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    2. Le mort vivant
    3. Chapitre 14
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    de suite déclarer la mort de mon oncle ! » Il y perdrait la tontine, et, avec celle-ci, sa dernière chance de recouvrer ses 7.800 livres. Mais, d’autre part, depuis le shilling de pourboire donné au cocher de fiacre, il avait commencé à constater que le crime était coûteux dans sa pratique, et, depuis la perte du baril, que le crime était incertain dans ses conséquences. Avec calme, d’abord, puis sans cesse avec plus de chaleur, il envisagea les avantages qu’il y aurait pour lui à abandonner son entreprise. Cet abandon impliquait pour lui une perte d’argent : mais, en somme, et après tout, pas une très grosse perte : celle seulement de la tontine, sur laquelle il n’avait jamais compté tout à fait. Il retrouva au fond de sa mémoire certains traits établissant qu’en effet jamais il n’avait cru bien sérieusement aux profits de la tontine. Non, jamais il n’y avait cru, jamais il n’avait eu l’espoir certain de recouvrer ses 7.800 livres ; et, s’il s’était embarqué dans cette aventure, c’était uniquement pour parer à la déloyauté, trop manifeste, de son cousin Michel. Il le voyait clairement à présent : mieux valait pour lui se retirer au plus vite de l’aventure, pour transporter tous ses efforts sur l’affaire des cuirs…

    – Seigneur ! s’écria-t-il tout à coup en bondissant dans son fiacre comme un diable dans sa boîte à malice. Seigneur ! Mais je n’ai pas seulement perdu la tontine ! J’ai encore perdu l’affaire des cuirs par-dessus le marché !

    Pour monstrueux que fût le fait, il était rigoureusement vrai. Maurice n’avait point pouvoir pour signer, au nom de son oncle. Il ne pouvait pas même émettre un chèque de trente shillings. Aussi longtemps qu’il n’aurait pas produit une preuve légale de la mort de son oncle, il n’était qu’un paria sans le sou : et, dès qu’il aurait produit cette preuve légale, le bénéfice de la tontine était, pour lui, irrémédiablement perdu ! Mais bah ! Maurice n’avait pas le droit d’hésiter ! Il devait laisser tomber la tontine comme un marron trop chaud, et concentrer toutes ses forces sur la maison de cuirs, ainsi que sur le reste de son petit, mais légitime, héritage ! Sa résolution fut prise en un instant. Mais, dès l’instant suivant, soudain, se découvrit à lui l’étendue tout entière de sa calamité. Déclarer la mort de son oncle, il ne le pouvait pas ! Depuis que le cadavre s’était perdu, l’oncle Joseph était (au point de vue de la loi) devenu immortel.

    Il n’y avait pas au monde une voiture assez grande pour contenir Maurice avec son désespoir. Le pauvre garçon fit arrêter le fiacre, descendit, paya, et se mit à marcher il ne savait où.

    – Je commence à croire que je me suis embarqué dans cette affaire avec trop de précipitation ! se dit-il, avec un soupir funèbre. Je crains que l’affaire ne soit trop compliquée pour un homme de mes capacités intellectuelles !

    Tout à coup, un des aphorismes de son oncle Joseph lui revint à l’esprit : « Si vous voulez penser clairement, couchez vos arguments par écrit ! » répétait volontiers le vieillard. « Hé ! cette vieille bête avait tout de même quelques bonnes idées ! songea Maurice. Je vais employer son système, pour voir ! »

    Il entra dans une taverne, commanda du fromage, du pain, de quoi écrire, et s’installa solennellement devant une feuille de papier blanc. Il essaya la plume ; chose à peine croyable, elle allait parfaitement. Mais qu’allait-il écrire ?

    – J’y suis ! s’écria enfin Maurice. Je vais faire comme Robinson Crusoé, avec ses deux colonnes !

    Aussitôt il plia son papier, conformément à ce modèle classique, et commença ainsi :

    MAUVAIS

    BON

    1. J’ai perdu le corps de mon oncle.

    1. Mais Pitman l’a trouvé.

    – Halte-là ! se dit Maurice. Je me laisse entraîner trop loin par le génie de l’antithèse. Recommençons :

    MAUVAIS

    BON

    1. J’ai perdu le corps de mon oncle.

    1. Mais, de cette façon, je n’ai plus à m’inquiéter de l’enterrer.

    2. J’ai perdu la tontine.

    2. Mais je puis encore la sauver si Pitman fait disparaître le corps, et que je trouve un médecin tout à fait sans scrupules.

