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    2. Le mort vivant
    3. Chapitre 33
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    roues s’affaiblirent ; et le silence entoura le trio debout sur la berge.

    – C’est la chose la plus extraordinaire du monde ! s’écriait le plus mince des deux hommes. J’ai parfaitement reconnu la voiture !

    – Et moi, j’ai vu un piano ! disait la jeune fille.

    – C’est certainement la même voiture ! reprenait le jeune homme. Et ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est que ce n’est pas le même cocher !

    – Ce doit être le même cocher, Gid ! déclarait l’autre homme.

    – Mais alors, demandait Gédéon, pourquoi s’est-il sauvé ?

    – Je suppose que son cheval sera parti tout seul ! suggérait le vieux radical.

    – Mais pas du tout ! j’ai entendu le fouet vibrer comme un fléau ! disait Gédéon. En vérité, ceci dépasse la raison humaine !

    – Je vais vous dire quoi ! s’écria enfin la jeune fille. Nous allons courir et – comment appelle-t-on ça dans les romans ? – suivre sa piste ! ou plutôt nous allons aller dans le sens d’où il est venu ! Il doit y avoir là quelqu’un qui l’aura vu et qui pourra nous renseigner !

    – Oui, très bien, faisons cela, ne serait-ce que pour la drôlerie de la chose ! dit Gédéon.

    La « drôlerie de la chose » consistait sans doute, pour lui, en ce que cette course lui permettait de se sentir tout proche de miss Hazeltine. Quant à l’oncle Édouard, ce projet d’excursion lui souriait infiniment moins. Et quand ils eurent fait une centaine de pas, dans les ténèbres, sur une route déserte, entre un mur, d’un côté, et un fossé, de l’autre, le président du Radical Club donna le signal du repos.

    – Ce que nous faisons n’a pas le sens commun ! dit-il.

    Mais alors, quand eut cessé le bruit de leurs pas, un autre bruit parvint à leurs oreilles. Il sortait de l’intérieur du bois, mystérieusement.

    – Oh ! qu’est-ce que c’est ? s’écria Julia.

    – Je n’en ai aucune idée ! dit Gédéon, en faisant mine de vouloir entrer dans le bois.

    Le radical brandit sa canne, à la façon d’une épée.

    – Gédéon ! commença-t-il, mon cher Gédéon…

    – Oh ! monsieur Forsyth, par pitié, n’avancez pas ! fit Julia. Vous ne savez pas ce que cela peut être ! J’ai si peur pour vous !

    – Quand ce serait le diable lui-même, répondit Gédéon en se dégageant, je veux aller voir ce qui en est !

    – Pas de précipitation, Gédéon ! criait l’oncle.

    L’avocat marcha dans la direction du bruit, qui était effectivement d’un caractère monstrueux. On y trouvait mélangées les voix caractéristiques de la vache, de la sirène de bateau, et du moustique, mais tout cela combiné de la façon la moins naturelle. Une masse noire, non sans quelque ressemblance avec une forme humaine, gisait parmi les arbres.

    – C’est un homme, dit Gédéon ; ce n’est qu’un homme ! Il est endormi et ronfle ! Holà ! ajouta-t-il un instant après, il ne veut pas se réveiller !

    Gédéon frotta une allumette, et, à sa lueur, il reconnut la tête rousse du charretier qui s’était engagé à lui amener le piano.

    – Voici mon homme, dit-il, et ivre comme un porc ! Je commence à entrevoir ce qui se sera passé !

    Et il exposa à ses deux compagnons, qui maintenant s’étaient enhardis à le rejoindre, son hypothèse sur la façon dont le charretier avait été conduit à se séparer de sa carriole.

    – L’abominable brute ! dit l’oncle Édouard. Secouons-le, et administrons-lui la correction qu’il mérite !

    – Gardez-vous-en, pour l’amour du ciel ! dit Gédéon. Nous n’avons pas à désirer qu’il nous voie ensemble ! Et puis, vraiment, mon oncle, je dois à ce brave homme la plus vive reconnaissance : car ceci est la chose la plus heureuse de tout ce qui pouvait m’arriver. Il me semble, mon cher oncle Édouard, il me semble, en vérité, que me voici délivré !

    – Délivré de quoi ? demanda le radical.

    – Mais de toute l’affaire ! s’écria Gédéon. Cet homme a été assez fou pour voler la carriole, avec le piano et ce qu’il contenait ; ce qu’il espère en faire, je ne le sais, ni ne me soucie de le savoir. Mes mains sont libres ! Jimson cesse d’exister ; plus de Jimson ! Félicitez-moi, oncle Édouard !… Julia, ma chère Julia, je…

    – Gédéon ! Gédéon ! fit l’oncle.

    – Oh ! il n’y a pas de mal, mon oncle, puisque nous allons nous marier bientôt ! dit Gédéon. Vous savez bien que vous nous l’avez dit vous-même, tout à l’heure, dans le pavillon !

    – Moi ? demanda l’oncle, très surpris, je suis bien sûr de n’avoir dit rien de pareil !

    – Suppliez-le, jurez-lui qu’il l’a dit, faites appel à son cœur ! s’écriait Gédéon en s’adressant à Julia. Il n’a pas son pareil au monde quand il laisse parler son cœur !

