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    2. Le Passeur (Le Passeur 1)
    3. Chapitre 2
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    passer toute une journée d’école avec un groupe de six-ans dans leur communauté.

    — Et comment te sentais-tu là-bas ?

    Lily fronça les sourcils.

    — Bizarre. Leurs méthodes étaient différentes. Ils apprenaient des choses que mon groupe n’avait pas encore apprises et on se sentait un peu idiots.

    Papa écoutait avec intérêt.

    — Je pense à une chose, Lily, dit-il, à propos du garçon qui ne respectait pas le règlement aujourd’hui. Crois-tu qu’il est possible qu’il se soit senti bizarre et un peu idiot dans cet endroit nouveau, avec des règles qu’il ne connaissait pas ?

    Lily médita la question.

    — Oui, finit-elle par répondre.

    — J’ai un peu de peine pour lui, dit Jonas, même si je ne le connais pas. J’ai toujours de la peine pour quelqu’un qui se retrouve dans un endroit où il se sent bizarre et idiot.

    — Et toi, Lily, qu’est-ce que tu ressens maintenant ? demanda Papa. Toujours en colère ?

    — Je crois que non, décida Lily. Je crois que j’ai un peu de peine pour lui. Et je regrette d’avoir serré les poings.

    Elle sourit jusqu’aux oreilles.

    Jonas lui sourit en retour. Les sentiments de Lily étaient toujours bien carrés, assez simples, faciles à résoudre en général. Sans doute les siens l’étaient-ils aussi quand il était un sept-ans.

    Il écouta poliment, quoique pas très attentivement, quand ce fut au tour de son père de décrire l’inquiétude qu’il avait ressentie au travail ce jour-là : il s’inquiétait pour l’un des nouveau-nés qui n’allait pas bien. Le père de Jonas était nourricier. Lui et les autres nourriciers étaient chargés de subvenir à tous les besoins physiques et affectifs de chaque nouveau-né durant ses premiers mois. C’était un métier très important, Jonas en était conscient, mais qui ne l’intéressait pas beaucoup.

    — De quel sexe ? demanda Lily.

    — Masculin, répondit Papa. C’est un joli petit individu masculin qui a très bon caractère. Mais il ne grandit pas aussi vite qu’il devrait et il ne dort pas bien. Nous l’avons mis dans la section des soins particuliers où il reçoit une attention supplémentaire, mais le comité commence à parler de l’élargir.

    — Oh non ! murmura Maman avec compassion. Je sais combien ça doit te rendre triste.

    Jonas et Lily hochèrent aussi la tête avec compassion. L’élargissement des nouveau-nés était toujours triste car ils n’avaient pas eu la chance de connaître la vie au sein de la communauté. Et ils n’avaient rien fait de mal.

    Il n’y avait que deux cas où l’élargissement n’était pas une punition. L’élargissement des personnes âgées, qui était un moment de réjouissance venant clore une vie bien remplie et pleinement vécue ; et l’élargissement des nouveau-nés, qui laissait toujours un sentiment d’impuissance. C’était particulièrement dur pour les nourriciers, qui avaient, d’une certaine manière, l’impression d’avoir échoué. Mais cela se produisait très rarement.

    — Enfin, dit Papa, je vais continuer à essayer. Je pense demander au comité la permission de l’amener ici le soir, si vous n’y voyez pas d’inconvénient. Vous savez comment sont les équipes de nuit. Je crois que ce petit gars a besoin de quelque chose de plus.

    — Bien sûr, dit Maman, et Jonas et Lily acquiescèrent.

    Ils avaient déjà entendu Papa se plaindre des équipes de nuit. Nourricier de nuit était un métier moins prisé qu’on attribuait à ceux qui manquaient de l’intérêt, des qualifications ou de la clairvoyance requises pour répondre aux demandes plus importantes de la journée. La plupart des gens qui formaient les équipes de nuit n’avaient pas de conjoint parce qu’il leur manquait aussi la capacité fondamentale de communiquer avec les autres, capacité requise pour pouvoir créer une cellule familiale.

    — Peut-être même qu’on pourrait le garder, suggéra Lily en prenant un petit air innocent.

    Cela ne trompa personne, ni Jonas ni ses parents.

    — Lily, la reprit Maman en souriant. Tu connais le règlement.

    Deux enfants – un masculin, un féminin – par cellule familiale. C’était écrit très clairement dans le règlement.

    Lily gloussa.

    — J’avais pensé que pour cette fois, peut-être…

    Ensuite ce fut à Maman, qui détenait un poste au Centre de la justice, de parler de ses sentiments. Ce jour-là, un récidiviste avait comparu devant elle. Quelqu’un qui avait déjà enfreint le règlement, qui avait subi – du moins l’espérait-elle – une peine juste et adéquate, et qui avait été réinséré dans son métier, son habitation et sa cellule familiale. En le voyant comparaître une nouvelle fois devant elle, elle s’était sentie submergée par le découragement et la colère. Elle s’était même sentie coupable de ne pas avoir réussi à transformer sa vie.

    — Et puis j’ai peur pour lui, confessa-t-elle. Vous savez qu’on n’accorde pas de troisième chance. Le règlement veut qu’on soit élargi à la troisième transgression.

    Jonas frissonna. Il savait que cela se produisait parfois. Il y avait même un garçon de son groupe d’âge dont le père avait été élargi plusieurs années auparavant. Personne n’en parlait jamais ; c’était une honte innommable. Difficile à imaginer.

