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    2. Le mort vivant
    3. Chapitre 6
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    est perdue, voilà tout !

    – Je te répète que l’oncle Masterman est mort ! cria Maurice. Je le sais ; il y a en moi une voix qui me le dit !

    – Oui, et l’oncle Joseph est mort aussi ! dit Jean.

    – Il n’est pas mort si je ne le veux pas ! répondit Maurice.

    – Eh bien ! fit Jean, admettons que l’oncle Masterman soit mort ! En ce cas, nous n’avons qu’à dire la vérité, et à sommer Michel de faire de même !

    – Tu prends toujours Michel pour un imbécile ! ricana Maurice. Ne peux-tu donc pas comprendre qu’il y a des années qu’il a préparé son coup ? Il a tout sous la main : la garde-malade, le médecin, le certificat tout prêt, mais avec la date en blanc. Que nous révélions seulement l’affaire qui vient d’arriver, et je te parie que, dans deux jours, nous apprendrons la mort de l’oncle Masterman ! Oui, mais écoute bien, Jean ! Ce que Michel peut faire, je peux le faire aussi. S’il peut me monter un bluff, je peux, moi aussi, lui en monter un ! Si son père doit vivre éternellement, eh bien ! par Dieu, mon oncle fera de même !

    – Et que fais-tu de la loi, dans tout cela ? demanda Jean.

    – Un homme doit avoir quelquefois le courage d’obéir à sa conscience ! répondit Maurice avec dignité.

    – Mais supposons que tu te trompes ! Supposons que l’oncle Masterman soit en vie et se porte comme un charme !

    – Même en ce cas, répondit Maurice, notre situation n’est point pire qu’avant : en fait, elle est meilleure ! L’oncle Masterman doit nécessairement mourir un jour. Tant que l’oncle Joseph vivait, il devait, lui aussi, finir par mourir un jour : tandis que, maintenant, nous n’avons pas à redouter cette alternative. Il n’y a point de limite à la combinaison que je propose : elle peut se prolonger jusqu’au Jugement Dernier !

    – Si du moins je voyais ce qu’elle est, ta combinaison ! soupira Jean. Mais, tu sais, mon pauvre vieux, tu as toujours été un si terrible rêveur !

    – Je voudrais bien savoir quand j’ai jamais rêvé ! s’écria Maurice. Je possède la plus belle collection de bagues à cachets qui existe à Londres !

    – Oui, mais tu sais, il y a l’affaire des cuirs ! suggéra l’autre. Tu ne peux pas nier que ce soit un bouillon !

    Maurice donna, en cette circonstance, une preuve remarquable de son empire sur soi : il laissa passer l’allusion de son frère sans s’offenser, sans même répondre.

    – Pour ce qui est de l’affaire qui nous occupe en ce moment, reprit-il, une fois que nous tiendrons l’oncle chez nous, à Bloomsbury, nous serons hors d’embarras. Nous l’enterrerons dans la cave, qui paraît avoir été faite expressément pour le recevoir ; et je n’aurai plus alors qu’à me mettre en quête d’un médecin que l’on puisse corrompre.

    – Et pourquoi ne pas le laisser ici ? demanda Jean.

    – Parce que nous avons besoin de l’avoir sous la main quand son heure viendra ! répliqua Maurice. Et puis, parce que nous ne savons rien de ce pays-ci ! Ce bois est peut-être un lieu de promenade favori des amoureux. Non, ne rêve pas à ton tour, et songe avec moi à ce qui constitue la seule difficulté réelle que nous ayons devant nous ! Comment allons-nous transporter l’oncle à Bloomsbury ?

    Plusieurs plans furent soumis, débattus, et rejetés. Il n’y avait pas à penser, naturellement, à la gare de Browndean, qui devait être, à cette heure, un centre de curiosités et de commérages, tandis que l’essentiel était d’expédier le corps à Londres sans que personne eût soupçon de rien. Jean proposa, timidement, un baril à bière ; mais les objections étaient si patentes que Maurice dédaigna de les exprimer. L’achat d’une caisse d’emballage parut également impraticable : pourquoi deux gentlemen sans aucun bagage auraient-ils eu besoin d’une caisse de cette sorte ?

    – Non, nous errons sur une fausse piste ! cria enfin Maurice. La chose doit être étudiée avec plus de soin ! Suppose maintenant, – reprit-il après un silence, parlant par morceaux de phrases comme s’il pensait tout haut, – suppose que nous louions une villa au mois ! Le locataire d’une villa peut acheter une caisse d’emballage sans qu’on s’avise de s’en étonner. Et puis, suppose que nous louions la maison aujourd’hui même, que, ce soir, j’achète la caisse, et que, demain matin, dans une charrette à bras que je me charge parfaitement de conduire seul, j’emmène la caisse à Ringwood, ou à Lyndhurst, ou, enfin, à n’importe quelle gare ! Rien ne nous empêche d’inscrire dessus : Échantillons, hein ? Johnny, je crois que, cette fois, j’ai mis le doigt sur le joint !