    – Mon cher monsieur Bloomfield, dit Julia, Gédéon est un si brave garçon, et il m’a promis de tant plaider, et je vois bien qu’il le fera ! Je sais que c’est un grand malheur que je n’aie pas d’argent ! ajouta-t-elle.

    – L’oncle Édouard en a pour deux, ma chère demoiselle, comme ce jeune coquin vous le disait tout à l’heure ! répondit le radical. Et je ne puis pas oublier que vous avez été honteusement dépossédée de votre fortune ! Donc, pendant que personne ne nous regarde, embrassez votre oncle Édouard !… Quant à vous, misérable – reprit-il lorsque cette cérémonie eut été dûment accomplie – cette charmante jeune dame est à vous, et c’est à coup sûr beaucoup plus que vous ne méritez ! Mais maintenant, retournons bien vite au pavillon, puis chauffons le yacht et rentrons à Londres !

    – Voilà qui est parfait ! s’écria Gédéon. Et demain il n’y aura plus de Jimson, ni de carriole, ni de piano ! Et quand ce brave homme se réveillera, il pourra se dire que toute l’affaire n’a été qu’un rêve !

    – Oui, dit l’oncle Édouard, mais il y aura un autre homme qui aura un réveil bien différent ! Le gaillard qui a volé la carriole s’apercevra qu’il a été trop malin !

    – Mon cher oncle, dit Gédéon, je suis heureux comme un roi, mon cœur saute comme une balle, mes talons sont légers comme des plumes ; je suis délivré de tous mes embarras, et je tiens la main de Julia dans la mienne ! Dans ces conditions, comment trouverais-je la force d’avoir de mauvais sentiments ? Non il n’y a de place en moi que pour une bonté angélique ! Et quand je pense à ce pauvre malheureux diable avec sa carriole, c’est de tout mon cœur que je m’écrie : « Que Dieu lui vienne en aide ! »

    – Amen ! répondit l’oncle Édouard.

    XIII

    LES TRIBULATIONS DE MAURICE

    (Seconde partie)

    Si notre littérature avait conservé ses vieilles traditions de réserve et de politesse classiques, je ne dégraderais pas ma dignité d’écrivain jusqu’à vous décrire les angoisses de Maurice ; c’est là un de ces sujets que l’intensité même de leur réalisme devrait faire exclure d’une œuvre d’art un peu digne de ce nom. Mais le goût est aujourd’hui aux sujets de ce genre : le lecteur aime à être introduit dans les recoins les plus secrets de l’âme d’un héros de roman, et rien ne lui plaît autant que le spectacle d’un cœur tout sanglant, étalé devant lui dans sa nudité. Encore cette considération ne suffirait-elle pas à me décider si le repoussant sujet que je vais traiter n’avait, en outre, l’avantage d’une éminente portée moralisatrice. Puisse mon récit empêcher ne fût-ce qu’un seul de mes lecteurs de se plonger dans le crime à la légère, sans s’être suffisamment entouré de précautions : et j’aurai conscience de n’avoir pas travaillé en vain !

    Le lendemain de la visite de Michel, quand Maurice se réveilla du profond sommeil du désespoir, ce fut pour constater que ses mains tremblaient, que ses yeux avaient peine à s’ouvrir, que sa gorge brûlait, et que sa digestion était paralysée. « Et Dieu sait pourtant que ce n’est pas à force d’avoir mangé ! » se dit l’infortuné. Après quoi il se leva, afin de réfléchir plus froidement à sa position. Rien ne pourra mieux vous dépeindre les eaux troublées où naviguait sa pensée qu’un exposé méthodique des diverses anxiétés qui se dressaient devant lui.

    Aussi, pour la convenance du lecteur, vais-je classer par numéros ces anxiétés : mais je n’ai pas besoin de dire que, dans le cerveau de Maurice, elles se mêlaient et tournoyaient toutes ensemble comme une trombe de poussière. Et, toujours pour la commodité du lecteur, je vais donner des titres à chacune d’elles. Qu’on veuille bien observer que chacune d’elles, à elle seule, suffirait à assurer le succès d’un roman-feuilleton !

    Anxiété n°1 : Où est le cadavre ? ou le Mystère de Bent Pitman. C’était désormais chose certaine, pour Maurice, que Bent Pitman appartenait à l’espèce la plus ténébreuse des professionnels du crime. Un homme tant soit peu honnête n’aurait pas touché le chèque ; un homme doué de la moindre dose d’humanité n’aurait pas accepté en silence le tragique contenu du baril ; et seul un assassin éprouvé avait pu trouver les moyens de faire disparaître le cadavre sans qu’on en sût rien. Cette série de déductions eut pour effet de fournir à Maurice la plus sinistre image d’un monstre, Bent Pitman. Évidemment cet être infernal n’avait eu, pour se débarrasser du cadavre, qu’à le précipiter dans une trappe de son arrière-cuisine (Maurice avait lu quelque chose de semblable dans un roman par livraisons) : et maintenant cet homme vivait dans une orgie de luxe, sur le montant du chèque. Jusque-là, c’était

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    Tags:
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