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    2. Le mort vivant
    3. Chapitre 5
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    à Bournemouth, avant de partir ; tous ses biens meubles se trouvaient déposés, sous les espèces de deux malles, dans le fourgon aux bagages. Au cas de sa brusque disparition, les malles, après le délai réglementaire, seraient vendues à un juif comme bagages non réclamés ; le valet de chambre de sir Faraday Bond se verrait privé, à la fin de l’année, de quelques shillings de pourboire ; les divers directeurs d’hôtels de l’Europe, à la même date, constateraient une légère diminution dans leurs bénéfices : et ce serait tout, littéralement tout. Et peut-être le vieux gentleman pensait-il à quelque chose comme ce que je viens de dire, car il avait la mine assez mélancolique, lorsqu’il rentra son crâne chauve dans l’intérieur du wagon, et que le train se remit à fumer sous le pont, et au delà, avec une vitesse accélérée, passant tour à tour à travers les fourrés et les clairières de la Forêt-Neuve.

    Mais voici que, à quelques centaines de mètres de Browndean, il y eut un arrêt brusque. Maurice Finsbury eut conscience d’un soudain bruit de voix, et se précipita vers la fenêtre. Des femmes hurlaient, des hommes sautaient sur le rebord de la voie ; les employés du train leur criaient de rester assis à leurs places. Et puis le train commença lentement à reculer vers Browndean ; et puis, la minute suivante, tous ces bruits divers se perdirent dans le sifflement apocalyptique et le choc tonnant de l’express qui accourait en sens opposé.

    Le bruit final de la collision, Maurice ne l’entendit pas. Peut-être s’était-il évanoui ? Il eut seulement un vague souvenir d’avoir vu, comme dans un rêve, son wagon se renverser et tomber en pièces, comme une tour de cartes. Et le fait est que, lorsqu’il revint à lui, il gisait sur le sol, avec un vilain ciel gris au-dessus de sa tête, qui lui faisait affreusement mal. Il porta la main à son front, et ne fut pas surpris de constater qu’elle était rouge de sang. L’air était rempli d’un bourdonnement intolérable, dont Maurice pensa qu’il cesserait de l’entendre quand la conscience aurait achevé de lui revenir. C’était comme le bruit d’une forge en travail.

    Et bientôt, sous l’aiguillon instinctif de la curiosité, il se redressa, s’assit et regarda autour de lui. La voie, en cet endroit, montait avec un brusque détour. Et, de toutes parts, l’environnant, Maurice aperçut les restes du train de Bournemouth. Les débris de l’express descendant étaient, en majeure partie, cachés derrière les arbres ; mais, tout juste au tournant, sous des nuages d’une vapeur noire, Maurice vit ce qui restait des deux machines, l’une sur l’autre. Le long de la voie, des gens couraient, çà et là, et criaient en courant ; d’autres gisaient, immobiles, comme des vagabonds endormis.

    Brusquement Maurice eut une idée : « Il y a eu un accident ! » songea-t-il, et la conscience de sa perspicacité lui rendit un peu de courage. Presque au même instant, ses yeux tombèrent sur Jean, étendu près de lui, et d’une pâleur effrayante. « Mon pauvre vieux ! mon pauvre copain ! » se dit-il, retrouvant je ne sais où un vieux terme d’école. Après quoi, avec une tendresse enfantine, il prit dans sa main la main de son frère. Et bientôt, au contact de cette main, Jean rouvrit les yeux, se rassit en sursaut, et remua les lèvres, sans parvenir à en faire sortir aucun son. « Bis ! bis ! » proféra-t-il enfin, d’une voix de fantôme.

    Le bruit de forge et la fumée persistaient intolérablement. « Fuyons cet enfer ! » s’écria Maurice. Et les deux jeunes gens s’aidèrent l’un l’autre à se remettre sur pied, se secouèrent, et considérèrent la scène funèbre, autour d’eux.

    Au même instant, un groupe de personnes s’approcha d’eux.

    – Êtes-vous blessés ? leur cria un petit homme dont le visage blême était tout baigné de sueur, et, qui, à la façon dont il dirigeait le groupe, devait évidemment être un médecin.

    Maurice montra son front ; le petit homme, après avoir haussé les épaules, lui tendit un flacon d’eau-de-vie.

    – Tenez, dit-il, buvez une gorgée de ceci, et passez ensuite le flacon à votre ami, qui paraît en avoir encore plus besoin que vous ! Et puis, après cela, venez avec nous ! Il faut que tout le monde nous aide ! Il y a fort à faire ! Vous pourrez toujours vous rendre utiles, ne serait-ce qu’en allant chercher des brancards !

    À peine le médecin et sa suite s’étaient-ils éloignés que Maurice, sous l’influence vivifiante du cordial, acheva de reprendre conscience de lui-même.

    – Seigneur ! s’écria-t-il. Et l’oncle Joseph ?

    – Au fait, dit Jean, où peut-il bien s’être fourré ? Il ne doit pas être loin ! J’espère que le pauvre vieux n’est pas trop endommagé !

