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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 8
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    veines. Mais que décidons-nous ? Le combat ou l’amitié ?

    – Bah ! dit-il, le mieux sera, je pense, de jouer la chose à pile ou face.

    La proposition était trop chevaleresque pour ne pas me séduire ; et, aussi étrange que cela puisse paraître pour deux bons gentilshommes contemporains, nous lançâmes en l’air une demi-couronne (tels deux paladins de jadis) afin de savoir si nous allions nous couper la gorge ou devenir amis jurés. Une aventure plus romanesque n’a pas dû arriver souvent ; et c’est là pour moi un de ces exemples d’où il appert que les contes d’Homère et des poètes sont encore vrais aujourd’hui, – du moins chez les nobles et les gens de bon ton. La pièce décida la paix et nous scellâmes le pacte d’une poignée de main. Ce fut alors que mon compagnon m’expliqua pour quelle raison il avait fui Mr. Stewart, raison digne à coup sûr de son intelligence politique. Le bruit de sa mort, dit-il, était sa meilleure sauvegarde. Mr. Stewart l’ayant reconnu devenait un danger, et il avait pris le chemin le plus court pour s’assurer le silence du gentilhomme.

    – Car, dit-il, Alan Black est trop vain pour raconter de lui-même pareille aventure.

    Dans l’après-midi, nous atteignîmes les bords de ce loch1 qui était notre but. Le navire était là, qui venait à peine de jeter l’ancre. C’était la Sainte-Marie-des-Anges, du Havre de Grâce. Le Maître, après avoir appelé par signaux une embarcation, me demanda si je connaissais le capitaine. Je lui répondis que c’était un mien compatriote de la plus entière probité, mais, je le craignais, assez timoré.

    – Peu importe, dit-il. Malgré tout, il faut qu’il sache la vérité.

    Je lui demandai s’il voulait parler de la bataille ? car si le capitaine apprenait le mauvais état des affaires, nul doute qu’il ne remît à la voile aussitôt.

    – Et quand bien même ! dit-il ; les armes ne sont plus d’aucune utilité à présent.

    – Mon cher ami, dis-je, qui pense aux armes ? Ce sont nos amis dont il faut se souvenir. Ils doivent être sur nos talons, voire le Prince en personne, et, si le navire est parti, voilà maintes existences précieuses en péril.

    – À ce compte, le capitaine et l’équipage ont aussi leurs existences, dit Ballantrae.

    Il me servait là un faux-fuyant, déclarai-je ; et je ne voulais toujours pas qu’il dît rien au capitaine. Ce fut alors que Ballantrae me fit une réponse spirituelle, à cause de quoi (et aussi parce que l’on m’a blâmé pour cette affaire de la Sainte-Marie-des-Anges) je rapporte ici nos paroles textuelles.

    – Francis, dit-il, rappelez-vous notre pacte. Je n’ai rien à objecter à ce que vous teniez votre langue, ce que je vous engage même à faire par la suite ; mais, d’après nos conventions, vous devez me laisser libre de parler.

    Je ne pus m’empêcher de rire ; mais je persistai à l’avertir de ce qui en sortirait.

    – Que le diable en sorte, peu m’en chaut, dit l’enragé garçon. J’ai toujours exactement suivi mes impulsions.

    Comme chacun sait, ma prédiction se réalisa. Le capitaine n’eut pas plus tôt appris les nouvelles, qu’il coupa son amarre et reprit la mer. Avant l’aube, nous étions dans le Grand Minch1.

    Le navire était très vieux ; et le capitaine, encore que très honnête homme (et Irlandais en outre), était des moins capables. Le vent soufflait avec fureur, et la mer était excessivement grosse. Tout ce jour, il nous fut impossible de boire ni de manger ; nous allâmes nous coucher de bonne heure, non sans inquiétude ; et (comme pour nous donner une leçon) dans la nuit le vent passa subitement au nord-est, et se mit à souffler en ouragan. Nous fûmes éveillés par l’effroyable fracas de la tempête, et les pas précipités des matelots sur le pont ; de sorte que je crus notre dernière heure arrivée ; et ma terreur s’accrut démesurément à voir Ballantrae railler mes dévotions. C’est en des heures comme celle-là qu’un homme de pitié apparaît sous son vrai jour, et que nous découvrons (ce qu’on nous enseigne dès notre plus jeune âge) quelle faible confiance on peut mettre en ses amis profanes : je serais indigne de ma religion si je laissais passer l’occasion de faire cette remarque. Pendant trois jours nous restâmes dans l’obscurité de la cabine, sans autre chose qu’un peu de biscuit à grignoter. Le quatrième jour, le vent tomba, laissant le navire démâté et se balançant sur d’énormes lames. Le capitaine n’avait aucun soupçon des parages où nous avions été chassés ; il ignorait parfaitement son métier, et ne savait faire autre chose qu’invoquer la sainte Vierge : excellente pratique, certes, mais qui n’est pas tout le talent du marin. Nous avions pour unique espoir d’être recueillis par un autre navire ; mais s’il arrivait que ce navire fût anglais, cela ne profiterait guère au Maître ni à moi.