    3. J’ai perdu le commerce de cuirs, et tout le reste de la succession de mon oncle.

    3. Mais je ne les ai point perdus si Pitman livre le corps à la police.

    « Oui, mais, en ce cas, je vais en prison ! J’oubliais cela ! songea Maurice. Au fait, je crois que je ferai mieux de ne pas m’arrêter à cette hypothèse. Les gens qui n’ont rien à craindre pour eux-mêmes sont à l’aise pour recommander aux autres d’envisager toutes les pires extrémités : mais j’estime que, dans un cas comme celui-ci, mon premier devoir est d’éviter toute occasion de me décourager. Non, il doit y avoir une autre réponse au numéro 3 de droite ! Il doit y avoir un bon faisant contrepoids à ce mauvais ! Ou bien, sans cela, à quoi servirait l’invention de cette double colonne ? Eh ! par saint Georges, j’y suis ! La réponse au numéro 3 est exactement la même qu’au numéro 2 ! »

    Et il se hâta de récrire le passage :

    MAUVAIS

    BON

    3. J’ai perdu le commerce de cuirs, et tout le reste de la succession de mon oncle.

    3. Mais je ne les ai point perdus si je parviens à découvrir un médecin qui soit tout à fait sans scrupules.

    « Ce médecin vénal est décidément bien à désirer pour moi ! se dit-il. J’ai besoin de lui, d’abord, pour me donner un certificat attestant que mon oncle est mort, afin que je puisse reprendre l’affaire des cuirs ; et puis j’ai besoin de lui pour me donner un certificat attestant que mon oncle est vivant… Mais voilà de nouveau que je tombe dans une antinomie ! »

    Et il revint à ses confrontations :

    MAUVAIS

    BON

    4. Je n’ai presque plus d’argent.

    4. Mais il y en a beaucoup, à la Banque.

    5. Oui, mais je ne peux pas toucher l’argent qui est à la Banque.

    5. Mais… Au fait, cela paraît malheureusement incontestable.

    6. J’ai laissé dans la poche de l’oncle Joseph le chèque de huit cent livres.

    6. Mais, pour peu que Pitman soit un malhonnête homme, la découverte de ce chèque le décidera à garder la chose secrète et à jeter le corps à l’égout.

    7. Oui, mais si Pitman est un malhonnête homme et qu’il découvre le chèque, il saura qui est l’oncle Joseph, et pourra me faire chanter.

    7. Oui, mais si je ne me trompe pas dans ma conjecture au sujet de l’oncle Masterman, je pourrai, à mon tour, faire chanter mon cousin Michel.

    8. Mais je ne puis pas faire chanter Michel avant d’avoir des preuves de la mort de son père. (Et puis, faire chanter Michel ne laisse pas d’être une entreprise assez dangereuse.)

    8. Tant pis !

    9. La maison de cuirs aura bientôt besoin d’argent pour les dépenses courantes, et je n’en ai pas à donner.

    9. Mais la maison de cuirs est un bateau qui se noie.

    10. Oui, mais ce n’en est pas moins le seul bateau qui me reste.

    10. Exact.

    11. Jean aura bientôt besoin d’argent, et je n’en ai pas à lui donner.

    11.

    12. Et le médecin vénal voudra se faire payer d’avance.

    12.

    13. Et si Pitman est malhonnête et ne m’envoie pas en prison, il exigera de moi des sommes énormes.

    13.

    – Oh ! mais je vois que l’affaire est bien unilatérale ! s’écria Maurice. Décidément, cette méthode n’a pas autant de valeur que j’avais supposé !

    Il chiffonna la feuille de papier et la mit dans sa poche : puis, aussitôt, il la retira de sa poche, la déplia, et la relut d’un bout à l’autre.

    – D’après ce résumé des faits, se dit-il, je vois que c’est au point de vue financier que ma position est le plus faible. N’y aurait-il donc vraiment aucun moyen de trouver des fonds ? Dans une grande ville comme Londres, et entouré de toutes les ressources de la civilisation, on ne me fera pas croire qu’une chose aussi simple me soit impossible. Allons ! allons ! pas tant de précipitation ! D’abord, n’y a-t-il rien que je puisse vendre ? Ma collection de bagues à cachets ?

    Mais à la pensée de se séparer de ces chers trésors, Maurice sentit que le sang lui affluait aux joues.

    – Non ! j’aimerais mieux mourir ! se dit-il.

    Et, jetant sur la table une pièce d’un shilling, il s’enfuit dans la rue.

    – Il faut absolument que je trouve des fonds ! reprit-il. Mon oncle étant mort, l’argent déposé à la banque est à moi : je veux dire qu’il devrait être à moi, sans cette maudite fatalité qui me poursuit depuis que j’étais un orphelin en tutelle ! Je sais bien ce que ferait, à ma place, tout autre homme dans la chrétienté ! Tout autre homme, à ma place, ferait des faux : excepté que, dans mon cas, cela ne pourrait pas s’appeler des faux, puisque l’oncle Joseph est mort, et que l’argent m’appartient. Quand je pense à cela, quand je pense que mon oncle est mort sous mes yeux, et que je ne peux pas prouver qu’il est mort, ma gorge se serre en présence d’une telle injustice ! Autrefois, je me sentais rempli d’amertume au souvenir de mes 7.800 livres : qu’était-ce que cette misérable somme, en comparaison de ce que je perds à présent ? C’est-à-dire que, jusqu’au jour d’avant-hier, j’étais parfaitement heureux ! »

    Et Maurice arpentait les trottoirs, avec de profonds soupirs.

    « Et puis ce n’est pas tout ! songeait-il. Mais pourrai-je faire ces faux ? Arriverai-je à contrefaire l’écriture de mon oncle ? En serai-je capable ? Pourquoi n’ai-je pas pris plus

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