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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 24
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    incertitude.

    Mais je n’osais parler encore ; je n’étais pas sûr d’elle ; et, dans ce doute, et avec la sensation d’impuissance qu’il créait en moi, je m’adressai à la malheureuse avec une sorte de colère.

    – Madame, dis-je, il est question de deux hommes. L’un d’eux vous a insultée, et vous me demandez lequel. Je vais vous aider à répondre. Avec l’un de ces hommes vous avez passé toutes vos heures : l’autre vous l’a-t-il reproché ? Envers l’un, vous avez toujours été aimable, envers l’autre, comme Dieu me voit et nous juge, non, je ne le crois pas : vous en a-t-il moins aimée ? Ce soir, l’un de ces deux hommes a dit à l’autre, devant moi – moi, un étranger à gages – que vous étiez en galanterie avec lui. Sans que je dise un mot de plus, vous pouvez répondre à votre question : Qui était-ce ? Mais, madame, répondez encore à cette autre : S’ils en sont venus à cet affreux dénouement, à qui la faute ?

    Elle me regarda comme égarée. – Grand Dieu ! exclama-t-elle une première fois ; puis une seconde fois, elle se répéta tout bas : – Grand Dieu !… Par pitié, Mackellar, qu’est-il arrivé ? Je suis prête à tout entendre.

    – Vous n’êtes pas prête, dis-je. N’importe ce qui est arrivé, il vous faut d’abord avouer que c’est par votre faute.

    – Oh ! s’écria-t-elle en se tordant les mains, – cet homme me rendra folle ! Ne pouvez-vous me séparer de vos pensées ?

    – Je ne pense aucunement à vous, m’écriai-je. Je ne pense à rien qu’à mon cher et infortuné maître.

    – Ah ! s’écria-t-elle, en portant la main à son cœur, est-ce que Henry est mort ?

    – Baissez la voix, dis-je. – L’autre.

    Elle vacilla comme sous une rafale ; et j’ignore si ce fut par lâcheté ou par détresse, elle se détourna et regarda le parquet.

    – Voilà de terribles événements, dis-je à la fin, lorsque son silence eut commencé à me faire peur ; – et nous avons besoin, vous et moi, de tout notre courage, si nous voulons sauver la maison.

    Elle ne répondit rien. Je repris :

    – Il y a miss Katharine, en outre. Si nous ne venons à bout d’étouffer cette affaire, le déshonneur sera son seul héritage.

    Je ne sais si ce fut l’idée de son enfant, ou le simple mot de déshonneur qui la ranima ; mais je n’eus pas plus tôt parlé, qu’un soupir s’échappa de ses lèvres, un soupir tel que je n’en ouïs jamais : on eût dit qu’elle était écrasée sous une montagne, et qu’elle cherchait à rejeter ce faix. Un instant plus tard, elle avait recouvré la voix.

    – Ce fut un combat, murmura-t-elle. Ce ne fut pas…

    Et elle n’osait prononcer le mot.

    – Ce fut un combat loyal du côté de mon maître, dis-je. Quant à l’autre, il fut tué tout juste comme il employait un coup de traîtrise.

    – Impossible ! s’écria-t-elle.

    – Madame, dis-je, la haine de cet homme flambe dans mon sein comme un feu ; oui, et malgré sa mort. Dieu sait, j’eusse arrêté le combat, si j’avais osé. J’avoue à ma honte que je ne l’ai pas fait. Mais en le voyant tomber, si ma pitié envers mon maître m’avait laissé le loisir de penser à autre chose, c’eût été pour me réjouir de cette délivrance.

    Je ne sais si elle prit garde à mes paroles. Elle prononça :

    – Et Mylord ?

    – Je m’en charge, dis-je.

    – Vous ne lui parlerez pas comme vous m’avez parlé ? demanda-t-elle.

    – Madame, dis-je, n’avez-vous pas d’autre souci ? Remettez-moi Mylord.

    – Et qui encore ? reprit-elle.

    – Votre mari, dis-je.

    Elle me regarda d’un air impénétrable.

    – Allez-vous lui tourner le dos ? insistai-je.

    Elle me regardait toujours. Puis sa main se posa de nouveau sur son cœur.

    – Non, dit-elle.

    – Dieu vous bénisse pour ce mot ! Allez donc le trouver : il est dans la salle. Parlez-lui, – peu importe ce que vous direz ; tendez-lui la main : dites : Je sais tout… et si Dieu vous en donne la grâce, ajoutez : Pardonnez-moi.

    – Que Dieu vous fortifie, et vous inspire la pitié, dit-elle. Je vais trouver mon mari.

    – Permettez-moi de vous éclairer, dis-je, en prenant le flambeau.

    – Je trouverai bien ma route dans l’obscurité, dit-elle, avec un frisson ; – et ce frisson, je crois, était à mon adresse.

    Nous nous séparâmes donc. Elle descendit l’escalier et se dirigea vers le mince rai de lumière qui filtrait par la porte de la salle, – tandis que je suivais le couloir jusqu’à la chambre de Mylord. Je ne saurais dire pourquoi, mais il m’était impossible de pénétrer chez ce vieillard comme je l’avais fait chez la jeune femme : bien à contrecœur, il me fallut frapper. Mais sa vieillesse avait le sommeil léger, ou peut-être il ne dormait pas ; et à mon premier coup, il me cria d’entrer.

