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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 7
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    pense ? dit le colonel en s’inclinant, et Mylord s’inclina en guise de réponse. – Et Monsieur, continua le colonel, est sans doute le Maître de Ballantrae ?

    – Je n’ai jamais pris ce titre, dit Mr. Henry ; je suis Henry Durie, pour vous servir.

    Puis le colonel se tourna vers Mme Henry, et la salua, en portant son chapeau sur son cœur, et avec la plus parfaite galanterie.

    – On ne peut s’y méprendre devant une aussi exquise lady, reprit-il. Je m’adresse à la séduisante Miss Alison, dont j’ai si souvent ouï parler ?

    De nouveau, mari et femme échangèrent un regard.

    – Je suis Mme Henry Durie, dit-elle ; mais, avant mon mariage, mon nom était Alison Graeme.

    Alors, Mylord parla.

    – Je suis vieux, colonel Burke, dit-il, et d’une santé délicate. Ce sera de votre part une grâce que d’être prompt. M’apportez-vous des nouvelles de… Il hésita, puis, avec un changement de ton singulier, il laissa échapper : – mon fils ?

    – Mon cher Lord, je serai franc avec vous, comme un soldat, dit le colonel. J’en apporte.

    Mylord leva la main ; il semblait faire un signe, mais était-ce pour lui donner du temps ou pour le faire parler, nul n’eût pu le deviner. À la fin, il prononça ce seul mot :

    – Bonnes ?

    – Mais oui, les meilleures du monde ! s’exclama le colonel. Car mon excellent ami et honoré camarade est à cette heure dans la belle ville de Paris et vraisemblablement, si je connais ses habitudes, il se met à table pour dîner… Mais parbleu, je crois que Mylady va s’évanouir !

    Mme Henry, en effet, pâle comme la mort, s’était accotée à l’appui de la fenêtre. Mais quand Mr. Henry fit un mouvement comme pour l’élancer, elle se redressa avec une espèce de frisson.

    – Je suis très bien, dit-elle, les lèvres blanches.

    Mr. Henry s’arrêta, et une expression de colère passa sur ses traits. Au bout d’un instant, il se retourna vers le colonel.

    – Vous n’avez pas de reproches à vous faire, dit-il, au sujet de ce malaise de Mme Durie. C’est trop naturel : nous avons tous ici été élevés comme frères et sœur.

    Mme Henry lança à son mari un regard mêlé de soulagement et de reconnaissance. Dans ma façon de penser, cette phrase lui fit faire son premier pas dans les bonnes grâces de sa femme.

    – Il faut tâcher de me pardonner, Mme Durie, car, en fait, je ne suis qu’un brutal d’Irlandais, dit le colonel ; et je mériterais d’être tué pour n’avoir pas su présenter la chose avec plus d’art devant une lady. Mais voici les propres missives du Maître ; une pour chacun de vous trois ; et à coup sûr (si je connais tant soit peu l’esprit de mon ami) il vous raconte son histoire avec meilleure grâce.

    Tout en parlant, il tira de sa poche les trois lettres, les arrangea par ordre d’après leurs suscriptions, offrit la première à Mylord, qui la prit avidement, et s’avança vers Mme Henry, en lui tendant la deuxième.

    Mais elle le repoussa d’un geste.

    – À mon mari, dit-elle, d’une voix troublée.

    Le colonel était prompt, mais ceci le démonta un peu.

    – Bien entendu, dit-il ; sot que je suis ! Bien entendu ! Mais il tenait toujours la lettre.

    Enfin, Mr. Henry avança la main, et il ne lui resta plus qu’à la donner. Mr. Henry prit les lettres (la sienne et celle de sa femme) et considéra leurs enveloppes, les sourcils froncés, comme s’il réfléchissait profondément. Il venait de m’étonner par son attitude parfaite ; mais à ce moment, il se surpassa.

    – Permettez que je vous reconduise chez vous, dit-il à sa femme. L’événement a été un peu brusque, et, d’ailleurs, vous souhaitez sans doute lire votre lettre en particulier.

    De nouveau elle lui lança le même regard de surprise ; mais sans lui laisser de temps, il s’avança vers elle.

    – Cela vaut mieux ainsi, croyez-moi, dit-il ; et le colonel Burke est trop intelligent pour ne pas vous excuser.

    Là-dessus, il lui prit le bout des doigts et l’emmena hors de la salle.

    Mme Henry ne reparut plus de la soirée ; et lorsque Mr. Henry alla lui rendre visite le lendemain matin, comme je l’ai su longtemps après, elle lui rendit la lettre, non décachetée.

    – Oh ! lisez-la, et que ce soit fini ! s’écria-t-il.

    – Épargnez-moi cela, dit-elle.

    Et par ces deux phrases, à mon idée, chacun défit une grande part de ce qu’ils avaient si bien commencé auparavant. Mais la lettre, pour finir, parvint entre mes mains, et fut brûlée par moi, non décachetée.

