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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 21
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    très bien choisi pour vous plaindre, Henry, dit-il. Cela diminue le mérite de votre générosité.

    – Ne vous y trompez pas, Mylord, dit Mr. Henry. Ce n’est point par générosité envers lui que je commets cette injustice, c’est pour vous obéir.

    – Devant des étrangers… commença Mylord, encore plus mal inspiré.

    – Il n’y a ici que Mackellar, dit Mr. Henry, et il est mon ami. D’ailleurs, Mylord, comme Mackellar est le témoin fréquent de vos blâmes, il ne serait pas juste que je l’empêche d’ouïr une chose aussi rare que ma défense.

    Pour un peu, Mylord serait revenu sur sa décision ; mais le Maître veillait.

    – Ah ! Henry, Henry ! dit-il, c’est encore vous qui êtes le meilleur de nous tous. Rude, mais franc ! Ah ! mon ami, je voudrais avoir votre bonté.

    À cette nouvelle preuve de la générosité de son favori, l’hésitation de Mylord cessa, et l’acte fut signé.

    Dans le plus bref délai possible, la terre d’Ochterhall fut vendue bien au-dessous de sa valeur, et l’argent remis à notre sangsue, qui l’expédia en France par ses moyens privés. Ou du moins, il nous le fit croire, et j’ai soupçonné depuis qu’il n’alla pas aussi loin. Les manigances de l’homme avaient donc abouti heureusement, et ses poches, une fois de plus, regorgeaient de notre or ; mais nous attendions toujours la récompense de nos sacrifices, et le visiteur s’attardait à Durrisdeer. Était-ce par malignité, ou parce que le temps n’était pas encore venu pour lui de gagner les Indes, ou parce qu’il avait un espoir de réussite auprès de Mme Henry, ou bien par ordre du gouvernement, qui peut le dire ? Mais bref, il s’attarda, et durant des semaines.

    J’ai dit, vous l’avez remarqué : par ordre du gouvernement ; car ce fut vers cette époque que le déshonorant secret de cet homme transpira au-dehors.

    Ce qui me donna l’éveil fut le propos d’un tenancier, commentant le séjour du Maître, et surtout ma sécurité ; car ce tenancier était de sympathies jacobites, et avait perdu un fils à Culloden, ce qui aiguisait sa critique.

    – Il y a un détail que je ne puis m’empêcher de trouver bizarre, me dit-il ; c’est le fait de son arrivée à Cockermouth.

    – À Cockermouth ? dis-je, me rappelant alors ma surprise de voir l’homme débarquer en un tel point de vue1, après un si long voyage.

    – Eh bien oui, dit le tenancier, c’est là qu’il fut recueilli par le capitaine Crail. Vous vous figuriez qu’il était venu de France par mer ? Nous aussi.

    Je retournai dans ma tête cette nouvelle, que j’allai communiquer à Mr. Henry.

    – Voici un détail curieux, dis-je. Et je lui contai la chose.

    – Qu’importe la façon dont il est venu, Mackellar, aussi longtemps qu’il est ici ? répliqua tristement Mr. Henry.

    – Non, non, dis-je, pensez-y mieux. Cela ne sent-il pas la connivence gouvernementale ? Vous savez combien de fois déjà la sécurité de l’homme nous a étonnés.

    – Attendez, dit Mr. Henry. Laissez-moi réfléchir.

    Et peu à peu je vis naître sur son visage ce sourire féroce qui ressemblait un peu à celui du Maître.

    – Donnez-moi du papier, dit-il.

    Et, sans un mot de plus, il s’assit pour écrire à un gentleman de ses connaissances, – le nom est inutile, mais c’était quelqu’un de haut placé. Je fis porter cette lettre par le seul messager auquel je pusse me fier en l’occurrence, – Macconochie. Le vieil homme dut galoper, car il était revenu avec la réponse avant même que mon impatience osât commencer à espérer. En la lisant, Mr. Henry eut le même sourire féroce. « Voici le meilleur tour que vous nous ayez fait encore, Mackellar, dit-il. Avec ce document, je vais lui donner une fière secousse. Observez-nous au dîner. »

    Au dîner donc, Mr. Henry proposa une visite où le Maître serait fort en vue ; et, comme il s’y attendait, Mylord objecta le danger.

    – Oh ! dit Mr. Henry d’un air détaché, ce n’est plus la peine de m’en faire un secret. Je suis dans la confidence tout comme vous.

    – La confidence ? dit Mylord. Un secret ? Que voulez-vous dire, Henry ? Je vous donne ma parole que je n’ai pas de secret dont vous soyez exclu.

    Le Maître avait changé de contenance, et je vis qu’il était touché au défaut de la cuirasse.

    – Comment ? lui dit Mr. Henry, d’un air fort étonné. Je sais que vous servez vos maîtres avec fidélité ; mais je me figurais que vous aviez eu pitié de notre père, et l’aviez tranquillisé.

    – De quoi parlez-vous ? Je ne veux pas que l’on discute mes affaires en public. J’ordonne que cela cesse, s’écria le Maître, avec une folle impétuosité, plus digne d’un enfant que d’un homme.

