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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 26
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    s’écria-t-il, vous savez que je l’aimais ; vous savez que je l’avais aimé au début ; je serais mort pour lui, – vous savez cela ! J’aurais donné ma vie pour lui, comme pour vous. Oh ! dites que vous le savez ! Oh ! dites que vous me pardonnez ! Oh ! père, père, qu’ai-je fait… qu’ai-je fait ? Et nous avons passé notre jeunesse ensemble !

    Il sanglotait, caressait le vieillard, s’accrochait à son cou, comme un enfant qui a peur.

    Puis, il aperçut sa femme (pour la première fois, eût-on dit) qui pleurait tout près de lui, et aussitôt il tomba à ses genoux.

    – Oh ! mon amie, s’écria-t-il, vous avez aussi à me pardonner. Moi, votre mari, j’ai toujours fait le malheur de votre existence. Mais rappelez-vous quand j’étais petit ; Henry Durie était inoffensif, alors ; il ne demandait qu’à être votre ami. C’est lui, c’est le vieil enfant qui jouait avec vous… Oh ! pourrez-vous, pourrez-vous jamais me pardonner ?

    Durant toute cette scène, Mylord semblait un froid et bénévole spectateur, ayant gardé toute sa lucidité. Au premier cri, qui eût suffi à nous attirer toute la maison, il m’avait dit à mi-voix :

    – Fermez la porte. Et puis il hocha la tête en silence. Nous pouvons le laisser avec sa femme, maintenant, dit-il. Prenez un flambeau, Mr. Mackellar.

    En accompagnant Mylord, je m’aperçus d’un phénomène singulier. Bien qu’il fît tout à fait noir, et que la nuit fût en somme peu avancée, je croyais sentir l’approche du matin. Il y avait un remuement parmi les ramures vertes, qui faisaient le bruit d’une mer paisible, et des bouffées d’air nous soufflant au visage faisaient vaciller la flamme de la bougie. Cette agitation qui nous environnait augmenta, je pense, notre hâte ; nous parcourûmes le théâtre du duel, où Mylord vit le sang avec stoïcisme ; et, poussant plus loin vers le débarcadère, nous découvrîmes enfin quelques indices de la vérité. Car tout d’abord, à l’endroit où une flaque s’étalait en travers du chemin, la glace avait cédé sous un poids qui devait excéder de beaucoup celui d’un homme. Ensuite, à quelques pas au-delà, un jeune arbuste était cassé, et en bas, non loin du débarcadère, où s’amarraient d’habitude les canots des contrebandiers, une nouvelle tache de sang montrait évidemment la place où les porteurs avaient déposé le corps pour reprendre haleine.

    Nous nous occupâmes de laver cette tache avec de l’eau de mer, que nous transportions dans le chapeau de Mylord ; et, durant ce travail, une bouffée de vent passa tout à coup en gémissant, et nous laissa dans l’obscurité.

    – Il va neiger, dit Mylord, et c’est le mieux que nous ayons à attendre. Retournons à présent ; nous ne pouvons faire plus dans l’obscurité.

    Durant notre retour au château, comme le vent s’était calmé de nouveau, nous entendîmes autour de nous dans la nuit un fort crépitement ; et, une fois hors de l’abri des feuillages, nous vîmes qu’il pleuvait à verse.

    La lucidité d’esprit de Mylord aussi bien que son activité physique n’avaient cessé, depuis le début de ces événements, d’exciter mon admiration. Il y mit le comble lors du conseil que nous tînmes à notre retour. Les contrebandiers s’étaient, à coup sûr, emparés du Maître, – mort ou vif, nous étions réduits aux conjectures ; – dès avant le jour, la pluie aurait effacé toutes traces de ce qui s’était passé ; et par là, elle nous serait favorable. Le Maître était arrivé à l’improviste, après la tombée de la nuit ; on pouvait maintenant faire croire qu’il était parti brusquement, avant le lever du jour ; et, pour rendre la chose plausible, il ne me restait plus qu’à monter dans sa chambre, afin de réunir et de cacher ses bagages. En fait nous demeurions à la merci des contrebandiers ; mais il n’y avait pas de remède à ce point faible de notre culpabilité.

