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    2. Le mort vivant
    3. Chapitre 35
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    sa table il ouvrait son courrier, un chœur d’oiseaux légers chantait dans son cerveau, sur un rythme charmant : « Cette vieille affaire des cuirs peut encore avoir du bon, avoir du bon, avoir du bon ! »

    C’est au milieu de cette oasis morale que le trouva un certain Rogerson, un des créanciers de la maison ; mais Rogerson n’était pas un créancier inquiétant, car ses relations avec la maison Finsbury dataient de loin, et plus d’une fois déjà il avait consenti à de longs délais.

    – Mon cher Finsbury, – dit-il, non sans embarras, – j’ai à vous prévenir d’une chose qui risque de vous ennuyer ! Le fait est… je me suis vu à court d’argent… beaucoup de capitaux dehors… vous savez ce que c’est… et… en un mot…

    – Vous savez que nous n’avons jamais eu l’habitude de vous payer à la première échéance ! répondit Michel, en pâlissant. Mais donnez-moi le temps de me retourner, et je verrai ce que je puis faire ! Je crois pouvoir vous promettre que vous aurez au moins un fort acompte !

    – Mais c’est que… voilà… balbutia Rogerson, je me suis laissé tenter ! J’ai cédé ma créance !

    – Cédé votre créance ! répéta Maurice. Voilà un procédé auquel nous ne pouvions pas nous attendre de votre part, monsieur Rogerson !

    – Hé ! on m’en a offert cent pour cent, rubis sur l’ongle, en espèces ! murmura Rogerson.

    – Cent pour cent ! s’écria Maurice. Mais cela vous fait quelque chose comme trente pour cent de bénéfice ! Singulière chose ! Et qui est l’acheteur ?

    – Un homme que je ne connais pas ! répondit le créancier. Un nommé Moss !

    « Un juif ! » songea Maurice, quand son visiteur l’eut quitté. Que pouvait bien avoir à faire un Juif d’une créance sur la maison Finsbury ? Et quel intérêt pouvait-il bien avoir à la payer d’un tel prix ? Ce prix justifiait Rogerson : oui, Maurice lui-même était prêt à en convenir. Mais il prouvait, en même temps, de la part de Moss, un étrange désir de devenir créancier de la maison de cuirs. La créance pouvait être présentée d’un jour à l’autre, ce même jour, ce même matin ! Et pourquoi ? Le mystère de Moss menaçait de constituer un triste pendant au mystère de Pitman. « Et cela au moment où tout paraissait vouloir aller mieux ! » gémit Maurice, en se cognant la tête contre le mur. Au même instant, on vint lui annoncer la visite de M. Moss.

    M. Moss était un juif du genre rayonnant, avec une élégance choquante et une politesse offensive. Il déclara qu’il agissait, en tout cela, au nom d’une tierce partie ; lui-même ne comprenait rien à l’affaire en question ; son client lui avait donné des ordres formels. Le susdit client tenait à rentrer dans ses fonds ; mais, si la chose était tout à fait impossible pour l’instant, il accepterait un chèque payable dans soixante jours…

    – Je ne sais pas ce que tout cela signifie ! dit Maurice. Quel motif a bien pu vous pousser à racheter cette créance, et à un taux comme celui-là ?

    M. Moss n’en avait pas la moindre idée : il s’était borné à exécuter les ordres de son client.

    – Tout cela est absolument irrégulier ! dit enfin Maurice. C’est contraire aux usages commerciaux. Quelles sont vos instructions pour le cas où je refuserais ?

    – J’ai l’ordre, en ce cas, de m’adresser à M. Joseph Finsbury, le chef de votre maison ! répondit le juif. Mon client a tout particulièrement insisté sur ce point. Il m’a dit que c’était M. Joseph Finsbury qui seul avait titre, ici… excusez-moi, l’expression n’est pas de moi !

    – Il est impossible que vous voyiez M. Joseph : il est souffrant ! dit Maurice.

    – En ce cas, j’ai ordre de remettre l’affaire aux mains d’un avoué. Voyons un peu ! – poursuivit M. Moss, en consultant son portefeuille. – Ah ! Voici ! M. Michel Finsbury ! Un de vos parents, peut-être ? J’en serais fort heureux, car, si cela était, l’affaire pourrait sans doute s’arranger à l’amiable !

    Tomber aux mains de Michel : c’était trop, pour Maurice. Il se risqua. Un chèque à soixante jours ? En somme, qu’avait-il à craindre ? Dans soixante jours, il serait probablement mort, ou tout au moins en prison ! De telle sorte qu’il ordonna à son gérant de donner à M. Moss un fauteuil et un journal.

    – Je vais aller faire signer le chèque par M. Joseph Finsbury ! dit-il. Mon oncle est couché, souffrant, dans notre maison de John-Street !