    Lui aussi, il se redressa dans son lit. Il avait la pâleur exsangue de la vieillesse ; et, malgré l’apparence d’une certaine carrure que lui donnaient ses vêtements de jour, il semblait à cette heure frêle et ratatiné, avec une tête (il avait enlevé sa perruque) guère plus grosse que celle d’un enfant. Ceci m’intimida non moins que son air égaré où se lisait le pressentiment d’un malheur. Ce fut, néanmoins, d’une voix calme qu’il me demanda ce que je lui voulais. Je posai mon flambeau sur une chaise, m’accoudai sur le pied du lit, et le regardai.

    – Lord Durrisdeer, vous êtes bien persuadé que je suis un partisan dans votre famille.

    – J’espère qu’il n’y a chez moi aucun parti, dit-il. Que vous aimiez mon fils sincèrement, cela j’ai toujours été heureux de le reconnaître.

    – Oh, Mylord, ce n’est pas l’heure de ces politesses, répliquai-je. Si nous voulons faire la part du feu, il est nécessaire de voir les choses comme elles sont. Je suis un partisan, tous nous avons été des partisans ; c’est en qualité de partisan que je suis venu au milieu de la nuit pour plaider devant vous. Il faut que vous m’écoutiez : avant de sortir, je vous dirai pourquoi.

    – C’est volontiers que je vous écouterai, Mr. Mackellar, dit-il, à toute heure du jour comme de la nuit, car je suis persuadé que vous ne direz rien sans motif. Vous avez parlé une fois très à propos, je ne l’ai pas oublié.

    – Je suis ici pour plaider la cause de mon maître, dis-je. Je n’ai pas besoin de vous exposer sa manière d’agir. Vous savez dans quelle situation il est placé. Vous savez avec quelle générosité il a toujours accueilli les désirs de votre… vos désirs, – repris-je, arrêté par le nom de fils. – Vous savez… vous devez savoir… ce qu’il a souffert… ce qu’il a souffert à cause de sa femme.

    – Mr. Mackellar ! s’écria Mylord, se dressant dans son lit comme un lion irrité.

    – Vous avez dit que vous m’écouteriez ! Ce que vous ne savez pas, ce que vous devez savoir, l’une des choses dont je suis venu vous entretenir, c’est la persécution qu’il lui a fallu supporter en particulier. Vous n’avez pas le dos tourné, que celui que je n’ose vous nommer le harcèle des brocards les plus féroces ; il lui jette au nez – pardonnez-moi, Mylord, – il lui jette au nez votre partialité, l’appelle Jacob, l’appelle lourdaud, le poursuit de lâches railleries, insupportables à quiconque. Mais si l’un de vous se montre, sur l’instant tout change ; et mon maître est réduit à sourire et caresse l’homme qui vient de l’abreuver d’injures ; je le sais parce que j’ai reçu ma part de celles-ci, et je vous affirme que cette existence est insupportable. Depuis des mois il l’a subie ; elle a commencé avec la venue de cet homme ; c’est du nom de Jacob que mon maître a été salué le premier soir.

    Mylord fit un mouvement comme pour sortir des draps et se lever.

    – Si tout cela est vrai… dit-il.

    – Ai-je l’air de mentir ? interrompis-je, l’arrêtant de la main.

    – Vous auriez dû me prévenir tout de suite.

    – Ah ! Mylord, sans doute, je l’aurais dû, et vous pouvez bien honnir votre infidèle serviteur ! m’écriai-je.

    – Je vais y mettre bon ordre, dit-il, et à l’instant même.

    De nouveau, il alla pour se lever.

    De nouveau, je l’arrêtai.

    – Je n’ai pas fini, dis-je. Et plût à Dieu ! Tout ceci, mon cher et infortuné patron l’a enduré sans aide ni réconfort. Vos meilleures paroles, Mylord, ont été des paroles de reconnaissance. Mais il était votre fils, en outre ! Il n’avait pas d’autre père. Il était détesté dans tout le pays, Dieu sait avec quelle injustice. Il avait fait un mariage sans amour. Il se trouvait de toutes parts sans affection ni soutien, – le cher, généreux et noble cœur, seul avec son triste sort !

    – Vos pleurs me font beaucoup d’honneur et beaucoup de honte, dit-il avec un trouble sénile. – Mais vous êtes un peu injuste. Henry m’a toujours été cher, très cher. James (je ne le nie pas, Mr. Mackellar), James m’est peut-être plus cher encore. Vous n’avez pas vu mon James sous un jour très favorable : ses malheurs l’ont aigri ; rappelez-vous combien ceux-ci furent grands et immérités. Malgré cela, aujourd’hui encore c’est lui qui a le caractère le plus affectueux. Mais il n’est pas question de lui. Tout ce que vous dites de Henry est parfaitement exact ; cela ne m’étonne pas, je connais toute sa magnanimité. Vous allez dire que je spécule sur celle-ci ? Peut-être. Il y a des qualités dangereuses, des qualités qui exposent à voir abuser d’elles. Mr. Mackellar,

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