    – On n’attendait pas de vous semblable discrétion, je vous affirme, continua Mr. Henry. Car voici ce que m’écrit mon correspondant – (il déploya le papier, et lut 🙂 – « Il est en effet de l’intérêt du gouvernement comme du gentleman qu’il vaut mieux continuer d’appeler Mr. Bally, que cet accord demeure secret ; mais on n’eut jamais l’intention de laisser aujourd’hui encore sa famille dans les transes que vous dépeignez si chaudement ; et je suis heureux de venir le premier apaiser ses craintes. Mr. Bally est aussi bien que vous en sécurité dans la Grande-Bretagne. »

    – Est-il possible ? s’écria Mylord, regardant son fils avec beaucoup d’étonnement, et plus encore de soupçon.

    – Mon cher père, dit le Maître, qui s’était déjà ressaisi, je suis enchanté de pouvoir enfin parler. Mes instructions, à moi, étaient tout autres, et m’obligeaient de garder le secret à tout le monde, sans vous excepter, et même à vous expressément désigné, – comme je puis vous le faire voir par écrit, si je n’ai supprimé la lettre. Ils ont dû changer d’avis très promptement, car la chose est encore toute récente ; ou plutôt, Henry, votre correspondant aura mal interprété ce point, comme il a mal interprété les autres. À vous dire vrai, monsieur, continua-t-il, avec toujours plus d’assurance, j’avais supposé que cette faveur inattendue accordée à un rebelle était un effet de votre intervention ; et l’ordre de garder le secret même de ma famille, le résultat d’un désir à vous de cacher votre bonté. C’est pourquoi j’obéissais aussi strictement aux ordres. Il nous reste maintenant à deviner par quelle entremise cette faveur s’est posée sur un coupable aussi notoire que moi. Car je ne crois pas que votre fils ait besoin de se justifier de cette imputation que renferme la lettre d’Henry. On n’a pas encore ouï-dire qu’un Durie fût jamais un traître ou un espion, ajouta-t-il avec superbe.

    Il semblait donc sortir indemne de ce mauvais pas ; mais il comptait sans une bévue qu’il avait commise, et sans la pénétration de Mr. Henry, qui allait manifester quelque chose de l’esprit de son frère.

    – Vous dites que l’affaire est toute récente ? dit Mr. Henry.

    – Elle est récente, dit le Maître, d’un ton très assuré, mais non sans une légère hésitation.

    – Si récente que cela ? demanda Mr. Henry d’un air intrigué, et déployant de nouveau sa lettre.

    Elle ne contenait pas un mot touchant la date ; mais comment le Maître l’aurait-il su ?

    – En tout cas, la faveur est venue bien tard pour moi, dit-il, avec un rire.

    Au son de ce rire, faux comme une cloche fêlée, Mylord le regarda encore une fois par-dessus la table, et je vis ses vieilles lèvres se pincer.

    – Non, dit Mr. Henry, toujours examinant sa lettre, mais je me rappelle votre expression. Vous disiez que c’était tout récent.

    Et alors, nous eûmes la preuve de notre victoire, et le plus fort exemple de l’incroyable faiblesse de Mylord, car ce fut lui qui intervint pour épargner la honte à son favori.

    – Je crois, Henry, dit-il, avec une sorte d’empressement piteux, je crois superflu de disputer davantage. Nous nous réjouissons tous, pour finir, que votre frère soit sauf : nous sommes tous d’accord là-dessus ; et, en sujets reconnaissants, nous ne pouvons mieux faire que de boire à la santé du roi et à sa clémence !

    Le Maître était donc hors d’affaire ; mais il avait été réduit à se défendre, il s’en était tiré sans gloire, et le prestige de son danger personnel lui était publiquement retiré. Mylord, dans son for intérieur, connaissait désormais son favori pour un espion du gouvernement ; et Mme Henry (quel que fût son avis) se montra visiblement plus froide envers le héros de roman déchu. C’est ainsi que le meilleur édifice de duplicité possède quelque point faible, et il suffit de l’atteindre, pour que tout croule ; et si, par cet heureux coup, nous n’avions pas ébranlé l’idole, qui peut dire ce qui en aurait résulté pour nous lors du dénouement ?

    Toutefois, à l’époque, c’était comme si nous n’avions rien fait. Au bout d’un jour ou deux, il avait effacé les traces de sa défaite, et, selon toute apparence, restait aussi fort que jamais. Quant à Mylord Durrisdeer, il était plongé dans sa prédilection paternelle ; il s’agissait moins d’amour, qualité active, que d’une apathie torpide de ses autres facultés ; et le pardon (pour employer aussi mal ce terme noble) s’échappait de lui par pure faiblesse, comme des larmes séniles. Le cas de Mme Henry était très différent ; et Dieu sait ce qu’il trouva à lui dire, ou comment il parvint à esquiver son mépris. C’est l’un des pires privilèges du sentiment, que le ton de voix prenne plus d’importance que les mots, et celui qui parle, plus que ce qu’il dit. Mais le Maître dut trouver une excuse, ou peut-être même il découvrit le moyen de tourner ce scandale

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