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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 45
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    remarquable. Qu’il pût admettre pareille invention, et garder le pamphlet sur son sein et ses phrases dans son cœur, cela prouve sa folie jusqu’à l’évidence. Sans doute la simple mention de Mr. Alexander, et la menace dirigée contre l’héritage de l’enfant, précipitèrent le coup si longtemps suspendu. Ou bien mon maître était réellement fou depuis quelque temps, et nous étions trop peu perspicaces ou trop habitués à lui pour discerner toute l’étendue de son mal.

    Une semaine environ après la journée des pamphlets, je m’étais attardé sur le port, à faire un tour jusqu’à la maison du Maître, comme il m’arrivait souvent. La porte s’ouvrit, un flot de lumière s’étala sur la chaussée, et je vis un homme prendre congé avec des salutations amicales. Je ne saurais dire l’impression singulière que cela me fit de reconnaître l’aventurier Harris. Il me fallait conclure que la main de Mylord l’avait amené ici ; et je poursuivis ma promenade, envahi des pires suppositions. Il était tard quand je rentrai, et Mylord était occupé à faire sa valise pour un voyage.

    – Pourquoi donc arrivez-vous si tard ? s’écria-t-il. Nous partons demain pour Albany, vous et moi ; vous n’avez que le temps de faire vos préparatifs.

    – Pour Albany, Mylord ? Et dans quel but, grand Dieu !

    – Changement d’air, répondit-il.

    Et Mylady, qui semblait avoir pleuré, me fit signe d’obéir sans autre réplique. Elle me conta un peu plus tard (quand nous eûmes le loisir d’échanger quelques mots) qu’il avait soudain manifesté son intention après une visite du capitaine Harris, et que toutes ses tentatives, aussi bien pour le détourner de ce voyage que pour obtenir l’explication de son but, avaient eu aussi peu de succès.

    XI

    L’expédition dans le désert

    Nous fîmes un heureux voyage en remontant cette belle rivière de l’Hudson, par un temps agréable, entre des hauteurs singulièrement embellies par les teintes de l’automne. Arrivés à Albany, nous descendîmes à l’auberge, et j’eus vite fait de percer à jour le dessein de mon maître, qui était de m’y garder prisonnier. Le travail qu’il inventa de me faire faire n’était pas tellement urgent que nous dussions l’exécuter loin des documents utiles, dans une chambre d’auberge, et non plus de telle importance qu’on m’obligeât de reproduire la même note à quatre ou cinq exemplaires. Je me soumis en apparence ; mais je pris de mon côté mes mesures particulières, et les nouvelles locales me furent communiquées chaque jour grâce à la bienveillance de notre hôte. C’est par ce canal que j’appris enfin une nouvelle que j’avais, pour ainsi dire, pressentie. Le capitaine Harris (me dit-on) avec « Mr. Mountain, le trafiquant », étaient partis pour remonter la rivière dans une barque. Je soutins mal le regard du patron de l’auberge, tant je soupçonnais que mon maître ne fût impliqué dans l’affaire. Cependant je me hasardai à dire que je connaissais un peu le capitaine, mais pas Mr. Mountain, et je demandai qui encore faisait partie de l’expédition. Mon informateur l’ignorait ; Mr. Mountain était descendu à terre pour quelques achats indispensables ; il avait parcouru la ville en achetant, buvant et jasant ; et il paraissait bien que l’expédition était organisée en vue de rechercher un trésor ; car il avait beaucoup parlé des grandes choses qu’il ferait à son retour. On n’en savait pas plus, aucun des autres n’étant venu à terre, et ils semblaient pressés d’arriver à un certain point avant les neiges.

    Et de fait, le lendemain il tomba quelques flocons même en Albany ; mais il n’en fut rien de plus que de nous faire souvenir de ce qui nous attendait. Je prenais la chose à la légère, étant peu au courant du rude climat de cette province : il n’en est plus de même aujourd’hui, lorsque je me reporte en arrière ; et je me demande parfois si l’horreur des événements qu’il me faut à présent raconter ne provenait pas en partie des ciels sinistres et des vents farouches auxquels nous fûmes exposés, et du froid mortel qu’il nous fallut subir.

