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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 23
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    une paire de sabres nus. Puis il les présenta au Maître par les pointes.

    – Mackellar, veillez à ce que le combat soit loyal. Je crois la chose indispensable.

    – Vous n’avez pas besoin de m’insulter davantage, dit le Maître, qui prit l’un des sabres au hasard. Je vous ai haï depuis toujours.

    – Mon père vient seulement de se mettre au lit, dit Mr. Henry. Il nous faut aller quelque part en dehors du château.

    – La grande charmille conviendrait tout à fait, dit le Maître.

    – Messieurs, dis-je, honte sur vous deux ! Allez-vous, fils de la même mère, détruire la vie qu’elle vous a donnée ?

    – Si fait, Mackellar, dit Mr. Henry, avec la même tranquillité d’allures qu’il n’avait cessé de manifester.

    – C’est ce que je saurai empêcher, dis-je.

    Il y a ici une tache sur ma vie. À ces mots que je venais de prononcer, le Maître dirigea sa lame contre ma poitrine. Je vis la lueur courir le long de l’acier ; et je levai les bras au ciel en tombant à genoux devant lui.

    – Non ! non ! m’écriai-je, comme un enfant.

    – Il ne nous gênera plus, dit le Maître. C’est une bonne chose que d’avoir un lâche à son service.

    – Il nous faut de la lumière, dit Mr. Henry, comme s’il ne s’était rien passé.

    – Ce trembleur portera une couple de bougies, dit le Maître.

    Soit dit à ma honte, j’étais encore tellement aveuglé par l’éclat de ce sabre nu que j’offris d’aller chercher une lanterne.

    – Nous n’avons pas besoin de l-l-lanterne, dit le Maître, en me contrefaisant. Il n’y a pas un souffle d’air. Allons, debout, prenez une couple de bougies et marchez devant. Je viens derrière vous avec ceci. Et tout en parlant, il fit étinceler la lame.

    Je pris les flambeaux et le précédai ; – je donnerais ma main droite pour racheter cette démarche ; mais un couard ne peut être qu’esclave, et tout en marchant, mes dents s’entrechoquaient. Il en était comme il l’avait dit : l’air, sans un souffle, était saisi par une constriction glacée, et tandis que nous avancions à la clarté des bougies, les ténèbres faisaient comme un toit par-dessus nos têtes. Pas un mot ne fut prononcé : on n’entendait d’autre bruit que le craquement de nos pas sur le chemin gelé. Le froid de la nuit tombait sur moi comme une seillée d’eau ; je ne tremblais pas que de terreur ; mais mes compagnons, nu-tête comme moi, et venant de la salle chauffée, ne semblaient pas même s’apercevoir du changement.

    – Voici l’endroit, dit le Maître. Déposez les bougies.

    J’obéis, et les flammes montèrent aussi droites que dans une chambre, au milieu des ramures givrées. Je regardai les deux frères prendre leurs places.

    – J’ai un peu de lumière dans les yeux, dit le Maître.

    – Je vous donnerai tous les avantages, répliqua Mr. Henry, en se déplaçant, car je crois que vous allez mourir.

    Sa voix était plus triste qu’autre chose, mais avec une sonorité spéciale.

    – Henry Durie, dit le Maître, deux mots avant de commencer. Vous êtes un escrimeur, vous savez tenir un fleuret ; mais vous ne savez pas quel changement cela fait de tenir un sabre ! Et à ce que je pense, c’est vous qui tomberez. Mais voyez la force de ma situation ! Si vous tombez, je m’évade de ce pays et vais rejoindre mon argent. Si je tombe, qu’advient-il de vous ? Mon père, votre femme, – qui est en galanterie avec moi, vous le savez très bien – comme ils me vengeront ! Aviez-vous pensé à cela, mon cher Henry ?

    Il regarda son frère en souriant, puis fit un salut de salle d’armes.

    Sans dire un mot, Mr. Henry salua aussi, et les sabres se croisèrent.

    Je ne suis pas juge du combat ; d’ailleurs, j’avais perdu la tête, de froid, de crainte et d’horreur ; mais il me semble que Mr. Henry prit et garda le dessus dès l’engagement, pressant son adversaire avec une furie contenue et bouillonnante. Il le serrait de plus en plus près, quand soudain le Maître fit un bond en arrière et étouffa un juron ; et je crois que ce mouvement lui mit une fois de plus la lumière dans les yeux. Ensuite, ils reprirent, sur le nouveau terrain ; mais d’un peu plus près, ce me semble, et Mr. Henry avec une ardeur toujours croissante, le Maître avec une confiance sans nul doute ébranlée. Car il est sûr qu’il se sentait perdu, et goûtait quelque chose de la froide agonie de la peur ; sinon, il n’eût pas tenté son coup de traître. Je ne puis dire que je le suivais, car mon œil inexpert n’était pas assez prompt pour saisir les détails, mais il dut empoigner la lame de son frère avec sa main gauche, – pratique non autorisée. – Il est sûr que Mr. Henry ne se sauva qu’en faisant un bond de côté ; et sûr aussi que le Maître, emporté par son élan, tomba sur un genou, et, avant qu’il pût faire un geste, il avait reçu le sabre dans le corps.

