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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 3
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    avec politesse. Offrait-elle – comme elle le faisait souvent – de leur faire donation de tous ses biens, il lui démontrait combien cela s’accordait peu avec son honneur à lui, et lui rappelait que même si elle y consentait, Mr. Henry refuserait à coup sûr. Non vi sed saepe cadendo1, tel était son mot favori ; et nul doute que cette persécution débonnaire n’emportât beaucoup de sa résolution ; nul doute encore qu’il n’eût sur la demoiselle une grande influence, car il avait servi de père et de mère ; et, sur ce point, elle-même était pleine de l’esprit des Duries, et aurait fait beaucoup pour la gloire de Durrisdeer, sauf toutefois, je pense, d’épouser mon pauvre maître, n’eût été – assez singulièrement – le fait de son extrême impopularité.

    Celle-ci fut l’œuvre de Tam Macmorland. Tam n’était guère méchant ; mais il avait une fâcheuse faiblesse : la langue trop longue ; puis, en sa qualité de seul homme du pays qui fût parti – ou plutôt qui fût revenu –, les auditeurs ne lui manquaient pas. Ceux qui ont eu le dessous dans une lutte, je l’ai remarqué, tiennent toujours à se persuader qu’on les a trahis. D’après le récit de Tam, les rebelles avaient été trahis à tout bout de champ et par chacun de leurs officiers : trahis à Derby, trahis à Falkirk ; la marche de nuit fut un coup de traîtrise de Mylord George ; la bataille de Culloden fut perdue par la trahison des Macdonalds. Cette habitude d’accuser de trahison se développa chez l’imbécile, au point qu’il finit par y faire entrer Mr. Henry lui-même. Mr. Henry (à l’entendre) avait trahi les garçons de Durrisdeer : il avait promis de suivre avec des renforts ; et, en place, il avait été trouver le roi George.

    – Oui, et dès le lendemain ! geignait Tam ; le pauvre bon Maître, et les pauvres chers gars qui l’accompagnaient, ne furent pas au haut de la côte, qu’il était en route, le Judas ! Ah ! oui ! il a réussi ; il va être Mylord, à présent, mais il y a bien des cadavres refroidis sur la bruyère du Highland !

    Après quoi, s’il avait bu, Tam se remettait à larmoyer.

    Parlez assez longtemps, vous trouverez des gens pour vous croire. Cette manière d’envisager la conduite de Mr. Henry se répandit peu à peu dans le pays : des gens l’affirmaient, qui savaient le contraire, mais se trouvaient à cours de sujets ; quant aux ignorants et aux malintentionnés, ils y prêtaient l’oreille, y ajoutaient foi, et redisaient ensuite cette parole d’Évangile. On s’écarta de Mr. Henry ; bientôt même, le populaire murmura sur son passage, et les femmes (toujours plus hardies parce qu’elles n’ont rien à craindre) lui criaient des reproches en pleine figure. Le Maître fut proclamé saint. On rappela qu’il n’avait jamais rien fait pour pressurer les tenanciers ; – et, en effet, il se contentait de dépenser l’argent. Il était un peu sauvage, peut-être, disaient les gens ; mais combien un garçon naturellement sauvage, qui se serait bientôt amendé, valait mieux qu’un fesse-mathieu et un étrangleur, toujours le nez dans ses registres de comptes, à persécuter les pauvres tenanciers ! Une vulgaire traînée, qui avait eu un enfant du Maître et qui, d’un commun accord, avait été fort mal traitée par lui, se posait néanmoins en une sorte de champion de sa mémoire. Un jour, elle jeta une pierre à Mr. Henry, en criant :

    – Où est le brave garçon qui s’est fié à vous ?

    Mr. Henry arrêta son cheval et la considéra, tandis que le sang lui coulait de la lèvre.

    – Comment, Jess ? dit-il, vous aussi ? Vous devriez pourtant mieux me connaître.

    Car c’était lui qui l’avait secourue pécuniairement.

    La femme tenait prêt un autre caillou, qu’elle fit mine de jeter ; et lui, par un geste défensif, leva la main qui tenait la cravache.

    – Quoi ! vous iriez battre une femme, vous vilain… s’écria-t-elle ; et elle s’enfuit en hurlant comme s’il l’avait frappée.

    Le lendemain, le bruit courait dans le pays, comme un feu de bruyère, que Mr. Henry avait battu Jessie Broun qui en était à deux doigts de la mort. Je cite ce fait comme un exemple de la façon dont grossissait la boule de neige, une calomnie entraînant l’autre. À la fin, mon pauvre maître fut si perdu de réputation qu’il se mit à garder la maison comme Mylord. Cependant, soyez sûr qu’il ne prononça pas une plainte chez lui : le fond même du scandale était un sujet trop scabreux à traiter ; et Mr. Henry était très fier et singulièrement obstiné dans son silence. Mon vieux Lord en apprit sans doute quelque chose par John-Paul, ou par un autre ; à tout le moins dut-il remarquer à la fin le changement survenu dans les habitudes de son fils. Mais il est probable que lui-même ignorait à quel point l’opinion publique était montée. Quant à Miss Alison, elle était toujours la dernière à écouter les nouvelles, et ne s’y intéressait guère.

