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    2. Le mort vivant
    3. Chapitre 34
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    d’ailleurs ce que Maurice pouvait souhaiter de mieux. Oui, mais avec les habitudes de folle prodigalité d’un homme tel que Bent Pitman, huit cents livres pouvaient fort bien ne pas même durer une semaine. Et quand cette somme aurait fondu, que ferait ensuite l’effrayant personnage ? Et une voix diabolique, du fond de la poitrine de Maurice, lui répondait : « Ce qu’il fera ensuite ? Il te fera chanter ! »

    Anxiété n° 2 : La fraude de la tontine, ou l’oncle Masterman est-il mort ? Inquiétant problème, et dont dépendaient pourtant tous les espoirs de Maurice ! Il avait essayé d’intimider Catherine, il avait essayé de la corrompre : et ses tentatives n’avaient rien donné. Il gardait toujours la conviction « morale » que son oncle Masterman était mort ; mais ce n’est point chose facile de faire chanter un subtil homme de loi en s’appuyant seulement sur une conviction morale. Sans compter que, depuis la visite de Michel, ce projet de chantage souriait moins encore qu’auparavant à l’imagination de Maurice. « Michel est-il bien un homme qu’on puisse faire chanter ? se demandait-il. Et suis-je bien l’homme qu’il faut pour faire chanter Michel ? » Graves, solennelles, terribles questions. « Ce n’est pas que j’aie peur de lui, – ajoutait Maurice, pour se rassurer ; – mais j’aime à être sûr de mon terrain, et le malheur est que je ne vois guère la manière d’arriver à cela ! Tout de même, comme la vie réelle est différente des romans ! Dans un roman, j’aurais à peine entrepris toute cette affaire que j’aurais rencontré, sur mon chemin, un sombre et mystérieux gaillard qui serait devenu mon complice, et qui aurait vu tout de suite ce qu’il y avait à faire, et qui, probablement, se serait introduit dans la maison de Michel, où il n’aurait trouvé qu’une statue de cire ; après quoi, du reste, ce complice n’aurait pas manqué de me faire chanter, et de m’assassiner par-dessus le marché. Tandis que, dans la réalité, je pourrais bien arpenter les rues de Londres jour et nuit, jusqu’à crever de fatigue, sans qu’un seul criminel daignât seulement faire attention à moi !… Et cependant, à ce point de vue, il y a toujours Bent Pitman qui tient à peu près ce rôle-là ! » reprit-il, songeusement.

    Anxiété n° 3 : Le cottage de Browndean, ou le complice récalcitrant. Car il y avait aussi un complice : et ce complice était en train de moisir dans un marais du Hampshire, avec les poches vides. Que pouvait-on faire de ce côté ? Maurice se dit qu’il aurait dû envoyer au moins quelque chose à son frère, n’importe quoi, un simple mandat de cinq shillings, de manière à lui faire prendre patience en l’approvisionnant d’espoir, de bière, et de tabac. « Mais comment aurais-je pu lui envoyer quelque chose ? » gémit le pauvre garçon en explorant ses poches, d’où il retira tout juste quatre pièces d’un shilling et dix-huit sous en monnaie de billon. Pour un homme dans la situation de Maurice, en guerre avec la société, et ayant à tenir, de sa main inexpérimentée, les fils de l’intrigue la plus embrouillée, on doit avouer que cette somme était à peine suffisante. Tant pis ! Jean aurait à se débrouiller tout seul ! « Oui, mais – reprenait alors la voix diabolique – comment veux-tu qu’il se débrouille, fût-il même cent fois moins stupide qu’il l’est ? »

    Anxiété numéro 4 : La maison de cuirs, ou Enfin nous avons fait faillite ! Mœurs londoniennes. Sur ce point particulier, Maurice était sans nouvelles. Il n’avait pas encore osé mettre les pieds à son bureau : et cependant il sentait qu’il allait être forcé d’y passer sans plus de retard. Bon ! Mais que ferait-il, quand il serait au bureau ? Il n’avait le droit de rien signer en son propre nom ; et, avec la meilleure volonté du monde, il commençait à se dire que jamais il ne réussirait à contrefaire la signature de son oncle. Dans ces conditions, il ne pouvait rien pour arrêter la débâcle. Et lorsque la débâcle se serait enfin produite, lorsque des yeux scrutateurs examineraient jusqu’aux moindres détails les comptes de la maison, deux questions ne manqueraient pas d’être posées à l’effaré et piteux insolvable : 1° Où est M. Joseph Finsbury ? 2° Que signifiait certaine visite à la banque ? Questions combien faciles à poser ! et grand Dieu ! combien il était impossible d’y répondre ! Et l’homme à qui elles seraient adressées, s’il n’y répondait pas, irait certainement en prison, irait probablement – eh ! oui ! – aux galères. Maurice était en train de se raser lorsque cette éventualité s’offrit à sa pensée : il se hâta de déposer son rasoir. Voici, d’une part, suivant l’expression de Maurice, « la disparition totale d’un oncle de prix » ; d’autre part, voici toute une série d’actes étranges et inexplicables, accomplis par un neveu de cet oncle, et un neveu dont on sait qu’il avait, à l’endroit du disparu, une haine sans pitié : quel admirable concours de chances pour une erreur judiciaire ! « Non, se dit Maurice, ils n’oseront tout de même pas aller jusqu’à me considérer comme un assassin ! Mais, franchement, il n’y a pas dans le code un seul crime (excepté peut-être celui d’incendie) que, aux yeux de la loi, je n’aie l’apparence d’avoir commis ! Et pourtant je suis un parfait honnête homme, qui n’a jamais désiré que de rentrer dans son dû ! Ah ! la loi, en vérité, c’est du propre ! »

