▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
Recherche avancée
Sign in Sign up
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
    Sign in Sign up
    1. Home
    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 43
    Prev
    Next

    le Maître l’acceptait sans broncher ; mais ce qu’il avait dans l’esprit, Dieu seul le sait, ou peut-être Satan.

    Tout à coup, un beau jour calme de cette saison dite « l’été indien », alors que les bois se nuent d’or, de rosé et de pourpre, le Maître déposa son aiguille, et fut pris d’un accès d’hilarité. Il avait dû, je crois, le préparer longtemps en silence, car la note de son rire était des plus naturelles ; mais rompant soudain un pareil silence, et en des circonstances si éloignées de la gaieté il résonna sinistrement à mes oreilles.

    – Henry, dit-il, j’ai pour une fois fait un pas de clerc, et pour une fois vous avez le bon esprit d’en profiter. La farce du tailleur prend fin aujourd’hui ; et je vous avoue (avec tous mes compliments) que vous y avez eu le beau rôle. Il en sortira du sang ; et vous avez trouvé à coup sûr un moyen admirable de vous rendre odieux.

    Mylord ne dit pas un mot ; c’était juste comme si le Maître n’avait pas rompu le silence.

    – Allons, reprit le Maître, ne faites pas l’imbécile ; cela gâterait votre attitude. Vous pouvez maintenant vous permettre (croyez-moi) d’être un peu aimable ; car je n’ai pas seulement une défaite à supporter. J’avais l’intention de poursuivre ce jeu tant que j’aurais amassé de l’argent pour un certain but. Je l’avoue franchement, je n’en ai pas le courage. Vous désirez, bien entendu, me voir quitter la ville ; je suis arrivé par une autre route à la même idée. Et j’ai une proposition à vous faire ; ou, si Votre Seigneurie l’aime mieux, une faveur à vous demander.

    – Demandez, répondit Mylord.

    – Vous avez peut-être ouï dire que j’ai eu autrefois dans ce pays un trésor considérable, reprit le Maître ; qu’on vous l’ait dit ou non, peu importe ; – tel est le fait ; et je fus contraint de l’enfouir en un lieu sur lequel j’ai des repères suffisants. C’est à recouvrer ce trésor que mon ambition se borne aujourd’hui ; et, comme il est à moi, vous ne me le chicanerez pas.

    – Allez le chercher, dit Mylord. Je n’y vois pas d’inconvénient.

    – Oui, dit le Maître ; mais, pour ce faire, il me faut des hommes et des moyens de transport. La route est longue et difficile, et le pays infesté d’Indiens sauvages. Avancez-moi seulement le nécessaire ; soit une somme globale, tenant lieu de mon allocation ; ou, si vous l’aimez mieux, sous forme de prêt, remboursable à mon retour. Et alors, si vous acceptez, vous m’aurez vu pour la première fois.

    Mylord le regarda dans le blanc des yeux ; il avait sur les traits un sourire dur ; mais il ne dit rien.

    – Henry, dit le Maître, avec une tranquillité redoutable, et se reculant un peu, – Henry, j’ai l’honneur de vous parler.

    – Retournons à la maison, me dit Mylord, comme je le tirais par la manche ; et, se levant, il s’étira, assura son chapeau, et, toujours sans une syllabe de réponse, se mit en route paisiblement le long du quai.

    J’hésitai une seconde entre les deux frères, car nous touchions à une crise aiguë. Mais le Maître avait repris son ouvrage, les yeux baissés, la main en apparence aussi sûre que devant ; et je décidai de courir après Mylord.

    – Êtes-vous fou ? m’écriai-je, dès que je l’eus rattrapé. Laisserez-vous passer une aussi belle occasion ?

    – Se peut-il que vous le croyiez encore ? demanda Mylord, ricanant à demi.

    – Je voudrais tant qu’il sorte de la ville ! m’écriai-je. Je voudrais le savoir n’importe où, mais pas ici !

    – J’ai dit mon avis, répliqua Mylord, et vous le vôtre. Cela suffit.

    Mais je tenais à faire déguerpir le Maître. L’avoir vu reprendre patiemment ses travaux d’aiguille en était plus que je ne pouvais digérer. Personne au monde, et le Maître moins que tout autre, n’était capable de supporter une telle série d’outrages. Il y avait du sang dans l’air. Et je me jurai de ne rien négliger qui fût en mon pouvoir, s’il en était encore temps, pour détourner le crime. Ce même jour, donc, j’allai trouver Mylord dans son cabinet de travail, où, il était à écrire.

    – Mylord, dis-je, j’ai trouvé un bon placement pour mes petites économies. Malheureusement, je les ai laissées en Écosse ; il faudrait du temps pour les faire venir, et l’affaire est urgente. Y aurait-il moyen que Votre Seigneurie m’avançât la somme, sur ma signature ?

    Il me lança un regard scrutateur.

    – Je n’ai jamais mis le nez dans vos affaires, Mackellar, dit-il. Outre le montant de votre caution, vous ne devez pas valoir un farthing, que je sache.

    – J’ai été longtemps à votre service, sans jamais dire un mensonge, ni vous demander une faveur pour moi, jusqu’à ce jour.

    – Une faveur pour le Maître, répliqua-t-il tranquillement. Me prenez-vous pour un idiot, Mackellar ? Comprenez une fois pour toutes que je traite cette bête féroce à ma manière ; la crainte ni la prière ne peuvent m’en détourner ; et il faudrait pour me duper un leurre moins transparent que le vôtre. Je demande à être servi loyalement ; et non à ce que l’on manigance derrière mon dos, et que l’on me vole mon argent pour me tromper.

