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    2. Le mort vivant
    3. Chapitre 3
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    ses lunettes, tout au bonheur d’enregistrer des faits sans conséquences, ou de recueillir les chiffres de statistiques imbéciles.

    Souvent, pendant qu’il était au salon avec Julia, il déplorait la fatalité qui avait fait de lui un des membres de la tontine.

    – Sans cette maudite tontine, gémissait-il un soir, Maurice ne se soucierait pas de me garder ! Je pourrais être un homme libre, Julia ! Et il me serait si facile de gagner ma vie en donnant des conférences !

    – Certes, cela vous serait facile ! – répondait Julia, qui avait un cœur d’or. – Et c’est lâche et vilain, de la part de Maurice, de vous priver d’une chose qui vous amuse tant !

    – Vois-tu, mon enfant, c’est un être sans intelligence ! s’écriait Joseph. Songe un peu à la magnifique occasion de s’instruire qu’il a ici, sous la main, et que cependant il néglige ! La somme de connaissances diverses dont je pourrais lui faire part, Julia, si seulement il consentait à m’écouter, cette somme, il n’y a pas de mots pour t’en donner une idée !

    – En tout cas, mon cher oncle, vous devez bien prendre garde de ne pas vous agiter ! observait doucement Julia. Car, vous savez, pour peu que vous ayez l’air d’être souffrant, on enverra aussitôt chercher le médecin !

    – C’est vrai, mon enfant, tu as raison ! répondait le vieillard. Oui, je vais essayer de prendre sur moi ! L’étude va me rendre du calme !

    Et il allait chercher sa galerie de carnets.

    – Je me demande, hasardait-il, je me demande si, pendant que tu travailles de tes mains, cela ne t’intéresserait pas d’entendre…

    – Mais oui, mais oui, cela m’intéresserait beaucoup ! – s’écriait Julia. – Allons, lisez-moi une de vos observations !

    Aussitôt le carnet était ouvert, et les lunettes raffermies sur le nez, comme si le vieillard voulait empêcher toute rétractation possible de la part de son auditrice.

    – Ce que je me propose de te lire aujourd’hui, commença-t-il un certain soir, après avoir toussé pour s’éclaircir la voix, ce sera, si tu veux bien me le permettre, les notes recueillies par moi, à la suite d’une très importante conversation avec un courrier syrien appelé David Abbas. – Abbas, tu l’ignores peut-être, est le nom latin d’abbé. – Les résultats de cet entretien compensent bien le prix qu’il m’a coûté, car, comme Abbas paraissait d’abord un peu impatienté des questions que je lui posais sur divers points de statistique régionale, je me suis trouvé amené à le faire boire à mes frais. Tiens, voici ces notes !

    Mais au moment où, après avoir de nouveau toussé, il s’apprêtait à entamer sa lecture, Maurice fit irruption dans la maison, appela vivement son oncle, et, dès l’instant suivant, envahit le salon, brandissant dans sa main un journal du soir.

    Et, en vérité, il revenait chargé d’une grande nouvelle. Le journal annonçait la mort du lieutenant général sir Glasgow Beggar, K. C. S. I., K. C. M. G., etc. Cela signifiait que la tontine n’avait plus désormais que deux membres : les deux frères Finsbury. Enfin, la chance était venue pour Maurice !

    Ce n’était pas que les deux frères fussent, ni eussent jamais été, grands amis. Lorsque le bruit s’était répandu du voyage de Joseph en Asie Mineure, Masterman, casanier et traditionnel, s’était exprimé avec irritation. « Je trouve la conduite de mon frère simplement indécente ! avait-il murmuré. Retenez ce que je vous dis : il finira par aller jusqu’au Pôle Nord ! Un vrai scandale pour un Finsbury ! » Et ces amères paroles avaient été, plus tard, rapportées au voyageur. Affront pire encore, Masterman avait refusé d’assister à la conférence sur l’Éducation, ses buts, ses objets, son utilité et sa portée, bien qu’une place lui eût été réservée sur l’estrade. Depuis lors, les deux frères ne s’étaient pas revus. Mais, d’autre part, jamais ils ne s’étaient ouvertement querellés : de telle sorte que tout portait à croire qu’un compromis entre eux serait chose facile à conclure. Joseph (de par l’ordre de Maurice) avait à se prévaloir de sa situation de cadet ; et Masterman avait toujours eu la réputation de n’être ni avare ni mauvais coucheur. Oui, tous les éléments d’un compromis entre les deux frères se trouvaient réunis ! Et Maurice, dès le lendemain, – tout animé par la perspective de pouvoir rentrer enfin dans ses 7.800 livres sterling, – se précipita dans le cabinet de son cousin Michel.