    Comme la barque était passée, je crus d’abord que nous allions quitter la ville. Mais il n’en fut pas question. Mylord prolongeait son séjour en Albany, où nous n’avions pas d’affaires visibles, et me gardait auprès de lui, éloigné de mon véritable devoir, sous un prétexte de travail. C’est là-dessus que j’attends et que je mérite peut-être le blâme. Je n’étais pas assez obtus pour n’avoir pas mes idées à moi. Il m’était impossible de voir le Maître se confier aux mains de Harris, sans deviner là-dessous quelque manigance. La réputation de Harris était déplorable, et il avait été soudoyé en secret par Mylord ; mes informations me firent voir dans Moutain le trafiquant un personnage du même acabit ; leur entreprise commune, la recherche d’un trésor volé, était bien faite pour les inciter à un mauvais coup ; et la nature du pays où ils s’engageaient assurait l’impunité au crime. Eh bien, il est exact que toutes ces idées me vinrent, avec ces craintes et ces pressentiments du sort réservé au Maître. Mais il faut considérer que c’était moi-même qui avais essayé de le précipiter des bastingages du navire, au beau milieu de la mer ; moi-même qui, peu auparavant, avais offert à Dieu un marché très impie mais sincère, m’efforçant d’obtenir que Dieu se fît mon séide. Il est vrai encore que ma haine envers mon ennemi s’était considérablement atténuée. Mais j’ai toujours vu dans cette diminution une faiblesse de la chair, presque coupable, car mon esprit demeurait fermement dressé contre lui. Il est vrai encore que c’était une chose d’assumer la responsabilité et le danger d’un attentat criminel, et que c’en était une autre de laisser de gaieté de cœur Mylord courir le danger de s’avilir. Mais c’était sur cette dernière considération elle-même que reposait mon inaction. Car (eussé-je été capable d’intervenir) je pouvais bien ne pas sauver le Maître, mais je ne pouvais laisser Mylord devenir la fable du public. Voilà donc pourquoi je n’agis pas ; et c’est encore sur les mêmes raisons que je me fonde pour justifier ma ligne de conduite. Nous vivions donc en Albany, mais bien que nous fussions tous deux étrangers dans la ville, Mylord avait quantité de connaissances au-delà du coup de chapeau. Mylord s’était muni de lettres d’introduction pour les notabilités de la ville et des environs ; il avait fréquenté d’autres personnes à New York : il sortait donc beaucoup, et j’ai le regret de dire qu’il était en même temps d’habitudes trop faciles. J’étais toujours couché, mais je ne dormais pas, lorsqu’il rentrait ; et il ne se passait guère de nuit où il ne trahît pas l’influence de la boisson. Le jour, il persistait à m’accabler de tâches sans fin, qu’il s’efforçait de diversifier avec une ingéniosité remarquable, telle une toile de Pénélope. Je ne m’y dérobais point, car j’étais payé pour obéir à ses ordres ; mais je ne prenais pas la peine de lui dissimuler que je le perçais à jour, et le raillais quelquefois en face.

    – Je finirai par croire que vous êtes le diable et moi Michael Scott, lui dis-je un matin. Voilà que j’ai jeté un pont sur la Tweed et séparé les Eildons ; et maintenant vous me mettez à filer la corde de sable.

    Il me considéra de ses yeux luisants, puis les détourna en remuant les lèvres, mais sans parler.

    – Bon, bon, Mylord, dis-je, votre volonté est mon plaisir. Je recopierai ceci pour la quatrième fois ; mais je vous prierais d’inventer une nouvelle besogne pour demain ; car, ma foi, je suis las de celle-ci.

    – Vous ne savez pas ce que vous dites, répliqua Mylord, en mettant son chapeau et me tournant le dos. C’est une chose singulière que vous preniez ainsi plaisir à me tourmenter. Un ami… mais il ne s’agit pas de cela. C’est une chose singulière. Je suis un homme que le mauvais sort n’a cessé de poursuivre. Je suis entouré de trames. Je ne fais que rencontrer des embûches. Le monde entier est ligué contre moi.

    – Je ne raconterais pas de telles absurdités, si j’étais vous, dis-je ; mais je vais vous dire ce que je ferais. – Je me plongerais la tête dans l’eau froide, car vous avez bu la nuit dernière plus que vous n’en pouvez supporter.

    – Croyez-vous ? dit-il, d’un air vivement intéressé. Cela me ferait du bien ? Je ne l’ai jamais essayé.

    – Je me rappelle le temps où vous n’aviez pas besoin d’essayer, et je souhaite, Mylord, qu’il revienne. Mais la vérité est que si vous continuez ces excès, ils finiront par vous causer du désagrément.

    – Il me semble que je ne supporte plus la boisson comme autrefois, dit Mylord. Je suis dompté par elle, Mackellar. Mais je ferai plus attention.

    – C’est ce dont je vous prierais, répliquai-je. Il faut vous souvenir que vous êtes le père de Mr. Alexander : faites donc en sorte que l’enfant reçoive de vous un nom sans tache.

    – Oui, oui, dit-il, vous êtes un homme de sens, Mackellar, et avez longtemps été à mon service. Mais je crois que vous n’avez plus rien à me dire ? ajouta-t-il, avec cette vivacité ardente et puérile qui lui était devenue si familière.

    – Non, Mylord, plus rien, dis-je, assez sèchement.

    – Alors, je m’en vais, dit Mylord, continuant à me regarder, tambourinant sur son chapeau qu’il avait retiré de nouveau. Je suppose que vous n’aurez pas à sortir. Non ? Je dois voir Sir William Johnson, mais je me tiendrai sur mes gardes. – Il resta une minute silencieux, puis, souriant : – Vous rappelez-vous cet endroit, Mackellar, – un

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