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    2. Le mort vivant
    3. Chapitre 31
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    débarrasser des traces de leurs crimes ! C’est tout de même un hommage rendu à mes capacités de légiste, voyez-vous !

    Sur quoi Gédéon, pour la seconde fois depuis une heure, se mit à raconter tout au long les aventures du grand Érard.

    – Il faut que j’écrive cela au Times ! s’écria M. Bloomfield.

    – Vous voulez donc que je sois disqualifié ? demanda Gédéon.

    – Disqualifié ! bah, sois sans crainte ! dit son oncle. Le ministère est libéral ! certainement il ne refusera pas de m’écouter ! Dieu merci, les jours de l’oppression tory sont finis !

    – Non, cela n’ira pas ! mon oncle, dit Gédéon.

    – Mais vous n’êtes pas assez fou pour persister à vouloir vous défaire vous-même de ce cadavre ? s’écria M. Bloomfield.

    – Je ne vois pas d’autre issue devant moi ! dit Gédéon.

    – Mais c’est absurde, et je ne peux pas en entendre parler ! reprit M. Bloomfield. Je vous ordonne positivement, Gédéon, de vous désister de cette ingérence criminelle !

    – Fort bien ! dit Gédéon, en ce cas, je vous transmets la chose, pour que vous fassiez du cadavre ce que bon vous semblera !

    – À Dieu ne plaise ! s’écria le président du Radical-Club. Je ne veux avoir rien à démêler avec cette horreur !

    – En ce cas, il faut bien que vous me laissiez faire de mon mieux pour m’en débarrasser ! répliqua son neveu. Croyez-moi, c’est le parti le plus raisonnable !

    – Ne pourrions-nous pas faire déposer secrètement le cadavre au Club Conservateur ? suggéra M. Bloomfield. Avec de bons articles que nous ferions écrire ensuite dans nos journaux radicaux, ce serait un véritable service à rendre à la nation !

    – Si vous voyez un profit politique à tirer de mon… objet ! dit Gédéon, raison de plus pour que je vous le cède !

    – Oh ! non ! non ! Gédéon ! Non, je pensais que vous, peut-être, vous pourriez entreprendre cette opération. Et j’ajoute même que, tout bien réfléchi, je trouve qu’il est éminemment inutile que miss Hazeltine et moi prolongions notre séjour ici, près de vous ! On pourrait nous voir ! – poursuivit le vénérable président, en regardant avec méfiance à droite et à gauche. – Vous comprenez, en ma qualité d’homme public, j’ai des précautions exceptionnelles à prendre ! Me compromettre, ce serait compromettre tout le parti ! Et puis, de toute façon, l’heure du dîner approche !

    – Quoi ? s’écria Gédéon en consultant sa montre. Ma foi, oui, c’est vrai ! Mais, grand Dieu ! le piano devrait être ici depuis des heures !

    M. Bloomfield se dirigeait déjà vers sa barque ; mais, à ces mots, il s’arrêta.

    – Oui ! reprit Gédéon ; j’ai vu moi-même le piano arriver à la gare de Padwick. J’ai moi-même prévenu le camionneur d’avoir à me l’amener ici. Il m’a dit qu’il avait d’abord une autre commission à faire, mais qu’il serait sans faute ici à quatre heures, au plus tard. Il n’y a pas de doute, le piano a été ouvert et on a trouvé le corps !

    – Il faut que vous fuyiez tout de suite ! déclara M. Bloomfield. C’est, dans l’espèce, la seule conduite digne d’un homme !

    – Mais supposons que je me trompe ! gémit Gédéon. Supposons que le piano arrive, et que je ne sois pas là pour le recevoir ! Je serai la première victime de ma lâcheté ! Non, mon oncle : il faut aller nous renseigner à Padwick ! Moi, naturellement, je ne puis pas m’en charger : mais vous, rien ne vous en empêche. Rien ne vous empêche d’aller un peu tourner autour du bureau de police, comprenez-vous ?

    – Non, Gédéon, non, mon cher neveu ! – dit M. Bloomfield, de la voix d’un homme fort embarrassé. – Vous savez que j’éprouve pour vous l’affection la plus sincère. Et je sais, de mon côté, que j’ai le bonheur d’être un Anglais, et tous les devoirs que m’impose ce titre. Mais non, pas la police, Gédéon !

    – Ainsi, vous me lâchez ? demanda Gédéon. Dites-le franchement !

    – Loin de là, mon enfant ! Bien loin de là ! protesta le malheureux oncle. Je me borne à proposer de la prudence. Le bon sens, mon cher Gédéon, doit toujours rester le guide d’un véritable Anglais !

    – Me permettrez-vous de dire mon avis ? s’interposa Julia. Mon avis est que Gédéon… je veux dire M. Forsyth… ferait mieux de sortir de cet affreux pavillon, et d’aller attendre là-bas, sous les saules. Si le piano arrive, M. Forsyth pourra s’approcher et le faire entrer. Et si c’est, au contraire, la police qui vient, il pourra monter à bord de notre yacht : et il n’y aura plus de M. Jimson ! Sur le yacht, il n’y aura rien à craindre ! M. Bloomfield est un homme si respectable et une personnalité si éminente que personne ne pourra jamais imaginer qu’il ait été mêlé à une telle affaire !

