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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 18
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    seul. Je montai l’escalier quatre à quatre, fis irruption dans la salle, et m’arrêtai en présence de la famille, incapable de parler. Mais on devait lire dans mes yeux toute l’histoire, car ils se levèrent de leurs sièges, et me regardèrent, médusés.

    – Il est venu, haletai-je enfin.

    – Lui ? demanda Mr. Henry.

    – Lui-même, dis-je.

    – Mon fils ? s’écria Mylord. Imprudent ! imprudent garçon ! Oh ! que ne restait-il où il se trouvait en sûreté !

    Mme Henry ne prononça pas une parole ; et je ne la regardai pas, je ne sais pourquoi.

    – Eh bien, dit Mr. Henry, après avoir longuement pris sa respiration, où est-il ?

    – Je l’ai laissé sous la grande charmille, dis-je.

    – Menez-moi auprès de lui, dit-il.

    Nous partîmes tous les deux, lui et moi, sans échanger un mot de plus ; et au milieu de l’allée nous rencontrâmes le Maître, qui arpentait le gravier en sifflant et battant l’air avec sa canne. Il y avait encore assez de lumière pour reconnaître un visage, mais non son expression.

    – Ah ! Jacob ! dit le Maître. Voici donc Esaü de retour.

    – James, dit Mr. Henry, pour l’amour de Dieu, appelez-moi par mon nom. Je ne dirai pas que je suis bien aise de vous recevoir ; mais je vous accueillerai le mieux possible dans la maison de nos pères.

    – Ou dans ma maison ? ou la vôtre ? dit le Maître. Lequel des deux alliez-vous dire ? Mais c’est une vieille plaie qu’il ne faut pas raviver. Si vous n’avez pas voulu partager avec moi lorsque j’étais à Paris, j’espère que vous ne refuserez pas à votre frère aîné une place au coin du feu de Durrisdeer.

    – Voilà qui est mal parler, dit Mr. Henry. Et vous sentez admirablement la force de votre situation.

    – Ma foi, je le pense, dit l’autre, avec un petit rire.

    Et ce fut là, bien qu’ils ne se fussent pas donné la main, toute la bienvenue des deux frères ; car le Maître se tourna ensuite vers moi et m’ordonna de prendre son bagage.

    Moi, de mon côté, je me tournai vers Mr. Henry pour avoir confirmation ; et non sans quelque défi, peut-être.

    – Aussi longtemps que le Maître sera ici, Mr. Mackellar, vous m’obligerez beaucoup en regardant ses désirs comme vous feriez des miens, dit Mr. Henry. Nous ne cessons de vous importuner : voulez-vous avoir l’obligeance d’envoyer un des domestiques ? – et il appuya sur le mot.

    Si cette phrase signifiait quelque chose, elle était à coup sûr un blâme bien mérité par l’étranger ; et cependant, sa diabolique imprudence était telle, qu’il la prit au rebours.

    – Et aurons-nous la vulgarité d’ajouter : Baissez le nez ? interrogea-t-il doucement, en me regardant de côté ?

    Quand bien même un royaume en eût dépendu, je n’aurais su prononcer une parole : même appeler un domestique était hors de mon pouvoir ; je préférai servir moi-même cet homme ; je me détournai en silence et descendis la grande charmille, le cœur plein de rage et de désespoir.

    Il faisait obscur sous les arbres, et je marchai devant moi sans plus savoir ce que j’étais venu faire là, jusqu’au moment où je faillis me rompre le cou sur les valises. Ce fut alors que je fis une curieuse remarque : tout à l’heure, j’en portais deux sans presque m’en apercevoir ; à présent, une me suffisait, et au-delà. Il me fallut donc faire deux voyages, ce qui me retint un bon moment éloigné de la salle.

    Lorsque j’y entrai, les effusions de l’accueil avaient pris fin depuis longtemps : on venait de se mettre à table ; mais, inadvertance qui me piqua au vif, ma place avait été oubliée. Je venais de voir le retour du Maître sous une face ; j’allais apercevoir l’autre. Il fut le premier à remarquer mon arrivée, et eut un léger mouvement de recul analogue au mien. Puis, il se leva avec vivacité.

    – Voilà que j’ai pris la place du bon Mackellar ! s’écria-t-il. John, mettez un autre couvert pour Mr. Bally ; j’affirme qu’il n’est venu déranger personne ; et votre table est assez grande pour nous tous.

    J’en crus à peine mes oreilles, et mes sens, lorsqu’il me saisit aux épaules et, tout riant, m’assit à ma place ordinaire, – tant sa voix était affectueuse et gaie. Et tandis que John mettait le nouveau couvert (il y insista encore : pour lui), il alla s’accouder au fauteuil de son père, en considérant le vieillard qui se détourna pour lever les yeux vers son fils, avec une si douce tendresse mutuelle que je faillis, de stupéfaction, me prendre la tête à deux mains.

