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    2. Le mort vivant
    3. Chapitre 40
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    vue de ce lieu de refuge. Et la première chose qui s’offrit à ses yeux, en approchant, fut la longue figure d’un homme debout sur le perron de sa maison, et occupé tantôt à tirer le cordon de la sonnette, tantôt à lancer dans la porte de vigoureux coups de pieds. Cet homme, avec son vêtement déchiré et tout couvert de boue, avait l’air d’un hideux chiffonnier. Mais Maurice le reconnut aussitôt : c’était son frère Jean.

    Le premier mouvement du frère aîné fut, naturellement, pour se retourner et prendre la fuite. Mais le désespoir l’avait anéanti au point de le rendre indifférent désormais aux pires catastrophes. « Bah ! se dit-il, qu’importe ! » Et, tirant de sa poche son trousseau de clefs, il gravit silencieusement les marches du perron.

    Jean se retourna. Son visage de fantôme portait un extraordinaire mélange de fatigue, de honte, et de fureur. Et, lorsqu’il reconnut le chef de sa famille, une lueur sinistre s’alluma dans ses yeux.

    – Ouvre cette porte ! dit-il, en s’écartant.

    – C’est ce que je fais ! répondit Maurice, pendant que, intérieurement, il se disait : « Tout est fini ! Il respire le meurtre ! »

    Les deux frères se trouvaient à présent dans le vestibule de la maison, dont la porte venait de se refermer derrière eux. Tout à coup, Jean saisit Maurice par les épaules et le secoua comme un chien terrier secoue un rat.

    – Sale bête ! cria-t-il, je serais en droit de te casser la gueule !

    Et il se remit à le secouer, et avec tant de force que les dents de Maurice claquèrent, et que sa tête se cogna au mur.

    – Pas de violence, Jeannot ! dit enfin Maurice. Cela ne saurait faire de bien ni à moi ni à toi.

    – Ferme ta boîte ! répondit Jean. C’est à ton tour d’écouter !

    Puis il pénétra dans la salle à manger, s’affaissa dans un fauteuil, et, ôtant un de ses souliers sans semelle, prit avec ses deux mains son pied, comme pour le réchauffer.

    – Je suis boiteux pour la vie ! dit-il. Qu’est-ce qu’il y a pour dîner ?

    – Rien, Jeannot ! dit Maurice.

    – Rien ? Qu’entends-tu par là ? demanda le Grand Vance. N’essaie pas de me monter le coup, hein !

    – Je veux dire qu’il n’y a rien ! répondit simplement son frère. Je n’ai rien à manger, ni rien pour acheter de quoi manger ! Moi-même, aujourd’hui, je n’ai pu prendre qu’un sandwich et une tasse de thé.

    – Rien qu’un sandwich ? ricana Vance. Et je suppose que tu as le cynisme de t’en plaindre, encore ? Mais, tu sais, mon petit, fais attention à toi ! J’ai supporté maintenant tout ce que je pouvais supporter. C’est fini ! Et je vais te dire ce qui en est ! Eh bien ! j’ai l’intention de dîner, et tout de suite, et de bien dîner ! Prends ta collection de bagues à cachets, et va la vendre !

    – Impossible aujourd’hui ! répondit Maurice. C’est dimanche !

    – Je te dis que je veux avoir à dîner, entends-tu ? hurla le frère cadet.

    – Mais pourtant, Jeannot, si ce n’est pas possible ! plaida l’aîné.

    – Satané idiot ! cria Vance. Ne sommes-nous pas les maîtres de la maison ? Ne nous connaît-on pas, à l’hôtel où le cousin Parker nous invitait à dîner quand il venait à Londres ? Allons, détale au galop ! Et si tu n’es pas rentré dans une demi-heure, et si tu ne m’apportes pas un dîner de premier choix, je démolis tous les meubles, et puis je vais droit à la police et je raconte toute l’histoire ! Comprends-tu ce que je te dis, Maurice Finsbury ? Parce que, si tu le comprends, tu ferais mieux de filer !

    L’idée souriait même au malheureux Maurice, qui tremblait de faim. Aussi se hâta-t-il d’aller commander le dîner et de revenir chez lui, où il trouva Jean toujours occupé à bercer son pied, comme un poupon malade.

    – Et qu’est-ce que tu veux boire, Jeannot ? demanda Maurice, de sa voix la plus caressante.

    – Du champagne, parbleu ! de ce vieux champagne dont Michel me parle toujours quand je le rencontre ! Allons, vite à la cave, et prends garde à ne pas trop secouer la bouteille ! Mais d’abord, écoute un peu ! Tu vas me préparer du feu, et m’allumer le gaz, et me fermer les volets ! Voici la nuit venue et j’ai froid ! Et puis tu mettras la nappe et le couvert ! Et puis… dis donc ! va donc me chercher des vêtements de rechange !