    – Cette jeune fille a énormément de bon sens ! déclara le président du Radical-Club.

    – Oui, mais si je ne vois arriver ni le piano ni la police, demanda Gédéon, que dois-je faire, en ce cas ?

    – En ce cas, dit Julia, vous irez au village quand il fera tout à fait nuit. Et j’irai avec vous ! Et je suis bien sûre qu’on ne pensera pas à vous soupçonner. Mais même si quelqu’un vous soupçonnait, je me chargerais de lui faire comprendre qu’il s’est trompé.

    – Voilà ce que je ne saurais permettre ! Je ne saurais autoriser miss Hazeltine à aller avec vous ! s’écria M. Bloomfield.

    – Et pourquoi donc ? demanda Julia.

    Or, M. Bloomfield n’avait aucunement envie de lui dire pourquoi : car son véritable motif était qu’il craignait d’être, lui-même, impliqué dans l’imbroglio. Mais, suivant la tactique ordinaire de l’homme qui a honte de soi, il le prit de très haut :

    – À Dieu ne plaise, ma chère miss Hazeltine, que je dicte à une jeune fille bien élevée les prescriptions des convenances ! commença-t-il. Mais enfin…

    – Oh ! n’est-ce que cela ? interrompit Julia. Eh bien ! alors, allons à Padwick tous les trois ensemble !

    – Pincé ! songea tristement le vieux radical.

    XII

    OÙ LE GRAND ÉRARD APPARAÎT (IRRÉVOCABLEMENT) POUR LA DERNIÈRE FOIS

    On dit volontiers que les Anglais sont un peuple sans musique : mais, pour ne point parler de la faveur exceptionnelle accordée par ce peuple aux virtuoses de l’orgue de Barbarie, il y a tout au moins un instrument que nous pouvons considérer comme national dans toute l’acception de ce mot : c’est, à savoir, le flageolet, communément appelé le sifflet d’un sou. Le jeune pâtre des bruyères, – déjà musical au temps de nos plus anciens poètes, – réveille (et peut-être désole) l’alouette avec son flageolet ; et je voudrais qu’on me citât un seul briquetier ne sachant pas exécuter, sur le sifflet d’un sou, les Grenadiers anglais ou Cerise mûre. Ce dernier air est, en vérité le morceau classique du joueur de flageolet, de telle sorte que je me suis souvent demandé s’il n’avait pas été, à l’origine, composé pour cet instrument. L’Angleterre est en tout cas le seul pays du monde où un très grand nombre d’hommes trouvent à gagner leur vie simplement par leur talent à jouer du flageolet, et encore à n’y jouer, qu’un seul air, l’inévitable Cerise mûre.

    Mais, d’autre part, on doit reconnaître que le flageolet est un instrument sinon mystérieux, du moins entouré d’une épaisse couche de mystère. Pourquoi, par exemple, l’appelle-t-on le « sifflet d’un sou », tandis que je ne vois pas que quelqu’un ait eu jamais un de ces instruments pour un sou ? On l’appelle aussi parfois le « sifflet d’étain » : et cependant, ou bien je me trompe fort, ou l’étain n’a point de place dans sa composition. Et enfin, je voudrais bien savoir dans quelle sourde catacombe, dans quel désert hors de portée de l’oreille humaine s’accomplit l’apprentissage du joueur de flageolet ? Chacun de nous a entendu des personnes apprenant le piano, le violon, ou le cor de chasse : mais le petit du joueur de flageolet (comme celui du saumon) se dérobe à notre observation. Jamais nous ne l’entendons avant qu’il soit parvenu à la pleine maîtrise.

    D’autant plus remarquable était le phénomène qui se produisait, certain soir d’octobre, sur une route traversant une verte prairie, non loin de Padwick. Sur le siège d’une grande carriole couverte, un jeune homme d’apparence modeste (et quelque peu stupide, disons le mot !) se tenait assis ; les rênes reposaient mollement sur ses genoux ; le fouet gisait derrière lui, à l’intérieur de la carriole ; le cheval s’avançait sans avoir besoin de direction ni d’encouragement ; et le jeune cocher, transporté dans une sphère supérieure à celle de ses occupations journalières, les yeux levés au ciel, se consacrait entièrement à un flageolet en ré, tout battant neuf, dont il s’efforçait péniblement d’extraire l’aimable mélodie du Garçon de charrue. Et vraiment, pour un observateur que le hasard aurait amené sur cette prairie, cet instant aurait été d’un intérêt inoubliable. « Enfin, aurait-il pu se dire, enfin voici le débutant du flageolet ! »

    Le bon et stupide jeune homme (qui s’appelait Harker, et était employé chez un loueur de voitures de Padwick) venait de se bisser lui-même pour la dix-neuvième fois, lorsqu’il fut plongé dans un grand état de confusion en s’apercevant qu’il n’était pas seul.

    – Bravo ! s’écria une voix virile, du rebord de la route. Voilà qui fait du bien à entendre ! Peut-être seulement encore un peu de rudesse, au refrain ! – suggéra la voix, sur un ton connaisseur.

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