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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 50
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    bande de meurtriers, bien loin d’être agacés par ces clameurs, toutes pénibles qu’elles fussent et (dans cette région) préjudiciables à leur sûreté, s’efforcèrent rudement mais amicalement de le consoler.

    Mais si la nature humaine est à l’occasion tendre jusque chez les pires individus, elle est aussi avant tout cupide, et ils laissèrent bientôt Secundra à son chagrin pour s’occuper de leurs intérêts. La cache du trésor étant toute proche, quoique non encore découverte, on résolut de ne pas lever le camp ; et le jour se passa, de la part des voyageurs, en vaines explorations dans les bois, cependant que Secundra gisait sur la tombe de son maître. Cette nuit-là, ils n’établirent pas de sentinelles, mais restèrent couchés alentour du feu à la façon coutumière des hommes des bois, les têtes tournées en dehors, comme les rayons d’une roue. Le matin les trouva dans la même disposition ; toutefois, Pinkerton, qui était à la droite de Mountain, entre celui-ci et Hastie, avait été (durant les heures d’obscurité) secrètement égorgé, et il gisait là, encore drapé, quant au corps, dans son manteau, mais offrant, plus haut, le spectacle abominable et affreux d’un crâne scalpé. Toute la bande était ce matin-là aussi pâle qu’une troupe de spectres, car l’obstination des Indiens à la guerre ou, pour parler plus correctement, à l’assassinat, était bien connue de tous. Mais ils en attribuaient la principale responsabilité à leur défaut de sentinelles, et, enflammés par le voisinage du trésor, ils se résolurent à demeurer où ils étaient. Pinkerton fut enterré non loin du maître ; les survivants passèrent encore ce jour-là en explorations, et s’en revinrent d’une humeur mêlée d’angoisse et d’espoir, étant presque assurés de toucher au but de leurs recherches, et se trouvant par ailleurs (avec le retour de l’obscurité) envahis par la crainte des Indiens. Mountain monta la première garde ; il affirme ne s’être pas endormi ni assis, et avoir veillé avec un soin continuel et soutenu, et ce fut même d’un cœur léger que (voyant aux étoiles que l’heure était venue) il s’approcha du feu pour éveiller son remplaçant. Celui-ci (Hicks le savetier) dormait du côté sous le vent du cercle, un peu plus loin donc que ceux au vent, et en une place obscurcie par les tourbillons de fumée. Mountain se pencha vers lui et le secoua par l’épaule ; sa main rencontra une humidité visqueuse ; et (comme le vent tournait juste alors) la clarté du feu se répandit sur le dormeur et fit voir qu’il était, comme Pinkerton, mort et scalpé.

    Ils étaient évidemment tombés entre les mains d’un de ces Indiens partisans et sans chefs, qui suivent parfois une troupe durant des jours, et, en dépit de marches forcées et d’une surveillance assidue, ne cesseront de se tenir à sa hauteur et de prélever un scalp à chaque lieu de repos. Après cette découverte, les chercheurs de trésor, déjà réduits à une pauvre demi-douzaine, furent pris de panique, s’emparèrent de quelques objets indispensables, et, abandonnant le reste de leurs effets, plongèrent tout droit dans la forêt. Ils laissèrent leur feu brûler auprès de leur camarade mort sans sépulture. Tout le jour ils ne cessèrent de fuir, mangeant sans s’arrêter, de la main à la bouche, et comme ils n’osaient dormir, ils continuèrent d’avancer, au hasard, même pendant les heures d’obscurité. Mais les limites de l’endurance humaine sont vite atteintes ; quand ils se reposèrent à la fin, ce fut pour s’endormir profondément ; et quand ils se réveillèrent, ce fut pour découvrir que leur ennemi était toujours sur leurs talons, et que la mort et la mutilation avaient une fois de plus atteint et défiguré un de leurs camarades.

    Alors ils perdirent la tête. Ils se trouvaient égarés dans le désert, leurs provisions s’épuisaient. Quant au détail de leurs maux ultérieurs, je l’épargne au lecteur de ce récit déjà trop prolongé. Il suffit de dire que lorsque à la fin une nuit se fut passée sans malheur et qu’ils respirèrent de nouveau, dans l’espoir que l’assassin avait abandonné la poursuite, Secundra et Mountain se trouvaient seuls. Le trafiquant est intimement persuadé que leur invisible ennemi était un guerrier de sa connaissance, qui l’avait épargné par faveur. Que cette grâce s’étendît à Secundra, il l’explique par l’hypothèse que l’Oriental passait pour insensé ; à cause d’abord que, au milieu des horreurs de la fuite et alors que les autres jetaient armes et vivres, Secundra ne cessa de marcher courbé sous le poids d’une pioche ; ensuite parce, dans les derniers jours, et avec une volubilité extrême, il se parlait sans arrêt à lui-même dans sa propre langue. Mais il avait toute sa raison quand il revenait à l’anglais.

    – Vous croire il sera parti tout à fait ? demanda-t-il, lorsqu’ils se furent si heureusement éveillés sains et saufs.

