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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 20
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    mot à dire. Pour vous, j’obéirai sur n’importe quoi, même jusqu’au péché, Dieu me pardonne !

    Et je lui racontai ce qui venait de se passer.

    Mr. Henry eut un sourire, – je n’ai jamais vu plus affreux sourire.

    – Vous avez parfaitement agi, dit-il. Il boira jusqu’à la lie sa Jessie Broun.

    Puis, apercevant le Maître au-dehors, il ouvrit la fenêtre, et lui cria, en l’appelant Mr. Bally, de monter un instant.

    – James, dit-il, – quand notre persécuteur fut entré et qu’il eut refermé la porte derrière lui, en me regardant avec un sourire, comme s’il se figurait que j’allais être tancé, – vous êtes venu vous plaindre à moi de Mr. Mackellar. J’ai pris mes renseignements. Je n’ai pas besoin de vous dire que je le croirai toujours de préférence à vous ; car nous sommes seuls, et je vais user un peu de votre liberté. Mr. Mackellar est un gentleman que j’estime ; et vous devez tâcher, aussi longtemps que vous serez sous ce toit, de ne plus entrer en collision avec une personne que je soutiendrai quoi qu’il doive en coûter à moi ou aux miens. Quant à la commission que vous lui proposiez, vous pouvez aller vous-même vous dépêtrer des conséquences de votre méchanceté, et nul de mes serviteurs ne sera employé en pareil cas.

    – Les serviteurs de mon père, je crois, dit le Maître.

    – Allez donc lui raconter cette histoire, dit Mr. Henry.

    Le Maître devint très pâle. Il me désigna du doigt.

    – Je veux que vous renvoyiez cet homme, dit-il.

    – Je ne le renverrai pas, dit Mr. Henry.

    – Vous me le paierez joliment cher, dit le Maître.

    – J’ai payé si cher déjà pour un mauvais frère, dit Mr. Henry, que j’ai fait banqueroute, même de craintes. Il ne reste plus d’endroit où vous puissiez me frapper.

    – C’est ce que nous verrons, dit le Maître.

    Et il se retira lentement.

    – Que va-t-il faire, Mackellar ? demanda Mr. Henry.

    – Laissez-moi partir, dis-je. Mon cher maître, laissez-moi partir : je vais vous attirer de nouveaux ennuis.

    – Voudriez-vous me laisser tout seul ? demanda-t-il.

    Notre incertitude sur le nouveau genre d’attaque ne fut pas longue. Jusqu’à cette heure, le Maître avait joué très serré avec Mme Henry. Il évitait délibérément de rester seul avec elle, ce que je pris d’abord pour un respect des convenances, mais ce que j’attribue aujourd’hui à une habileté plus insidieuse ; il ne la voyait pour ainsi dire qu’au moment des repas, et se comportait alors en frère affectionné. Jusqu’à cette heure, on peut dire, qu’il ne s’était pas directement interposé entre Mr. Henry et sa femme ; il s’était contenté de soustraire à l’un les bonnes grâces de l’autre. Or, tout ceci allait changer ; mais fut-ce par vengeance réelle, ou parce qu’il était las de Durrisdeer, et cherchait une distraction, le diable seul peut le dire.

    Dès cette heure, en tout cas, il entreprit le siège de Mme Henry. Les opérations furent menées si habilement qu’elle-même s’en aperçut à peine, et que son mari dut y assister en silence. La première tranchée fut ouverte (semble-t-il) par accident. La conversation tomba, une fois de plus, sur les exilés de France ; puis elle dévia sur ce qu’ils chantaient.

    – Voici une de leurs chansons, dit le Maître, si cela vous intéresse, qui m’a toujours paru très émouvante. Les vers en sont mauvais ; et cependant, peut-être à cause de ma situation, ils me sont toujours allés au cœur. Celle qui chante, je dois vous le dire, est supposée être la fiancée d’un exilé ; et les paroles expriment moins ses vraies pensées à elle que ce que lui espère d’elle, en ces terres lointaines – (et ici le Maître soupira). – Je vous assure que c’est un spectacle poignant, de voir une vingtaine de grossiers Irlandais, tous simples soldats, entonner cette chanson ; et l’on peut se rendre compte, à voir couler leurs larmes, à quel point elle les émeut. Elle commence ainsi, père – (dit-il, en prenant fort habilement Mylord pour auditeur), – et si je ne puis aller jusqu’au bout, vous songerez que c’est un cas ordinaire chez nous autres exilés.

    Et alors il chanta cet air que j’avais entendu siffler par le colonel ; mais cette fois avec les paroles, frustes en effet, mais exprimant avec d’autant plus de force les désirs d’une pauvre fille envers son amant exilé. Je m’en rappelle ces quelques vers (si l’on peut dire) :

    Oh ! je veux teindre en rouge mon jupon,

    Avec mon cher garçon, j’irai mendier

    / mon pain,

    Dussent toutes mes amies souhaiter me

    / voir morte

    Pour Willie dans les roseaux ! Ô !