    Lily se leva et s’approcha de sa mère. Elle lui caressa le bras.

    Sans quitter sa place, Papa se pencha et lui prit la main. Jonas lui prit l’autre.

    À tour de rôle, ils s’efforcèrent de la réconforter. Elle sourit bientôt, les remercia et déclara qu’elle se sentait apaisée.

    Le rituel se poursuivit.

    — Et toi, Jonas ? demanda Papa. Tu es le dernier ce soir.

    Jonas soupira. Ce soir, il aurait presque préféré garder ses sentiments pour lui. Mais, bien sûr, c’était contre le règlement.

    — Je ressens de l’appréhension, avoua-t-il, satisfait d’avoir fini par mettre la main sur le mot qui convenait.

    — Pourquoi donc, mon fils ?

    Son père avait pris un air soucieux.

    — Je sais bien qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter, expliqua Jonas, et que tous les adultes sont passés par là. Je sais que tu es passé par là, Papa, et toi aussi, Maman. Mais c’est la cérémonie qui me tracasse. On est presque en décembre.

    Lily ouvrit de grands yeux.

    — La cérémonie des douze-ans, dit-elle d’une voix assourdie par le respect que la situation imposait.

    Même les petits enfants – ceux de son âge, voire plus jeunes – savaient que cet événement les attendait un jour, eux aussi.

    — Je suis content que tu nous en aies parlé, Jonas, dit Papa.

    — Lily, dit Maman en faisant signe à la petite fille, va te déshabiller maintenant. Papa et moi allons rester ici pour discuter avec Jonas pendant un petit moment.

    Lily soupira mais elle obéit et descendit de sa chaise.

    — En tête à tête ? demanda-t-elle.

    Maman acquiesça.

    — En tête à tête avec Jonas, répondit-elle.

    Chapitre deux

    Jonas regarda son père se verser une tasse de café. Il attendait.

    — Tu sais, finit par dire Papa, le mois de décembre était toujours un moment excitant quand j’étais jeune. Je suis sûr que c’est pareil pour toi et pour Lily. Chaque décembre apporte tellement de changements.

    Jonas acquiesça. Il pouvait se remémorer chaque mois de décembre depuis qu’il était devenu, disons, un quatre-ans. Ceux d’avant avaient disparu de sa mémoire. Mais il savait qu’ils avaient toujours été importants et il se rappelait les premiers décembre de Lily. Il se souvenait du jour où sa famille avait reçu sa petite sœur, où on lui avait donné son nom et où elle était devenue une un-an.

    La cérémonie des un-an était toujours drôle et bruyante. Chaque décembre, tous les enfants nés au cours de l’année précédente devenaient des un-an. Les nourriciers, qui s’en occupaient depuis leur naissance, les amenaient à l’estrade un à un – ils étaient toujours cinquante par groupe d’âge, à condition qu’aucun n’ait été élargi cette année-là. Certains marchaient déjà sur leurs petites jambes vacillantes ; d’autres, âgés de quelques jours à peine, se trouvaient dans les bras de leurs nourriciers, emmitouflés dans un lange.

    — J’aime bien la cérémonie du nom, dit Jonas.

    Sa mère approuva d’un sourire.

    — L’année où nous avons eu Lily, nous savions, bien sûr, que nous allions recevoir notre enfant féminin puisque nous avions déposé notre demande et qu’elle avait été acceptée. Mais je n’arrêtais pas de me demander quel serait son nom.

    — J’aurais pu jeter un petit coup d’œil à la liste avant la cérémonie, confia Papa. Le Comité la prépare toujours à l’avance et elle est conservée au Centre nourricier. En fait, poursuivit-il, je me sens un petit peu coupable, mais j’y suis allé cet après-midi même pour voir si la liste des noms de cette année était déjà prête. Elle était juste là, dans le bureau, et j’ai cherché le numéro trente-six – c’est le petit bonhomme dont l’état de santé m’inquiète – parce que je me suis dit que cela améliorerait peut-être son développement si je pouvais l’appeler par son nom. En privé, bien sûr, quand il n’y aura personne d’autre dans les parages.

    — Est-ce que tu l’as trouvé ? demanda Jonas.

    Il était fasciné. Ce n’était sans doute pas une loi très importante mais le simple fait que son père ait pu enfreindre le règlement l’impressionnait profondément. Il regarda sa mère à la dérobée, puisque c’était elle qui était chargée de veiller au respect de la loi, et il fut soulagé de constater qu’elle souriait.

    Son père acquiesça.

    — Il s’appellera – à condition bien sûr qu’il arrive jusqu’à la cérémonie du nom et qu’il ne soit pas élargi avant – Gabriel. C’est ce que je lui chuchote à l’oreille toutes les quatre heures en lui donnant son biberon, et pendant les séances d’exercice physique et de jeux. Quand personne ne peut nous entendre. En fait, je l’appelle Gaby, précisa-t-il, et il sourit.

    — Gaby, s’entraîna Jonas. C’est un beau nom, décida-t-il.

    Bien que Jonas ne fût qu’un cinq-ans l’année où ils avaient reçu Lily et appris son nom, il se rappelait l’excitation ambiante et les conversations à la maison anticipant son arrivée : de quoi aurait-elle l’air ? Comment serait-elle ? Comment s’intégrerait-elle dans leur cellule

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    Tags:
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