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    2. Le Maître de Ballantrae
    3. Chapitre 17
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    pour un vrai soldat ; et je n’ai aucun espoir d’avancement analogue, dussé-je même m’abaisser à le solliciter. Mais notre ami a une aptitude spéciale pour réussir par les dames ; et si tout ce que l’on raconte est vrai, il jouissait d’une protection exceptionnelle. Vraisemblablement, la chose s’est retournée contre lui, car lorsque j’eus l’honneur de lui serrer la main, il sortait de la Bastille, où il s’était vu enfermer sur une lettre de cachet ; et, malgré sa mise en liberté, il a perdu son régiment et sa pension. Mon cher monsieur, la simple franchise irlandaise me tiendra lieu ici de savoir-faire, et je suis certain qu’un gentleman de votre honnêteté sera d’accord avec moi.

    Maintenant, monsieur, le Maître est un homme dont j’admire le génie au-delà de toute expression et, de plus, il est mon ami ; mais j’ai pensé qu’un petit mot de la révolution survenue dans l’état de ses affaires ne serait pas de trop, car, à mon avis, il est désespéré. Il parlait, la dernière fois que je l’ai vu, d’aller aux Indes (où j’ai moi-même quelque espoir d’accompagner mon illustre concitoyen Mr. Lally1, mais pour cela, il aurait besoin, à ce que j’ai compris, de plus d’argent qu’il n’en avait à sa disposition. Vous connaissez peut-être ce proverbe militaire : « Il vaut mieux faire un pont d’or à l’ennemi qui fuit. » Vous me comprenez, j’en suis persuadé, et je me dis, avec mes respects à Mylord Durie, à son fils, et à la charmante Mme Durie.

    Mon cher monsieur,

    Votre humble et obéissant serviteur.

    Francis Burke.

    Je portai sur-le-champ cette missive à Mr. Henry. Nous eûmes tous deux la même pensée : elle arrivait une semaine trop tard. Je me hâtai de répondre au colonel Burke, et le priai, au cas où il verrait le Maître, de lui garantir que son prochain messager recevrait satisfaction. Mais j’eus beau me hâter, j’arrivai trop tard et je ne pus détourner le coup qui nous menaçait : la flèche était décochée, elle devait atteindre son but. Ce serait à se demander si la Providence a le pouvoir (ou plutôt la volonté) de prédéterminer le résultat des événements ; car il est étrange de songer combien chacun de nous a accumulé, pendant longtemps et avec une aveugle ignorance, tous les éléments d’une catastrophe.

    Depuis la réception de la lettre du colonel, j’avais une longue-vue dans ma chambre, et posais des questions aux tenanciers. Comme les contrebandiers ne se souciaient guère du secret, et qu’ils exerçaient leur métier par force autant que par ruse (du moins dans nos environs) j’eus tôt fait de connaître les signaux en usage, et je sus à une heure près quand il fallait attendre un messager. Je questionnai, dis-je, les tenanciers ; car, avec les fraudeurs eux-mêmes, affreux gredins qui allaient toujours armés, j’aurais difficilement pris sur moi de me frotter à eux. En fait (et la circonstance, par la suite, fut heureuse), j’étais un objet de risée pour quelques-uns de ces bravaches. Non seulement ils m’avaient gratifié d’un sobriquet, mais ils m’attrapèrent un soir dans un chemin de traverse, et comme ils étaient tous (selon leur expression) un peu gais, ils me contraignirent à danser pour leur amusement. La méthode employée consistait à taillader les bouts de mes chaussures avec leurs coutelas nus, en criant : « Bouts-carrés ! » Je n’en subis aucun mal physique, mais n’en fus pas moins déplorablement affecté, et dus garder le lit plusieurs jours : – scandaleux échantillon de l’état de l’Écosse, sur lequel il est inutile d’insister.

    Dans l’après-midi du 7 novembre de cette malheureuse année, il m’arriva, tout en me promenant, de remarquer un feu sur le Muckleross. L’heure de mon retour approchait ; mais j’avais l’esprit si inquiet ce jour-là que, m’élançant à travers les buissons, j’escaladai la pointe nommée Craig Head. Le soleil était déjà couché, mais il subsistait à l’occident une vaste luminosité qui me laissa voir sur le Ross quelques contrebandiers occupés à entretenir leur signal et, dans la baie, le lougre immobile sous sa voilure carguée. Celui-ci venait évidemment de jeter l’ancre, mais la yole était déjà mise à l’eau, et faisait force de rames vers le débarcadère à l’extrémité de la grande charmille. Et cela, je le savais, ne pouvait signifier qu’une chose : la venue d’un messager à Durrisdeer.

    Oubliant mes autres craintes, je dévalai la pente abrupte – où je ne m’étais jamais aventuré – et parvins à me cacher parmi les buissons du rivage assez tôt pour voir aborder la yole. Contrairement à son habitude, le capitaine Crail lui-même tenait la barre ; auprès de lui était assis un passager ; et les hommes manœuvraient avec difficulté, encombrés qu’ils étaient par une douzaine de valises, grandes et petites. Mais l’affaire de les débarquer fut menée rondement, et bientôt le bagage fut empilé sur la rive, la yole s’en retourna vers le lougre, et le passager resta seul sur la pointe du roc. C’était un grand et svelte gentleman vêtu de noir, l’épée au côté et la canne de promenade au poignet. Il agita sa canne dans la direction du capitaine Crail, en guise d’adieu, et avec un mélange de grâce et de raillerie qui grava profondément le geste dans ma mémoire.