    Il la chanta bien, mais la mima encore mieux. J’ai entendu des acteurs fameux, alors qu’il n’y avait pas un œil sec dans tout le théâtre d’Édimbourg, spectacle bien étonnant ; mais pas plus étonnant que de voir le Maître jouer de cette petite ballade, et de ceux qui l’écoutaient, comme d’un instrument. Parfois, on le croyait prêt à défaillir, puis il domptait sa faiblesse, tant que les paroles et la musique semblaient sortir de son cœur et de son passé propres, et viser directement Mme Henry. Et son art alla plus loin : car le tout fut si subtilement nuancé qu’il était impossible de le soupçonner de la moindre intention, et loin de faire étalage de son trouble, on eût juré qu’il s’efforçait de rester calme. Quand il eut fini, nous demeurâmes tous silencieux un moment. Il avait choisi l’heure du crépuscule, et personne ne distinguait les traits de son voisin ; mais il sembla que nous avions cessé de respirer ; seul, Mylord s’éclaircit la gorge. Le premier à faire un mouvement fut le chanteur, qui soudain se leva sans bruit, et se mit à marcher lentement et de long en large au bas bout de la salle, où Mme Henry se tenait d’habitude. Nous devions supposer qu’il luttait avec un reste d’émotion ; mais il revint bientôt s’asseoir, et s’embarqua dans un examen du caractère irlandais (toujours si mal interprété, et qu’il défendit) de sa voix normale ; et, par suite, les lumières n’étaient pas encore apportées, que nous causions tous comme à l’ordinaire. Même alors, toutefois, je crus remarquer une certaine pâleur sur le visage de Mme Henry ; en outre, elle se retira presque tout de suite.

    Un nouvel indice fut l’amitié que cet insidieux démon sut inspirer à l’innocente Miss Katharine. Ils étaient toujours ensemble, la main dans la main, ou bien elle grimpait sur son genou : – on eût dit une paire d’enfants. Comme toutes ses actions diaboliques, celle-ci atteignit plusieurs buts. Ce fut pour Mr. Henry le dernier coup, de voir sa propre fille détournée de lui ; il en devint dur à l’égard de la pauvre innocente, ce qui le mit encore un cran plus bas dans l’estime de sa femme ; et (pour conclure) ce fut un trait d’union entre Mylady et le Maître. Sous cette influence, leur réserve ancienne se fondit chaque jour davantage. Bientôt, ce furent des promenades sous la grande charmille, des causeries dans le belvédère, et je ne sais quelle tendre familiarité. Je suis sûr que Mme Henry était comme beaucoup d’honnêtes femmes : elle avait la conscience en repos, mais peut-être s’aveuglait-elle un peu. Car même à un observateur aussi obtus que moi, son affection apparaissait plus tendre qu’il ne convient à une sœur. Sa voix s’enrichit de notes plus mélodieuses ; son regard s’illumina de douceur ; elle devint plus aimable avec nous tous, même avec Mr. Henry, même avec moi ; il émanait d’elle une sorte de bonheur discret et mélancolique.

    Quel tourment pour Mr. Henry, d’assister à ces changements ! Et toutefois, notre délivrance finale en fut le résultat, comme je vais bientôt l’exposer.

    Le but du Maître en restant au château était tout bassement (quelque dorure qu’on y mît) de soutirer de l’argent. Il avait projeté de faire fortune aux Indes françaises, comme l’écrivit le chevalier ; et c’était la somme nécessaire qu’il était venu chercher. Pour le reste de la famille, cela signifiait la ruine ; mais Mylord, dans son incroyable partialité, nous poussait continuellement à céder. La famille était à présent si réduite (elle comprenait juste le père et les deux frères) qu’il devenait possible d’entamer le patrimoine et d’aliéner une pièce de terre. À quoi Mr. Henry, d’abord par des allusions, puis par une pression directe, fut amené à consentir. Il n’y aurait jamais consenti, j’en suis persuadé, sans le faix du malheur sous lequel il succombait. N’eût été son désir passionné de voir son frère parti, il n’aurait jamais enfreint de la sorte ses propres sentiments et les traditions de sa race. Même ainsi, il leur vendit cher son acceptation. Il parla pour une fois sans détours, et fit voir la honteuse affaire sous son véritable jour.

    – Vous remarquerez, dit-il, que c’est une injustice envers mon fils, si j’en ai jamais un.

    – Mais il est peu probable que vous en ayez un, dit Mylord.

    – Dieu le sait ! dit Mr. Henry. Et considérant la position cruellement fausse dans laquelle je me trouve vis-à-vis de mon frère, et aussi que vous, Mylord, êtes mon père, et avez le droit de me condamner, je signerai ce papier. Mais je dirai d’abord une chose : on m’y contraint d’une manière peu généreuse ; et ensuite, Mylord, quand vous serez tenté de comparer vos deux fils, je vous prie de vous rappeler ce que j’ai fait et ce que lui a fait. Les actes sont la vraie pierre de touche.

    Mylord était l’homme le plus mal à l’aise que j’aie vu. Sa vieille face trouva moyen de s’empourprer.

    – Le moment, je crois, n’est pas

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