▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
Recherche avancée
Sign in Sign up
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
    Sign in Sign up
    1. Home
    2. Le mort vivant
    3. Chapitre 29
    Prev
    Next

    Hazeltine. Et, l’observant par la fenêtre, il vit qu’elle descendait dans le canot, prenait les rames en main, et venait résolument vers l’endroit où il se trouvait.

    « Allons ! je suis perdu ! » se dit-il. Et il se laissa tomber sur sa chaise.

    – Bonjour, mademoiselle, dit, du rivage, une voix que Gédéon reconnut comme étant celle de son propriétaire.

    – Bonjour, monsieur ! répondit Julia. Mais je ne vous reconnais pas : qui êtes-vous ? Oh ! oui, je me rappelle ! C’est vous qui m’avez permis, hier, de venir peindre à l’aquarelle, dans ce vieux pavillon !

    Le cœur de Gédéon bondit d’épouvante.

    – Mais oui, c’est moi ! répondit l’homme. Et ce que je voulais vous dire à présent, c’est que je ne pouvais plus vous le permettre ! Mon pavillon est loué !

    – Loué ? s’écria Julia.

    – Loué pour un mois ! reprit l’homme. Ça vous paraît drôle, hein ? Je me demande ce que ce monsieur peut bien vouloir en faire ?

    – Quelle idée romantique ! murmura Julia. C’est un monsieur ? Comment est-il ?

    Ce dialogue entre le canot et le rivage avait lieu tout contre le pavillon : pas un mot n’en était perdu pour le jeune maëstro.

    – C’est un homme à musique, répondit le propriétaire, ou tout au moins voilà ce qu’il m’a dit ! Venu ici pour écrire un opéra !

    – Vraiment ? s’écria Julia. Jamais je n’ai rien rêvé d’aussi délicieux. Mais alors, nous pourrons nous glisser jusqu’ici la nuit, et l’entendre improviser ! Comment s’appelle-t-il ?

    – Jimson ! dit l’homme.

    – Jimson ? répéta Julia, en interrogeant vainement sa mémoire.

    Mais, en vérité, notre jeune école de musique anglaise possède tant de beaux génies que nous n’apprenons guère leurs noms que lorsque la reine les nomme baronets.

    – Vous êtes sûr que c’est bien ce nom-là ? reprit Julia.

    – Il me l’a épelé lui-même ! répondit le propriétaire. Et son opéra s’appelle… attendez donc… une espèce de thé !

    – Une Espèce de Thé ! s’écria la jeune fille. Quel titre singulier pour un opéra ! Mon Dieu ! que je voudrais en connaître le sujet ! – Et Gédéon entendait flotter dans l’air son charmant petit rire. – Il faut absolument que nous fassions connaissance avec ce M. Jimson ! Je suis sûr qu’il doit être bien intéressant !

    – Pardon, mademoiselle, mais il faut que je m’en aille ! On m’attend à Haverham !

    – Oh ! que je ne vous retienne pas, mon brave homme ! dit Julia. Bon après-midi !

    – Et à vous pareillement, mademoiselle !

    Gédéon se tenait assis dans sa cabine, en proie aux pensées les plus harcelantes. Il se voyait ancré à ce pavillon pourri, attendant la venue d’un cadavre intempestif : et voilà que, autour de lui, les curiosités s’agitaient, voilà que de jeunes dames se proposaient de venir l’épier la nuit, en façon de partie de plaisir ! Cela signifiait les galères pour lui ; mais ce n’était pas cela encore qui l’affligeait le plus. Ce qui l’affligeait surtout, c’était l’impardonnable légèreté de Julia. Cette jeune fille était prête à faire connaissance avec le premier venu ; elle n’avait aucune réserve, rien de l’émail d’une personne comme il faut ! Elle causait familièrement avec la brute qu’était son propriétaire ; elle se prenait d’un intérêt immédiat et franchement avoué pour la misérable créature qu’était Jimson ! Déjà, sans doute, elle avait formé le projet d’inviter Jimson à venir prendre le thé avec elle ! Et c’était pour une jeune fille comme celle-là qu’un homme comme lui, Gédéon… « Honte à toi, cœur viril ! »

    Il fut interrompu dans ses songeries par un bruit qui, aussitôt, le décida à se cacher derrière la porte. Miss Hazeltine, sans se préoccuper de la défense du propriétaire, venait de grimper à bord de son pavillon. Son projet d’aquarelle lui tenait au cœur ; et comme, à en juger par le silence du pavillon, elle supposait que Jimson n’était pas encore arrivé, elle résolut de profiter de l’occasion pour achever l’œuvre d’art commencée la veille. Et elle s’assit sur le balcon, installa son album et sa boîte de couleurs, et bientôt Gédéon l’entendit chantant sur son travail. De temps à autre, seulement, sa chanson s’interrompait. C’était quand Julia ne retrouvait plus, dans sa mémoire, quelqu’une de ces aimables petites recettes qui servent à la pratique du jeu de l’aquarelle, ou du moins qui y servaient dans notre bon vieux temps ; car on m’a dit que les jeunes filles d’à présent se sont émancipées de ces recettes où dix générations de leurs mères et grand’mères s’étaient fidèlement soumises ; mais Julia, qui probablement avait étudié sous Pitman, était encore de la vieille école.

