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    2. Le mort vivant
    3. Chapitre 11
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    suivre dans cette retraite, effectuée sous la paternelle présidence de la police. Bornons-nous à ajouter que, ainsi délivré de ce qu’il se plaisait à appeler « l’atrocité bulgare », M. Wickham était revenu à Londres avec les sentiments les plus embarrassants de gratitude et d’admiration pour son avoué. Sentiments qui n’étaient guère payés de retour, car Michel éprouvait même une certaine honte de l’amitié de son nouveau client, et ce n’était qu’après de nombreux refus qu’il s’était enfin résigné à aller passer une journée à Wickham Manor, dans le domaine familial de son jeune client. Mais il avait dû enfin s’y résigner, et son hôte, à présent, le reconduisait jusqu’à Londres.

    Un penseur judicieux (probablement Aristote) a noté que la Providence ne dédaignait pas d’employer à ses fins les instruments même les plus humbles : le fait est que le sceptique le plus endurci sera désormais forcé de reconnaître que Wickham et l’hospodar valaque étaient bien des instruments providentiels, élus et préparés de toute éternité.

    Désireux de se montrer à ses propres yeux un personnage plein d’esprit et de ressources, le jeune gentleman (qui exerçait, en outre, les fonctions de magistrat dans son comté natal) n’avait pas été plus tôt seul dans le fourgon qu’il s’était abattu sur les étiquettes des colis, avec tout le zèle d’un réformateur. Et lorsque, à la station de Bishopstoke, il sortit du fourgon aux bagages pour aller s’installer avec Michel Finsbury dans un coupé de première classe, son visage rayonnait à la fois de fatigue et d’orgueil.

    – Je viens de faire une farce admirable ! ne put-il s’empêcher de dire à son avoué.

    Puis, saisi tout à coup d’un scrupule :

    – Dites donc : pour une petite farce inoffensive, hein ? je ne risque pas de perdre mon poste de magistrat ?

    – Mon cher ami, répliqua distraitement Michel, je vous ai toujours prédit que vous finiriez par vous faire pendre !

    V

    M. GÉDÉON FORSYTH ET LA CAISSE MONUMENTALE

    J’ai déjà dit que, à Bournemouth, Julia Hazeltine avait quelquefois l’occasion de faire des connaissances. Il est vrai que c’était à peine si elle avait le temps de les entrevoir avant que, de nouveau, les portes de la maison de Bloomsbury se refermassent sur elle jusqu’à l’été suivant ; mais ces connaissances éphémères n’en étaient pas moins une distraction pour la pauvre fille, sans parler de la provision de souvenirs et d’espérances qu’elles avaient, en outre, le mérite de lui fournir. Or, parmi les personnes qu’elle avait ainsi rencontrées à Bournemouth, l’été précédent, se trouvait un jeune avocat nommé Gédéon Forsyth.

    Dans l’après-midi même du jour mémorable où le magistrat s’était amusé à changer les étiquettes, vers quatre heures, une promenade quelque peu rêveuse et mélancolique avait par hasard conduit M. Forsyth sur le trottoir de John Street, à Bloomsbury ; et, à peu près au même moment, Miss Hazeltine fut appelée à la porte du numéro 16 de cette rue par un coup de sonnette d’une énergie foudroyante.

    M. Gédéon Forsyth était un jeune homme assez heureux, mais qui aurait été plus heureux encore avec de l’argent en plus et un oncle en moins. Cent vingt livres par an constituaient tout son revenu ; mais son oncle, M. Édouard H. Bloomfield, renforçait ce revenu d’une légère subvention et d’une masse énorme de bons conseils, exprimés dans un langage qui aurait probablement paru d’une violence excessive à bord même d’un bateau de pirates.

    Ce M. Bloomfield était, en vérité, une figure essentiellement propre à l’époque de M. Gladstone. Ayant acquis de l’âge sans acquérir la moindre expérience, il joignait aux sentiments politiques du parti radical une exubérance passionnée qu’on est plus habitué à regarder comme l’apanage traditionnel de nos vieux conservateurs. Il admirait le pugilat, il portait un formidable gourdin à nœuds, il était assidu aux services religieux : et l’on aurait eu de la peine à dire sur qui sa colère sévissait le plus volontiers, de ceux qui se permettaient de défendre l’Église Établie ou de ceux qui négligeaient de prendre part à ses cérémonies. Il avait, en outre, quelques épithètes favorites qui inspiraient une légitime frayeur à ses connaissances : lorsqu’il ne pouvait pas aller jusqu’à déclarer que telle ou telle mesure « n’était pas anglaise », du moins ne manquait-il pas à la dénoncer comme « n’étant pas pratique ». C’est sous le ban de cette dernière excommunication qu’était tombé son pauvre neveu. La façon dont Gédéon entendait l’étude de la loi avait été décidément reconnue « non pratique » ; et son oncle lui avait en conséquence signifié, au cours d’une bruyante entrevue rythmée avec le gourdin à nœuds, qu’il devait soit trouver au plus vite une ou deux causes à défendre, ou bien se préparer à vivre désormais de ses propres fonds.

