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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 30
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    une différence d’une seconde dans la rapidité de la parade, cet enfant que j’avais sous les yeux eût pu ne jamais naître ; et l’émotion qui ne manquait jamais d’assaillir mon cœur sous cette sombre charmille se fit jour en ces mots :

    – Mais ce qui est vrai, c’est que j’ai rencontré le diable dans ce bois, et que je l’ai vu désarmer. Loué soit Dieu que nous nous en soyons tirés vivants… Loué soit Dieu qu’il reste pierre sur pierre des murailles de Durrisdeer. Ah ! Mr. Alexander, quand vous reviendrez ici, fût-ce dans cent ans, et dans la plus belle et gaie société du pays, n’oubliez pas de vous recueillir un instant pour prier.

    Mylord hocha gravement la tête.

    – Ah ! dit-il, Mackellar a toujours raison. Oui, ôtez votre coiffure (lui-même se découvrit et étendit la main). Ô Seigneur, reprit-il, je Te remercie, et mon fils Te remercie, pour Tes grandes et manifestes bontés. Accorde-nous un peu de répit ; défends-nous du méchant. Frappe-le, Ô Seigneur, sur sa bouche menteuse !

    Ces derniers mots lui échappèrent comme un cri ; et là-dessus, soit que la colère remémorée lui coupât la parole, ou soit qu’il s’aperçût de l’étrangeté de sa prière, il s’arrêta court ; puis, une minute après, il remit son chapeau sur sa tête.

    – Je crois que vous oubliez une phrase, Mylord, dis-je. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Car le Royaume est Tien, et la puissance, et la gloire, pour les siècles des siècles. Amen.

    – Ah ! c’est facile à dire, répliqua Mylord. C’est bien facile à dire, Mackellar. Moi, pardonner !… Mais j’aurais l’air d’un imbécile si j’avais l’audace de le prétendre.

    – L’enfant, Mylord ! dis-je, non sans sévérité, car je trouvais ses expressions peu convenables en présence d’un enfant.

    – Oui, c’est juste, dit-il. Ce sont histoires un peu sombres pour un gamin. Allons chercher des nids.

    Ce fut sinon le même jour, du moins peu après, que Mylord, me trouvant seul, se déboutonna davantage sur le même sujet.

    – Mackellar, dit-il, je suis à présent très heureux.

    – Je le crois bien, Mylord, dis-je, et de vous voir ainsi me dilate le cœur.

    – Le bonheur a ses obligations, ne croyez-vous pas ? dit-il rêveusement.

    – J’en suis persuadé, dis-je, tout comme le malheur. Si nous n’étions ici-bas pour tâcher de faire mieux, à mon humble avis, plus tôt nous serions disparus, mieux cela vaudrait pour tout le monde.

    – Oui, mais si vous étiez dans ma peau, lui pardonneriez-vous ? La brusquerie de l’attaque me déconcerta un peu.

    – C’est notre devoir strict, dis-je.

    – Tu ! tu ! dit-il. Ce sont des mots. Vous-même, lui pardonnez-vous ?

    – Eh bien… non ! dis-je. Dieu me pardonne, mais je ne peux pas.

    – Serrons-nous la main là-dessus ! s’écria Mylord, presque gaiement.

    – C’est une mauvaise occasion de se serrer la main, dis-je, pour des chrétiens. Je me réserve pour une autre, plus évangélique.

    Je dis cela en souriant un peu ; mais Mylord, lui, quitta la chambre avec un grand éclat de rire.

    Je ne trouve pas d’expression adéquate pour qualifier l’esclavage de Mylord à l’égard de l’enfant. Il était perdu dans cette pensée continuelle : affaires, amis, femme, tout était oublié, ou il ne se les rappelait que par un effort pénible, comme celui qui lutte avec une idée fixe. Cette obsession était surtout remarquable en ce qui concernait sa femme. Depuis que je connaissais Durrisdeer, elle n’avait cessé d’être le lest de ses pensées, et l’aimant de ses yeux ; mais désormais il l’ignorait entièrement. Je l’ai vu paraître sur le seuil d’une chambre, y jeter un regard circulaire, et passer devant Mylady comme devant un chien couché auprès du feu. C’était Alexander qu’il cherchait, et Mylady le savait bien. Je l’ai entendu lui parler si rudement que je faillis le lui faire remarquer : c’était pour une cause analogue, car elle avait contrarié Alexander. Sans doute, c’était là une sorte de châtiment qui pesait sur Mylady. Sans doute, la situation était renversée contre elle, comme seule la Providence sait le faire ; elle qui s’était, durant tant d’années, montrée inaccessible à toutes les marques de tendresse, c’était son tour d’être négligée ; elle est d’autant plus louable d’avoir fait bonne figure.