    La salle à manger avait pris une apparence relativement habituelle lorsqu’arriva le dîner. Et ce dîner lui-même fut excellent : une forte soupe, des filets de sole, deux côtelettes de mouton avec une sauce aux tomates, un rôti de bœuf garni de pommes de terre, un pudding, un morceau de chester ; en un mot, un repas foncièrement anglais, mais, comme l’avait souhaité le Grand Vance, « de premier choix ».

    – Ah ! que Dieu soit loué ! s’écria le jeune voyageur en s’installant à table. (Et sa joie devait être, en vérité, bien vive, pour le ramener ainsi par surprise à la pieuse cérémonie du benedicite, dont il avait depuis longtemps perdu l’habitude !) Mais non ! poursuivit-il, je vais aller manger dans ce fauteuil là-bas, près du feu : car voilà deux jours que je gèle, et j’ai besoin de me réchauffer à fond ! Je vais aller me mettre là-bas, et toi, Maurice Finsbury, tu vas rester debout, entre la table et moi, et me servir !

    – Mais, Jeannot, c’est que j’ai faim, moi aussi ! dit Maurice.

    – Tu pourras manger ce que je laisserai ! répliqua le Grand Vance. Ha ! mon petit, ceci n’est que le début de notre règlement de comptes ! Tu as perdu la belle : tu vas avoir à casquer ! Gardez-vous de réveiller le lion britannique !

    Il y avait quelque chose de si indescriptiblement menaçant dans les yeux et dans la voix du Grand Vance, pendant qu’il proférait ces locutions proverbiales, que l’âme de Maurice en fut épouvantée.

    – Allons ! reprit l’orateur, donne-moi un verre de champagne, avant mon filet de sole ! Et moi qui me figurais que je n’aimais pas ça, le filet de sole !… Dis donc – ajouta-t-il avec une nouvelle explosion de rage – sais-tu comment je suis venu jusqu’ici ?

    – Non, Jeannot, comment le saurais-je ? répondit l’obséquieux Maurice.

    – Eh bien ! je suis venu sur mes pattes ! cria Jean. Oui, mon ami, j’ai fait sur mes dix doigts tout le chemin, depuis Browndean, et j’ai mendié tout le long de la route ! Je voudrais un peu te voir mendier, Maurice Finsbury ! Ce n’est pas aussi facile que tu pourrais le supposer ! Je me suis fait passer pour un pêcheur de Blyth, victime d’un naufrage. Je ne sais pas où cela se trouve, Blyth ; et toi, le sais-tu ? Mais j’ai pensé que cela avait un air naturel, à le dire ainsi sur la grand’route. J’ai demandé l’aumône à une vilaine petite bête de gamin qui revenait de l’école, et il m’a donné deux sous, et il m’a dit de lui enrouler une ficelle autour de sa toupie. Et je l’ai fait, et fort bien fait, mais il a déclaré que ce n’était pas ça ! Et il a couru derrière moi en me réclamant ses deux sous ! Après cela, j’ai demandé l’aumône à un officier de marine. Celui-là ne m’a pas confié sa toupie, il m’a simplement donné une petite brochure sur l’alcoolisme, et, là-dessus, il m’a tourné le dos ! C’est tout ce que j’ai eu de lui. J’ai demandé l’aumône à une vieille dame qui vendait du pain d’épices ; elle m’a donné un gâteau d’un sou. Mais le plus beau a été un monsieur qui, comme je me plaignais de manquer de pain, m’a répondu qu’il y avait, pour tout Anglais, un excellent moyen de se procurer du pain, et ce moyen, c’était de casser un carreau à la première maison venue, de façon à se faire mettre en prison… Et maintenant, apporte le rôti !

    – Mais… mais, hasarda Maurice, pourquoi n’es-tu pas resté à Browndean ?

    – À Browndean ? s’écria Jean. Et de quoi y aurais-je vécu ? Du Lisez-moi ! et d’un dégoûtant canard de l’Armée du Salut ? Non, non, il fallait à tout prix que je filasse de Browndean ! J’avais pris pension, à crédit, dans une auberge, où je m’étais fais passer pour le Grand Vance, de l’Alhambra. Tu aurais fait la même chose, à ma place ! Mais voilà qu’on s’est mis à parler des music-halls, et de tout l’argent que j’y avais gagné avec mes chansons ! Et puis, voilà qu’un client de l’auberge m’a demandé de chanter Autour de tes formes splendides. Et puis, quand je me suis décidé à le chanter, voilà que tout le monde a été d’accord pour affirmer que je n’étais pas le Grand Vance ! J’ai eu beau leur tenir tête, ils se sont entêtés à ne pas me croire ! C’est comme ça que se sont achevées mes relations avec l’auberge du pays ! poursuivit tristement le jeune homme. Mais, surtout, il y a eu le charpentier…

    – Notre propriétaire ? demanda Maurice.

    – Lui-même ! dit Jean. Il s’est amené ce matin, le nez en l’air, et le voilà qui veut savoir où a passé le baril à eau, et ce que sont devenues les couvertures du lit ! Je lui ai dit d’aller au diable. Que pouvais-je

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