    Gédéon, pendant tout ce temps, se tenait derrière la porte, craignant de bouger, craignant de respirer, craignant de penser à ce qui allait suivre. Chaque minute de son incarcération lui valait un surcroît d’ennuis et de détresse. Du moins se disait-il, avec gratitude, que cette phase spéciale de sa vie ne pouvait pas durer éternellement ; et il se disait que, quoi qu’il dût lui arriver ensuite (fût-ce le bagne ! ajoutait-il avec amertume, et d’ailleurs avec irréflexion), il ne pourrait manquer de s’en trouver soulagé. Il se rappela que, au collège, de longues additions mentales lui avaient souvent servi de refuge contre l’ennui du piquet ou du cabinet noir, et, cette fois encore, il essaya de se distraire en additionnant indéfiniment le chiffre deux à tous les chiffres formés par des additions antérieures.

    Ainsi s’occupaient ces deux jeunes personnes, – Gédéon procédant résolument à ses additions, Julia déposant vigoureusement sur son album des couleurs qui gémissaient de se trouver réunies, – lorsque la Providence envoya dans leurs eaux un paquebot à vapeur qui, en soufflant, remontait la Tamise. Tout le long des berges, l’eau s’enflait et retombait, les roseaux bruissaient ; le pavillon lui-même, ce vieux bateau depuis longtemps accoutumé au repos, retrouva soudain son humeur voyageuse d’autrefois, et se mit à exécuter un petit tangage. Puis le paquebot passa, les vagues s’aplanirent, et Gédéon, tout à coup, entendit un cri poussé par Julia. Regardant par la fenêtre, il vit la jeune fille debout sur le balcon, occupée à suivre des yeux son canot, qui, entraîné par le courant, s’en retournait vers le yacht. Et je dois dire que l’avocat, en cette occasion, déploya une promptitude d’esprit digne de son héros, Robert Skill. D’un seul effort de sa pensée, il prévit ce qui allait suivre ; d’un seul mouvement de son corps, il se jeta à terre, et se cacha sous la table.

    Julia, de son côté, ne se rendait pas entièrement compte de la gravité de sa situation. Elle voyait bien qu’elle avait perdu le canot, et elle n’était pas sans inquiétude au sujet de sa prochaine entrevue avec M. Bloomfield ; mais elle ne doutait pas de pouvoir sortir du pavillon, car elle connaissait l’existence de la planche pont-levis, donnant sur la berge.

    Elle fit le tour du balcon, mais pour trouver la porte du pavillon ouverte, et la planche ôtée. D’où elle conclut avec certitude que Jimson devait être arrivé, et, par conséquent, se trouvait dans le pavillon. Ce Jimson devait être un homme bien timide, pour avoir souffert une telle invasion de sa résidence sans faire aucun signe : et cette pensée releva le courage de Julia, car, à présent, la jeune fille était forcée de recourir à l’assistance du musicien, la planche étant trop lourde pour ses seules forces. Elle frappa donc sur la porte ouverte. Puis elle frappa de nouveau.

    – Monsieur Jimson, cria-t-elle, venez, je vous en prie ! Il faut que vous veniez, tôt ou tard, puisque je ne puis pas sortir d’ici sans votre aide ! Allons, ne soyez pas si agaçant ! Venez, je vous en prie !

    Mais toujours pas de réponse.

    « S’il est là, il faut qu’il soit fou ! » se dit-elle avec un petit frisson. Mais elle songea ensuite qu’il était peut-être allé se promener en bateau, comme elle avait fait elle-même. En ce cas, forcée qu’elle était à attendre, elle pouvait fort bien visiter la cabine : sur quoi, sans autre réflexion, elle entra. Et je n’ai pas besoin de dire que, sous la table où il gisait dans la poussière, Gédéon sentit que son cœur s’arrêtait de battre.

    En premier lieu, Julia aperçut les restes du déjeuner de Jimson. « Du pâté, des fruits, des gâteaux ! songea-t-elle. Il mange de gentilles choses ! Je suis sûre que c’est un homme délicieux. Je me demande s’il a aussi bonne apparence que M. Forsyth ? Mme Jimson, je ne crois pas que cela sonne aussi bien que Mme Forsyth ! Mais, d’autre part, il y a ce prénom de Gédéon qui est vraiment affreux ! Oh ! et voici un peu de sa musique, aussi ! c’est charmant ! Orange Pekoe, c’était donc cela que le vieux bonhomme appelait une espèce de thé ! » Et Gédéon entendit un petit rire. « Adagio molto expressivo, siempre legato, » lut-elle ensuite (car j’ai oublié de vous dire que Gédéon était très suffisamment outillé pour toute la partie littéraire du métier de compositeur). « Comme c’est singulier, de donner toutes ces indications et de n’écrire que deux ou trois notes ! Oh ! mais voici une feuille où il y en a davantage ! Andante patetico. » Et elle commença à examiner la musique. « Mon Dieu, se dit-elle, cela doit être terriblement moderne, avec tous ces bémols ! Voyons un peu l’air ? C’est étrange, mais il me semble le connaître ! » Elle commença à le fredonner, et, tout à coup, éclata de rire.

    Prev
    Next

    YOU MAY ALSO LIKE

    Catriona – Robert Louis Stevenson
    Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    August 17, 2020
    881428._SY475_
    Le Maître de Ballantrae
    August 17, 2020
    Nouvelles Mille et une Nuits – Robert Louis Stevenson
    Nouvelles Mille et une Nuits
    August 17, 2020
    Les Gais Lurons – Robert Louis Stevenson
    Les Gais Lurons
    August 17, 2020
    Tags:
    Classique, Fiction, Humour
    • Privacy Policy
    • ABOUT US
    • Contact Us
    • Copyright
    • DMCA Notice

    © 2020 Copyright par l'auteur des livres. Tous les droits sont réservés.

    Sign in

    Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Sign Up

    Register For This Site.

    Log in | Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Lost your password?

    Please enter your username or email address. You will receive a link to create a new password via email.

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!