    Afin de relater avec une exactitude parfaite les aventures du Maître, après Culloden, j’écrivis dernièrement au colonel Burke, aujourd’hui chevalier de l’ordre de Saint-Louis, pour lui demander quelques notes écrites, car je ne pouvais guère me fier à ma mémoire après un si long intervalle. Sa réponse, je l’avoue, m’embarrassa un peu ; car il m’envoyait les mémoires complets de sa vie, n’ayant trait au Maître que çà et là ; s’étendant sur une période beaucoup plus longue que mon histoire entière, et dont certains passages me semblaient peu édifiants. Il me priait dans sa lettre, datée d’Édimbourg, de lui trouver un éditeur pour le tout, après en avoir fait l’usage que bon me semblerait. Je pense mieux servir mon dessein personnel et répondre à son désir, en imprimant tout au long certains passages. Mes lecteurs y trouveront un récit détaillé et, je crois, véridique, de quelques épisodes essentiels ; et si le style du chevalier séduit quelque éditeur, il sait à qui demander le reste, que je tiens à sa disposition. J’insère ici mon premier extrait, qui tiendra lieu du récit fait par le chevalier, après souper, dans la salle de Derrisdeer. Vous supposerez toutefois qu’il offrit à Mylord non pas le fait brutal, mais une version très expurgée.

    III

    Les pérégrinations du maître

    (Extrait des Mémoires du Chevalier de Burke)

    Je quittai Ruthven (est-il besoin de le dire ?) avec beaucoup plus de satisfaction que je n’y étais arrivé ; mais soit que je me trompai de chemin dans les solitudes, ou soit que mes compagnons m’abandonnèrent, je me trouvai bientôt seul. Ma situation était fort désagréable ; car je n’ai jamais rien compris à cet affreux pays ni à ses sauvages habitants, et le dernier coup de la retraite du Prince nous avait rendus, nous autres Irlandais, plus impopulaires que jamais. Je réfléchissais à mes tristes perspectives, lorsque je découvris sur la colline un autre chevalier, que je pris d’abord pour un fantôme, car le bruit de sa mort, en plein front de bataille, à Culloden, avait couru dans l’armée entière. C’était le Maître de Ballantrae, fils de Mylord Durie, un jeune gentilhomme exceptionnellement brave et doué, et destiné par la nature aussi bien à faire l’ornement d’une cour, qu’à moissonner des lauriers sur le champ de bataille. Cette rencontre nous fit grand plaisir à tous deux, car il était de ces rares Écossais qui avaient traité les Irlandais avec bienveillance, et il pouvait à présent m’être des plus utiles en favorisant mon évasion. Toutefois, notre amitié ne devint plus intime qu’après une aventure romanesque comme une légende du roi Arthur. C’était le second jour de notre fuite. Nous venions de passer la nuit sous la pluie, au flanc de la montagne. Il se trouva qu’un homme d’Appin, Alan Black Stewart1 (ou quelque nom de ce genre, mais je l’ai revu depuis en France), suivait aussi notre chemin, et qu’il eut une pique avec mon compagnon. Des paroles fort inciviles furent échangées, et Stewart somma Ballantrae de mettre pied à terre et de lui rendre raison.

    – Non, Mr. Stewart, dit le Maître, j’ai plutôt idée, pour l’heure, de faire la course avec vous.

    Et il donna de l’éperon à son cheval.

    Stewart courut derrière nous durant près d’un mille ; et – ce qui était un vrai enfantillage – je ne pus m’empêcher de rire lorsqu’en me retournant pour la dernière fois je le vis dans une montée, qui se tenait le flanc et n’en pouvait plus de courir.

    – Quand même, ne pus-je m’empêcher de dire à mon compagnon, je ne laisserais personne courir ainsi derrière moi, après de telles paroles, sans lui donner satisfaction. La plaisanterie est bonne, mais elle fleure un peu la couardise.

    Il me regarda en fronçant le sourcil.

    – J’ose pourtant bien, dit-il, me mettre sur le dos l’homme le plus impopulaire d’Écosse ; et le courage est suffisant.

    – Oh ! parbleu, dis-je, je puis vous en faire voir un plus impopulaire encore, et à l’œil nu. Et si vous n’aimez pas ma société, vous pouvez vous mettre sur le dos quelqu’un d’autre.

    – Colonel Burke, dit-il, pas de querelle entre nous et, à ce propos, je dois vous avertir que je suis l’homme du monde le moins patient.

    – Je suis aussi peu patient que vous, dis-je, et peu m’importe qui l’entend.

    – De ce pas, dit-il, en retenant son cheval, nous n’irons guère loin. Je propose que nous fassions sur-le-champ de deux choses l’une : ou bien nous battre et en finir, ou bien conclure un pacte ferme de supporter n’importe quoi l’un de l’autre.

    – Comme un couple de frères ? demandai-je.

    – Je ne dis pas semblable bêtise, répliqua-t-il. J’ai un frère, moi, et je ne l’estime pas plus qu’un chou vert. Mais si nous devons réciproquement nous étriller un peu au cours de cette fuite, que chacun ose être lui-même comme un sauvage, et que chacun jure qu’il n’aura ni ressentiment ni mépris envers l’autre. Je suis un très méchant individu, au fond, et j’estime très fastidieuse l’affectation de la vertu.

    – Oh ! je suis aussi méchant que vous, dis-je. Francis Burke n’a pas du lait battu dans les

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