    – Viens m’aider à le chercher ! dit Maurice, d’un ton tout particulier de farouche résolution.

    Puis, soudain, il éclata :

    – Et s’il était mort ? gémit-il, en montrant le poing au ciel.

    Çà et là, les deux frères couraient, examinant les visages des blessés, retournant les morts. Ils avaient passé en revue, de cette façon, une bonne vingtaine de personnes ; et toujours aucune trace de l’oncle Joseph. Mais, bientôt, leur enquête les rapprocha du centre de la collision, où les deux machines continuaient à vomir de la fumée avec un vacarme assourdissant. C’était une partie de la voie où le médecin et sa suite n’étaient pas encore parvenus. Le sol, surtout à la marge du bois, était plein d’aspérités : ici un fossé, là une butte surmontée d’un buisson de genêts. Bien des corps pouvaient être cachés dans cet endroit ; et les deux jeunes neveux l’explorèrent comme des chiens pointers après une chasse. Et tout à coup Maurice, qui marchait en tête, s’arrêta et étendit son index d’un geste tragique. Jean suivit la direction du doigt de son frère.

    Au fond d’un trou de sable gisait quelque chose qui, naguère, avait été une créature humaine. Le visage était affreusement mutilé, au point d’être tout à fait méconnaissable ; mais les deux jeunes gens n’avaient pas besoin de reconnaître le visage. Le crâne chauve parsemé de rares cheveux blancs, la pelisse de martre, le drap à ventilation, la flanelle hygiénique, – tout, jusqu’aux bottines de santé de MM. Dall et Crumbie, – tout attestait que ce corps était celui de l’oncle Joseph. Seule, la casquette à visière pointue devait s’être égarée dans le cataclysme, car le mort était tête nue.

    – La pauvre vieille bête ! fit Jean, avec une pointe de véritable émotion. Je donnerais bien dix livres pour que nous ne l’eussions pas embarqué dans ce train !

    Mais c’était une émotion d’une tout autre nature qui se lisait sur le visage de Maurice, pendant qu’il restait penché sur le cadavre. Il songeait à cette nouvelle et suprême injustice de la destinée. Il avait été volé de 7.800 livres pendant qu’il était un orphelin en tutelle ; il avait été engagé par force dans une affaire de cuirs qui ne marchait pas ; il avait été encombré de Miss Julia ; son cousin avait projeté de le dépouiller du bénéfice de la tontine ; il avait supporté tout cela, – il pouvait presque dire avec dignité, – et voilà maintenant qu’on lui avait tué son oncle !

    – Vite ! dit-il à son frère, d’une voix haletante, prends-le par les pieds ; il faut que nous le cachions dans le bois ! Je ne veux pas que d’autres puissent le trouver !

    – Quelle farce ! s’écria Jean. À quoi bon ?

    – Fais ce que je dis ! répliqua Maurice en saisissant le cadavre par les épaules. Veux-tu donc que je l’emporte à moi seul ?

    Ils se trouvaient à la lisière du bois ; en dix ou douze pas, ils furent à couvert, et, un peu plus loin, dans une clairière sablonneuse, ils déposèrent leur fardeau ; après quoi, s’étant redressés, ils le considérèrent mélancoliquement.

    – Qu’est-ce que tu comptes en faire ? murmura Jean.

    – L’enterrer, naturellement ! répondit Maurice.

    Il ouvrit son couteau de poche, et commença à creuser le sable.

    – Jamais tu n’arriveras à rien avec ton couteau ! objecta son frère.

    – Si tu ne veux pas m’aider, toi, misérable couard, hurla Maurice, va-t-en à tous les diables !

    – C’est la folie la plus ridicule ! fit Jean ; mais il ne sera pas dit qu’on ait pu m’accuser d’être un couard !

    Et il se mit en posture d’aider son frère.

    Le sol était sablonneux et léger, mais tout embarrassé de racines des sapins environnants. Les deux jeunes gens s’ensanglantèrent cruellement les mains. Une heure d’un travail héroïque, surtout de la part de Maurice, et à peine si le fossé avait huit à neuf pouces de profondeur. Dans ce fossé, le corps fut plongé, tant bien que mal ; le sable fut entassé par-dessus, et puis d’autre sable, qu’on dut prendre ailleurs, non moins péniblement. Hélas ! à l’une des extrémités du lugubre tertre, deux pieds continuaient à se projeter hors du sable, chaussés de voyantes bottines de santé.

    Mais tant pis ! Les nerfs des fossoyeurs étaient à bout. Maurice lui-même n’en pouvait plus. Et, pareils à deux loups, les deux frères s’enfuirent au plus profond du fourré voisin.

    – Nous avons fait de notre mieux ! dit Maurice.

    – Et maintenant, répondit Jean, peut-être auras-tu l’obligeance de me dire ce que tout cela signifie !

    – Ma parole, s’écria Maurice, si tu ne le comprends pas de toi-même, je désespère de te le faire comprendre !

    – Oh ! j’entends bien que c’est quelque chose qui se rapporte à la tontine ! répliqua Jean. Mais je te dis que c’est pure folie ! La tontine

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