    Michel Finsbury était une sorte de personnage célèbre. Lancé de très bonne heure dans la loi, et sans direction, il était devenu le spécialiste des affaires douteuses. On le connaissait comme l’avocat des causes désespérées : on le savait homme à extraire un témoignage d’une bûche, ou à faire produire des intérêts à une mine d’or. Et, en conséquence, son cabinet était assiégé par la nombreuse caste de ceux qui ont encore un peu de réputation à perdre, et qui se trouvent sur le point de perdre ce peu qui leur en reste ; de ceux qui ont fait des connaissances fâcheuses, qui ont égaré des papiers compromettants, ou qui ont à souffrir des tentatives de chantage de leurs anciens domestiques. Dans la vie privée, Michel était un homme de plaisir : mais son expérience professionnelle lui avait donné, par contraste, un grand goût des placements solides et de tout repos. Enfin, détail plus encourageant encore, Maurice savait que son cousin avait toujours pesté contre l’histoire de la tontine.

    Ce fut donc avec presque la certitude de réussir que Maurice se présenta devant son cousin, ce matin-là, et, fiévreusement, se mit en devoir de lui exposer son plan. Pendant un bon quart d’heure, l’avoué, sans l’interrompre, le laissa insister sur les avantages manifestes d’un compromis qui permettrait aux deux frères de se partager le total de la tontine. Enfin, Maurice vit son cousin se lever de son fauteuil et sonner pour appeler un commis.

    – Eh bien ! décidément, Maurice, dit Michel, ça ne va pas !

    En vain le marchand de cuirs plaida et raisonna, et revint tous les jours suivants pour continuer à plaider et à raisonner. En vain, il offrit un boni de mille, de deux mille, de trois mille livres. En vain, il offrit, au nom de son oncle Joseph, de se contenter d’un tiers de la tontine et de laisser à Michel et à son père les deux autres tiers. Toujours l’avoué lui faisait la même réponse :

    – Ça ne va pas !

    – Michel ! s’écria enfin Maurice, je ne comprends pas où vous voulez en venir ! Vous ne répondez pas à mes arguments, vous ne dites pas un mot ! Pour ma part, je crois que votre seul objet est de me contrarier !

    L’avoué sourit avec bienveillance.

    – Il y a une chose que vous pouvez croire, en tout cas, dit-il : c’est que je suis résolu à ne pas tenir compte de votre proposition ! Vous voyez que je suis un peu plus expansif, aujourd’hui : parce que c’est la dernière fois que nous causons de ce sujet !

    – La dernière fois ! s’écria Maurice.

    – Oui ! mon bon, parfaitement ! Le coup de l’étrier ! répondit Michel. Je ne peux pas vous sacrifier tout mon temps ! Et, à ce propos, vous-même, n’avez-vous donc rien à faire ? Le commerce des cuirs va-t-il donc tout seul, sans que vous ayez besoin de vous en occuper ?

    – Oh ! vous ne cherchez qu’à me contrarier ! grommela Maurice, furieux. Vous m’avez toujours haï et méprisé, depuis l’enfance !

    – Mais non, mais non, je n’ai jamais songé à vous haïr ! répliqua Michel de son ton le plus conciliant. Au contraire, j’ai plutôt de l’amitié pour vous : vous êtes un personnage si étonnant, si imprévu, si romantique, au moins à vous voir du dehors !

    – Vous avez raison ! dit Maurice sans l’écouter. Il est inutile que je revienne ici ! Je verrai votre père lui-même !

    – Oh ! non, vous ne le verrez pas ! dit Michel. Personne ne peut le voir !

    – Je voudrais bien savoir pourquoi ? cria son cousin.

    – Pourquoi ? Je n’en ai jamais fait un secret : parce qu’il est trop souffrant !

    – S’il est aussi souffrant que vous le dites, cria Maurice, raison de plus pour que vous acceptiez ma proposition ! Je veux voir votre père !

    – Vraiment ? demanda Michel.

    Sur quoi, se levant, il sonna son commis.

    Cependant le moment était venu où, de l’avis de sir Faraday Bond – l’illustre médecin dont tout nos lecteurs connaissent certainement le nom, ne serait-ce que pour l’avoir vu au bas de bulletins de santé publiés dans les journaux – l’infortuné Joseph, cette oie dorée, avait à être transporté à l’air plus pur de Bournemouth. Et, avec lui, toute la famille alla s’installer dans cet élégant désert de villas : Julia ravie, parce qu’il lui arrivait parfois, à Bournemouth, de faire des connaissances ; Jean, désolé, car tous ses goûts étaient en ville ; Joseph parfaitement indifférent à l’endroit où il se trouvait, pourvu qu’il eût sous la main une plume, de l’encre, et quelques journaux ; enfin Maurice lui-même assez content, en somme, d’espacer un peu ses visites au bureau et d’avoir du loisir pour réfléchir à sa situation.

    Le pauvre garçon était prêt à tous les sacrifices ; tout ce qu’il demandait était de rentrer dans son argent et de pouvoir envoyer promener le commerce des cuirs : de telle sorte que, étant donnée la modération de ses exigences, il lui paraissait bien étrange qu’il ne trouvât pas un moyen d’amener Michel à composition. « Si seulement je pouvais deviner les motifs qui le portent à refuser

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