    Aussi ne s’étonnera-t-on point que Gédéon, malgré une nature plutôt joyeuse, se sentît envahi de mélancolie. Car, d’abord, il n’avait pas le moindre désir de pousser plus loin qu’il n’avait fait déjà l’étude de la loi ; et puis, en supposant même qu’il s’y résignât, il y avait toujours encore une partie du programme qui restait indépendante de sa volonté. Comment trouver des clients, des causes à défendre ? La question était là.

    Tout à coup, pendant qu’il se désespérait de ne pouvoir pas la résoudre, il trouva son passage barré par un rassemblement. Une voiture de camionnage était arrêtée devant une maison ; six athlètes, ruisselants de sueur, s’occupaient à en retirer la plus gigantesque caisse d’emballage qu’ils eussent jamais vue ; et, sur les degrés du perron, la massive figure du cocher et la frêle figure d’une jeune fille se tenaient debout, comme sur une scène, se querellant.

    – Cela ne peut pas être pour nous ! affirmait la jeune fille. Je vous prie de remporter cette caisse ! Elle ne pourrait pas entrer dans la maison, si même vous arriviez à la retirer de votre voiture !

    – Alors je vais la laisser sur le trottoir, répondait le cocher, et M. Finsbury s’arrangera comme il voudra avec la police !

    – Mais je ne suis pas M. Finsbury ! protestait la jeune fille.

    – Peu m’importe de savoir qui vous êtes ! répondait le camionneur.

    – Voudriez-vous me permettre de vous venir en aide, miss Hazeltine ? dit Gédéon, en s’avançant.

    Julia poussa un petit cri de plaisir.

    – Oh ! monsieur Forsyth, s’écria-t-elle, je suis si heureuse de vous voir ! Figurez-vous qu’on veut m’obliger à faire entrer dans la maison cette horrible chose, qui ne peut être venue ici que par erreur ! Le cocher déclare qu’il faut que nous défassions les portes, ou bien qu’un maçon démolisse un pan de mur entre deux fenêtres, faute de quoi la voirie va nous intenter un procès, pour laisser nos meubles sur le pavé !

    Les six hommes, pendant ce temps, avaient enfin réussi à déposer la caisse sur le trottoir ; et maintenant ils se tenaient debout, appuyés contre elle, et considérant, avec une détresse manifeste, la porte de la maison où cette caisse monstrueuse avait à pénétrer. Ai-je besoin d’ajouter que toutes les fenêtres des maisons voisines s’étaient garnies, comme par enchantement, de spectateurs curieux et amusés ?

    Ayant pris l’air le plus scientifique qu’il pût se donner, Gédéon mesura avec sa canne les dimensions de la porte, pendant que Julia notait, sur son album à aquarelle, le résultat des évaluations. Puis Gédéon, en mesurant la caisse et en comparant les deux séries de chiffres, découvrit qu’il y avait tout juste assez d’espace pour que la caisse pût entrer. Après quoi, s’étant dévêtu de son veston et de son gilet, il aida les hommes à enlever de leurs gonds les battants de la porte. Et, enfin, grâce à la collaboration presque forcée de quelques-uns des assistants, la caisse monta péniblement les marches, grinça en se frottant aux murs, et se trouva installée à l’entrée du vestibule, le bloquant à peu près dans toute sa largeur. Alors les artisans de cette victoire se regardèrent les uns les autres avec un sourire de triomphe. Ils avaient, en vérité, cassé un buste d’Apollon, et creusé dans le mur de profondes ornières ; mais, du moins, ils avaient cessé d’être un des spectacles publics de Londres !

    – Ma parole, monsieur, dit le cocher, jamais je n’ai vu un colis pareil !

    Gédéon lui exprima éloquemment sa sympathie en lui glissant dans la main deux pièces de dix shillings.

    – Allons, patron, cinq shillings de plus, et je me charge de régler le compte de tous les camarades ! s’écria le cocher.

    Ainsi fut fait ; sur quoi toute la troupe des porteurs improvisés grimpa dans la voiture, qui détala dans la direction de la taverne la plus proche. Gédéon referma la porte, et se tourna vers miss Hazeltine. Leurs yeux se rencontrèrent ; et une folle envie de rire les saisit tous les deux. Puis, peu à peu, la curiosité s’éveilla dans l’esprit de la jeune fille. Elle s’approcha de la caisse, la tâta dans tous les sens, examina l’étiquette.

    – C’est la chose la plus étrange que l’on puisse rêver ! dit-elle, avec un nouvel éclat de rire. L’écriture est certainement de la main de Maurice, et j’ai reçu une lettre de lui, ce matin même, me disant de me préparer à recevoir un baril. Croyez-vous que ceci puisse être considéré comme un baril, monsieur Forsyth ?

    – Statue, à manier avec précaution, fragile, lut tout haut Gédéon, sur un des côtés de la caisse. Vous êtes bien sûre que vous n’avez pas été prévenue de l’arrivée d’une statue ?

    – Non, certainement ! répondit Julia. Oh ! monsieur Forsyth, ne pensez-vous pas que nous puissions jeter un coup d’œil à l’intérieur de la caisse ?

    – Et pourquoi pas ? s’écria Gédéon.

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