    Au plus fort de ces mauvaises dispositions (car elles se dissipèrent comme elles étaient venues, personne n’eût su dire pourquoi) une élection se préparait dans la ville de Saint-Bride, qui est la plus proche de Durrisdeer, et se trouve sur l’Eau-de-Swift. On réclamait contre un abus, j’ai oublié lequel, si je l’ai jamais su ; et l’on disait couramment qu’il y aurait des têtes cassées avant le soir, et que le shérif1 avait fait venir de la troupe d’aussi loin que Dumfries. Mylord émit l’idée que Mr. Henry devait s’y montrer, lui affirmant que cette apparition était nécessaire pour l’honneur de la maison :

    – L’on finira par dire, ajouta-t-il, que nous n’avons pas d’influence, même dans notre voisinage.

    – C’est une singulière influence que la mienne, répliqua Mr. Henry ; – et, quand on l’eut poussé encore un peu : – je vous dirai la simple vérité, ajouta-t-il, je n’ose montrer mon visage.

    – Vous êtes le premier de notre maison qui ait jamais dit cela, s’écria Miss Alison.

    – Nous irons tous les trois, dit Mylord.

    Et en effet, il mit ses bottes (pour la première fois depuis quatre ans, ce fut pour John-Paul toute une affaire de les lui enfiler), Miss Alison revêtit son amazone, et tous trois montèrent à cheval et gagnèrent Saint-Bride.

    Les rues étaient pleines de la racaille de tout le pays, et l’on n’eut pas plus tôt jeté les yeux sur Mr. Henry, que les sifflets partirent, et les huées, et les cris : « Judas ! – Où est le Maître ? – Où sont les pauvres gars qui s’en sont allés avec lui ? » Une pierre même fut lancée ; mais la plupart se récrièrent que c’était une honte, à cause de Mylord et de Miss Alison. Il ne fallut pas dix minutes pour persuader à Mylord que Mr. Henry avait raison. Sans dire un mot, il fit faire volte-face à son cheval et s’en retourna, le menton sur la poitrine. Miss Alison non plus ne dit pas un mot ; elle n’en pensait pas moins, sans doute ; sans doute elle eut sa fierté piquée, car c’était une Durie de la vraie sorte ; et sans doute elle fut touchée au fond du cœur de voir son cousin traité aussi indignement. Cette nuit-là, elle ne se coucha pas. J’ai souvent blâmé Mylady ; mais, au souvenir de cette nuit, je suis prêt à lui tout pardonner ; et, dès le matin, elle s’en alla trouver le vieux Lord à son fauteuil habituel.

    – Si Henry veut toujours de moi, dit-elle, il peut m’avoir à présent.

    À lui-même, elle parla différemment.

    – Je ne vous apporte pas d’amour, Henry ; mais, Dieu le sait, toute la pitié du monde.

    Le 1er juin 1748 eut lieu leur mariage. Ce fut en décembre de la même année que je vins frapper à la porte du château ; et depuis lors j’ai consigné l’histoire des événements à mesure qu’ils se déroulèrent sous mes yeux, comme un témoin en justice.

    II

    En l’absence du Maître

    J’accomplis ma dernière étape, en cette froide fin de décembre, par une journée de gelée très sèche, et mon guide n’était autre que Patey Macmorland, le frère de Tam. Ce gamin de dix ans, à cheveux d’étoupe et à jambes nues, me débita plus de méchants contes que je n’en ouïs jamais ; car il avait bu parfois au verre de son frère. Je n’étais pas encore bien âgé moi-même ; ma fierté n’avait pas encore la haute main sur ma curiosité ; et, d’ailleurs, n’importe qui eût été séduit, par cette froide matinée, d’entendre tous les vieux racontars du pays et de se voir montrer au long du chemin tous les endroits où s’étaient passés des événements singuliers. Il me servit les contes des Claverhouse quand nous fûmes aux fondrières, et les contes du diable quand nous arrivâmes au haut de la côte. En longeant la façade de l’abbaye, ce fut le tour des vieux moines, et plus encore des contrebandiers, à qui les ruines servent de magasins, de qui, pour ce motif, débarquent à une portée de canon de Durrisdeer ; et tout le long de la route, les Duries et le pauvre Mr. Henry occupèrent le premier rang de la calomnie. J’étais donc grandement prévenu contre la famille que j’allais servir, et je fus à moitié surpris de voir s’élever, dans une jolie baie abritée, le château de Durrisdeer lui-même, construit à la mode française, ou peut-être italienne, car je ne suis guère compétent là-dessus ; et le lieu que j’aie jamais vu le plus embelli de jardins,

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