▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
Recherche avancée
Sign in Sign up
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
    Sign in Sign up
    1. Home
    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 48
    Prev
    Next

    le Maître purent se figurer qu’ils leur avaient échappé ; et deux fois, ils se trouvèrent cernés. Le Maître, si ce n’est que la seconde fois il pâlit un peu, ne montra aucun symptôme de découragement, s’excusa de la maladresse qui l’avait fait s’écarter, remercia comme d’un service ceux qui le recapturaient, et rejoignit la caravane avec toute sa vaillance et son entrain habituels. Mais il avait sûrement flairé quelque chose ; car dès lors lui et Secundra Dass ne se parlèrent plus qu’à l’oreille, et Harris écouta et grelotta en vain derrière la tente.

    Le même soir, on annonça qu’il fallait abandonner les canots et continuer à pied, circonstance qui (en mettant fin à la confusion des portages) diminuait beaucoup les chances d’évasion.

    À partir de ce moment il y eut entre les deux partis une lutte tacite, pour la vie d’un côté, pour le trésor de l’autre. Ils approchaient de cette région du désert où le Maître devait lui-même jouer le rôle de guide ; et, saisissant le prétexte, Harris et ses hommes le persécutaient en s’asseyant avec lui chaque soir autour du feu, et tâchant de le faire tomber dans quelque piège pour lui arracher des aveux. Laisser échapper son secret, il le savait bien, équivaudrait à signer son arrêt de mort ; d’autre part, il ne pouvait éluder leurs questions, et devait paraître les aider de tous ses moyens, sinon il avouait sa méfiance. Et cependant Harris m’affirme que le front de cet homme semblait exempt de soucis. Il s’asseyait au milieu de ces chacals, sa vie tenant à un cheveu, avec l’aise d’un hôte en belle humeur au coin de son feu ; il avait réponse à tout, – voire souvent réponse plaisante, esquivait les menaces, se dérobait aux insultes ; parlait, riait, écoutait, d’un air dégagé. Bref, il se conduisit de manière à désarmer les soupçons, et faillit ébranler leur certitude. En fait, Mountain m’avoua qu’ils auraient bientôt cessé de croire au récit du capitaine, et admis que leur victime désignée était dans une parfaite ignorance de leurs desseins, n’eût été le fait qu’il continuait (ingénieusement, il est vrai) à détourner leurs questions, et la preuve encore plus grande de ses efforts répétés pour leur échapper. Sa dernière tentative, qui provoqua le dénouement, je vais la raconter. Et d’abord, je dois dire que vers cette époque l’humeur des compagnons de Harris était devenue des plus mauvaises ; toute civilité était presque oubliée ; et sur un prétexte insignifiant, le Maître et Secundra avaient été dépouillés de leurs armes. De son côté, néanmoins, le couple menacé continuait à bien jouer la comédie de la confiance ; Secundra multipliait ses saluts, le Maître ses sourires ; et le dernier soir de la trêve, il avait même poussé la complaisance jusqu’à chanter pour divertir la compagnie. On observa aussi qu’il mangeait plus qu’à l’ordinaire et buvait copieusement, – non sans intention probable.

    Bref, vers trois heures du matin, il sortit de sa tente, avec des plaintes et des gémissements, comme s’il souffrait d’indigestion. Secundra passa une heure à soigner devant tous son maître, qui finit par s’apaiser, et s’endormit sur le sol gelé derrière la tente. L’Indien, lui, rentra dans l’intérieur. Peu après, la sentinelle fut relevée ; on lui désigna le Maître, couché dans une de ces robes dites « buffalo » : et dès lors il ne cessa plus (a-t-il déclaré) d’avoir les yeux sur lui. Au point du jour, survint une bouffée de vent qui souleva un pan de la robe ; et en même temps le chapeau du Maître s’envola et alla retomber à quelques yards. La sentinelle, trouvant bizarre que le dormeur ne s’éveillât point, s’en approcha ; et l’instant d’après, avec un grand cri, elle annonçait au camp que le prisonnier s’était envolé. Il avait laissé derrière lui son Indien, qui faillit (dans le premier moment de surprise) payer de sa vie ce stratagème, et fut, en tout cas, cruellement maltraité ; mais Secundra, sous les menaces et les coups, s’obstina avec une fidélité singulière à jurer qu’il ne savait rien du plan de son maître, ce qui pouvait à la rigueur être vrai, ni de son évasion, ce qui était manifestement faux. Il ne restait donc plus aux conspirateurs qu’à s’en remettre du tout à l’habileté de Mountain. Il avait gelé la nuit ; le sol était très dur ; et, le soleil à peine levé, le dégel fut rapide. Mountain affirme hautement que peu d’hommes auraient suivi cette piste, et que moins encore (y compris les Indiens du pays) auraient pu la relever. Le Maître était déjà loin lorsque la poursuite prit le vent, et il dut cheminer avec une vélocité qui étonne, vu son peu d’accoutumance, car il était près de midi lorsque Mountain le découvrit. Dans cette conjoncture, le trafiquant était seul, tous ses compagnons le suivant, comme lui-même l’avait demandé, à plusieurs centaines de yards ; il savait le Maître désarmé ; il était en outre échauffé par l’exercice et le feu de la chasse ; et voyant sa proie si voisine, si dépourvue de défense, et visiblement fatiguée, il voulut se donner la gloriole d’effectuer la capture de sa propre main. Un pas ou deux encore l’amenèrent à l’orée d’une petite clairière ; le Maître était de l’autre côté, les bras croisés et assis le dos contre un gros roc. Il est possible que Mountain ait fait du bruit, il est certain, en tout cas, que le Maître releva la tête et fixa les yeux droit sur ce fourré où se cachait son persécuteur ; « je n’étais pas sûr qu’il me vît, raconte Mountain ; il regardait dans ma direction avec un air si résolu que tout mon courage s’échappa de moi comme le rhum s’échappe d’une bouteille. » Aussi, quand le Maître eut détourné les yeux, et sembla reprendre la méditation où il était plongé avant l’arrivée du trafiquant, Mountain se retira furtivement et retourna chercher l’aide de ses compagnons.