    – Au fait, cela paraît faisable ! reconnut Jean.

    – Il va sans dire que nous prenons des pseudonymes ! poursuivit Maurice. Ce ne serait pas à faire, de garder nos vrais noms ! Que penserais-tu de « Masterman », par exemple ? Cela vous a un air digne et posé !

    – Ta, ta, ta ! je ne veux pas m’appeler Masterman ! répliqua son frère. Tu peux prendre le nom pour toi, si cela te plaît ! Quant à moi, je m’appellerai Vance, le Grand Vance : « sans rémission les six derniers soirs » ! Voilà un nom, au moins !

    – Vance ! s’écria Maurice. Un nom de clown ! Te figures-tu donc que nous jouions une pantomime pour nous amuser ? Personne ne s’est jamais appelé Vance qu’au café-concert !

    – Oui, et voilà précisément ce qui me plaît dans ce nom ! répondit Jean. Cela vous donne tout de suite une allure artiste ! Pour toi, tu peux l’appeler comme tu voudras ; je tiens à Vance, et je n’en démordrai pas !

    – Mais il y a une foule d’autres noms de théâtre ! supplia Maurice ; il y a Leybourne, Irving, Brough, Toole…

    – C’est le nom de Vance que je veux, mille diables ! répondit Jean. Je me suis mis en tête de prendre ce nom, et j’en verrai la farce !

    – Soit ! dit Maurice, qui sentait bien que tout effort échouerait contre l’obstination de son frère. Je serai donc, moi-même, Robert Vance !

    – Et moi, je serai Georges Vance ! s’écria Jean, le seul original Georges Vance ! En avant la musique pour le « seul original » !

    Ayant réparé du mieux qu’ils purent le désordre de leur costume, les deux frères Finsbury revinrent, par un détour, à Browndean, en quête d’un repas et d’une villa à louer. Ce n’est pas toujours chose facile de découvrir, au pied levé, une maison meublée, dans un endroit qui ne fait point profession de recevoir des étrangers. Mais la bonne fortune de nos héros leur permit de rencontrer un vieux charpentier, effroyablement sourd, qui se trouvait disposer d’une maison à louer. Cette maison, située à environ un kilomètre et demi de tout voisinage, leur parut si appropriée à leur besoin qu’ils échangèrent, en l’apercevant, un coup d’œil d’espérance. À être vue de plus près, cependant, elle n’était pas sans présenter quelques inconvénients. Sa position, d’abord ; car elle était placée dans le creux d’une façon de marécage desséché, avec des arbres faisant ombre de tous les côtés, de telle sorte qu’on avait peine à y voir clair en plein jour. Et les murs étaient tachés de plaques vertes dont l’aspect seul aurait suffi à rendre malade. Les chambres étaient petites, les plafonds bas, le mobilier purement nominal ; un étrange parfum d’humidité remplissait la cuisine, et l’unique chambre à coucher ne possédait qu’un unique lit.

    Maurice, dans l’espoir d’obtenir un rabais, signala au vieux charpentier ce dernier inconvénient.

    – Ma foi ! répliqua l’homme, quand enfin il eut entendu, si vous ne savez pas dormir à deux dans le même lit, vous feriez peut-être mieux de chercher à louer un château !

    – Et puis, poursuivit Maurice, il n’y a pas d’eau ! Comment se procure-t-on de l’eau ?

    – On n’a qu’à remplir ceci à la source qui est à deux pas ! répondit le charpentier en tapant, de sa grosse main noire, sur un baril vide installé près de la porte. Tenez ! voilà un seau pour aller à la source ! Ça vraiment, c’est plutôt un plaisir !

    Maurice cligna de l’œil à son frère, et procéda à l’examen du baril. Il était presque neuf, et semblait solidement construit. S’ils n’avaient pas été résolus d’avance à louer cette maison, le baril aurait achevé de les décider. Le marché fut donc aussitôt conclu, la location du premier mois fut payée séance tenante, et, une heure après, on aurait pu observer les frères Finsbury rentrant dans leur aimable cottage, avec une énorme clef, symbole de leur location, une lampe à alcool, qui devait leur servir de cuisine, un respectable carré de porc, et un litre du plus mauvais whisky de tout le Hampshire. Et déjà ils avaient retenu, pour le lendemain (sous le prétexte qu’ils étaient deux peintres de paysage), une légère mais solide brouette ; de telle manière que, lorsqu’ils prirent possession de leur nouvelle demeure, ils furent en droit de se dire que le plus gros de leur affaire se trouvait réglé.

    Jean procéda à la confection du thé, pendant que Maurice, à force d’explorer la maison, avait le bonheur de retrouver le couvercle du baril, sur une des planches de la cuisine. Ainsi le matériel d’emballage était là, au complet ! À défaut de paille, les couvertures du lit pourraient fort bien servir à caler l’objet dans le baril ; aussi bien ces couvertures étaient si sales que

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