    Il en résulta une situation étrange. Nous avions une fois de plus deux partis dans le château, mais j’étais à présent avec Mylady. Ce n’est pas que je perdis rien de mon affection pour mon maître. Mais, d’abord, il avait beaucoup moins besoin de ma société. Ensuite, le cas de Mr. Alexander n’était aucunement comparable à celui de Miss Katharine, pour laquelle Mylord n’avait jamais eu la moindre attention. Et, en troisième lieu, j’étais blessé par le changement qu’il manifestait envers sa femme, changement où je voyais une sorte d’infidélité. Je ne pouvais qu’admirer, d’ailleurs, la constance et la douceur qu’elle déployait. Peut-être ses sentiments à l’égard de Mylord, fondés primitivement sur la pitié, étaient-ils d’une mère plus que d’une épouse ; peut-être se plaisait-elle à voir, pour ainsi dire, ses deux enfants si heureux l’un avec l’autre ; d’autant que l’un avait autrefois souffert si injustement. Mais, malgré tout, et bien que je ne découvrisse en elle aucune trace de jalousie, elle se rejetait sur la société de la pauvre délaissée Miss Katharine ; et moi, de mon côté, j’en arrivais de plus en plus à passer mes heures de loisir avec la mère et la fille. J’attachais peut-être trop d’importance à cette division, car la famille était relativement heureuse ; pourtant le fait était là ; mais Mylord s’en apercevait-il ou non, je l’ignore. Je ne le crois pas, tant il était féru absolument de son fils ; mais nous autres le savions, et cette connaissance nous faisait parfois souffrir.

    Ce qui nous inquiétait surtout, néanmoins, était le danger réel et croissant qui en résultait pour le petit. Mylord était son père ressuscité ; on pouvait craindre qu’à son tour le fils ne devînt un second Maître. Le temps a fait voir que ces craintes étaient fort exagérées. À coup sûr, il n’est pas aujourd’hui de plus digne gentilhomme dans toute l’Écosse, que le septième lord Durrisdeer. Touchant mon abandon de son service, il ne m’appartient pas de rien dire, surtout dans ces mémoires écrits uniquement pour justifier son père…

    Note de l’éditeur

    On omet ici cinq pages du manuscrit de M. Mackellar. Leur lecture m’a laissé l’impression que celui-ci, dans sa vieillesse, était devenu un serviteur assez exigeant. Contre le septième lord Durrisdeer (avec lequel, en tout cas, nous n’avons rien à voir) il n’allègue aucun fait précis.

    R.L.S.

    … Mais nous avions la crainte, à cette époque, qu’il ne devînt, en la personne de son fils, une seconde édition de son frère. Mylady avait tenté d’instaurer un peu de saine discipline ; elle avait dû y renoncer, et laissait aller les choses, avec un secret déplaisir. Elle hasardait parfois quelques allusions ; et parfois, lorsqu’il lui revenait un exemple trop abusif de l’indulgence de Mylord, elle se trahissait par un geste, voire une exclamation. Quant à moi, cette crainte me hantait jour et nuit, moins à cause de l’enfant qu’à cause du père. Celui-ci s’était endormi, il rêvait son rêve, et un réveil trop brusque lui eût infailliblement été funeste. Je ne concevais pas qu’il pût survivre, et je me voilais la face à la perspective de son déshonneur.

    Ce fut cette continuelle préoccupation qui me donna enfin le courage de parler : la chose mérite d’être contée en détail. Mylord et moi étions un jour assis à mon bureau, en train de régler quelque fastidieuse affaire ; il avait, je l’ai dit, perdu son intérêt d’autrefois en ce genre d’occupations ; il aspirait clairement à en avoir fini, et il avait l’air chagrin, las, et une idée plus vieux que je ne l’avais vu auparavant. Ce fut, je pense, son visage ravagé qui me fit soudain entreprendre une explication.

    – Mylord, dis-je, la tête baissée, et feignant de poursuivre mon travail, ou plutôt laissez-moi vous appeler encore Mr. Henry, car je redoute votre colère, et je désire que vous pensiez aux jours d’autrefois…

    – Mon bon Mackellar ! dit-il ; et cela d’un ton si doux que je faillis renoncer à mon dessein. Mais je me rappelai que je parlais pour son bien, et tins ferme mon drapeau.

    – N’avez-vous jamais réfléchi à ce que vous faisiez ? demandai-je.

    – Qu’est-ce que je fais ? répondit-il. Je n’ai jamais été fameux pour deviner les charades.

    – Que faites-vous avec votre fils ? dis-je.

    – Eh bien, dit-il, avec un ton presque de défi, et qu’est-ce que je fais avec lui ?

    – Votre père était un excellent homme, dis-je, biaisant. Mais croyez-vous qu’il fut un père sage ?

    Il prit un temps avant de parler ; puis répliqua :

    – Je ne dis rien contre lui. J’en aurais beaucoup à dire, peut-être ; mais je me tais.

    – C’est bien cela, dis-je. Vous en avez du moins sujet. Et cependant votre père était un excellent homme ; impossible d’être meilleur, sauf sur un point, ni plus sage. Où il achoppait, il est fort possible qu’un autre serait tombé. Ses deux fils…

    Soudain, Mylord frappa violemment sur la table.

    – Qu’est-ce ceci ? s’écria-t-il. Expliquez-vous !

    – Je vais le faire, dis-je, d’une voix presque étouffée par les battements de mon cœur. Si vous continuez à gâter Mr. Alexander, vous marchez sur les traces de votre père. Prenez garde, Mylord, car votre fils, en grandissant, pourrait bien suivre celles du Maître.

    Je n’avais aucunement l’intention de lui dire les choses aussi crûment ; mais une peur excessive inspire une manière de courage brutal, et même le plus brutal de tous. Je brûlai mes vaisseaux

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