    La yole ne se fut pas plus tôt éloignée avec mes ennemis jurés, que je retrouvai une partie de mon assurance, m’avançai sur la lisière des buissons, et fis halte de nouveau, partagé entre ma défiance naturelle et un sinistre pressentiment de la vérité. J’aurais pu rester là toute la nuit à balancer, mais l’étranger se retourna, m’aperçut dans la brume qui commençait à se lever, et me fit signe en me criant d’approcher. Je lui obéis, mais mon cœur était de plomb.

    – Voici, mon brave, dit-il avec l’accent anglais, voici quelques objets pour Durrisdeer.

    J’étais alors assez près de lui pour distinguer ses traits fins et son visage brun, mince et allongé, son regard vif, alerte et sombre, qui décelait l’homme de guerre et l’habitude du commandement. Il avait sur la joue une envie, qui ne lui seyait pas mal ; un gros diamant étincelait à son doigt ; ses habits, quoique de couleur uniforme, étaient d’une coupe et d’une élégance françaises ; ses manchettes, plus longues qu’il n’est d’usage, de dentelle très fine ; et je m’étonnais d’autant plus de le voir en si bel appareil, qu’il venait de débarquer d’un sale lougre de contrebandiers. Après m’avoir mieux examiné, il me toisa une seconde avec sévérité, et puis sourit :

    – Je gage, mon garçon, dit-il, que je connais à la fois votre nom et votre surnom. J’avais deviné à votre écriture cette façon de vous vêtir, Mr. Mackellar.

    À ces mots, je me mis à trembler.

    – Oh ! dit-il, vous n’avez pas à avoir peur de moi. Je ne vous en veux pas pour vos ennuyeuses épîtres ; et j’ai l’intention de me servir beaucoup de vous. Vous m’appellerez Mr. Bally : c’est le nom que j’ai choisi, ou plutôt (car je parle à un grand formaliste) c’est ainsi que j’ai abrégé le mien. Allons, attrapez ceci, et cela – (et il m’indiquait deux des valises). – C’est tout ce que vous êtes capable de porter, et le reste peut fort bien attendre. Allons, ne perdons pas de temps, s’il vous plaît.

    Son ton était si tranchant que je lui obéis comme par une sorte d’instinct, bien que mon esprit demeurât entièrement éperdu. Dès que j’eus empoigné les valises, il me tourna le dos et se mit en route sous la grande charmille, où déjà il commençait à faire noir, car le bois est épais et toujours vert. Je suivais, pliant sous ma charge, bien que je n’eusse pas conscience du fardeau : j’étais absorbé dans la stupéfaction de ce retour, et mon esprit oscillait comme une navette de tisserand.

    Soudain, je déposai les valises sur le sol, et m’arrêtai. Il se retourna pour me regarder.

    – Hé bien ? dit-il.

    – Vous êtes le Maître de Ballantrae ?

    – Vous me rendrez cette justice, dit-il, que je ne me suis pas caché de l’astucieux Mackellar.

    – Et au nom de Dieu, m’écriai-je, que venez-vous faire ici ? Retournez, il en est encore temps.

    – Non, merci, dit-il. Votre maître a choisi ce moyen, pas moi ; mais ayant fait ce choix, il doit (et vous aussi) en subir les conséquences. Et maintenant, ramassez mes affaires que vous avez déposées dans un endroit fort humide, et occupez-vous de la besogne dont je vous ai chargé.

    Mais je n’avais plus aucune intention d’obéir ; je m’avançai jusqu’à lui.

    – Si rien ne peut vous faire retourner, dis-je ; quoique, à tout point de vue, un chrétien ou un simple gentleman se ferait scrupule d’avancer…

    – Voilà des expressions flatteuses, interrompit-il.

    – Si rien ne peut vous décider à repartir, continuai-je, il y a néanmoins des convenances à respecter. Attendez ici avec votre bagage, et j’irai en avant préparer votre famille. Votre père est vieux, et… (j’hésitai)… il y a des convenances à respecter.

    – En vérité, dit-il, ce Mackellar gagne à être connu. Mais écoutez un peu, mon garçon, et comprenez-le une fois pour toutes : vous perdez votre salive avec moi, et je vais droit mon chemin, d’une force inéluctable.

    – Ah ! dis-je. C’est ainsi ? Eh bien, nous allons voir !

    Et, faisant volte-face, je courus à toutes jambes vers Durrisdeer. Il tâcha de me retenir, avec un cri de colère, et puis je crois que je l’entendis ricaner, et je suis certain qu’il me poursuivit deux ou trois pas et, sans doute, y renonça. Mais le fait est que j’arrivai quelques minutes plus tard à la porte du château, hors d’haleine, et

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