    Je l’écoutais, comme je l’ai dit, avec admiration, et m’empressais de lui obéir. Mr. et Mme Henry avaient quitté la salle ; Mylord alla se réchauffer dans son lit ; personne ne bougeait encore chez les domestiques ; et, lorsque je montai l’escalier de la tour, et pénétrai dans la chambre du mort, une sensation de lugubre solitude s’empara de moi. À ma grande surprise, je trouvai tout dans le désordre d’un départ. De ses trois valises, deux étaient déjà bouclées ; la troisième était ouverte et presque remplie. Aussitôt, je soupçonnai une portion de la vérité. Notre homme allait bien en effet partir ; il n’attendait plus que le capitaine Crail, comme Crail attendait le vent ; au début de la nuit, les matelots s’étaient aperçus d’un changement de temps ; le canot était venu pour en donner avis et emmener le passager à bord, et les gens du canot s’étaient heurtés à son corps sanglant. Mais il y avait plus. Ce départ prémédité jetait un nouveau jour sur son insulte inconcevable de la nuit précédente : c’était un trait du Parthe, et la politique, en lui, avait cessé de contenir la haine. Par ailleurs, la nature de cette insulte et la conduite de Mme Henry tendaient à une conclusion, que je n’ai jamais vérifiée, et qui ne peut plus aujourd’hui se vérifier avant le jugement suprême ; – la conclusion qu’il s’était à la fin oublié, qu’il avait été trop loin dans ses avances, et qu’elle l’avait repoussé. L’hypothèse est invérifiable, dis-je ; mais ce matin-là, lorsqu’elle m’apparut en présence des bagages, cette pensée me fut douce comme miel.

    J’examinai un peu le contenu de la valise ouverte, avant de la refermer. Du linge et des dentelles admirables, plusieurs costumes complets, de ceux qu’il aimait à revêtir ; quelques livres des mieux choisis, les Commentaires de César, un volume de M. Hobbes, la Henriade de M. de Voltaire, un ouvrage sur les Indes, un sur les mathématiques, dépassant de beaucoup le niveau de mes études, – tels furent les objets que je remarquai avec des sentiments divers. Mais dans la valise ouverte, aucuns papiers d’aucun genre. Ceci me donna à réfléchir. Il était possible que notre homme fût mort : mais, puisque les contrebandiers l’avaient emporté, peu vraisemblable. Il était encore possible qu’il dût mourir de sa blessure ; mais le contraire l’était également. Et, en prévision de ce dernier cas, j’étais résolu à me pourvoir de quelques moyens de défense.

    L’une après l’autre, je transportai les valises au plus haut de la maison, dans un galetas que nous tenions fermé à clef ; je retournai dans ma chambre, pris mes clefs ; et, remontant au grenier, j’eus la satisfaction d’en trouver deux qui s’adaptaient à merveille. L’une des valises contenait un portefeuille de chagrin, où je fis une incision à l’aide de mon canif. Désormais (autant que je pus en juger) notre homme était à ma merci. Il y avait là beaucoup de billets doux, principalement de l’époque de Paris ; et, ce qui nous était beaucoup plus utile, les brouillons de ses rapports au Secrétaire d’État anglais, avec les originaux des réponses : collection bien compromettante, et dont la publication eût déshonoré le Maître et mis sa vie en péril. Je riais tout seul en parcourant ces documents ; je me frottais les mains, je chantais tout haut, de jubilation. Le jour me surprit dans cette agréable besogne ; mais je ne me relâchai point de ma diligence, si ce n’est que j’allai à la fenêtre, jeter un coup d’œil au-dehors. Je vis la gelée disparue, la face du monde obscurcie de nouveau ; la pluie et le vent s’abattaient sur la baie ; – et j’acquis la certitude que le lougre avait quitté son mouillage, et que le Maître (mort ou vif) était à cette heure ballotté sur la mer d’Irlande.

    Il est bon que je mentionne ici le peu que j’ai pu glaner par la suite sur les événements de cette nuit. Je mis longtemps à les rassembler ; car nous n’osions pas questionner ouvertement, et les contrebandiers me regardaient avec animosité, sinon avec mépris. Il se passa près de six mois avant que nous fussions même certains que notre homme vivait ; et des années, avant que j’apprisse d’un des matelots de Crail, devenu cabaretier grâce à son argent mal acquis, quelques détails qui ont pour moi un air de vérité. À son dire, les contrebandiers trouvèrent le Maître relevé sur un coude, promenant ses regards autour de lui, puis contemplant d’un regard stupide la bougie ou sa main tout ensanglantée. À leur venue, il recouvra ses esprits, leur ordonna de le porter à bord et de se taire ; et lorsque le capitaine lui demanda comment il avait été blessé, il répondit par un torrent d’affreux blasphèmes, et s’évanouit sur-le-champ. Ils tinrent conseil, mais comme ils attendaient le vent d’une minute à l’autre, et qu’ils étaient bien payés pour le passer en France, ils ne se soucièrent pas de tarder. En outre, il était fort aimé de ces abominables gredins ; ceux-ci se figuraient qu’il était sous le coup d’une sentence capitale, car ils ignoraient en quelle mésaventure il avait été blessé ; et ils jugèrent de bonne amitié de le mettre hors de danger. On l’emporta donc à bord, il guérit durant la traversée, et fut débarqué, en pleine convalescence, au Havre-de-Grâce. Il est encore à noter qu’il ne dit pas un mot du duel à personne, et que pas un contrebandier, aujourd’hui encore, ne sait dans quelle querelle ou par la main de quel adversaire il tomba. Chez tout autre, j’aurais attribué cette discrétion à une prudence naturelle ; chez lui, j’y vois de l’orgueil. Il

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