    – Je prie Dieu qu’il en soit ainsi, je crois, j’espère qu’il en est bien ainsi, avait répliqué Mountain de façon presque incohérente quand il me décrivit la scène.

    Et en fait il était démoralisé au point que jusqu’à cette heure où il nous rencontra, le lendemain matin, il se demandait s’il n’avait pas rêvé, ou si c’était bien un fait, que Secundra, aussitôt après cette réponse et sans dire un mot de plus, était retourné sur ses pas, face à ces solitudes de l’hiver et de la faim, par un chemin dont chaque étape avait pour jalon un cadavre mutilé.

    XII

    L’expédition dans le désert (suite)

    Lorsqu’il fit ce récit devant Sir William Johnson et Mylord, Mountain avait, naturellement, supprimé les détails ci-dessus, et présentait l’expédition comme s’étant déroulée sans incident, jusqu’à la maladie du Maître. Mais la dernière partie fut évoquée avec force, tandis que le narrateur frémissait visiblement à rappeler ses souvenirs ; et grâce à notre situation, là, sur la limite même du Désert, grâce aux intérêts privés de chacun, il avait un auditoire tout disposé à partager ses émotions. Car le récit de Mountain non seulement changea la face du monde pour Mylord Durrisdeer, mais modifia positivement les projets de Sir William.

    Ces projets, il me semble que je dois les exposer au lecteur. Des bruits d’une origine suspecte avaient couru dans Albany ; on parlait d’hostilités prêtes à éclater, et le diplomate indien s’était en conséquence hâtivement mis en marche à travers les solitudes, malgré l’approche de l’hiver, pour couper le mal dans sa racine. Or, ici, sur les frontières, il apprenait qu’il était venu trop tard ; et un choix difficile s’offrait à un homme (tout compte fait) guère plus hardi que prudent. Son attitude vis-à-vis des braves peinturlurés est comparable à celle de Mylord Président Culloden au milieu des chefs de nos Highlands, en 45 ; c’est-à-dire qu’il était à peu près, pour ces hommes, un simple porte-voix, et que les conseils de paix et de modération, s’ils devaient du tout prévaloir, ne le pouvaient que par son influence. Si donc il s’en retournait, la province serait ouverte à toutes les abominables tragédies de la guerre indienne, – maisons incendiées, voyageurs égorgés, et les hommes des bois prélèveraient leur répugnant tribut de scalps humains. D’autre part, s’avancer trop loin dans le nord, risquer une si faible troupe dans le désert, porter des paroles de paix chez des sauvages belliqueux se réjouissant déjà de reprendre la guerre : cette extrémité, on le conçoit fort aisément, répugnait à son esprit.

    – Je suis venu trop tard, répéta-t-il coup sur coup, et, absorbé dans ses réflexions, il se prit la tête à deux mains, en battant du pied sur le sol.

    À la fin il releva la tête et nous regarda, c’est-à-dire Mylord, Mountain et moi, assis autour d’un petit feu que nous avions allumé dans un coin du camp, afin d’être seuls.

    – Mylord, à parler franchement, je vous avouerai mon indécision. Je crois tout à fait nécessaire de pousser de l’avant, mais pas du tout convenable d’avoir plus longtemps le plaisir de votre société. Nous sommes encore ici au bord du fleuve, et j’estime que le risque n’est pas grand vers le sud. Ne voulez-vous pas, vous et Mr. Mackellar, prendre un bateau avec son équipage et vous en retourner à Albany ?

    Mylord avait écouté Sir William avec une attention qui faisait peine à voir, et, quand il eut fini de parler, il sembla perdu dans un songe. Il y avait dans son regard quelque chose de très troublant, quelque chose à mes yeux de non entièrement humain ; son visage était émacié, hâlé, vieilli, la bouche douloureuse, découvrant les dents par un rictus continuel, et l’iris de ses yeux nageait sans toucher aux paupières sur le champ du blanc injecté. Moi-même je ne pouvais le voir sans éprouver cette irritation sourde que nous inspire trop souvent, plus que tout autre sentiment, la maladie de ceux qui nous sont chers. Les autres, je m’en apercevais bien, étaient presque incapables de supporter sa proximité : Sir William évitait son contact, Mountain fuyait son regard, ou bien, s’il le rencontrait, blêmissait et s’interrompait dans son récit. Interpellé de la sorte, néanmoins, Mylord parut se ressaisir.

    – À Albany ? dit-il, d’une voix naturelle.

    – Jusqu’aux environs, du moins, répondit Sir William. Vous ne seriez pas en sûreté avant.

    – Je suis très peu désireux de m’en retourner, dit Mylord. Je n’ai pas peur… des Indiens, ajouta-t-il en tressaillant.

    – Je voudrais pouvoir en dire autant, reprit Sir William avec un sourire ; et cependant, s’il y avait quelqu’un à même de le dire, ce serait bien moi. Mais vous devez considérer ma responsabilité, et aussi que ce voyage est à présent devenu des plus dangereux, et que votre affaire – si toutefois vous en aviez une – est arrivée à sa conclusion

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