    C’est avec cette conclusion bien assise dans son esprit que Maurice descendit l’escalier de sa maison de John Street ; il n’était toujours encore qu’à moitié rasé. Dans la boîte, une lettre. Il reconnut l’écriture : c’était Jean qui s’impatientait !

    « Vraiment, la destinée aurait pu m’épargner au moins cela ! » se dit-il amèrement, et il déchira l’enveloppe.

    « Cher Maurice, lut-il, je commence à croire que tu te paies ma tête ! Je suis ici dans une purée noire ; sais-tu que je suis forcé de vivre à l’œil, et encore avec une difficulté sans cesse plus grande ? Je n’ai pas de draps de lit, pense bien à ça ! Il me faut de la galette, entends-tu ? J’en ai assez, de cette blague-là ! Tout le monde en aurait assez, à ma place. Je me serais déjà défilé depuis deux jours, si seulement j’avais eu de quoi prendre le train. Allons ! mon vieux Maurice, ne t’entête pas dans ta folie ! Essaie un peu de comprendre mon affreuse position ! Le timbre de cette lettre, je vais avoir à me le procurer à l’œil ! Ma parole d’honneur ! Ton frère bien affectueux, J. FINSBURY. »

    « Quelle brute ! songea Maurice en mettant la lettre dans sa poche. Que veut-il que je fasse pour lui ? Je vais avoir à me faire raser chez un coiffeur, ma main n’est pas assez ferme ! Comment trouverais-je « de la galette » à envoyer à quelqu’un ? Sa position n’est pas drôle, je le reconnais : mais moi, se figure-t-il que je suis à la fête ?… Du moins il y a dans sa lettre une chose qui me console : il n’a pas le sou, impossible qu’il bouge ! Bon gré, mal gré, il est cloué là-bas ! »

    Puis, dans un nouvel élan d’indignation : « Il ose se plaindre, l’animal ! Et il n’a même jamais entendu le nom de Bent Pitman ! Que ferait-il, que ferait-il, je me le demande, s’il avait sur le dos tout ce que j’y ai ? »

    Mais ce n’étaient point là des arguments d’une honnêteté irréprochable, et le scrupuleux Maurice s’en rendait bien compte. Il ne pouvait se dissimuler que son frère Jean n’était pas du tout « à la fête », lui non plus, dans le marécageux cottage de Browndean, sans nouvelles, sans argent, sans draps de lit, sans l’ombre d’une société ou d’une distraction. De telle sorte que, lorsqu’il eut été rasé, Maurice en arriva à concevoir la nécessité d’un compromis.

    « Le pauvre Jeannot, se dit-il, est vraiment dans une noire purée ! Je ne peux pas lui envoyer d’argent ; mais je sais ce que je vais faire pour lui, je vais lui envoyer le Lisez-moi ! Ça le remontera, et puis on lui fera plus volontiers crédit quand on verra qu’il reçoit quelque chose par la poste ! »

    En conséquence de quoi, sur le chemin de son bureau, Maurice acheta et expédia à son frère un numéro de ce réconfortant périodique, auquel (dans un accès de remords) il joignit, au hasard, l’Athenœum, la Vie chrétienne, et la Petite Semaine pittoresque. Ainsi Jean se trouva pourvu de littérature, et Maurice eut la satisfaction de se sentir un baume sur la conscience.

    Comme si le ciel avait voulu le récompenser, il eut la surprise, en arrivant à son bureau, d’y trouver d’excellentes nouvelles. Les commandes affluaient ; les magasins se vidaient, et le prix du cuir ne cessait pas de monter. Le gérant lui-même avait l’air ravi. Quant à Maurice, – qui avait presque oublié qu’il y eût au monde quelque chose comme de bonnes nouvelles, – il aurait volontiers sangloté de bonheur, comme un enfant ; volontiers il aurait pressé sur sa poitrine le gérant de la maison, un vieux bonhomme tout sec, avec des sourcils en broussaille ; volontiers il serait allé jusqu’à donner à chacun des employés de ses bureaux une gratification (oh ! une petite somme !). Et pendant qu’assis devant

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