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    2. Le mort vivant
    3. Chapitre 4
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    mon offre ! » Il se répétait cela indéfiniment. Et, le jour, en se promenant dans les bois de Branksome, la nuit, en se retournant sur son lit, à table, en oubliant de manger, au bain, en oubliant de se rhabiller, toujours il avait l’esprit hanté de ce problème : « Pourquoi Michel a-t-il refusé ? »

    Enfin, une nuit, il s’élança dans la chambre de son frère, qu’il réveilla par de fortes secousses.

    – Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Jean.

    – Julia va repartir demain ! répondit Maurice. Elle va rentrer à Londres, mettre la maison en état, et engager une cuisinière. Et, après-demain, nous la suivrons tous !

    – Oh ! bravo ! s’écria Jean. Mais pourquoi ?

    – Jean, j’ai trouvé ! répliqua gravement son frère.

    – Trouvé quoi ? demanda Jean.

    – Trouvé pourquoi Michel ne veut pas accepter mon compromis ! dit Maurice. Et c’est parce qu’il ne peut pas l’accepter ! C’est parce que l’oncle Masterman est mort, et qu’il le cache !

    – Dieu puissant ! s’écria l’impressionnable Jean. Mais pour quel motif ? Dans quel intérêt ?

    – Pour nous empêcher de toucher le bénéfice de la tontine ! dit son frère.

    – Mais il ne le peut pas ! objecta Jean. Tu as le droit d’exiger un certificat de médecin !

    – Et n’as-tu jamais entendu parler de médecins qui se laissent corrompre ? demanda Maurice. Ils sont aussi communs que les fraises dans les bois ; tu peux en trouver à volonté pour trois livres et demie par tête.

    – Je sais bien que, pour ma part, je ne marcherais pas à moins de cinquante livres ! ne put s’empêcher de déclarer Jean.

    – Et, ainsi, Michel compte nous mettre dedans ! poursuivit Maurice. Sa clientèle diminue, sa réputation baisse, et, évidemment, il a un plan : car le gaillard est terriblement malin. Mais je suis malin, moi aussi, et puis j’ai pour moi la force du désespoir. J’ai perdu 7.800 livres quand je n’étais encore qu’un orphelin en tutelle !

    – Oh ! ne recommence pas à nous ennuyer avec cette histoire ! interrompit Jean. Tu sais bien que tu as déjà perdu bien plus d’argent à vouloir rattraper celui-là !

    II

    OÙ MAURICE S’APPRÊTE À AGIR

    En conséquence, quelques jours après, les trois membres mâles de cette triste famille auraient pu être observés (par un lecteur de F. du Boisgobey) prenant le train de Londres, à la gare de Bournemouth. Le temps, suivant l’affirmation du baromètre, était « variable », et Joseph portait le costume adapté à cette température dans l’ordonnance de sir Faraday Bond ; car cet éminent praticien, comme l’on sait, n’est pas moins strict en matière de vêtement que de régime.

    J’ose dire qu’il y a peu de personnes d’une santé délicate qui n’aient au moins essayé de vivre conformément aux prescriptions de sir Faraday Bond. « Évitez les vins rouges, madame, – toutes mes lectrices se sont certainement entendu dire cela, – évitez les vins rouges, le gigot d’agneau, les marmelades d’oranges et le pain non grillé ! Mettez-vous au lit tous les soirs, à dix heures trois quarts, et (s’il vous plaît) habillez-vous de flanelle hygiénique du haut en bas ! À l’extérieur, la fourrure de martre me paraît indiquée ! N’oubliez pas non plus de vous procurer une paire de bottines de la maison Dall et Crumbie ! » Et puis, très probablement, après que vous aviez déjà payé votre visite, sir Faraday vous aura rappelée, sur le seuil de son cabinet, pour ajouter, d’un ton particulièrement catégorique : « Encore une précaution indispensable : si vous voulez rester en vie, évitez l’esturgeon bouilli ! »

    L’infortuné Joseph était soumis avec une rigueur effroyable au régime de sir Faraday Bond. Il avait à ses pieds les bottines de santé ; son pantalon et son veston étaient de véritable drap à ventilation ; sa chemise était de flanelle hygiénique (d’une qualité quelque peu au rabais, pour dire vrai), et il se trouvait drapé jusqu’aux genoux dans l’inévitable pelisse en fourrure de martre. Les employés même de la gare de Bournemouth pouvaient reconnaître, dans ce vieux monsieur, une créature de sir Faraday, qui, du reste, envoyait tous ses patients vers cette villégiature. Il n’y avait, dans la personne de l’oncle Joseph, qu’un seul indice d’un goût individuel : à savoir, une casquette de touriste, avec une visière pointue. Toutes les instances de Maurice avaient échoué devant l’obstination du vieillard à porter ce couvre-chef, qui lui rappelait l’émotion éprouvée par lui, naguère, lorsqu’il avait fui devant un chacal à moitié mort, dans les plaines d’Éphèse.