    Et tout fut à l’avenant. Ses lèvres n’eurent pas un mot rude, ni le moindre ricanement. Renonçant même à son roide accent anglais, il parlait la chère langue écossaise, qui donne plus de valeur aux paroles tendres ; et bien qu’il conservât une gracieuse élégance fort étrangère à nos façons de Durrisdeer, ses airs de cour se faisaient néanmoins familiers, et nous flattaient, loin de nous humilier. Il ne s’en départit point de tout le repas, buvant à ma santé avec un égard sensible, se tournant pour adresser à John un mot aimable, caressant la main de son père, contant avec gaieté des bribes de ses aventures, rappelant avec bonheur les souvenirs de passé ; – tout ce qui émanait de lui était si plein de grâce et d’accord avec sa distinction personnelle, que je ne m’étonnais pas de voir Mylord et Mme Henry avec des visages rayonnants, et derrière eux John faire son service avec des yeux pleins de larmes.

    Sitôt le souper terminé, Mme Henry se leva pour se retirer.

    – Tiens, ce n’était pas votre habitude, Alison, dit le Maître.

    – Ce l’est, à présent, répondit-elle ; – ce qui était notoirement faux ; – et je vous donne le bonsoir, James, et je salue votre retour… d’entre les morts, – acheva-t-elle après une hésitation, et d’une voix défaillante.

    Le pauvre Mr. Henry, qui avait fait durant le repas une assez piètre figure, s’assombrit encore : il aima de voir sa femme se retirer, malgré le déplaisir de songer aux motifs qui la poussaient ; et l’instant d’après, il fut confondu par la chaleur de son discours.

    De mon côté, je sentis que j’étais de trop ; et j’allais suivre l’exemple de Mme Henry, mais le Maître s’en aperçut.

    – Ceci, Mr. Mackellar, dit-il, n’est guère aimable. Je ne vous laisse par sortir : vous faites du fils prodigue un étranger ; et cela, laissez-moi vous le rappeler, sous le toit de ses pères ! Allons, rasseyez-vous, et buvez à la santé de Mr. Bally !

    – Certes oui, Mr. Mackellar, dit Mylord, nous ne ferons un étranger pas plus de lui que de vous. Je disais justement à mon fils, ajouta-t-il, – en soulignant le mot avec sa complaisance ordinaire, – combien nous apprécions tous vos services amicaux.

    Je me rassis donc, et demeurai en silence, jusqu’à mon heure habituelle ; et je me serais peut-être laissé abuser sur le caractère de cet homme, n’eût été un incident où sa perfidie apparut en plein. Voici le fait ; et le lecteur en jugera par lui-même, d’après ce qu’il sait de la rencontre des deux frères. Mr. Henry était assis, un peu morne, en dépit de tous ses efforts pour garder les apparences, vis-à-vis de Mylord. Soudain, le Maître se lève, fait le tour de la table, et va frapper sur l’épaule de son frère.

    – Allons, allons, Hairry mon garçon, dit-il, – avec le fort accent qu’ils devaient avoir entre eux dans leur enfance – il ne faut pas vous laisser abattre par l’arrivée de votre frère. Tout est à vous, c’est certain, et je ne vous chicanerai pas sur grand-chose. Vous ne devez pas non plus me chicaner ma place au foyer paternel.

    – C’est trop juste, Henry, dit mon vieux lord, en fronçant un peu le sourcil, chose rare chez lui. Vous avez été le frère aîné de la parabole dans le bon sens ; ne le soyez pas dans l’autre.

    – Je me laisse facilement induire en erreur, dit Mr. Henry.

    – Qui vous induit en erreur ? s’écria Mylord, un peu rudement, me sembla-t-il, pour un homme si doux. Vous avez mérité ma reconnaissance et celle de votre frère, mille et mille fois ; vous pouvez compter sur sa durée ; et c’est assez.

    – Sans nul doute, Harry, vous pouvez y compter, dit le Maître ; et je crus voir une lueur féroce dans le regard que lui lança Mr. Henry.

    Concernant les malheureux épisodes qui vont suivre, il y a quatre questions que je me suis souvent posées à cette époque, et que je me pose toujours. – L’homme était-il mû par un ressentiment particulier envers Mr. Henry ? ou par ce qu’il croyait être son intérêt ? ou par ce simple goût de la cruauté que manifestent les chats et que les théologiens attribuent au diable ? ou par ce qu’il eût appelé de l’amour ?… Je m’en tiens le plus fréquemment aux trois premières hypothèses ; – mais il est possible que sa conduite participât de toutes quatre. En effet, l’animosité contre Mr. Henry expliquerait la façon haineuse dont il le traitait lorsqu’ils étaient seuls ; ses intérêts expliqueraient son attitude très différente devant Mylord ; ses intérêts encore, plus une pointe de galanterie, son désir de bonne entente avec Mme Henry ; et le plaisir du mal pour lui-même, les peines qu’il prenait sans cesse à entremêler et opposer ces diverses lignes de conduite.

    En partie parce que j’étais si ouvertement l’ami de mon maître, en partie parce que, dans mes épîtres adressées à Paris,

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