    Je poussai un cri étouffé, et accourus ; mais le corps était déjà étendu sur le sol, où il se débattit un instant comme un ver écrasé, puis resta immobile.

    – Regardez sa main gauche, dit Mr. Henry.

    – Elle est pleine de sang, dis-je.

    – À l’intérieur ? demanda-t-il.

    – Elle est coupée à l’intérieur, répondis-je.

    – Je le pensais, dit-il, en tournant le dos.

    J’ouvris les vêtements de l’homme ; le cœur était muet : il ne battait plus.

    – Dieu nous pardonne, Mr. Henry ! m’écriai-je. Il est mort !

    – Mort ? répéta-t-il, avec stupeur ; puis, élevant la voix : – Mort ? mort ? dit-il. Et tout à coup il jeta sur le sol son sabre ensanglanté.

    – Qu’allons-nous faire ? dis-je. Soyez vous-même, monsieur. Il est trop tard, maintenant, il faut vous ressaisir.

    Il se retourna, les yeux fixés sur moi.

    – Oh ! Mackellar ! dit-il, en cachant son visage entre ses mains.

    Je le tirai par son habit.

    – Pour Dieu, pour nous tous, soyez plus courageux ! dis-je. Qu’allons-nous faire ?

    Il me montra de nouveau son visage avec le même regard stupide.

    – Faire ? dit-il. Et alors son regard tomba sur le corps, et il cria : Oh ! en portant la main à son front, comme s’il ne se souvenait plus ; et, me laissant là, il s’en fut vers le château, courant et titubant.

    Je demeurai un instant pensif ; puis il m’apparut clairement que mon devoir était du côté des vivants ; et je courus après lui, laissant les bougies sur le sol glacé et le cadavre gisant à leur clarté sous les arbres. Mais j’eus beau courir, il avait de l’avance sur moi, et il était rentré dans la maison et monté à la salle, où je le trouvai debout devant le feu, le visage une fois de plus entre les mains. Il tremblait visiblement.

    – Mr. Henry, Mr. Henry, dis-je, ceci va causer notre perte à tous.

    – Qu’est-ce que j’ai fait ? s’écria-t-il.

    Puis me regardant avec une expression que je n’oublierai jamais :

    – Qui va le dire au vieux1 ? dit-il.

    Le mot me frappa au cœur ; mais ce n’était pas le moment des faiblesses. J’allai lui verser un verre d’eau-de-vie.

    – Buvez cela, dis-je, buvez tout.

    Je le forçai d’avaler, comme un enfant ; et comme j’étais tout transi du froid nocturne, je suivis son exemple.

    – Il faut qu’il le sache, Mackellar, dit-il, il faut qu’il sache.

    Et il se laissa tomber dans un fauteuil – celui de Mylord, au coin de la cheminée – et fut secoué de sanglots spasmodiques.

    Une détresse m’envahit ; il était clair que je n’avais rien à attendre de Mr. Henry.

    – Allons, dis-je, restez ici, je me charge de tout.

    Et prenant un flambeau à la main, je m’avançai hors de la pièce dans l’obscurité de la maison. Personne ne bougeait : il était à croire qu’on ne s’était aperçu de rien ; et j’avais à chercher le moyen d’accomplir le reste dans le même secret. Ce n’était pas l’heure des cérémonies : j’ouvris la porte de Mylady sans me donner la peine de frapper, et pénétrai directement chez elle.

    – Il est arrivé un malheur ! s’écria-t-elle, de son lit, en se mettant sur son séant.

    – Madame, dis-je, je vais retourner dans le corridor, et vous vous vêtirez au plus vite. Il y a beaucoup à faire.

    Elle ne me harcela point de questions, et ne se fit pas attendre. Je n’avais pas eu le temps de préparer un mot de ce que je devais lui dire, lorsqu’elle apparut sur le seuil et me fit signe d’entrer.

    – Madame, dis-je, si vous n’êtes pas résolue à montrer beaucoup de courage, j’irai m’adresser ailleurs ; car si personne ne m’aide cette nuit, c’en est fait de la maison de Durrisdeer.

    – Je suis pleine de courage, dit-elle ; et elle me regarda avec une espèce de sourire, très pénible à voir, mais très brave aussi.

    – On en est venu à un duel, dis-je.

    – Un duel ? répéta-t-elle. Un duel ? Henry et…

    – Et le Maître, dis-je. On a supporté si longtemps des choses, des choses dont vous ne savez rien, et que vous ne croiriez pas si je vous les disais. Mais cette nuit, cela a été trop loin, et lorsqu’il vous eut insultée…

    – Attendez, dit-elle. Qui, il ?

    – Oh ! Madame, m’écriai-je, donnant libre cours à mon amertume, vous me posez une telle question ? En ce cas, je n’ai plus qu’à chercher de l’aide ailleurs. Il n’y en a pas ici !

    – Je ne sais en quoi je vous ai offensé, dit-elle. Pardon. Mais tirez-moi de cette

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