    Les trois Finsbury montèrent dans leur compartiment, où ils se mirent aussitôt à se quereller : circonstance insignifiante en soi, mais qui se trouva être, tout ensemble, extrêmement malheureuse pour Maurice et – j’ose le croire – heureuse pour mon lecteur. Car si Maurice, au lieu de s’absorber dans sa querelle, s’était penché un moment à la portière de son wagon, l’histoire qu’on va lire n’aurait pas pu être écrite. Maurice, en effet, n’aurait pas manqué d’observer l’arrivée sur le quai et l’entrée dans un compartiment voisin d’un second voyageur vêtu de l’uniforme de sir Faraday Bond. Mais le pauvre garçon avait autre chose en tête, une chose qu’il considérait (et Dieu sait combien il se trompait !) comme bien plus importante que de baguenauder sur le quai avant le départ du train.

    – Jamais on n’a vu rien de pareil ! – s’écria-t-il, sitôt assis, reprenant une discussion qui n’avait pour ainsi dire pas cessé depuis le matin. – Ce billet n’est pas à vous ! Il est à moi !

    – Il est à mon nom ! répliqua le vieillard avec une obstination mêlée d’amertume. J’ai le droit de faire ce qui me plaît avec mon argent !

    Le « billet » était un chèque de huit cents livres sterling, que Maurice, pendant le déjeuner, avait remis à son oncle pour qu’il le signât, et que le vieillard avait, simplement, empoché.

    – Tu l’entends, Jean ! fit Maurice. Son argent ! Mais il n’y a pas jusqu’aux vêtements qu’il a sur le dos qui ne m’appartiennent !

    – Laisse-le tranquille ! grommela Jean. Vous commencez à m’exaspérer, tous les deux !

    – Ce n’est point là une manière convenable de parler à votre oncle, Monsieur ! cria Joseph. Je suis résolu à ne plus tolérer ce manque d’égards ! Vous êtes une paire de jeunes drôles extrêmement grossiers, impudents, et ignorants ; et j’ai décidé de mettre un terme à cet état de choses !

    – Peste ! fit l’aimable Jean.

    Mais Maurice ne prit pas l’affaire avec autant de philosophie. L’acte imprévu d’insubordination de son oncle l’avait tout bouleversé ; et les dernières paroles du vieillard ne lui annonçaient rien de bon. Il lançait à l’oncle Joseph des coups d’œil inquiets.

    – Bon ! bon ! finit-il par dire. Nous verrons à régler tout cela quand nous serons à Londres !

    Joseph, en réponse, ne l’honora pas même d’un regard. De ses mains tremblantes, il ouvrit un numéro du Mécanicien anglais, et, avec ostentation, se plongea dans l’étude de ce périodique.

    – Je me demande ce qui a pu le rendre tout à coup si rebelle ? songeait son neveu. Voilà, en tout cas, un incident qui ne me plaît guère !

    Et il se grattait le nez, signe habituel d’une lutte intérieure. Cependant, le train poursuivait sa route à travers le monde, emportant avec lui sa charge ordinaire d’humanité, parmi laquelle le vieux Joseph, qui faisait semblant d’être plongé dans son journal, et Jean, qui sommeillait sur les anecdotes soi-disant comiques du Lisez-moi ! et Maurice, qui roulait dans sa tête tout un monde de ressentiments, de soupçons, et d’alarmes. C’est ainsi que le train dépassa la plage de Christ-Church, Herne avec ses bois de sapins, Ringswood, d’autres stations encore. Avec un petit retard, mais qui n’avait lui-même rien que de normal, il arriva à une station au milieu de la Forêt-Neuve, – une station que je vais déguiser sous le pseudonyme de Browndean, pour le cas où la Compagnie du South-Western s’aviserait de prendre ombrage de mes révélations.

    De nombreux voyageurs mirent le nez à la fenêtre de leur compartiment. De leur nombre fut précisément le vieux monsieur dont Maurice avait négligé d’observer l’entrée dans le train. Et l’on me permettra de profiter de l’occasion pour dire, ici, quelques mots de ce personnage : car, d’abord, cela me dispensera de revenir sur son compte, et puis je crois bien que, durant tout le cours de mon histoire, je ne rencontrerai plus un autre personnage aussi respectable. Son nom n’importe pas à connaître, mais bien sa manière de vivre. Ce vieux gentleman avait passé sa vie à errer à travers l’Europe ; et, comme, enfin, trente ans de lecture du Galignani’s Messenger lui avaient fatigué la vue, il était tout à coup rentré en Angleterre pour consulter un oculiste. De l’oculiste chez le dentiste, et de celui-ci chez le médecin, c’est la gradation inévitable. Actuellement, notre vieux gentleman était entre les mains de sir Faraday Bond ; vêtu de drap à ventilation, et expédié en villégiature à Bournemouth ; et il retournait à Londres, sa villégiature achevée, pour rendre compte de sa conduite à l’éminent praticien. C’était un de ces vieux Anglais banals et monotones que nous avons tous vus, cent fois, entrer à la table d’hôte où nous mangions, à Cologne, à Salzbourg, à Venise. Tous les directeurs d’hôtels de l’Europe connaissent par leurs noms la série complète de ces voyageurs, et cependant si, demain, la série complète venait à disparaître d’un seul coup, personne ne s’aviserait de remarquer son absence. Ce voyageur-là, en particulier, était d’une inutilité presque désolante. Il avait réglé sa note,

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