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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 35
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    comme il sied à une famille occupant le logis de ses aïeux ; quant au peu de trouble que nous laissâmes voir, le Maître ne put que l’attribuer au coup de son arrivée inattendue, et à la crainte qu’il avait accoutumé d’inspirer.

    Le souper se passa correctement ; on échangea de froides civilités, et chacun se retira dans sa chambre respective. Je conduisis le Maître à la sienne. Nous l’avions mis porte à porte avec son Indien, dans l’aile nord, car cette partie du château était la plus éloignée, et susceptible d’être isolée par plusieurs portes du bâtiment principal. Je m’aperçus qu’il était un ami affectueux, ou un bon maître (au choix) pour son Secundra Dass : – il veillait à son bien-être ; il lui arrangea son feu, de sa main, lorsque l’Indien se plaignit du froid ; il surveilla la cuisson du riz qui faisait la nourriture de l’étranger ; il parlait aimablement avec lui en hindoustani, cependant que je restais avec mon bougeoir à la main, affectant d’être accablé de sommeil. À la fin, le Maître s’aperçut de mes bâillements.

    – Je vois, dit-il, que vous avez conservé toutes vos anciennes habitudes : tôt couché, et tôt levé. Allez bâiller chez vous !

    Une fois dans ma chambre, j’accomplis les rites du déshabillage, afin de gagner du temps ; et lorsque j’eus achevé le cycle des opérations, j’apprêtai mon briquet, et soufflai ma bougie. Une heure plus tard environ, je la rallumai, passai à mes pieds les chaussons de lisière que j’avais portés au chevet de Mylord, durant sa maladie, et m’en allai par la maison, avertir les voyageurs. Ils m’attendaient, tout habillés, – Mylord, Mylady, Miss Katharine, Mr. Alexander, et Christie, la femme de chambre de Milady ; – et je remarquai que, par suite du secret exigé, et en dépit de leur innocence, toutes ces personnes avançaient tour à tour dans l’entrebâillement des portes un visage blanc comme du papier. Nous nous glissâmes par la poterne dans une nuit de ténèbres où ne luisaient qu’une ou deux étoiles ; en sorte qu’au début nous allions à l’aveuglette et trébuchant parmi les buissons. À quelques cents yards plus haut sur le sentier, Macconochie nous attendait avec une grosse lanterne, et le reste du chemin s’accomplit assez facilement, quoique toujours dans un silence de mort. Un peu au-delà de l’abbaye, le sentier débouchait sur la grand-route ; et un quart de mille plus loin, au lieu dit Engles, où commence la lande, nous vîmes briller les lumières de deux voitures arrêtées au bord de la chaussée. On n’échangea que peu de mots, lors de la séparation, et sur des seuls sujets pratiques, une poignée de main silencieuse, des visages détournés, et ce fut tout ; les chevaux se mirent au trot, la lumière des lanternes s’éloigna sur la lande déserte, puis s’enfonça derrière Stony Brae ; et Macconochie et moi restâmes seuls avec notre lanterne sur la route. Mais nous attendîmes la réapparition des voitures sur la côte de Cartmore. Les voyageurs durent faire halte au sommet pour regarder une dernière fois en arrière, et voir notre lanterne demeurée sur le lieu de la séparation ; car une lampe fut prise à une voiture, et agitée par trois fois de haut en bas, en guise d’adieu. Après quoi ils repartirent, pour ne plus revoir le toit familial de Durrisdeer, en route vers une contrée barbare. Je n’avais jamais senti jusqu’alors l’étendue démesurée de cette voûte nocturne sous laquelle deux pauvres serviteurs – l’un vieux et l’autre déjà sur l’âge – se trouvaient pour la première fois délaissés ; je n’avais jamais senti auparavant à quel point mon existence dépendait de celle des autres. Une sensation d’isolement me brûla les entrailles comme du feu. On eût dit que les vrais exilés étaient nous qui demeurions au pays ; on eût dit que Durrisdeer et les rives du Solway, et tout ce qui constituait mon pays natal, son air si doux, sa langue si familière, s’en étaient allés bien au-delà des mers avec mes vieux maîtres.

    Durant la fin de cette nuit-là, je me promenai de long en large sur le palier de la route, songeant au futur et au passé. Mes réflexions, qui d’abord se posaient tendrement sur ceux qui venaient de nous quitter, prirent peu à peu un tour plus viril en considérant ce qui me restait à faire. Le jour se leva sur les sommets de l’intérieur, les oiseaux se mirent à pépier, et la fumée des chaumières s’éleva parmi les creux de la rousse bruyère. Alors, me retournant vers les toits de Durrisdeer, qui étincelaient au bord de la mer dans le matin, je descendis le sentier.

    À l’heure habituelle, je fis éveiller le Maître, et attendis paisiblement qu’il entrât dans la salle. Il regarda autour de lui, étonné de voir la pièce vide et trois seuls couverts dressés.

    – Nous sommes en petit comité, dit-il. D’où vient cela ?

    – C’est le comité auquel il faudra vous habituer, répondis-je.

