunette avec l’étranger.

    À cette époque (peu après 45) un grand nombre de gentilshommes exilés revenaient, au péril de leur vie, soit pour voir leurs amis, soit pour trouver de l’argent, et quant aux chefs highlanders dont les biens avaient été confisqués, il était de notoriété que leurs tenanciers se privaient afin de leur envoyer de l’argent, et les membres de leur clan affrontaient les soldats pour le recevoir, et forçaient le blocus de notre flotte de guerre pour le porter à l’étranger. Tout cela, bien entendu, je le savais ; mais j’avais là sous les yeux un homme dont la vie était compromise pour tous ces motifs et d’autres encore, car c’était non seulement un rebelle et un messager clandestin, mais il avait pris du service chez le roi Louis de France. Et comme si tout cela ne suffisait pas, il avait autour de la taille une ceinture pleine de guinées d’or. Quelles que fussent mes opinions, je ne pouvais regarder un tel homme sans un vif intérêt.

    – Ainsi, vous êtes jacobite ? dis-je, en posant un plat devant lui.

    – Oui, dit-il en se mettant à manger. Et vous, à voir votre longue figure, seriez plutôt un whig[14].

    – Entre les deux, répondis-je, de crainte de le désobliger ; car j’étais en réalité aussi bon whig que M. Campbell avait pu me faire.

    – Alors, vous n’êtes rien du tout, dit-il. Mais à mon avis, monsieur Entre-les-deux, cette bouteille-ci est vide, et ce serait dur d’aller payer soixante guinées pour qu’on vous chicane encore une goutte à boire.

    – Je vais demander la clef, dis-je. Et je sortis sur le pont.

    Le brouillard était toujours aussi dense, mais la houle presque entièrement tombée. On avait mis le brick en panne, car on ne savait plus au juste où l’on se trouvait, et le vent (ou le peu qui en restait) ne pouvait nous servir pour notre route. Quelques matelots guettaient encore les brisants ; mais le capitaine et les deux officiers étaient dans la coursive, leurs têtes rapprochées. Je sentis (je ne sais pourquoi) qu’ils méditaient un mauvais coup ; et le premier mot que j’entendis, en m’approchant d’eux tout doucement, fit plus que me confirmer dans cette opinion.

    Ce fut M. Riach qui s’écria, soudain comme frappé d’une idée :

    – Ne pouvons-nous l’attirer hors de la dunette ?

    – Il est mieux là, répliqua Hoseason ; il n’a pas de place pour se servir de son épée.

    – Oui, c’est vrai, dit Riach ; mais ce sera difficile d’en venir à bout.

    – Bah ! dit Hoseason. Il suffit de nous mettre un de chaque côté de lui, comme pour causer, et de lui immobiliser les bras ; ou, si vous le préférez, monsieur, nous pouvons nous élancer par les deux portes, et le terrasser avant qu’il ait le temps de dégainer.

    À ces mots, je fus saisis à la fois de crainte et de fureur envers ces traîtres, avides et sanguinaires individus. Ma première idée fut de fuir ; ma seconde fut plus hardie.

    – Capitaine, dis-je, le gentilhomme demande à boire, et sa bouteille est finie. Voulez-vous me donner la clef ?

    Tous deux tressaillirent et se retournèrent.

    – Ma foi, voici notre meilleure chance de mettre la main sur les armes à feu ! s’écria Riach. Puis, s’adressant à moi : – Écoutez bien, David, savez-vous où sont les pistolets ?

    – Oui, oui, dit Hoseason ; David le sait ; David est un brave garçon. Voyez-vous, David mon ami, ce Highlander là-bas est un danger pour le brick outre qu’il est ennemi juré du roi George, que Dieu bénisse !

    Je n’avais pas encore reçu autant de David depuis mon arrivée à bord ; mais je répondis : Oui, comme si ce qu’on me disait était tout naturel.

    – L’ennui, reprit le capitaine, c’est que toutes nos armes à feu, grandes ou petites, se trouvent sous le nez de cet homme, dans la dunette ; la poudre également. Or, si moi, ou l’un des officiers, s’en allait pour les chercher, cela lui donnerait l’éveil. Tandis qu’un garçon comme vous, David, peut facilement escamoter une poire à poudre et un pistolet ou deux. Et si vous vous en tirez comme il faut, je ne l’oublierai pas, au moment où il sera bon pour vous d’avoir des amis, c’est-à-dire quand nous arriverons à la Caroline.

    M. Riach lui glissa quelques mots à l’oreille.

    – Très bien, monsieur, dit le capitaine ; puis à moi : – Et songez, David, que cet homme a une ceinture pleine d’or, et vous y mettrez les doigts, je vous en donne ma parole.

    Je lui répondis que je ferais comme il le désirait, bien que j’eusse à peine la force de parler ; et alors il me donna la clef de l’armoire aux liqueurs, et je m’en retournai lentement vers la dunette. Qu’allais-je faire ? Ces gens étaient des misérables et des voleurs : ils m’avaient ravi à mon pays ; ils avaient tué le pauvre Ransome ; devais-je encore leur tenir la chandelle pour un autre assassinat ? Mais, d’autre part, j’avais devant les yeux la crainte de la mort ; car que pouvaient un enfant et un seul homme, fussent-ils braves comme des lions, contre tout l’équipage d’un navire ?

    J’étais encore à retourner la chose dans mon esprit, sans me fixer à rien, lorsque j’entrai dans la dunette, et vis le jacobite qui mangeait sous la lampe. À cette vue, ma résolution fut aussitôt prise. Je n’en tire nul orgueil, car ce ne fut point de mon propre mouvement, mais par une sorte d’impulsion, que je marchai droit à la table, et posai la main sur l’épaule de l’homme.

    – Tenez-vous à être tué ? lui demandai-je.

    Il se leva d’un bond, et ses yeux me questionnèrent mieux que s’il avait parlé.

    – Oh ! m’écriai-je, ce sont tous assassins ici ; le navire en est plein ! Ils ont déjà tué un mousse. C’est votre tour, à présent.

    – Ouais, dit-il ; mais

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