    Les cinquième et sixième jours, nous fûmes ballottés sans remède. Le septième, on hissa de la toile, mais le navire était lourd, et nous ne fîmes guère que dériver. Tout le temps, en effet, nous avions porté vers le sud-ouest, et, durant la tempête, nous avions dû être entraînés dans cette direction avec une violence inouïe. Le neuvième jour se leva froid et sombre, avec une grosse mer et tous les symptômes du mauvais temps. Dans cette situation, nous eûmes le ravissement d’apercevoir à l’horizon un petit navire, et de voir qu’il s’approchait et venait droit sur la Sainte-Marie. Mais notre joie ne fut pas de longue durée, car lorsqu’il fut assez proche pour mettre à la mer une embarcation, celle-ci fut immédiatement remplie d’une tourbe désordonnée de gens qui chantaient et criaient en ramant vers nous, et qui se répandirent sur notre pont, le coutelas nu au poing, et blasphémant effroyablement. Leur chef était un odieux sacripant, le visage noirci et les favoris frisés en bouclettes : il se nommait Teach, et c’était un pirate très notoire. Il frappait du pied le pont, s’écriant qu’il s’appelait Satan, et son navire l’Enfer. Il y avait dans ses allures quelque chose de l’enfant vicieux et de l’individu timbré, qui me stupéfia. Je glissai à l’oreille de Ballantrae que je ne serais certes pas le dernier à m’engager, et que je priais seulement Dieu qu’ils fussent à court de matelots. Il m’approuva d’un signe de tête.

    – Parbleu, dis-je à Maître Teach, si vous êtes Satan, voici un diable pour vous.

    Le mot lui plut ; et (pour ne m’appesantir sur ces détails révoltants) Ballantrae et moi, plus deux autres, fûmes admis comme recrues, mais le capitaine et tout le reste furent précités à la mer par la méthode de « la promenade sur la planche ». C’était la première fois que je la voyais expérimenter, mon cœur défaillit à ce spectacle, et Master Teach, ou l’un de ses acolytes, fit remarquer ma pâleur, d’un air très inquiétant. J’eus le courage de leur danser deux ou trois pas de gigue, et de lâcher quelque grossièreté, ce qui me sauva pour l’instant ; mais quand il me fallut descendre dans la yole, au milieu de ces mécréants, mes jambes faillirent se dérober sous moi ; et tant par dégoût de cette société, que par effroi des lames monstrueuses, je fus à peine capable d’user de ma langue en bon Irlandais, et de lancer quelques plaisanteries durant le trajet. Par la bénédiction de Dieu, il y avait un crincrin sur le bateau pirate, et je ne l’eus pas plus tôt aperçu que je m’en emparai ; et ma qualité de ménétrier me valut la chance merveilleuse de gagner leurs bonnes grâces. Pat-le-Violoneux1, tel fut le sobriquet dont ils m’affublèrent ; mais je me souciais peu du nom, tant que ma peau était sauve.

    Quel genre de pandémonium était ce navire, je ne saurais le décrire, mais il était commandé par un fou, et pourrait s’appeler un Bedlam1 flottant. Buvant, braillant, chantant, querellant, dansant, jamais tous à la fois n’étaient sobres ; à certains jours même, s’il était survenu un grain, il nous aurait envoyés au fond ; ou si un vaisseau du roi avait passé près de nous, il nous aurait trouvés incapables de défense. Deux ou trois fois, nous aperçûmes une voile et, lorsqu’on n’avait pas beaucoup bu, on s’en emparait, Dieu nous pardonne ! et si nous étions tous trop ivres, elle s’échappait, et je bénissais les saints à part moi. Teach gouvernait, si l’on peut dire, bien qu’il ne fît régner aucun ordre, par la terreur qu’il inspirait ; et je vis que notre homme était infatué de son importance. J’ai connu des maréchaux de France moins ouvertement bouffis de la leur ; ce qui jette un jour singulier sur la poursuite des honneurs et de la gloire. En fait, à mesure que nous avançons en âge, nous percevons mieux la sagacité d’Aristote et des autres philosophes de l’antiquité ; et, bien que j’aie toute ma vie recherché les distinctions légitimes, je puis, à la fin de ma carrière, déclarer, la main sur la conscience, qu’il n’en est pas une, – non, et pas même la vie non plus, – qui vaille d’être acquise ou conservée au moindre préjudice de notre dignité.

    Je fus longtemps avant de pouvoir m’entretenir en particulier avec Ballantrae ; mais à la fin, une nuit, nous allâmes en rampant nous poster sur le beaupré, alors que les autres étaient mieux occupés, et nous causâmes de notre situation.

    – Nul ne peut nous délivrer que les saints, dis-je.

    – Mon opinion est tout autre, répliqua Ballantrae ; car je vais me délivrer moi-même. Ce Teach est la dernière des nullités ; il ne nous sert de

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