    Il me regarda avec une soudaine rudesse.

    – Que veut dire tout ceci ?

    – Vous et moi, avec votre ami Mr. Dass, formons à présent toute la compagnie, répliquai-je. Mylord, Milady et les enfants sont partis en voyage.

    – Ma parole ! dit-il. Est-ce possible ? Voilà donc que j’ai fait fuir vos Volsques à Corioles ! Mais ce n’est pas une raison pour laisser refroidir notre déjeuner. Mr. Mackellar, veuillez vous asseoir – (et il prit, tout en parlant, le haut bout de la table, que j’avais l’intention d’occuper) – et tandis que nous mangerons, vous nous donnerez des détails sur cette évasion.

    Il était plus troublé que son langage ne l’indiquait, je le voyais bien ; et je résolus d’imiter son sang-froid.

    – J’allais vous prier d’occuper le haut bout de la table, dis-je, car, si je me trouve placé dans la situation d’un hôte vis-à-vis de vous, je ne puis oublier que vous êtes, tout compte fait, un membre de la famille.

    Durant quelques minutes, il joua le rôle d’amphitryon, donnant à Macconochie des ordres que celui-ci recevait de mauvaise grâce, et s’occupant principalement de Secundra Dass, puis, d’un air détaché, il me demanda :

    – Et où donc est allée ma chère famille ?

    – Ah ! Mr. Bally, ceci est une autre question. Je n’ai pas reçu l’ordre de communiquer leur adresse.

    – Mais à moi ?

    – À quiconque.

    – C’est moins direct ainsi, dit le Maître ; c’est de bon ton1 : mon frère ira loin s’il continue. Et moi, cher Mr. Mackellar ?

    – Vous aurez le vivre et le couvert, Mr. Bally. J’ai l’autorisation de vous confier les clefs de la cave, qui est très honnêtement garnie. Il vous suffira de rester bien avec moi, ce qui n’est pas difficile, pour ne manquer ni de vin ni de chevaux de selle.

    Il renvoya Macconochie sous un prétexte.

    – Et de l’argent ? demanda-t-il. Dois-je aussi rester bien avec mon bon ami Mackellar pour avoir de l’argent de poche ? Voilà un plaisant retour aux principes de l’enfance.

    – On n’a pas fixé d’allocation, dis-je. Mais je prendrai sur moi de veiller à ce que vous soyez modérément pourvu.

    – Modérément, répéta-t-il. Et vous le prendrez sur vous ? – (Il se redressa, et considéra la sombre série des portraits suspendus autour de la salle). – Au nom de mes ancêtres, je vous remercie, dit-il ; et puis, avec un retour d’ironie : – Mais on a dû certainement fixer une allocation pour Secundra Dass ? Il n’est pas possible qu’ils aient oublié cela ?

    – Je vais en prendre note, et demander des instructions quand j’écrirai, dis-je.

    Mais lui, changeant soudain d’allures, se pencha vers moi, un coude sur la table.

    – Croyez-vous ceci entièrement sage ?

    – J’exécute mes ordres, Mr. Bally.

    – Profondément modeste, dit le Maître ; mais peut-être pas aussi exact. Vous me racontiez hier que mon pouvoir était tombé avec le décès de mon père. D’où vient alors qu’un pair du royaume s’enfuit sous le couvert de la nuit, loin d’un château où ses aïeux ont soutenu plusieurs sièges ? qu’il cache son adresse, ce qui pourrait causer des ennuis à Sa Gracieuse Majesté et au pays tout entier ? et qu’il me laisse en possession et sous la garde paternelle de son inappréciable Mackellar. Je flaire là-dessous une crainte très considérable et très réelle.

    Je cherchai à placer une dénégation peu convaincue ; mais il poursuivit sans m’écouter :

    – Je la flaire, dis-je ; mais j’irai plus loin, je crois cette appréhension bien fondée. Je suis venu dans ce château avec une certaine répugnance. Considérant de quelle façon j’en suis parti la dernière fois, la nécessité seule était capable de m’y faire rentrer. De l’argent, voilà ce qu’il me faut. Vous ne voulez pas m’en donner de bon gré ? Hé bien, je saurai l’obtenir de force. Avant une semaine, sans quitter Durrisdeer, j’aurai découvert où ces imbéciles se sont enfuis. Je les poursuivrai ; et quand je les tiendrai, je torturerai cette famille de façon à la faire une fois de plus éclater en sanglots. Je verrai alors si Mylord Durrisdeer – (il prononça le nom avec une fureur et un mépris indicibles) – n’aimera pas mieux acheter mon départ ; et vous verrez tous, à ce moment, si je me décide pour le profit ou pour la vengeance.

    J’étais stupéfait de l’entendre se découvrir ainsi. Mais il était exaspéré de l’heureuse fuite de Mylord ; il se sentait faire figure de dupe ; et il n’était pas d’humeur à mâcher ses paroles.

    – Considérez-vous ceci comme entièrement sage ? lui dis-je, en copiant ses mots.

    – Voilà vingt ans que je vis sur mon humble sagesse, répondit-il avec un sourire

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