    Et ici commence le chapitre des surprises, car l’éclaireur avait à peine informé les autres de sa découverte, et ils étaient encore à apprêter leurs armes pour tomber à la fois sur le fugitif, que lui-même s’avança au milieu d’eux, d’un pas tranquille et dégagé, les mains derrière le dos.

    – Ah ! les camarades ! dit-il, en les voyant. La rencontre est heureuse. Retournons au camp.

    Mountain n’avait pas parlé de sa faiblesse ni du regard déconcertant dirigé sur le fourré, de sorte que (pour les autres) son retour apparut spontané. Malgré cela, une rumeur s’éleva ; des blasphèmes éclatèrent, des poings furent brandis, et des canons de mousquets le menacèrent.

    – Retournons au camp, dit le Maître. J’ai une explication à donner, mais il faut que vous soyez tous là. En attendant, mieux vaudrait relever ces armes, dont l’une ou l’autre pourrait si facilement partir, et emporter vos espérances de trésor. Il ne faut pas tuer, ajouta-t-il en souriant, l’oie aux œufs d’or.

    Le prestige de sa supériorité se faisait sentir une fois de plus ; et la troupe, sans suivre un ordre déterminé, se mit en route vers le camp. Chemin faisant, il trouva l’occasion de dire quelques mots en particulier à Mountain.

    – Vous êtes hardi, et fin, lui dit-il, mais je ne suis pas aussi certain que vous vous rendiez justice. J’aimerais vous voir considérer si vous ne feriez pas mieux, et voir s’il ne serait pas plus sûr, de me suivre, moi, au lieu de servir un aussi vulgaire bandit que Mr. Harris. Réfléchissez-y, conclut-il, en lui donnant une petite tape sur l’épaule, et ne vous pressez pas trop. Mort ou vif, vous trouverez qu’il ne fait pas bon se frotter à moi.

    Quand on fut de retour au camp, où Harris et Pinkerton étaient restés à garder Secundra, tous deux se jetèrent sur le Maître comme des harpies, et furent démesurément surpris de s’entendre ordonner par leurs camarades de « reculer et d’écouter ce que le gentleman avait à dire ». Le Maître n’avait pas bronché devant leur assaut ; à cette preuve du terrain qu’il avait regagné, il ne trahit pas la moindre suffisance.

    – Ne soyons pas si pressés, dit-il. Le repas d’abord et le discours public ensuite.

    On fit donc un repas hâtif ; et aussitôt après, le Maître, appuyé sur un coude, entama son discours. Il parla longtemps, s’adressant à chacun (excepté Harris), trouvant pour chacun (avec la même exception) un mot de flatterie spéciale. Il les appela « honnêtes et hardis lurons », affirma n’avoir jamais vu plus joviale compagnie, besogne mieux faite, ou peines plus joyeusement supportées. « Mais alors, dit-il, si quelqu’un me demande pourquoi diable je me suis encouru, j’ai à peine besoin de répondre, car je crois que vous le savez tous très bien. Mais il y a autre chose que vous ne savez pas : c’est un point auquel j’arrive à présent, et où vous allez me prêter votre attention. Il y a un traître ici, un double traître ; c’est assez pour l’instant. Mais ici un autre gentleman viendra me demander : Pourquoi diable je suis revenu ? Eh bien, avant de répondre à cette question, j’en ai une à vous poser. Est-ce ce vil mâtin, ce Harris, qui parle hindoustani ? » s’écria-t-il en se relevant sur un genou et désignant l’homme en plein visage, avec un geste de menace indicible ; et puis, quand on lui eut répondu affirmativement : « Ah ! dit-il, voilà donc tous mes soupçons vérifiés, et j’ai bien fait de revenir. Maintenant, camarades, vous allez savoir la vérité pour la première fois. » Là-dessus, il s’embarqua dans une longue histoire,

    Prev
    Next
    SHARE THIS MANGA
    Share on Facebook Share
    0
    Share on TwitterTweet
    Share on Pinterest Share
    0
    Share on LinkedIn Share
    Share on Digg Share
    0
    Total Shares

    YOU MAY ALSO LIKE

    Nouvelles Mille et une Nuits – Robert Louis Stevenson
    Nouvelles Mille et une Nuits
    August 17, 2020
    Dans les mers du sud – Robert Louis Stevenson
    Dans les mers du sud
    August 17, 2020
    Une apologie des oisifs – Robert Louis Stevenson
    Une apologie des oisifs
    August 17, 2020
    Le mort vivant – Robert Louis Stevenson
    Le mort vivant
    August 17, 2020
    Tags:
    Classique, Fiction, Historique, L'aventure
    • Privacy Policy
    • ABOUT US
    • Contact Us
    • Copyright
    • DMCA Notice

    © 2020 Copyright par l'auteur des livres. Tous les droits sont réservés.

    Sign in

    Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Sign Up

    Register For This Site.

    Log in | Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Lost your password?

    Please enter your username or email address. You will receive a link to create a new password via email.

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!