    – Mylord, dis-je, voilà des expressions tout à fait impardonnables.

    – Réfléchissez un peu, Mackellar, reprit-il, et vous verrez qu’elles s’appliquent bien à votre cas. C’est votre subterfuge qui est impardonnable. Niez, si vous l’osez, que cet argent soit destiné à éluder mes ordres, et je vous présente aussitôt mes excuses. Sinon, il vous faut avoir le courage d’entendre nommer votre conduite par son nom.

    – Si vous croyez que mon dessein n’est pas uniquement de vous sauver… commençai-je.

    – Oh ! mon vieil ami, dit-il, vous savez très bien ce que je pense ! Voici ma main, et de tout mon cœur ; mais d’argent, pas un patard.

    Battu de la sorte de ce côté, j’allai droit à ma chambre, écrivis une lettre, courus la porter au port, car je savais qu’un navire allait mettre à la voile, et arrivai à la porte du Maître avant le crépuscule. J’entrai sans frapper et le trouvai assis avec son Indien, devant un bol de porridge au maïs et au lait. L’intérieur de la maison était propre et nu ; quelques livres sur un rayon en faisaient le seul ornement, avec, dans un coin, le petit établi de Secundra Dass.

    – Mr. Bally, dis-je, j’ai près de cinq cents livres déposées en Écosse, toute l’épargne d’une existence laborieuse. Une lettre s’en va par ce bateau là-bas jusqu’au retour du bateau, et le tout est à vous, aux mêmes conditions que vous offriez à Mylord ce matin.

    Il se leva de table, s’avança vers moi, me prit par les épaules, et me regarda au visage, en souriant.

    – Et vous tenez beaucoup à l’argent ! dit-il. Et vous aimez l’argent plus que toute chose, excepté mon frère !

    – Je crains la vieillesse et la pauvreté, dis-je, ce qui est tout différent.

    – Ne chicanons pas sur les mots, et appelons cela comme vous voulez, reprit-il. Ah ! Mackellar, Mackellar ! si vous me faisiez cette offre pour l’amour de moi, avec quel plaisir je me jetterais dessus.

    – Et toutefois, m’empressai-je de répondre, – je rougis de le dire, mais je ne puis vous voir dans cette misérable demeure sans vous plaindre. Ce n’est pas là mon unique sentiment, ni le principal ; toutefois, je l’éprouve ! Je serais heureux de vous voir délivré. Je ne vous fais pas mon offre pour l’amour de vous, loin de là ; mais, comme Dieu me voit – et j’en suis émerveillé : – sans la moindre inimitié.

    – Ah ! dit-il, me tenant toujours les épaules, et me secouant tout doucement, vous m’estimez plus que vous ne croyez. Et j’en suis émerveillé, ajouta-t-il, en reprenant ma phrase et, je crois, mon intonation. – Vous êtes un honnête homme, et c’est pour ce motif que je vous épargne.

    – Vous m’épargnez ? fis-je.

    – Je vous épargne, répéta-t-il, en me lâchant et se retournant. Puis, me faisant face de nouveau : – Vous ne savez pas encore ce dont je suis capable, Mackellar ! Vous imaginiez-vous que j’avais avalé ma défaite ? Tenez, ma vie a été une succession de revers indus. Ce fou de prince Charlie, m’a fait manquer une affaire du plus bel avenir : là tomba ma fortune pour la première fois. À Paris, j’avais une fois de plus le pied sur l’échelle ; cette fois-là, il s’agit d’un accident : une lettre s’égare entre les mains qu’il ne fallait pas, et me revoilà sur le pavé. Une troisième fois, j’avais trouvé mon fait ; je me ménageai une place dans l’Inde avec des soins infinis ; et puis Clive arrive, mon rajah est par terre, et j’échappe à la catastrophe, tel un nouvel Énée, avec Secundra Dass sur mon dos. Trois fois j’ai mis la main sur la plus haute situation ; et j’ai à peine quarante-cinq ans. Je connais le monde comme bien peu le connaîtront au jour de leur mort : – la cour et les camps, l’Orient et l’Occident ; je sais où aller, j’aperçois mille détours. Me voici arrivé en pleine possession de mes moyens, robuste de santé, d’ambition peu commune. Eh bien, tout cela, j’y renonce ; peu m’importe si je meurs et que le monde n’entende plus parler de moi ; je ne désire plus qu’une chose, et je l’aurai. Faites attention, quand le toit tombera, que vous ne soyez enseveli sous les ruines.

    En sortant de chez lui, tout espoir

    Prev
    Next

    YOU MAY ALSO LIKE

    Catriona – Robert Louis Stevenson
    Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    August 17, 2020
    Dans les mers du sud – Robert Louis Stevenson
    Dans les mers du sud
    August 17, 2020
    enleve !, L’ – Robert Louis Stevenson
    L’enlèvé ! (Les Aventures de David Balfour 1)
    August 17, 2020
    L’ile au tresor – Robert Louis Stevenson
    L’île au trésor
    August 17, 2020
    Tags:
    Classique, Fiction, Historique, L'aventure
    • Privacy Policy
    • ABOUT US
    • Contact Us
    • Copyright
    • DMCA Notice

    © 2020 Copyright par l'auteur des livres. Tous les droits sont réservés.

    Sign in

    Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Sign Up

    Register For This Site.

    Log in | Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Lost your password?

    Please enter your username or email address. You will receive a link to create a new password via email.

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!