    Un fiacre pour l’aller, un fiacre pour le retour : encore deux fortes entailles aux quatre shillings de son capital ! Il calcula que, après le départ de M. Moss, il aurait pour toute fortune au monde dix-sept sous. Mais ce qui était plus fâcheux encore, c’est que, pour se tirer d’embarras, il avait dû maintenant transporter son oncle Joseph à Bloomsbury.

    « Hélas ! se disait-il, inutile désormais pour le pauvre Jeannot de s’enfermer dans le Hampshire ! Et quant à savoir comment je pourrai faire durer la farce, je veux être pendu si j’en ai la moindre idée ! Avec mon oncle à Browndean, c’était déjà à peine possible : avec mon oncle à Bloomsbury, cela me paraît au-dessus des forces humaines. Au-dessus de mes forces à moi, en tout cas : car enfin, c’est ce que fait Michel, avec le corps de mon oncle Masterman ! Mais lui, voilà ! il a des complices, cette vieille gouvernante, et sans doute bien des coquins de sa clientèle. Ah ! si seulement je pouvais trouver des complices ! »

    La nécessité est la mère de tous les arts humains. Éperonné par elle, Maurice se surprit lui-même, en constatant la hâte, la décision et, au total, l’excellente apparence de son nouveau faux. Trois quarts d’heure après, il remettait à M. Moss un chèque où s’étalait, hardiment, la signature de l’oncle Joseph.

    – Voilà qui est parfait ! déclara le gentleman israélite en se levant. Et maintenant j’ai l’ordre de vous dire que ce chèque ne vous sera pas présenté à l’échéance, mais que vous ferez sagement de prendre garde, de prendre bien garde !

    Toute la chambre se mit à nager autour de Maurice.

    – Quoi ? Que dites-vous ? s’écria-t-il, en se retenant à la table. Que voulez-vous dire ?… Que le chèque ne sera pas présenté ?… Pourquoi aurais-je à prendre garde ? Qu’est-ce que toute cette folie ?

    – Pas la moindre idée, ma parole, monsieur Finsbury ! répondit l’hébreu, avec un bon sourire. C’est simplement un message dont on m’a chargé ! On m’a mis en bouche les expressions qui semblent vous agiter si fort !

    – Le nom de votre client ? demanda Maurice.

    – Mon client tient provisoirement à ce que son nom reste un secret ! répondit M. Moss.

    Maurice se pencha sur lui.

    – Ce n’est pas… Ce n’est pas la banque ? murmura-t-il d’une voix étranglée.

    – Bien au regret de n’avoir pas l’autorisation de vous en dire davantage ! répondit M. Moss. Et maintenant, si vous le voulez bien, je vais vous souhaiter une bonne journée !

    « Me souhaiter une bonne journée ! » songea Maurice, resté seul. Dès la minute suivante, il avait empoigné son chapeau, et s’était enfui de son cabinet, comme un fou. Ce ne fut qu’au bout de trois rues qu’il s’arrêta, pour grogner : « Mon Dieu ! grogna-t-il, j’aurais dû emprunter de l’argent au gérant ! Mais, à présent, il est trop tard. Impossible de retourner pour cela ! Non, c’est clair ! Je suis sans le sou, absolument sans le sou, comme les ouvriers sans travail ! »

    Il rentra chez lui, et s’assit mélancoliquement dans la salle à manger. Jamais Newton n’a fait un effort de pensée aussi vigoureux que celui que fit alors cette victime des circonstances : et cependant l’effort resta stérile. « Je ne sais pas si cela tient à un défaut de mon esprit, se dit-il : mais le fait est que je trouve que ma malchance a quelque chose de contre-nature. Ça vaudrait la peine d’écrire au Times, pour signaler le cas ! Que dis-je ? Ça vaudrait la peine de faire une révolution ! Et le plus clair de l’affaire, c’est qu’il me faut tout de suite de l’argent ! La moralité, je n’ai plus à m’en occuper : j’ai depuis longtemps dépassé cette phase ! C’est de l’argent qu’il me faut, et tout de suite ; et la seule chance que j’aie de m’en procurer, c’est Bent Pitman ! Bent Pitman est un criminel : et, par conséquent, sa position a des côtés faibles ! Il doit avoir encore gardé une partie des huit cents livres. Il faut, à tout prix, que je l’oblige à partager avec moi ce qui lui en reste ! Et, même s’il ne lui en reste plus rien, eh bien ! je lui raconterai l’affaire de la tontine : et alors, avec un bravo (comme ce Pitman dans mon jeu, ce sera bien le diable si je n’arrive pas à un résultat ! »

    Tout cela était bel et bon. Mais encore s’agissait-il de mettre la main sur Bent Pitman : et Maurice n’en voyait pas très clairement le moyen. Une annonce dans les journaux, oui, c’était la seule façon possible d’atteindre Pitman. Oui, mais en quels termes rédiger la demande d’un rendez-vous, au nom de quoi, et où ? Faire venir Pitman à Bloomsbury, dans la maison de John Street, serait bien dangereux avec un gaillard de cette sorte, qui, du même coup, apprendrait l’adresse de Maurice,

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